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mercredi 20 mars 2024

Croissance sans fin?

                           La religion de la croissance à tout va, sans horizons, qui fut longtemps une sorte de religion, où la production et le consommation étaient les deux piliers et le PIB, l'horizon indépassable, tout cela a vécu. Nous sommes dans l'époque incertaine où les remises en cause des dogmes économiques se cherchent, sous la pression de la conscience des limites d'un monde fini et des urgences climatiques. Mais les contradictions sont là, malgré les urgences. Tout semble revenir "comme avant" en matière d' investissements dans les hydrocarbures, par exemple. C'est encore toujours à l'aune de la consommation qu'est surtout jugé le développement social. Des économistes eux--mêmes ne cessent d'alerter sur cette fuite en avant qui se poursuit, entre deux moments de prises de conscience, de lucidité. 


                               Le mythe s'auto-entretient, même si l'on sait, conformément au vieux proverbe chinois que" les arbres ne montent pas jusqu'au ciel". Sans qu'on remette trop en question la vieille croyance au progrès... Cette notion confuse renait de ses centres. La notion de PIB, cette notion confuse, garde toujours son aura. Celle de décroissance ne peut convaincre, celle de croissance soutenable est un pîs aller. Depuis le Rapport du Club de Rome, des consciences se sont un peu éveillées. Puis on a oublié, trop souvent, alors que l'urgence est plus grande. Ralentir ou périr, tel semble être le dilemme qui se pose aujourd'hui. En n'oubliant pas cet avertissement de Bob Kennedy en 1968: 
                     « Notre PIB prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l’air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes. Il comptabilise les systèmes de sécurité que nous installons pour protéger nos habitations et le coût des prisons où nous enfermons ceux qui réussissent à les forcer. Il intègre la destruction de nos forêts de séquoias ainsi que leur remplacement par un urbanisme tentaculaire et chaotique. Il comprend la production du napalm, des armes nucléaires et des voitures blindées de la police destinées à réprimer des émeutes dans nos villes. Il comptabilise la fabrication du fusil Whitman et du couteau Speck, ainsi que les programmes de télévision qui glorifient la violence dans le but de vendre des jouets correspondant s à nos enfants.

En revanche, le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. (…)

En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. »

Robert F. Kennedy

discours à l’université du Kansas,

le 18 mars 1968.




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