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vendredi 13 septembre 2024

(Nouvelles) guerres de l'eau?

           A  vau-l'eau      

             On ne mesure  pas assez l'importance de l'eau pour le développement de la vie, à l'origine de tout vivant. Déjà des anciens grecs en pressentaient la fonction essentielle: pour Thalès, cet élément, ὕδωρ, est le principe de la vie. Une intuition dont on ne mesurait pas encore toute l'importance, à la lumière de nos sciences naturelles.                                                                                                     Ce qu'on appelle aujourd'hui les conflits pour l'eau ne datent pas d'aujourd'hui. Mais le déficit hydrique qui s'étend devient préoccupant à l'échelle planétaire, engendrant même des situations irréversibles, parfois même à hauts risques d' affrontements, de conflits.

Quand au Sahel, des populations sont obligées de migrer, qu'au Maroc ou en Espagne, et même dans le sud de la France, les préoccupations sont fortes, les marchands d'eau en bouteille font leur choux gras, peu préoccupés par les enjeux d'avenir. Même s'ile le prétendent.  Le scandale des eaux en bouteille nous a alerté sur certaines de leurs pratiques. Il n'y a pas que Saint Yorre...

            "...Si on laissait tout le pouvoir aux capitalistes, ils seraient capables de faire payer l'air que l'on respire. Ils ont déjà réussi à privatiser un bien commun vital : l'eau. En 2005, le PDG de la multinationale agroalimentaire Nestlé, Peter Brabeck, dénonçait dans un documentaire sur l'industrie de la nourriture les «ONG pour qui l'accès à l'eau devrait être nationalisé et que tout être humain doit avoir accès à l'eau. C'est une solution extrême» selon lui. Son point de vue était que «l’eau est une denrée alimentaire, et que, comme toute denrée, elle a une valeur marchande». C'est ainsi que la firme réalise des milliards de chiffre d'affaires, en mettant cette ressource naturelle dans des bouteilles en plastique et en la vendant à des prix très élevés. Le pire, c'est qu'il s'agit d'eau volée. Il y a quelques semaines on apprenait dans Mediapart que Nestlé faisait l’objet de deux enquêtes préliminaires. L’une pour avoir exploité des forages d’eau sans autorisation, l’autre pour avoir effectué des traitements sur de l’eau minérale qui sont illégaux. Le parquet d’Épinal vient de conclure avec Nestlé une procédure incroyablement généreuse ce mardi 10 septembre. Une Convention Judiciaire d’Intérêt Public (CJIP).


Bien que Nestlé soit poursuivi par deux enquêtes préliminaires, les dossiers ont été regroupés. Nestlé écope d’une amende de 2 millions d’euros à verser à l’État et aux associations. Le parquet d’Épinal présente cette amende comme «la plus importante en matière environnementale signée à ce jour en France», pourtant cette amende est une honte : bien loin de dissuader, elle permet aussi l’abandon de toutes possibilités de jugement et condamnation. Enquête close, circulez y'a rien à voir. Pendant plus de 20 ans, Nestlé a prélevé sans autorisation et commercialisé de l’eau, entraînant une surexploitation de la nappe phréatique. Conséquence directe de ce saccage, le cycle de l’eau a été perturbé et certains villages dépendant de cette nappe ont subi des ruptures d’approvisionnement, alors même que Nestlé puisait dedans. L’autre scandale concernant le traitement a permis à Nestlé d’engranger des bénéfices gigantesques. Cette pratique illégale a duré au moins 15 ans et concerne les eaux minérales Contrex, Hépar et Vittel. La justification de Nestlé est d’avoir voulu assurer la «sécurité alimentaire». Le chiffre d’affaires généré par la vente de cette eau sous l’appellation "eau minérale naturelle" plutôt que "eau rendue potable par traitement" est estimé à plus de 3,132 milliards d’euros. Ce chiffre d’affaires, qui ne concerne qu’une des deux enquêtes visant Nestlé, sous-estime donc l’ampleur de l’arnaque. Rendons-nous compte de ce vol et du manquement que constitue cette amende. Rien que pour l’un des deux scandales, le montant de l’amende représente moins de 0,06% des euros engrangés. Cette procédure prévoit pourtant que le montant de l’amende peut atteindre 30% du chiffre d’affaires annuel. Mais Nestlé est habitué au traitement de faveur puisqu’en 2022 une CIJP avait déjà été signée. Cette fois-ci, Nestlé avait pollué une rivière ayant entraîné une forte mortalité de poissons. Cet acteur majeur de l’agro-industrie est donc particulièrement compétent pour saccager l’environnement, bien plus que pour assurer notre «sécurité alimentaire».

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