Vers la privatisation progressive des services publics.
L'Etat et la souveraineté ont été mis à mal depuis plusieurs années. Les services publics ont été "empêchés" et le deviennent de plus en plus gérés comme des entreprises xommées de devenir rentables, dans le plus pur esprit de Tony Blair. Le démantèlement se poursuit. Le pouvoir de l'Etat se réduit dans de nombreux secteurs, on l'a vu encore récemment avec le recours systématique aux cabinets de conseil. Nous avons hérité du nouvel esprit du capitalisme anglo-saxon, qui a introduit un peu partout, même dans les hôpitaux, les méthodes de nouvelles formes d'organisation et d'évaluation, qui ont leur logique propre dans le système, celles du new public management.
La standardisation des tâches et les nouvelles exigences de rentabilité, dans un système de production mondialisé, à produit ce que certains appellent les petits soldats du nouveau management:Les services publics rétrécissent comme peau de chagrin Avec la privatisation toujours en cours, depuis le tournant libéral de 1983 et la période Delors, grand initiateur dans ce domaine., engagée sur une voie européenne où les dogmes marchands libéraux prévalaient. On n'en arrive aujourd'hui à un point où les agents des services qui restent se posent des questions sur leur fonction. Que ce soit à la poste, à la sncf ou même à l'hôpital. La notion d'intérêt général perd peu à peu son sens, dans le sillage de R.Reagan et de Hayeck, où le marché doit triompher et l'Etat s'effacer, n'étant plus le garant de l'intérêt général mais l'empêcheur de spéculer en rond. L'UE a suivi le chemin, lentement, sous prétexte de "modernisation"...Et l'on arrive quasiment à un point de non retour, malgré des résistances. Merci Jacques et ses épigones! Malgré des regrets tardifs...
Il serait temps de faire à nouveau l'éloge du service public.
Car de plus en plus, pas seulement en France, des secteurs d'activité d'intérêt général sont réduits ou sacrifiés sur l'autel des intérêts privés, directement ou indirectement, au nom d'un marché prétendument régulateur et facteur de progrès. Même au niveau de certaines missions ministérielles (recours à des cabinets privés.) La doctrine reaganienne est passée par là... jusque dans les couloirs de l'hôpital et des laboratoires pharmaceutiques...
"...Qui veut la peau des services publics? Comment s’en sortent les agents qui ne parviennent plus à faire leur métier du fait des réorganisations incessantes, du management par les indicateurs et le reporting ? Quel impact cela a-t-il sur les usagers ? C’est à toutes ces questions que Claire Lemercier, historienne, Julie Gervais, politiste, et Willy Pelletier, sociologue, ont répondu au terme d’enquêtes au long cours, dans La valeur du service public (La Découverte, 2021). A partir de nombreux témoignages, ils montrent les conséquences des politiques mises en œuvre par une nouvelle noblesse d’Etat, qu’ils nomment la « noblesse managériale public-privé », formée dans les nouvelles écoles du pouvoir et coupée des réalités du terrain. Entretien avec Claire Lemercier et Willy Pelletier...." Il a raison, Jacques. C'est tout Bon...Même si ses constats viennent un peu tard et qu' il ne suffit pas de le proclamer. Et il n'est pas le premier. C'est le constat sur le terrain de pas mal d'élus locaux depuis quelques années.
____Les services publics reculent, à tous les niveaux, se dégradent et engendrent une fracture qui ne peut que s' accentuer, si rien n'est fait. (*)
C'était une des thématiques récentes des gilets jaunes de province. Il existe de plus en plus de zônes grises, de quasi-déserts administratifs, médicaux, etc...qui, comme un cercle vicieux, entraînent une perte de substance, en même temps qu'un sentiment d'abandon, reléguant de plus en plus de gens en seconde zône, surtout quand se sont envolés les emplois industriels locaux.
Une France à deux vitesses. On en prend le chemin, quand ce n'est pas déjà accompli. Il suffit de visiter les Ardennes ou la Meuse.
Et il n'y a pas que la poste ou les centres de soins locaux qui sont concernés.
C'est tout le lien social qui est affecté.
La numérisation des données ne va pas remédier à ces choix le plus souvent faits hors concertation. Il faut être équipé, connecté, formé et la majorité vieillissante de la population rurale se trouve exclue d'emblée de certains services.
La fracture numérique renforce de fait les inégalités.
On a voulu moderniser, financer le présent à court terme, privatiser de plus en plus, donner le pas aux conurbations urbaines, faire de la voiture le moyen d'aller plus loin se faire soigner, remplir une démarche administrative, etc...
On a voulu réduire la voilure d' l'Etat, jugé trop obèse, sous l'influence de la pensée néolibérale de Hayek, devenu un dogme indiscuté. Maggie a montré le chemin.
On a progressivement porté atteinte aux services publics, sous des prétextes les plus fallacieux.
Le dégraissage fut à l'ordre du jour et se poursuit. On en voit les effets.
Pendant ce temps, on fermait les yeux sur l'évasion ou la fraude fiscale, on réduisait les impôts des plus favorisés, on soutenait de grandes entreprises sans le moindre contrôle, on se lançait sans frein dans des investissements problématiquement productifs, etc.
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(*) "....Ces maux ne datent pas d’hier et « renvoient souvent à des problèmes plus profonds, d’ordre systémique. Ils constituent les “signaux faibles” émis par la société française, souvent “invisibles” des responsables politiques et administratifs nationaux, faute d’être appréhendés de manière globale ». La réduction du périmètre des services publics, les réductions budgétaires d’un côté et la progression de la pauvreté et de l’exclusion de l’autre ont des effets dévastateurs sur la cohésion sociale. Résultat, « en 2018, le Défenseur des droits a constaté, une fois encore, (…) les effets néfastes de l’évanescence croissante des services publics sur les personnes pour lesquelles ils constituent souvent le principal recours ». Cette évanescence est tout d’abord le fruit d’une réduction du « périmètre des services publics » par « la privatisation des services organisés en réseau, tels que la poste, les télécommunications, l’eau, le gaz, l’électricité, les services urbains ou les transports publics ». Parallèlement à cette privatisation, l’État s’est également déchargé de ses obligations en déléguant « certains services publics, en particulier dans le domaine de l’action sociale et de l’aide à domicile des personnes en perte d’autonomie » à « des associations à but non lucratif de plus en plus mises en concurrence avec des sociétés privées dans le cadre de procédures d’appel d’offres où les critères financiers s’avèrent prédominants ». Les services publics restant sous le giron de l’État ont quant à eux été « confrontés à une restriction de leurs moyens budgétaires, y compris dans le domaine social, couplée à une transformation de leurs modes d’intervention appelés à être plus efficients ». Affaiblis par la réduction de leur périmètre et de leurs budgets, les services publics ont cependant dû faire face « au développement des inégalités, de l’exclusion de la pauvreté », explique le rapport. « Les personnes “exclues” sont apparues massivement dans les services publics : non seulement aux guichets des services sociaux et des organismes de logement, mais également dans les services de santé, d’éducation, dans la justice, etc., tous sont confrontés à la multiplication de situations d’urgence. » Et beaucoup d’administrations n’ont pas les moyens de faire face à l’afflux de demandes.
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