Pourquoi tant de haine? L' inversion des valeurs .
A l'occasion du pot de départ de notre ancien Président, quelques mots... Hier, la justice était jugée trop laxiste, par le condamné lui-même. Sommes- nous en train de prendre la voie américaine? La réaction du sénat n'a pas été ambigüe. Si "Personne n'y comprend rien", c'est que l'affaire est très compliquée et qu'il a fallu un temps considérable pour dénouer les multiples fils. Une justice "orientée", ce fut l'essentiel des arguments de la presse bolloréenne. A qui la honte? Les exemples ne manquent pas de hauts responsables politiques sanctionnés par la justice. Le confusionnisme est méthodiquement entretenu. Le juge Halphen a été très clair sur les principes. La réaction du sénat n'a pas été ambigüe. On peut être "outré", certes, mais il faudrait préciser de quoi... Un avancée, pour Jean Garrigues... Ce n'est pas un roman. L'hyper-présidence a fait son temps... Chacun peut se poser des questions sur le déroulement d'un procès, la justice n'étant qu'humaine, donc soumise à des imperfections, des manquements plus ou moins importants, mais on ne revient pas sur la chose jugée, dans les limites du droit. Sachant que la justice en France fonctionne avec des moyens bien insuffisants. "...« Alors même que l’Etat de droit est aujourd’hui attaqué de toutes parts, dans un contexte inquiétant des populismes, oui, il y a un péril certain, pendant que de manière invraisemblable des magistrats sont menacés parce qu’ils n’auraient commis qu’une seule faute : celle d’appliquer la règle de droit. » On peut reprocher beaucoup de choses à l'institution judiciaire, notamment ses manques de moyens notables, certaines insuffisances, parfois un certain laxisme ou un manque de cohérence, mais on ne peut critiquer publiquement la choses jugée, quelle qu'elle soit, sous peine de fragiliser tout un système qui reste fondamentalement humain, quoique non arbitraire. "...A chaque mise en cause judiciaire d’un responsable politique, le vieux refrain du «Gouvernement des juges» resurgit, comme si la probité des élus ne relevait que du suffrage universel et non de la loi. Mais que vaut une démocratie si ses dirigeants peuvent s’exonérer de toute responsabilité pénale ?."

"...N. Sarkozy n’est pas la victime d’un complot. La France, elle, est victime de Nicolas Sarkozy. Tel devrait être l’enseignement évident de la condamnation de l’ancien président de la République pour association de malfaiteurs à cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt dans l’affaire des financements libyens. Mais non, dans le moment trumpien que nous vivons et qui a plongé depuis quatre jours le pays dans un monde parallèle où la vérité n’est plus qu’une opinion comme une autre, Nicolas Sarkozy serait en réalité le souffre-douleur de juges « haineux » alliés à une presse – Mediapart en l’occurrence – « militante ». Dans Le Journal du dimanche, propriété de son ami Vincent Bolloré (qui lui avait prêté son yacht en 2007 pour qu’il fête tranquillement son accession à l’Élysée dans les eaux de Malte), l’ex-chef de l’État s’est indigné le 28 septembre : « Ce n’est pas moi qui suis humilié mais la France par ces pratiques si contraires à l’État de droit. » Il n’a pas tort. Mais pas dans le sens où il l’entend. Car il faut bien prendre la mesure de la « gravité exceptionnelle » (pour reprendre les mots du tribunal) de l’affaire libyenne..." ______________ "...Que répondre si on vous demande (sincèrement) : « Mais pourquoi Nicolas Sarkozy a-t-il été condamné ? Trois chefs d’accusation ont été écartés par le tribunal contre l’ancien président, mais sa condamnation à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs dans l’affaire des financements libyens ne repose ni sur la « haine » des magistrats ni sur un « complot » mais sur des éléments solides et un jugement motivé. Nicolas Sarkozy, avec ses avocats et son épouse Carla Bruni, s’exprimant devant les médias, à la sortie de la salle d’audience du tribunal de Paris, le 25 septembre 2025, à l’issue de la lecture du jugement dans l’affaire libyenne. Nicolas Sarkozy, avec ses avocats et son épouse Carla Bruni, s’exprimant devant les médias, à la sortie de la salle d’audience du tribunal de Paris, le 25 septembre 2025, à l’issue de la lecture du jugement dans l’affaire libyenne. ALAIN JOCARD/AFP D’abord à la sortie de l’audience, puis par la bouche de ses avocats et de ses communicants et, enfin, dans « le Journal du dimanche », l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy cherche à imposer sa propre lecture dedans l’affaire des financements libyens de la campagne de 2007. Sa petite rengaine, désormais rodée, emprunte des accents tantôt populistes, tantôt complotistes. toutes les accusations retenues contre lui se seraient dégonflées. La preuve : il est relaxé des chefs de corruption, de financement illicite de campagne électorale et de recel de détournement de fonds publics – les plus infamants, selon lui.L’ex-chef de l’Etat martèle que le tribunal correctionnel de Paris a reconnu dans sa décision que le document publié en 2012 par « Mediapart » et à l’origine de l’affaire, la fameuse note de Moussa Koussa (ex-patron des renseignements extérieurs libyens), était « un faux ». En réalité, le tribunal a estimé qu’il s’agissait « probablement d’un faux » et l’enquête ne repose pas uniquement sur cette pièce mais sur plus de dix années d’investigations menées dans le monde entier. Nicolas Sarkozy explique également qu’aucun argent liquide attribué au régime de Mouammar Kadhafi n’a été retrouvé dans ses comptes de campagne – là-dessus, il a raison, c’est ce que dit le jugement. Restent des pages et des pages justifiant la condamnation de l’ancien président de la République pour association de malfaiteurs en vue de mettre en place un pacte de corruption – un délit puni de dix ans d’emprisonnement –, en l’occurrence le versement d’argent libyen pour lui permettre de parvenir à l’Elysée. Des rencontres avec un dignitaire terroriste. Ce pacte, d’après le tribunal, s’est noué entre Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Claude Guéant et l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine. Peu importe que de l’argent soit arrivé ou non in fine dans les caisses de la campagne : l’homme qui se voyait président « avait pour objectif de préparer une corruption au plus haut niveau possible lorsqu’il serait élu », notent les juges du tribunal correctionnel de Paris. Il existe des preuves matérielles qui viennent caractériser ce pacte pour la justice : les rencontres entre les deux proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy et Abdallah Senoussi, chef des renseignements militaires libyens – ayant ainsi la main sur les fonds de l’Etat –, beau-frère de Kadhafi mais aussi terroriste patenté, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par contumace à Paris en 1999 pour avoir piloté dix ans plus tôt l’attentat contre le vol DC-10 de la compagnie UTA, qui avait coûté la vie à 170 personnes. Deux réunions occultes se sont en effet tenues à Tripoli en sa présence, d’abord en octobre 2005 avec Claude Guéant, alors directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, puis en décembre 2005 avec Brice Hortefeux, ami de Nicolas Sarkozy et à l’époque ministre délégué aux Collectivités territoriales. Les deux entrevues dans la capitale libyenne ont été organisées par Ziad Takieddine. Ont-ils fait miroiter à Abdallah Senoussi une grâce présidentielle dans l’hypothèse où Nicolas Sarkozy serait élu à l’Elysée en échange de remises de fonds ? Entre les deux rencontres, celui qui est alors le patron de Bauveau s’est aussi déplacé en Libye, où il a rencontré Mouammar Kadhafi, et, selon le tribunal, a pu à cette occasion confirmer le pacte préparé par ses proches. De l’argent a ensuite été versé sur des comptes en banque de Ziad Takieddine, qui ont joué le rôle de « chambre de compensation occulte ». Le 31 janvier 2006 en effet, soit quelques semaines après le déplacement de Brice Hortefeux à Tripoli, un virement d’un montant de 3 millions d’euros venant du Trésor public libyen apparaît sur un des comptes de l’intermédiaire franco-libanais. _____Brice Hortefeux comme Claude Guéant ont livré de piètres justifications à ces entrevues, estimant avoir été « piégés ». « Les deux prévenus n’ont donné aucune explication cohérente et crédible à ces deux rencontres restées occultes, note le jugement. Le fait qu’ils soient en relation avec Ziad Takieddine, qu’ils avaient rencontré pour l’un huit jours avant son départ, et pour l’autre deux mois avant, mais juste avant de recevoir son invitation, dont ils avaient été avertis de la présence sur place, et qu’ils avaient eu au téléphone dans la journée, dément l’idée qu’ils auraient été piégés, ou même seulement mis devant le fait accompli. » Ces rencontres étaient en effet contre-nature, la France ayant perdu 54 ressortissants dans l’attentat organisé par Abdallah Senoussi. Pourtant, des documents retrouvés prouvent que les deux collaborateurs de Nicolas Sarkozy ont proposé un soutien juridique au beau-frère du dictateur libyen, visé par un mandat d’arrêt, en le mettant en contact avec Me Thierry Herzog, qui deviendra l’avocat du président de la République. « Le fait qu’il n’y ait eu aucun acte positif concernant la situation d’Abdallah Senoussi n’infirme pas que des promesses en ce sens, même irréalisables d’un point de vue judiciaire, aient été faites », souligne encore le tribunal dans son jugement. Mensonge devant le tribunal Lors de l’audience, Nicolas Sarkozy ne s’est pas expliqué sur ces entrevues. Il a même nié en avoir eu connaissance, estimant que Claude Guéant et Brice Hortefeux avaient commis des « erreurs », « faisant preuve d’une certaine faiblesse » en acceptant de rencontrer ce personnage sulfureux. Pour le tribunal, l’ex-chef de l’Etat a menti : « Ils n’ont pu manquer de [lui en] rendre compte. » Le but de ces rencontres était « d’obtenir ou tenter d’obtenir des soutiens financiers en Libye ». ____________« Au regard de l’ensemble de ces éléments, ces deux rencontres occultes de deux très proches du candidat avec l’homme des basses œuvres du régime libyen, à une période où Nicolas Sarkozy n’était pas encore certain d’être investi par son parti et d’obtenir son financement, n’ont de sens qu’au regard de cette situation », conclut le jugement, pour appuyer la réalité d’une association de malfaiteurs. « Les relations régulières de Claude Guéant avec Ziad Takieddine » étaient « nécessairement connues du candidat ». Autre point central du dossier : le carnet de Choukri Ghanem, l’ancien ministre du Pétrole libyen retrouvé noyé en 2012 dans le Danube à Vienne, en Autriche. Le tribunal a exclu toute possibilité que ces écrits soient apocryphes. Le ministre y consignait toutes ses réflexions sur le régime, certaines vérifiables à la virgule près, et a détaillé les montants et dates des versements de dignitaires libyens à destination de la campagne Sarkozy. A la page du 29 avril 2007, en plein entre-deux-tours de l’élection présidentielle française, Choukri Ghanem avait noté : « Bechir [Saleh, directeur de cabinet de Kadhafi et patron du fonds souverain libyen] a parlé, disant avoir envoyé 1,5 million d’euros à Sarkozy quand Saïf [Al-Islam Kadhafi, l’un des fils du dictateur] donnait 3 millions à Sarkozy. Mais on leur a dit que l’argent n’était pas arrivé. Il semblerait que les “mecs” en chemin l’ont détourné, tout comme ils lui ont pris 2 millions en provenance d’Abdallah Senoussi. » La somme de 3 millions correspond au montant versé sur un compte de Ziad Takieddine après une rencontre entre Brice Hortefeux et Abdallah Senoussi. Deux autres flux financiers en provenance de Libye, l’un vers Ziad Takieddine et l’autre à destination de l’intermédiaire Alexandre Djouhri ont été mis au jour lors de l’enquête, mais rien n’a permis de comprendre comment – et si – ils étaient parvenus à Nicolas Sarkozy. L’une des hypothèses, reprenant celle de Choukri Ghanem, est que la somme a été détournée par les intermédiaires. Il n’en reste pas moins une association de malfaiteurs… qui a mal tourné." ( Violette Lazard) _____________________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire