Le MILLION de visites est atteint. Merci de vos visites et de votre indulgence. En route pour la suite...si Dieu me prête vie!
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête kohler. Trier par date Afficher tous les articles
Affichage des articles triés par pertinence pour la requête kohler. Trier par date Afficher tous les articles

mardi 15 octobre 2024

Souveraineté en question

 On brade.

                Le problème revient régulièrement. La vente du site de production du fameux doliprane peut sembler une affaire anecdotique, marginale, mais elle hautement symbolique, révélatrice de la faiblesse de notre souveraineté industrielle, surtout dans un domaine stratégique ou menace souvent la pénurie dans le domaine des médicaments importants, comme pour certains cancers et les antibiotiques. Alors que la France n'a plus qu'une position marginale dans le domaine de la production des médicaments. Depuis la période sarkozienne, les renoncements se succèdent. Malgré les aides massives de l'Etat.On se souvient d'affaires plus importantes, parfois stratégiques, comme Péchiney, Alstom, Général Electric, Alcatel, etc...Les appels à la réindustrialisation ne sont pas entendus. Qui arrêtera le déclin? Le développement des services ne nous sauveront pas et le suivisme en matière de financiarisation internationale généralisée donne toujours les mêmes résultats..                                                                                      "... Depuis que le groupe pharmaceutique a déclaré le 11 octobre être entré en négociations exclusives avec le fonds américain CD&R en vue de lui céder Opella, sa branche pharmaceutique grand public, le tollé est général...

       ...Dès dimanche, le ministre de l’industrie, Marc Ferracci, a tenté d’éteindre l’incendie, promettant d’arracher « des engagements solides et écrits » auprès du fonds américain. Le ministre de l’économie, Antoine Armand, s’est rendu ce lundi à l’usine de Lisieux (Calvados) – qui fabrique le Doliprane –, pour tenter de calmer les inquiétudes des 250 salarié·es en grève. Il a assuré que les emplois seraient maintenus en France. Mais les salarié·es l’ont appris de longue date : les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent....  Qu’importe le bord politique, tous soulignent la crainte de perte de souveraineté industrielle et sanitaire de la France. Un sujet sur lequel Emmanuel Macron avait pris des engagements précis au moment du covid. La France – comme tous les pays européens et les États-Unis – avait alors découvert son extrême dépendance et vulnérabilité en matière de santé : plus de 80 % des principes actifs utilisés dans les principaux médicaments étaient importés d’Inde et de Chine.  Alors que des pénuries menaçaient, notamment sur le paracétamol, le chef de l’État avait promis un plan de reconquête pour assurer la sécurité sanitaire en France. Un plan d’investissement public de 150 millions d’euros a été engagé à cet effet pour produire du paracétamol dans la région de Toulouse. « Que va devenir cet investissement si ces activités passent sous contrôle américain ? Il y a une vraie inquiétude sur les débouchés. La seule usine de Lisieux fabrique 450 millions de boîtes par an », rappelle le député PS de l’Eure Philippe Brun, cosignataire d’une tribune pour demander l’arrêt de cette cession.                         Mais à la faveur de la dissolution, de l’interminable période de gouvernement démissionnaire, c’est Alexis Kohler qui a repris la main. Le secrétaire général de l’Élysée, manifestement, n’entend pas céder une once du pouvoir qu’il a acquis depuis sept ans sur les dossiers financiers et industriels, en dépit des changements politiques. Il compte bien régler lui-même cette opération. Et il ne partage pas du tout la vision du ministère de l’industrie......Alors que Michel Barnier a été nommé à Matignon le 5 septembre, que le gouvernement est formé le 21 septembre, Alexis Kohler, comme l’a raconté par la suite La lettre, reçoit le 18 septembre le fonds français PAI. Celui-ci a monté une offre de reprise d’Opella avec l’aide des fonds souverains d’Abou Dhabi et de Singapour et la caisse de retraite de la Colombie-Britannique. Alexis Kohler a des doutes, semble-t-il, sur le sérieux de cette proposition. Il s’interroge sur la gouvernance. Un problème sur lequel le secrétaire général est des plus pointilleux, comme il l’a prouvé à maintes reprises.  L’offre de PAI vient surtout déranger les projets de Sanofi, soutenu par l’Élysée : elle pourrait porter ombrage à celle du fonds américain CD&R. Ce fonds est « très en cour à l’Élysée », pour reprendre l’expression des Échos. Selon nos informations, il a lui aussi été reçu par Alexis Kohler à l’Élysée.Depuis ces entrevues, le discours a changé. Alors que Bercy semblait défendre une reprise française, le nouveau ministre de l’industrie, Marc Ferracci – par ailleurs très proche d’Emmanuel Macron – a infléchi la ligne. L’important désormais est de « protéger la santé des Français », « de garantir la souveraineté sanitaire » et « de conserver les emplois ». Des conditions que le fonds américain est tout à fait capable d’honorer, selon lui. Le gouvernement est prêt à « mettre des garanties très strictes » pour faire respecter ces engagements..."                                                                                                                                      Point de vue: " L'affaire Sanofi commence à faire du bruit médiatique avec des réactions plutôt saines pour une fois chez certains députés demandant l'arrêt du rachat par des Américains de l'usine produisant le célèbre Doliprane. Cette affaire n'est en définitive que l'énième conséquence des dérégulations économiques mise en place par nos élites depuis une cinquantaine d'années. L'idée dernière étant que la libre circulation des capitaux et des marchandises ne pourrait que profiter à tous en créant plus de richesse, car la qualité des entreprises augmenterait que la libre concurrence favoriserait les meilleurs à l'échelle mondiale. Ça, c'est ce qui a été vendu aux Français et à une large partie de la population occidentale. On voit d'ailleurs encore sur les plateaux télé les démagogues de cette idéologie apparaître à l'image récemment d'Alain Madelin dont on se demande pourquoi il ne se cache pas au fin fond d'une forêt quand on voit les conséquences dramatiques pour le pays de l'idéologie du monde sans frontières. Au lieu de ça il se permet de donner des conseils pour faire des économies en bradant toujours plus les derniers avoirs de l'état.                                             Quoiqu'il en soit cette affaire, rappelle que le laissez-faire ne conduit pas mécaniquement au mieux-être général ni à un paradis magnifique dans une société peuplée d'homoéconomicus œuvrant par leur égoïsme à l'intérêt général sans le savoir. Dans le monde réel, il n'y a aucune raison pour que la somme des actions individuelles conduise à un quelconque intérêt général, le contraire serait en fait très étonnant. De plus nous ne vivons pas dans un monde homogène où toute la population mondiale serait soumise aux mêmes contraintes, aux mêmes règles ou aux mêmes fonctionnements sociologiques que les nôtres. Ce faisant si la France est effectivement un pays où l'état n'intervient plus dans l'économie sauf pour éponger les conséquences de son laissez-faire, bon nombre d'états sur la planète ne se gênent pas pour contourner les règles libérales et faire des interventions plus ou moins déguisées. C'est d'autant plus vrai que la globalisation est maintenant moribonde, y compris dans le pays qui l'a imposé à savoir les USA. Ces derniers n'ont pas caché leur protectionnisme depuis quelques années. Et ils n'ont jamais hésité à violer leurs propres principes en soutenant leurs entreprises par des subventions plus ou moins déguisées. Ne parlons pas des marchés publics qui sont réservés aux entreprises américaines contrairement à nous.                                                                                                                                                       Évidemment dans un monde de laissez-faire et de libre-échange c'est les pays qui continuent à faire du protectionnisme et de l'intervention étatique qui s'imposent. Les entreprises ayant un comportement égoïste par nature ne risquent pas de compenser une absence d'action collective de la part de l'état. La France et l'UE font un peu penser aux derniers des Mohicans du libéralisme triomphant des années 70-80. Le reste du monde a compris que cela ne fonctionnait pas, ou alors qu'il fallait tricher à l'image de la Chine qui n'a jamais obéi à ces dogmes, heureusement pour elle d'ailleurs. Mais l'Europe, elle est restée engoncée dans ce cadre qui organise aujourd'hui son propre déclin à vitesse accélérée. Alors que la Chine, les USA et d'autres grands pays n'hésitent plus à défendre leurs industries et leurs intérêts par diverses mesures plus ou moins ouvertement protectionnistes l'UE s'est rigidifiée dans le laissez-faire. En un sens, l'UE, loin de ressembler à l'URSS ou à l'Empire romain sur sa fin, ressemble plutôt à l'Empire ottoman de la fin du 19e siècle. Pour la petite histoire, l'Empire ottoman était la star des économistes libéraux de l'époque parce que l'Empire était largement libre-échangiste. Alors c'était plus par négligence des choses du commerce que par intérêt pour le libéralisme. Mais cette réalité faisait de l'Empire ottoman la grande puissance la plus libérale de l'époque. Vous savez sans doute ce qu'il est advenu de cet empire. Alors qu'il avait une immense base artisanale de production. Son commerce va rapidement être éradiqué par la concurrence occidentale. Si l'Empire avait pris plus soin de son commerce et taxait les importations, il est tout à fait possible que l'histoire ultérieure du Moyen-Orient fût très différente.,,,,,                                      Notre affaire du Doliprane nous rappelle donc que l'intérêt des entreprises ou des individus peut entrer en contradiction avec l'intérêt général et qu'il est parfois nécessaire pour la puissance publique de défendre cet intérêt général contre les intérêts particuliers. Il est tout de même stupéfiant qu'avec la crise que nous connaissons déjà en matière de pénurie de médicaments, il n'y ait pas eu de réaction publique pour relocaliser les activités de production. Car en dehors des grands discours, la pratique de nos hauts fonctionnaires reste encore celle du laissez-faire dont nous savons qu'il conduit dans les conditions actuelles du commerce international qu'à la destruction des derniers restes de notre souveraineté nationale. Pour les médicaments de première nécessité, dont ne fait pas vraiment partie le Doliprane qui reste une molécule de confort plus que de soin, il serait aujourd'hui urgent d'organiser une production publique puisque le système privé sous l'influence de la finance et des rendements élevés n'arrive pas à fournir le marché français. " ________________

lundi 26 avril 2021

Histoire d'O et d'OPA

 Quand deux géants s'affrontent dans un "marigot bien pourri". 

                       En un combat douteux. Un marché biaisé.      ___ Quels actionnaires vont surtout y gagner?               Faut-il confier la gestion de l'eau à des mastodontes internationaux, dont le rendement financier est d'abord l'objectif, la ligne d'horizon?        Certaines grandes agglomérations ont compris qu'il était dans l'intérêt de tous de gérer autrement cette ressource pas comme les autres.  La gestion publique de l'eau revient comme une évidence, en dehors du Water business dans lequel nous somme plongés, comme d'autres pays._L'eau est un bien trop précieux pour être confiée à des entreprises privées, qui la gère surtout en vue du profit et de l'intérêt des actionnaires. Ce n'est pas une marchandise comme les autres.                        L'eau redevient peu à peu une affaire de gestion publique, en dehors de la question purement financière du prix de l'action. Les "villes rebelles" y voient leur intérêt, come Paris. Pour un bien si précieux et universel. Parfois rare.         "...Aujourd'hui, ce sont aux collectivités territoriales qu'incombent le traitement et la distribution de l’eau. Face à une concurrence saine, elles peuvent jouer sur ce levier pour obtenir des prix raisonnables auprès de ces entreprises du secteur privé (à qui elles délèguent la gestion de l'eau). Si un tel "géant" en situation de quasi-monopole voyait le jour, il serait capable d'imposer ses prix auprès des collectivités, et ainsi faire grimper le coût de l'eau, faute de concurrents.   "Les collectivités locales et leurs administrés seraient soumis au bon vouloir d’un groupe dont le monopole est assuré. Quelles garanties de ne pas avoir à payer plus cher tous ces services au quotidien ?", détaille ainsi le député du Nord, Fabien Roussel, auprès de l'association UFC-Que choisir.

                                  Le  monopole ou quasi-monopole qui se met en place est très discutable, pas seulement aux yeux des syndicats les plus modérés. On sait bien quelle est la tendance des prix dans ce cas-là: jamais à la baisse Une affaire qui n'est pas seulement privée, où l'Etat s'est discrètement investi.               __  "....L’attaque lancée par Veolia sur Suez a tout sauf été une opération répondant aux « principes de transparence et d’intégrité du marché, de loyauté dans les transactions et la compétition, ainsi que du libre jeu des offres et de leurs surenchères », pour reprendre la définition de l’Autorité des marchés financiers. Dès le 30 août, jour de l’annonce de Veolia, une mécanique implacable s’est mise en route....Cela s’est confirmé par la suite. Des discussions ont eu lieu à l’Élysée entre Antoine Frérot et Emmanuel Macron dès le début juin 2020. Puis un accord de principe a été signé dès juillet – avant même que Jean-Pierre Clamadieu ait annoncé publiquement son intention de céder sa participation dans Suez –, entre Veolia et Suez, comme l’a révélé Mediapart sur la foi de la consultation d’un document de CSE de Veolia du 28 septembre 2020.     Les salariés de Suez ont assisté impuissants à l’enchaînement des événements. Un premier coup fatal est porté avec la cession des 30 % du groupe détenus par Engie à Veolia. L’opération se ponctue le 1er octobre par une journée des dupes : l’État met alors en scène sa propre impuissance, en organisant la défaite de ses administrateurs, censés avoir été vaincus par les forces supérieures du marché et de la gouvernance « indépendante » des entreprises.   Mais des fuites feront apparaître très vite qu’Alexis Kohler a lui-même participé à cette débâcle en faisant pression sur les administrateurs CFDT pour qu’ils ne participent pas au vote.        Un dernier coup sera porté le 2 avril par l’Autorité des marchés financiers (AMF), menaçant les administrateurs de Suez de poursuites pénales, et faisant pression pour qu’ils s’inclinent. Entre-temps, tous les moyens seront employés, les tentatives de séduction, les manœuvres pour influencer, les pressions, les menaces. « Un marigot bien pourri », dit Wilhem Guette.      L’arrivée de la plainte sur ce dossier « hautement sensible » risque de tendre encore un peu plus les relations déjà très dégradées entre le PNF et le pouvoir, Matignon ayant pris le relais du ministre de la justice pour faire rendre gorge à cette autorité indépendante, trop indépendante,  dont la mission principale est d'enquêter sur les liens entre le pouvoir politique et le pouvoir financier (lire nos articles ici ou ). Elle risque de provoquer une certaine nervosité chez les principaux protagonistes de cette obscure affaire, notamment à l’Élysée : Alexis Kohler fait déjà l’objet d’une plainte déposée par Anticor pour trafic d’influence et prise illégale d’intérêt dans le dossier MSC (voir notre dossier).   Les dirigeants de Veolia, Meridiam, Engie, soutenus par le pouvoir, pourraient peut-être regretter un jour d’avoir voulu pousser leur avantage jusqu’au bout, sans offrir la moindre concession, la moindre issue à Suez. Ils se trouvent aujourd’hui face un corps social du groupe révolté, animé par la stratégie du désespoir, prêt à tout.    « Nous n’avons rien à perdre. Nous avons déjà tout perdu. Par sa complicité, le gouvernement a accepté que Suez qui fait partie du patrimoine industriel du pays soit dépecé par son concurrent », dit Jeremy Chauveau. « Il faut tout remettre à plat, poursuit de son côté Wilhem Guette. La justice peut nous y aider. Mais a-t-on raison de faire confiance à la justice ? Mais si ce n’est pas à elle, à qui ? »....                                           __ Une bataille boursière à connotation  politique.   "....Comme à l’habitude, la victoire de Veolia est saluée comme la création d’« un nouveau champion mondial dans l’eau, les déchets et l’énergie ». À l’issue de l’opération, le groupe devrait totaliser un chiffre d’affaires de 37 milliards d’euros, contre 27 milliards d’euros aujourd’hui, distançant largement son concurrent Suez. Antoine Frérot s’est engagé à maintenir les activités arrachées à Suez pendant quatre ans.    Ainsi se finit cette bataille boursière comme toutes les batailles boursières : par l’argent, les actionnaires de la dernière demi-heure ayant plus de droits que les salariés de toute une vie. Mais pour de nombreux observateurs et connaisseurs du dossier, la bataille Suez-Veolia est loin d’avoir été une pure opération de marché, comme certains veulent le faire croire. À tous les instants, l’État a été présent, non pas comme médiateur, ainsi que le ministre des finances veut se présenter, mais comme partie prenante, ayant délibérément choisi son camp depuis le début : celui de Veolia.    « C’est une opération réussie par complicité politique », analyse un connaisseur des allées du pouvoir. Dans un tweet vengeur, l’ancien ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, dénonce « une stratégie à la Poutine ». Cette comparaison avec « l’oligarchie russe » est revenue chez plusieurs interlocuteurs, certains dénonçant « la mise à disposition de l’État au profit d’un clan », d’autres « les menaces et les intimidations dont ont été victimes tous ceux qui s’opposaient à l’opération ».    .... À un moment, vous ne pouvez plus vous battre tout seuls », commente un connaisseur du dossier. « Ce qui s’est passé est indigne de l’État français. Tout l’appareil d’État s’est ligué contre nous. Dans cette bataille, nous avons été seuls, tout le temps », dit Carole Pregermain, porte-parole de l’intersyndicale de Suez...."          __________________________

vendredi 17 juin 2022

Varia

 __   Questions abruptes:      

                __Conseil de classe: ne varietur

                                              "...Encadrés par les textes, très codifiés, les conseils ont très peu évolué depuis des décennies. Ont-ils encore une valeur pédagogique ? Pour certains gamins oui, notamment ceux suivis régulièrement à la maison, où un avertissement est pris au sérieux. Pour d'autres, sensibles aux louanges, un bon bulletin à l'issue du conseil peut être source de motivation. Mais pour les élèves les plus en difficulté ou les plus éloignés de la culture scolaire, abonnés au doublé « avertissement travail et comportement », rien n’est moins sûr. L'échec scolaire est déjà intériorisé depuis longtemps..."
  
___ Quand changer d'école peut tout changer...

___ L'enfant au centre: une conception bien ambiguë
                     * L'élève "au centre": cela devrait aller de soi.  Mais en quel sens? Une perte de sens?  .    "Moderniser", disent-ils?   De l'ambiguïté de la "bienveillance".
         
                     * Le Bac actuel a-t-il encore un sens?

                     * Quand le mot "ludique" ne fait pas rire et quand la notation devient suspecte.___*_Où va la langue?_______________________________


__ EDF à la peine.
                        Enorme défi.

__ Kohler: vers une reconversion? 
                        Mazarin en disgrâce?  Vers un pantouflage?...Cruelles questions...😎

__ Quand Giscard inventa le quinquennat, au nom de la "modernité".
                                        L'inauguration de l'hyper-présidentialité.
____________________________

samedi 27 avril 2019

Jupiter: un virage...

...En ligne droite?
                             Se demandent les esprits critiques, ceux qui ont n'ont pas été convaincus par les propos trop généraux,  équivoques ou défaillants du Maître des horloges.

     D'autres diront: attendons de voir et voyons si Jupiter a compris certains messages venus des ronds-point et d'ailleurs. La com', parfois brillante,était là, mais,  pour le fond, qu'en sera-t-il des orientations annoncées. La politique est l' art du possible, mais le possible n'est pas défini à l'avance, dans une démocratie vivante et peu dépasser les schémas incrustés.
   On regrette, entre autres choses,  (mais est-ce un oubli?) la référence à l'écologie, problème majeur des temps qui viennent.Pas un mot par exemple sur le fiasco de Flamanville, qui semble compromettre des choix énergétiques anciens.
    Le problème de l'emploi a été évoqué cavalièrement, avec les poncifs d'usage. Dans un monde qui change rapidement, l'essentiel n'a pas été traité. Le problème du temps de travail, si débattu, a été caricaturé.
    La question de la concentration toujours plus grande de la richesse et de ses causes ont été écartées, alors que ce problème revient même aux USA....

   On peut se demander si Jupiter ne peut quitter le mythe du self made man et du cadre des réseaux qui l'ont aidé à conquérir le pouvoir dans un contexte si singulier, marqué par la KS. (*)
_______________
        (*) Si l'on croit l'étude de Marc Edenweld, ...   Presque deux ans d’exercice du pouvoir n’ont pas suffi à percer le mystère Macron. Dans le Grand Manipulateur (publié chez Stock), c’est un portrait peu flatteur de l’actuel chef de l’Etat que brosse le journaliste Marc Endeweld, quatre ans après l’Ambigu Monsieur Macron(Flammarion). Dans cette enquête fouillée, il s’intéresse en particulier à la manière dont Emmanuel Macron, conseiller de l’ombre puis jeune ministre, candidat vierge de tout mandat et enfin président sans expérience, s’est appuyé sur de forts anciens réseaux, bien loin des slogans, pour lancer et faire aboutir sa conquête élyséenne comme pour accompagner ses premiers pas au pouvoir. Des personnalités souvent âgées et ayant servi ou sévi sous d’autres quinquennats ou même septennats. Extraits.

«Tout s’est joué au cours de la campagne présidentielle. Certes, l’ambitieux a bénéficié d’une chance insolente. Mais pour gravir la plus haute marche du pouvoir sans carrière politique, ni même un parti derrière lui, Emmanuel Macron a utilisé tous les réseaux de la République. Si les communicants ont réussi à le présenter dans les médias comme "le candidat des start-up", le candidat du "nouveau monde" a, en réalité, utilisé de nombreux canaux du "vieux monde". Celui qui prétend n’avoir aucun compte à rendre, et qui s’est fait, selon lui, "tout seul", n’a pas eu grand mal à trouver de l’aide dans son ascension.» […]
  «Les communicants de l’Elysée peuvent bien affirmer que le Président "veut absolument rompre avec la République des intermédiaires, notamment en Afrique", cette mythologie cache mal une autre réalité. En l’absence d’un parti politique constitué, le candidat Macron a fait appel à de vieux réseaux, plus ou moins avouables, qui, jusqu’alors, avaient travaillé pour les deux grands partis traditionnels. Ces réseaux qu’on présente pudiquement comme "transversaux" se sont épanouis dans le "ni droite ni gauche" macronien. Grand commerce international, Françafrique, industrie d’armement, services de renseignement mais aussi boîtes de sécurité privées, ou encore entreprises qui travaillent pour l’Etat, dans le BTP, les utilities ou les télécoms. Ces "intermédiaires" sont inconnus du grand public.»Parti d’une feuille blanche ou presque – même si le soutien et l’amitié du mécène de la deuxième gauche Henry Hermand, décédé en 2016, fut décisif –,
«Le Grand Manipulateur» de Marc Endeweld.avec une poignée de fidèles plus jeunes que lui, Emmanuel Macron a d’entrée de jeu pioché à gauche, jusque dans les restes de la mitterrandie mais aussi chez les ex-fabiusiens, les ex-strauss-kahniens ou les radicaux de gauche, et en même temps à droite, sans distinction. Il a également traité les milieux d’affaires et ses intermédiaires. Le tout, avec un art consommé du cloisonnement, un affect limité et une volonté en acier. Très loin des envolées empathiques de la campagne où son supposé libéralisme sociétal avait largement masqué que son projet de démantèlement social était en fait du Fillon à peine light. «Ironie du sort pour ces soutiens, Macron n’est ni Obama ni Trudeau. Le président est beaucoup plus conservateur et bonapartiste que son image de campagne ne pouvait le laisser penser», souligne Endeweld, qui a placé en exergue de son ouvrage cette citation du Portrait de Dorian Gray : «Agissant en hypocrite, il avait revêtu le masque de la vertu.»
    «Cette nouvelle enquête cartographie l’ensemble de ces réseaux divers qui ont contribué en 2017, et quelques mois avant, à la victoire du jeune président. Mais aussi de comprendre pourquoi, à tous les échelons, des hommes de l’ombre sont revenus à l’avant-scène, dans la plus pure tradition de la Ve République des "cabinets noirs", et autres polices parallèles, après un quinquennat Hollande qui s’était d’abord construit contre le système Sarkozy. "Ils ont réussi une synthèse entre les pires turpitudes de la Sarkozie et de DSK", flingue un ancien camarade de l’ENA de l’actuel président.»
     Dans cette success story politique sans équivalent sous la Ve République, on le savait mais le livre vient le confirmer, le rôle politique de Brigitte Macron a toujours été majeur, compliquant sa relation avec le conseiller politique officiel du ministre, du candidat puis du chef de l’Etat, le jeune Ismaël Emelien, qui a depuis quitté l’Elysée sur fond d’affaire Benalla.
   «Des tensions apparaissent entre Brigitte Macron, omniprésente et influente, et le jeune conseiller spécial du Président, Ismaël Emelien. Une situation ancienne en réalité, ces deux-là ne se sont jamais appréciés. Pour l’un comme pour l’autre, les enjeux politiques et affectifs de la relation avec Emmanuel sont tels que ça fait des étincelles : "Qu’est-ce qu’il lui trouve à Emelien ?" se désole régulièrement Brigitte Macron auprès de ses proches.»
   S’il ne fait pas de révélations sur son influence dans la conduite du pays, Marc Endeweld souligne combien son destin à lui s’est nourri de l’ambition qu’elle nourrissait pour eux. Il détaille aussi les larges réseaux qu’elle a tissés – de Bernard Montiel à Bernard Arnault – bien avant que son mari ne devienne ministre. Autant de leviers qu’elle a mobilisés quand cela a été nécessaire, en poussant, comme Hermand, pour que son champion se lance dès 2017.
     «C’est lors d’un dîner chez Alain Minc, à l’été 2014, que la future première dame a estimé que son mari devait se jeter dans le grand bain de la présidentielle dès 2017, et ne pas attendre 2022, comme de nombreuses personnes lui conseillaient alors, car son âge, disait-elle, deviendrait un handicap indépassable pour le couple : "On ne peut pas attendre 2022. Car on a un énorme problème. Le problème, c’est moi, c’est ma gueule. Donc il faut accélérer."» […]
     «A l’été 2016, alors que la machine En marche est lancée et que le ministre de l’Economie est sur le point de démissionner, le doute s’insinue en lui : "Est-ce que j’y vais maintenant, et je gagne en six mois ? Ou est-ce que j’attends pour gagner plus tard ?" C’est alors Brigitte qui le convainc de présenter sa candidature dès cette présidentielle.»
   Dans la description du système Macron, Marc Endeweld consacre bien sûr de nombreuses pages à Alexandre Benalla qui restera une des figures du quinquennat. Loin d’en faire un simple Rambo adepte du coup de poing, l’auteur documente le fait que celui qui faisait physiquement partie du premier cercle au moment de la mise sur orbite du candidat Macron a tout vu et tout entendu. Au QG d’En Marche, lors des sorties privées de l’ancien ministre, mais aussi lors des déplacements et des levées de fonds à l’étranger qui ont précédé le lancement de la campagne.
      On retrouve aussi Benalla lors du récit d’un voyage présidentiel en Algérie, en décembre 2017. La présence du sulfureux intermédiaire dans des contrats d’armement, Alexandre Djouhri, proche de Villepin comme de Sarkozy et sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par deux juges français, lors d’une réception en présence du chef de l’Etat à l’ambassade avait été révélé par le Canard enchaîné et suscité la colère de Macron. Mais Marc Endeweld raconte comment Djouhri a de nouveau tenté d’entrer en contact avec le président de la République le soir même lors d’un dîner officiel offert par le Premier ministre algérien.
        «Au Canard enchaîné, l’Elysée a d’ailleurs expliqué à l’époque : "Il a été invité par l’ambassade […] ce n’est pas la première fois que ce monsieur tente de croiser le Président […] [Cette insistance] a mis [Macron] en colère." La version que nous avons recueillie auprès de plusieurs diplomates du Quai d’Orsay, dont certains en poste à l’ambassade d’Alger, est pourtant très différente : tous assurent que les deux listes, celle du déjeuner comme celle de la soirée, ont bien été envoyées au protocole de l’Elysée. Et c’est Alexandre Benalla, chargé des déplacements, qui les a validées ! Devant les policiers, l’ambassadeur Driencourt nuancera la version délivrée à chaud par l’Elysée, en précisant qu’à l’origine, c’est le secrétaire général du Quai d’Orsay, Maurice Gourdault-Montagne, 64 ans, ami personnel d’Alexandre Djouhri, qui lui a demandé d’inviter ce dernier à cette soirée. Gourdault-Montagne est une figure au Quai. Ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé à Matignon, puis conseiller diplomatique de Jacques Chirac de 2002 à 2007, il a été propulsé par Emmanuel Macron – ce fut l’une de ses premières décisions – secrétaire général du Quai d’Orsay à Paris.»
      Si Marc Endeweld raconte par le menu les luttes d’influence qui ont eu lieu au sein de la police, avec les sarkozystes à la manœuvre, et dans le monde du renseignement après l’élection d’Emmanuel Macron, il décrit aussi au fil des pages une organisation singulière du sommet de l’Etat déjà mise en lumière par la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Benalla. Au-delà du cabinet officiel dirigé par Patrick Strzoda, l’auteur décrit comment un quarteron de jeunes fidèles emmenés par le secrétaire général, Alexis Kohler, lequel a la haute main sur le régalien, constitue la vraie garde rapprochée du Président. Certains ont un rôle bien officiel, mais d’autres sont des chargés de mission aux missions floues ou travaillent à la «task force» mise en place par Macron pour centraliser et coordonner la lutte antiterroriste. Une équipe bis dont certains ont quitté le château mais sans rien renier de Macron.
      Au final, une question demeure. Comment François Hollande, si fin politique, a-t-il pu à ce point manquer de lucidité et même de clairvoyance en mettant sur orbite ce jeune ambitieux qui, au moins autant que Manuel Valls auquel il était censé faire office de contrepoids, a savonné la planche du président sortant à son profit. S’il a fait entrer le loup dans la bergerie, c’est que celui-ci ne manquait pas de références, avec Jean-Pierre Jouyet et Jacques Attali comme parrains :
     «Autre connexion d’influence à inscrire au palmarès de Brigitte Macron, Jacques Attali, qu’elle fait rencontrer à Emmanuel. C’est elle aussi qui demandera personnellement à l’ancien conseiller de François Mitterrand de présenter son jeune mari à François Hollande.»
      Une ambition de couple, qui vient de très loin, portée par des barons d’hier, des capitaines d’industrie et de jeunes loups avides de pouvoir. Où comment des seniors ont largement contribué à la victoire d’un trentenaire pour faire la nique à des quinquas...
__________________________

jeudi 6 octobre 2022

VARIA

1 __ Data centers

                     Energétivores. Il n'y a pas de neutralité carbone numérique.

2 __ Europe vulnérable

                     Bien plus que les USA, dans la crise qui vient  

3 __ Les trois bulles?

                      Un krach rampant serait déjà là, si...

4 __ Bio en danger

             "...Un dysfonctionnement qui menace déjà la filière, avec des éleveurs qui préfèrent repasser en agriculture conventionnelle, avec son lot de pesticides, d’engrais chimiques et de pollution des sols et des rivières. Un comble !.."

5 __ Pakistan embourbé

             "...Les inondations au Pakistan engendrent une crise humanitaire aux proportions abyssales. Des villes entières, des infrastructures vitales, des maisons, des terres agricoles et des cultures sont emportées par les eaux. Avec un tiers des terres sous l’eau, 33 millions de personnes touchées et un bilan de plus de mille morts, le coût humain et économique s’annonce astronomique. On estime que les dégâts considérables subis par le pays coûteront au moins 10 milliards de dollars..." 

6 __ Alexis Kohler; c'est embêtant

                  Un gourou devenu emcombrant

7 __ Allemagne: cavalier seul?

               "...Aujourd’hui, Berlin est de nouveau saisi par la tentation du chacun pour soi, tant la flambée des prix du gaz et de l’électricité panique ses décideurs économiques et politiques. Son plan de 200 milliards d’euros, dévoilé le 29 septembre et destiné à alléger la facture énergétique des citoyens et des entreprises allemands, en atteste. D’ailleurs, le chancelier, Olaf Scholz, n’a pris la peine de prévenir ni l’Elysée ni la Commission européenne. Lundi 3 et mardi 4 octobre, certains des ministres des finances des Vingt-Sept, qui se réunissaient à Luxembourg, s’en sont émus, évoquant le risque de désintégration qui en découle pour l’UE..'   ___________

mercredi 24 mars 2021

Intérêt public et intérêts privés

Des frontières (trop souvent) poreuses

                   Portes-tambour, cumuls, renvois d'ascenseur, affairisme et influences.              Entre les affaires privées, souvent très lucratives, et les affaires publiques, au service de l'intérêt général, le passage devient de plus en plus en plus aisé et habituel pour les représentants de la haute fonction publique, parfois les mieux placés. L'idéologie néo-libérale est passée par là et son principe revendiqué d'affaiblissement de l'Etat, selon la pensée de Reagan et de ses émules, dignes disciples de Hayek et Friedman, de l'école de Chicago.          Les ponts se multiplient, les domaines finissent pas se rejoindre et les frontières s'estompent.   Pas seulement en Angleterre. On peut s'appeler Tony Blair et être un jour Premier Ministre et un autre jour à la direction d'un grand groupe multinational. Les multinationales savent y faire pour étendre leurs zônes d'influences et multiplier leurs relations, au plus haut niveau. Pas par philanthropie.  Une forme de lobbyisme supérieur. Nous avons eu notre Barroso à Bruxelles, en Allemagne Schröder s'est distingué...

               Toutes ces pratiques, connues ou non, tendent se généraliser. Un phénomène en progession. Ce n'est pas seulement moralement indécent, c'est politiquement contestable. Quand les intérêts publics et privés se mélangent, c'est la souveraineté qui peut être affectée, pas seulement au niveau économique. Comme le remarque V.Jauvert :"....L’indécent n’est pas que des responsables publics partent dans le privé, mais qu’ils s’occupent des affaires publiques et du lobbying pour le compte de ces entreprises, en monnayant leur connaissance de l’Etat, au lieu de travailler à la création de richesse.   "Nicolas Sarkozy, François Fillon ou Bernard Cazeneuve monnaient leur connaissance de l’Etat dans le privé, et semblent trouver cela normal." Cette pratique concerne d’anciens dirigeants de l’Etat, jusqu’aux plus hauts placés...   Nicolas Sarkozy, qui siège aux conseils d’administration d’Accord et des casinos Barrière, François Fillon, qui travaille pour le fonds d’investissement Tikehau Capital, ou Bernard Cazeneuve, avocat d’affaires au cabinet August-Debouzy, ont expliqué qu’ils arrêtaient la politique. On pourrait donc se dire que leurs nouvelles activités relèvent de leur vie privée. En réalité, ces gens-là monnaient leur connaissance de l’Etat dans le privé, et semblent trouver cela normal. Ce ne sont pas des cas particuliers. Cette mode néfaste à notre démocratie peut expliquer en partie la piètre opinion que les Français ont de leur classe politique.  __ Ces pratiques ne sont pas nouvelles, mais vous soutenez qu’il existe une spécificité macroniste ?  __Oui, le phénomène a pris une ampleur inédite depuis la dernière présidentielle. Je donne, entre autres, l’exemple de Benoît Loutrel, directeur général de l’Arcep, l’autorité de régulation des communications, devenu en 2017 lobbyiste pour Google. Ou encore celui de Dorothée Stik, qui a participé à la campagne de Macron tout en travaillant à la direction du Trésor, partie dans la banque d’affaires de Jean-Marie Messier un mois après la victoire de son candidat.   "Les quatre plus hauts responsables de l’Etat sont des adeptes de ces allers-retours lucratifs."   En l’occurrence, l’exemple vient d’en haut ! Emmanuel Macron, inspecteur des finances, a travaillé chez Rothschild, et Edouard Philippe, membre du Conseil d’Etat, a fait du lobbying pour Areva et a été avocat dans un cabinet anglo-saxon. Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, et le directeur de cabinet du Premier ministre, Benoît Ribadeau-Dumas, sont eux aussi des énarques qui ont pantouflé dans le privé. Autrement dit, les quatre plus hauts responsables de l’Etat sont des adeptes de ces allers-retours lucratifs. Cette situation inédite a contribué à diffuser cette culture....Le cas du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, est incroyable. En 2008, Nicolas Sarkozy l’a nommé au Contrôle général économique et financier (CGefi), un organisme de Bercy où les postes sont extrêmement bien payés, surnommé « le cimetière des éléphants » ! Il cumule donc ce job avec son mandat de maire d’une grande ville à l’autre bout du pays. François Baroin, lui, est à la fois maire de Troyes, président de l’agglomération, président de l’Association des maires de France (AMF), mais aussi avocat à Paris, conseiller de la banque Barclays et membre du conseil d’administration de Sea-Invest Corporation, un opérateur de terminaux portuaires....."                                                                                                 _____Peut-on être à ce point vertueux que l'on résiste à la facile tentation de tout mélanger et de mettre une frontière nette entre deux mondes qui, par essence, sont hétérogènes, mais pas sans relation?  Le lobbying, malgré les règles, pas toujours respectées, reste puissant et multiforme, à Bruxelles comme chez nous, même s'il est invisible. Les influences ne se mesurent pas. Le pantouflage pose souvent problème. Pas seulement dans certains pays d'Afrique. Comment éviter les toujours possibles conflits d'intérêts? Le pantouflage à la française existe bien et n'est pas là seulement pour récompenser les amis...Un problème systémique.

          ________________

mardi 22 mars 2022

Désindustrialisation/réindustrialisation

      De la nécessité à l'urgence   

          Il paraît déjà loin le temps où l'on parlait surtout de développer les services aux dépends d'une industrialisation jugée désuète et confiée à d'autres, dans le cadre d'une "mondialisation heureuse", comme disait alors le gourou A. Minc.                                                                                                 Le réel nous rattrape depuis un certains temps, bien avant la phase critique de la covid et de la prise de conscience qu'elle a opérée. Déjà Montebourg avait alerté: il y va de notre souveraineté dans plus d'un domaine d'activité d'importance.. En vain.  Les sirènes de la mondialisation sans frein et de la financiarisation à outrance couvraient la voix de ceux qui voyaient venir le danger. Il est venu plus vite que prévu. Les pénuries actuelles nous rappellent à l'ordre, dans des domaines d'importance. Une prise de conscience verbale s'esquisse.  E.Macron en serait-il devenu planificateur "socialiste", aux dernières nouvelles?                                                                             ___Il y a peu, après des négociations ou un simulacre de pourparlers, après une mobilisation et un engagement jusqu'au plus haut sommet de l'Etat, c'est la fin d'une grande entreprise béthunoise. Les Japonais ont dit non, après avoir bien profité des soutiens de l'Etat et l'UE.      La désindustrialisation se poursuit dans notre pays. Une logique trop connue qui n'est pas la première et qui souligne, une fois de plus, notre étroite dépendance vis à vis de grands groupes étrangers et leurs pratiques de délocalisation en fonction de la rentabilité à un moment donné, quelle que soit leur puissance.

         "...La fin de l’usine Bridgestone de Béthune (Pas-de-Calais) est tristement exemplaire d’un processus bien connu : une entreprise mondialisée cherchant la rentabilité à tout prix délocalise vers des pays où la rémunération des ouvriers est moins lourde et la fiscalité plus légère, accélérant sans états d’âme la désindustrialisation d’un territoire déjà marqué au fer par la litanie des plans sociaux… Jeudi, le groupe Bridgestone a donc confirmé la fermeture de son site de Béthune le 1er avril 2021. Cette décision sans appel entraînera la destruction de 863 emplois directs. C’est une histoire de mondialisation malheureuse, qui fait écho à des événements survenus dans la même industrie du pneumatique il y a quelques années, au détriment des salariés de Continental à Clairoix (Oise) et de Goodyear à Amiens (Somme). ..."                    __L’agitation des pouvoirs publics n’y a rien fait...        A. Minc appelait ce processus la mondialisation heureuse. On est loin de la relocalisation prônée aujourd'hui. Les décisions d'Etat se retrouvent piégées comme dans tant d'autres affaires, comme dans l'affaire Alstom/Général Electric. Les multinationales font le loi, au gré de leurs intérêts et de leurs actionnaires ...Des promesses (ou de vent). Des solutions alternatives qui, si elles ont lieu, désertifieront encore plus le secteur. Le gigantisme de l'entreprise n'y a rien fait; il fallait aller ailleurs, vers le pays le moins disant salarial.                                        ____Elles ne manquent pas d'aplomb, les grandes multinationales.  Ni de sens de leurs intérêts et de leurs actionnaires.   Déjà qu'elles s'attachent à faire la pluie et le beau temps dans le monde, allant jusqu'à monopoliser parfois des pans importants d' économies mondiales, à s'ingérer dans les affaires des Etats souverains pour leur dicter leurs normes et les contraindre à se plier à leurs exigences , à leurs intérêts économiques. Les voilà, en cette période de récession généralisée, qui atteignent le comble de l'indécence. Avec la complicité de puissants cabinets d'avocats d'affaires, elles veulent que l'Etat leur rembourse les pertes qu'elles ont subies du fait du covid à l'échelle mondiale:    "...Les multinationales réfléchissent à demander des comptes aux Etats pour avoir pris des mesures contre le coronavirus qui auraient nui à leur business. Un comble. En effet nombreuses sont celles qui ont été grassement soutenues ces derniers mois par les pouvoirs publics à coups de baisses, voire d’annulations de charges et d’impôts pour faire face à la pandémie ; sans parler des plans massifs de soutien à certains secteurs… Las, tout serait de la faute des États. Partout dans le monde, elles vont donc engager des poursuites judiciaires, en espérant récupérer des milliards.... __  "Le nombre de ces plaintes pourrait être sans précédent et imposer des charges financières considérables aux gouvernements qui croulent déjà sous le fardeau des crises sanitaires et économiques dévastatrices", alertaient plus de 600 ONG provenant de 90 pays le 23 juin. "Les mesures prises pour restreindre les activités des entreprises afin de limiter la propagation du virus, pour mobiliser les établissements hospitaliers privés, pour obliger des entreprises à produire tel ou tel bien médical d’urgence, pour permettre aux ménages de reporter ou annuler le paiements de loyers ou prêts immobiliers, pour empêcher les investisseurs étrangers de racheter des entreprises, pour garantir l’accès à l’eau potable ou aux médicaments, etc. pourraient être concernées" par ces plaintes, craignaient les ONG...."              Pour les Etats les plus faibles, la puissance de certaines firmes pourraient avoir des conséquences dramatiques. Mais les Etats se sont mis souvent eux-mêmes dans le pétrin en favorisant leurs expansion par abandon de souveraineté, dans la plus parfaite logique libérale.   A force de vouloir attirer à tout prix, par des conditions avantageuses, aux dépends de leurs voisins, les plus grands fleurons de l'industrie mondiale, les Etats, surtout s'ils sont faibles, se mettent dans des conditions périlleuses dans certaines circonstances et se retrouvent comme dans un piège, certaines grandes multinationales pouvant avoir une puissance financière égale ou supérieure à certains petits Etats.  Sans parler des Gafas.       Il serait temps de repenser une autre mondialisation, comme le chef de l'Etat le suggérait lui-même récemment, peut-être par inadvertance ou par opportunisme. Les incantations ne servent à rien, tant que des règles internationales ne sont pas édictées pour réguler se qui apparaît comme une jungle financière.________ 

             _____________Point de vueEmmanuel Macron le sait. L’industrie est son talon d’Achille. D’autant qu’en ce domaine il a un passé et un passif de dix ans et non de cinq.  Dès son arrivée comme secrétaire général adjoint de l’Élysée puis comme ministre de l’économie, il s’est occupé, souvent en sous-main, des grands dossiers industriels et du sort des grands groupes français. Rien n’a changé depuis son arrivée à l’Élysée : c’est au Château que s’arbitrent les grandes décisions industrielles, selon des choix jamais expliqués, et dont on ne sait s’ils procèdent d’Emmanuel Macron lui-même ou du secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler. Au point que cette dyarchie a provoqué des conflits ouverts et publics avec le ministre des finances Bruno Le Maire, comme dans l’affaire Suez-Veolia.                                  ______Dix ans d’interventions et de choix, cela laisse le temps d’imprimer une politique. En matière industrielle, son bilan n’est guère convaincant. Pourtant, entre les différents allégements, suppression d’impôt, l’État a versé plus de 60 milliards d’euros par an aux entreprises depuis le début du quinquennat.  C’est la grande victoire proclamée de Bruno Le Maire : l’hémorragie industrielle a été stoppée. « Grâce à notre politique, nous avons réussi à stabiliser l’emploi industriel en France depuis deux ans », dit-il dans Les Échos.            Mais il était difficile de tomber plus bas. En dix ans, l’économie française a perdu plus d’un million d’emplois industriels. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 20 % à 10 %. À l’exception de Chypre, de Malte et du Luxembourg, aucun autre autre pays de la zone euro n’affiche un taux aussi bas.      Ascoval, GM&S, Doux, Saint Louis Sucre, Roquette, Luxfer, Arjowiggins, La Chapelle Darblay, Bosch, Ferropem et aujourd’hui les fonderies du Poitou, de MBF, les fonderies de Bretagne, la Société de métallurgie aveyronnaise et tant d’autres… La chronique de cette destruction industrielle sans précédent s’est déclinée ces dernières années en une litanie sans fin. Plus de 100 usines ont été sacrifiées chaque année.            Il a fallu la crise sanitaire du Covid-19 pour que le gouvernement réalise soudain l’ampleur du désastre, prouvant au passage le désintérêt qu’il avait jusqu’à présent porté à la question industrielle. Non seulement Sanofi, censé être le leader mondial des vaccins, n’était pas capable d’en élaborer un, mais le pouvoir découvrait que la France n’était plus en capacité de produire des masques, du gel, des petits matériels médicaux, et même des principes actifs aussi essentiels et basiques que le paracétamol. Sans parler des composants électroniques, des semi-conducteurs, du bois, etc.        Cet affaissement industriel trouve sa traduction dans les comptes de la nation. Alors que la France affichait un excédent commercial jusqu’en 2004, sa situation se dégrade année après année. Les exportations n’ont cessé de baisser en volume et en valeur, tandis que les importations grimpent. Fin 2021, le déficit commercial atteignait 84,7 milliards d’euros. Un niveau jamais atteint.                                                                   Alstom. Le nom lui colle comme un sparadrap depuis des années et Emmanuel Macron ne parvient pas à s’en débarrasser. Car cette affaire est emblématique de toute sa politique industrielle. À la manœuvre dès 2012 à partir des soupentes de l’Élysée, il a œuvré activement au démantèlement accéléré de ce qui fut le premier conglomérat français (CGE puis Alcatel-Alstom). La branche électromécanique d’Alstom a été vendue à GE, et Emmanuel Macron a veillé à neutraliser les rares défenses mises en place par son prédécesseur, Arnaud Montebourg. Alcatel a été cédé au Finlandais Nokia et l’essentiel des emplois détruits. Sans l’opposition de la direction européenne de la concurrence, la partie ferroviaire d’Alstom aurait d’ailleurs été absorbée par l’Allemand Siemens.                                          En parfait « connaisseur de la grammaire des affaires », Emmanuel Macron n’a jamais eu la moindre critique contre la financiarisation débridée des capitaines d’industrie. Au contraire. Il en épouse toutes les vues : le Monopoly financier – vendre, acheter, fusionner, scinder, démanteler – tient lieu pour lui de stratégie industrielle. Il s’agit toujours de créer un géant mondial, peut-être européen, en tout cas un champion français. Avec à chaque fois des centaines de millions de commissions pour les banquiers d’affaires, les avocats et bien sûr les cabinets de conseil. Et, à chaque fois, des productions délocalisées, des sites fermés, des emplois directs et indirects détruits.          Avec les encouragements de l’Élysée, quand ce n’est pas à son initiative, des groupes entiers ainsi ont été essorés, liquidés pendant cette mandature. Car il n’y a pas eu qu’Alstom. Il convient d’y ajouter Lafarge, Essilor, Rhodia, Suez pour ne citer que quelques noms de groupes privés.     Mais l’État mérite une mention spéciale pour les entreprises dont il est actionnaire. Le secteur de l’énergie, jadis un des points forts de l’économie française, a été particulièrement saccagé. Le groupe parapétrolier Technip est ressorti vidé de sa substance après l’échec, prévisible dès le départ, de sa fusion avec l’Américain FMC. EDF, à qui Emmanuel Macron a imposé d’assumer une partie des pertes liées à la faillite cachée d’Areva, puis la construction de deux EPR sur le site britannique de Hinkley Point, est affaibli, endetté et menacé d’être démantelé pour pouvoir reverser une partie de la rente nucléaire au privé. Quant à Engie, l’ancien GDF, il est vendu à la découpe à Total, Bouygues, Veolia et autres fonds. En attendant que Total, le grand gagnant de cette mise à sac du secteur de l’énergie, rachète les restes de l’ancien monopole public gazier.                     Le secteur automobile a été un peu plus préservé. Mais Renault a failli aussi sombrer dans le scandale provoqué par Carlos Ghosn, que les pouvoirs publics ont laissé prospérer pendant des années, bien qu’ils aient été parfaitement informés de la situation. PSA, lui, s’est marié avec Fiat pour créer Stellantis. Et sa première décision a été d’implanter son siège social aux Pays-Bas avec l’assentiment de l’État actionnaire.                  En septembre 2020, le gouvernement, déclarant avoir tiré quelques leçons de la crise sanitaire, annonçait la création du Haut-Commissariat au plan, disparu dans les années 1990. Nommé président, François Bayrou a pour mission « d’éclairer les choix collectifs que la nation aura à prendre pour maintenir ou reconstruire sa souveraineté ».        Un an plus tard, impossible de trouver la moindre trace de l’apport de ce Haut-Commissariat au plan. Il n’a même pas été officiellement associé au plan « France 2030 », censé tracer les pistes de l’avenir et présenté en grande pompe par Emmanuel Macron en octobre 2021. 30 milliards d’euros pour répondre « aux défis de notre temps », pour aider à « l’émergence des futurs champions technologiques », à « la transition de nos secteurs d’excellence que sont l’automobile, l’aéronautique, ou l’espace ». 30 milliards d’euros surtout saupoudrés en de multiples projets, répondant tous à la croyance absolue du numérique, du tout électrique, du nucléaire. Bien entendu, tout est placé sous la responsabilité du privé, l’État n’entendant avoir ni droit de regard ni effet d’entraînement. Et il ne demande aucune contrepartie.         Mais c’est une question d’habitude. L’État a distribué plus de 40 milliards d’euros d’allégements fiscaux et sociaux, d’aides diverses chaque année, sans que les dépenses en R&D n’augmentent, sans que l’investissement productif ne progresse significativement, sans que les productions manufacturières ne montent en gamme, sans que la productivité ne s’améliore.      Avec le « quoi qu’il en coûte » adopté depuis le Covid-19, les largesses publiques ont été encore plus abondantes. Sans le moindre contrôle. Alors que les groupes français figurent depuis des années parmi les firmes mondiales qui reversent le plus de dividendes à leurs actionnaires, ils s’apprêtent cette année à battre tous les records : les entreprises du CAC 40 ont prévu de redistribuer 98 % des profits engrangés en 2021. Des profits en partie améliorés grâce aux subsides de l’État.                En dix ans, Emmanuel Macron, qui se voulait le président de la « start-up nation », a surtout conforté les rentes existantes. Au lieu des Gafam, la France a les LHOCK (LVMH, Hermès, L’Oréal, Chanel, Kering), cinq groupes de luxe qui dominent la vie des affaires et le CAC 40.        [Martine Orange   __________________________________