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mercredi 24 mars 2021

Intérêt public et intérêts privés

Des frontières (trop souvent) poreuses

                   Portes-tambour, cumuls, renvois d'ascenseur, affairisme et influences.              Entre les affaires privées, souvent très lucratives, et les affaires publiques, au service de l'intérêt général, le passage devient de plus en plus en plus aisé et habituel pour les représentants de la haute fonction publique, parfois les mieux placés. L'idéologie néo-libérale est passée par là et son principe revendiqué d'affaiblissement de l'Etat, selon la pensée de Reagan et de ses émules, dignes disciples de Hayek et Friedman, de l'école de Chicago.          Les ponts se multiplient, les domaines finissent pas se rejoindre et les frontières s'estompent.   Pas seulement en Angleterre. On peut s'appeler Tony Blair et être un jour Premier Ministre et un autre jour à la direction d'un grand groupe multinational. Les multinationales savent y faire pour étendre leurs zônes d'influences et multiplier leurs relations, au plus haut niveau. Pas par philanthropie.  Une forme de lobbyisme supérieur. Nous avons eu notre Barroso à Bruxelles, en Allemagne Schröder s'est distingué...

               Toutes ces pratiques, connues ou non, tendent se généraliser. Un phénomène en progession. Ce n'est pas seulement moralement indécent, c'est politiquement contestable. Quand les intérêts publics et privés se mélangent, c'est la souveraineté qui peut être affectée, pas seulement au niveau économique. Comme le remarque V.Jauvert :"....L’indécent n’est pas que des responsables publics partent dans le privé, mais qu’ils s’occupent des affaires publiques et du lobbying pour le compte de ces entreprises, en monnayant leur connaissance de l’Etat, au lieu de travailler à la création de richesse.   "Nicolas Sarkozy, François Fillon ou Bernard Cazeneuve monnaient leur connaissance de l’Etat dans le privé, et semblent trouver cela normal." Cette pratique concerne d’anciens dirigeants de l’Etat, jusqu’aux plus hauts placés...   Nicolas Sarkozy, qui siège aux conseils d’administration d’Accord et des casinos Barrière, François Fillon, qui travaille pour le fonds d’investissement Tikehau Capital, ou Bernard Cazeneuve, avocat d’affaires au cabinet August-Debouzy, ont expliqué qu’ils arrêtaient la politique. On pourrait donc se dire que leurs nouvelles activités relèvent de leur vie privée. En réalité, ces gens-là monnaient leur connaissance de l’Etat dans le privé, et semblent trouver cela normal. Ce ne sont pas des cas particuliers. Cette mode néfaste à notre démocratie peut expliquer en partie la piètre opinion que les Français ont de leur classe politique.  __ Ces pratiques ne sont pas nouvelles, mais vous soutenez qu’il existe une spécificité macroniste ?  __Oui, le phénomène a pris une ampleur inédite depuis la dernière présidentielle. Je donne, entre autres, l’exemple de Benoît Loutrel, directeur général de l’Arcep, l’autorité de régulation des communications, devenu en 2017 lobbyiste pour Google. Ou encore celui de Dorothée Stik, qui a participé à la campagne de Macron tout en travaillant à la direction du Trésor, partie dans la banque d’affaires de Jean-Marie Messier un mois après la victoire de son candidat.   "Les quatre plus hauts responsables de l’Etat sont des adeptes de ces allers-retours lucratifs."   En l’occurrence, l’exemple vient d’en haut ! Emmanuel Macron, inspecteur des finances, a travaillé chez Rothschild, et Edouard Philippe, membre du Conseil d’Etat, a fait du lobbying pour Areva et a été avocat dans un cabinet anglo-saxon. Le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, et le directeur de cabinet du Premier ministre, Benoît Ribadeau-Dumas, sont eux aussi des énarques qui ont pantouflé dans le privé. Autrement dit, les quatre plus hauts responsables de l’Etat sont des adeptes de ces allers-retours lucratifs. Cette situation inédite a contribué à diffuser cette culture....Le cas du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, est incroyable. En 2008, Nicolas Sarkozy l’a nommé au Contrôle général économique et financier (CGefi), un organisme de Bercy où les postes sont extrêmement bien payés, surnommé « le cimetière des éléphants » ! Il cumule donc ce job avec son mandat de maire d’une grande ville à l’autre bout du pays. François Baroin, lui, est à la fois maire de Troyes, président de l’agglomération, président de l’Association des maires de France (AMF), mais aussi avocat à Paris, conseiller de la banque Barclays et membre du conseil d’administration de Sea-Invest Corporation, un opérateur de terminaux portuaires....."                                                                                                 _____Peut-on être à ce point vertueux que l'on résiste à la facile tentation de tout mélanger et de mettre une frontière nette entre deux mondes qui, par essence, sont hétérogènes, mais pas sans relation?  Le lobbying, malgré les règles, pas toujours respectées, reste puissant et multiforme, à Bruxelles comme chez nous, même s'il est invisible. Les influences ne se mesurent pas. Le pantouflage pose souvent problème. Pas seulement dans certains pays d'Afrique. Comment éviter les toujours possibles conflits d'intérêts? Le pantouflage à la française existe bien et n'est pas là seulement pour récompenser les amis...Un problème systémique.

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