On voudrait comprendre...
Mais la pensée est vite paralysée, comme figée.
On aimerait capter à travers les images le sens du drame vécu, mais celles-ci, répétitives, nous renvoient déjà, l'émotion passée, à l'irréalité, à l'abstraction froide.
On essaie d'imaginer quel futur peut advenir, mais on se sent impuissant à le faire, Tchernobyl en tête.
Déjà la routine nous gagne et l'horreur tend à se banaliser.
On cherche ses mots et ceux-ci nous échappent ou nous trahissent.
Nous restons au bord du langage, impuissants et presque honteux d'être spectateurs.
Dire ce qui est descriptible, les dégâts naturels, nous le pouvons.
Mais nommer le mal qui frappe sans bruit, insidieusement, pour longtemps, produit de l'inconscience des hommes, le pouvons-nous?
"Qu’avions-nous rêvé de plus abominable, de plus terrifiant"...
_Comme dit un journaliste:"...Ce qui se passe au Japon : des reporters aguerris ne supportent pas cette menace invisible que représentent les radiations. La peur, l’angoisse prennent une autre forme, une intensité inhabituelle. Pas d’adrénaline, juste une appréhension interne profonde qui n’a ni forme, ni odeur, ni saveur. Juste quelque chose qui pénètre l’âme et le corps... C’est tout cela que ressentent confusément beaucoup des journalistes présents au Japon alors qu’ils étaient partis couvrir un fait comme un autre : une fois sur place, ils comprennent qu’il y a autre chose, indéfinissable et quasi impossible à nommer ; oui, c’est cela finalement les radiations qui se répandent représentent l’innommable. C’est aussi ce que commencent à ressentir les Japonais qui apparaissent dans les reportages : au delà des peurs du tremblement de terre, au delà de l’horreur du tsunami, il y a la terreur qui monte de ne pas savoir quand et comment on va être plongé dans la radioactivité : nul ne la voit arriver et même les chiffres qui défilent sur un dosimètre ne parlent pas à la conscience. C’est cela que vivent des millions de Japonais : l’arrivée d’une peur qu’ils croyaient avoir maîtrisé depuis Hiroshima. Pourtant, hier c’était la guerre alors qu’aujourd’hui, il parait que c’est la paix. "(CM Vadrot)
_Une peur qui a sa part d'irrationnel, qui ne relève plus des forces de la nature, provoquant la stupeur, mais de l'incurie des hommes, générant l'angoisse.
Prévisible, on finit par le savoir.
Fukushima résonnera-t-il comme Hiroshima, selon d'autres modalités?
Sommes-nous passés de la chimère à la démesure ?
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