Si l'on en croit le site des Décodeurs du Monde, il convient d'être prudent avec certaines nouvelles les plus alarmantes et des photos plutôt douteuses qui sont diffusées concernant, la vraie tragédie humanitaire des réfugiés Rohingya.
La propagande aurait hélas sa place dans l'évocation d'un événement qui est déjà assez terrible comme cela. La désinformation peut jouer dans tous les sens.
On annonce déjà 500.000 Rohingyas déplacés, dans les pires conditions.
....Les Rohingyas, plus grande population apatride au monde, sont traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste. Victimes de discriminations, ils ne peuvent ni voyager ni se marier sans autorisation, et n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et les hôpitaux. L'ONU considère que l'armée birmane et les milices bouddhistes se livrent à une épuration ethnique contre cette communauté musulmane dans l'Etat Rakhine, région historiquement troublée...
Lors de l'indépendance birmane, en 1954, ce peuple fut l'objet d'ostracisme, notamment du fait de son instrumentalisation par l'occupant anglais, un ostracisme qui avait commencé bien avant. (*)
Parmi d'autres communautés musulmanes persécutées ou marginalisées dans les monde, il faut tenir compte du fait que l'origine bengali des Rohingyas joue aussi (surtout?) un rôle dans le rejet qui se joue, exacerbé par des extrêmistes bouddistes et les exactions de l'armée, répondant dans un premier temps à des coups de mains troubles de minorités rohingyas.
L'image de Aung San Suu Kyi, l'idole birmane, qui nie, contre toute évidence, l’existence de « preuves solides » concernant les problème de cette minorité, sort plus que ternie de ce conflit d'un type paticulier:
"Aung San Suu Kyi a préféré louvoyer, choisissant prudemment de ne pas décrire la réalité telle qu’elle est, tout en reconnaissant l’ampleur du problème. La réalité est pourtant très clairement identifiée : un processus d’épuration à l’encontre d’une minorité ethnique largement dépourvue de citoyenneté."
Un silence qui pèse lourd. Un animal politique timoré, sans doute contrôlé par l'armée toute puissante.
On peut supposer qu'il y des enjeux autres que strictement nationaux dans ce conflit asymétrique et dramatique.Un silence qui pèse lourd. Un animal politique timoré, sans doute contrôlé par l'armée toute puissante.
Un conflit complexe, déjà ancien et devenu identitaire.
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(*) IL faut remonter à la colonisation anglaise pour trouver une partie des racines d'un conflit qui s'est joué ailleurs, d'une autre manière:
...L’existence des divisions profondes entre les minorités ethniques dans le pays remonte aux Britanniques. Ils ont classifié les habitants. Une manière pour eux de diviser pour régner. Avant que les Britanniques n’arrivent, il y avait un ensemble de royaumes, et de principautés. En 1885, les Britanniques ont conquis l’ensemble du territoire de la Birmanie actuelle. Ils ont vaincu la monarchie birmane (Bamar) et envoyé la famille royale en exil. Cette humiliation a été ressentie comme une blessure profonde tant la famille royale était considérée comme semi-divine. Puis, les Britanniques ont promu les groupes Kachin et Karen, des chrétiens, considérés par le colonisateur comme nobles et disciplinés. Ce choix a attisé le sentiment d’humiliation des Bamars. Les Britanniques ont également gouverné la région comme une province de l’Inde. Beaucoup d’Indiens, notamment des musulmans, sont venus servir l’administration ou travailler. Des Bengalis se sont installés en Arakan. Par la suite, la dictature militaire (1962-2011) s’est présentée comme garante de l’unité pour protéger la majorité bamar bouddhiste des barbares hostiles habitant la périphérie. L’idée d’ethnicité et de nationalisme imprègne donc la société birmane depuis des décennies....
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