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samedi 31 juillet 2010

Petites mains en colère


Bangladesh : Travailleurs du textile:
_________de l'exploitation silencieuse à la révolte violente


-On n'en parle pas ou peu...

Les ouvriers du textile manifestent, une centaine de blessés
________"Le Bangladesh augmente de 80 % le salaire minimum de quelque 2,5 millions d'employés du secteur textile, après des mois de violentes manifestations.
On reste loin des standards occidentaux, puisque
le salaire minimum mensuel passe d'environ 23 $ à 43 $.Certains syndicats d'ouvriers ont accepté cette hausse, mais d'autres la jugent décevante, puisqu'ils demandaient initialement que le salaire soit triplé à environ 70 $ par mois.Le pays était touché depuis plusieurs mois par des manifestations violentes d'ouvriers demandant un meilleur salaire. Le mois dernier, des centaines de milliers d'employés avaient forcé la fermeture de 250 usines fabriquant des vêtements pour des chaînes occidentales comme Walmart, H&M, Zara et Carrefour.L'industrie textile s'avère vitale pour l'économie du Bangladesh : elle représente 12 milliards de dollars en exportations, soit 80 % de la valeur de tous les produits exportés par le pays." Les ouvriers du textile sont donc... moins pauvres
...dans l’enfer des ateliers de misère

___"L'industrie textile au Bangladesh emploie 3,5 millions de personnes.
En juin, les exportations ont battu un record en atteignant 1,72 milliard de dollars, soit la meilleure performance réalisée en quarante ans...."


__Les délocalisations de l'industrie textile continuent pour l'essentiel vers les pays où les coûts de main d'oeuvre sont les plus bas et les conditions de travail , indécentes
Les grands distributeurs font des super-profits sur le dos de millions de femmes scandaleusement exploitées:
«Les travailleuses des usines qui fournissent ces distributeurs travaillent jusqu'à 90 heures par semaine, leurs heures supplémentaires sont souvent non rémunérées et les salaires sont si bas qu'elles ne peuvent même pas nourrir correctement leur famille. Si elles tentent de s'organiser pour faire respecter leurs droits, elles sont menacées ou renvoyées», explique Carole Crabbé, coordinatrice de la Campagne Vêtements Propres. « Par leur taille et la pression irraisonnable qu’ils exercent sur les prix, les grands distributeurs mènent la tendance mondiale au nivellement par le bas des conditions de travail ».
___________"0,2 €
, c'est ce qui revient à la couturière de Chine, d'Inde, du Bangladesh ou d'ailleurs qui a fabriqué un t-shirt vendu 20 € chez Carrefour, Cora, Aldi, Lidl, Trafic...*Et 20 cents, ce n'est pas suffisant pour se loger, se nourrir, se vêtir, aller à l'école, avoir accès aux soins de santé...Pourquoi si peu ? Parce que les grandes surfaces sont des superpuissances économiques en situation de quasi monopole. Elles concentrent un pouvoir énorme qui leur permet d'imposer leurs lois aux travailleurs du Sud et du Nord."
___Il serait temps de
repenser les délocalisations

_Les pays européens ont exprimé leur inquiétude face aux mouvements au Bangladesh, craignant pour leur approvisionnement...
Sans commentaire!...
____________
"Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves..."("Montesquieu : De l'esprit des lois)

vendredi 30 juillet 2010

Italie: risques de fractures

Austérité et menaces pour le sud défavorisé

Désendetter l'Etat pour endetter ses régions



"Au-delà du fossé entre Nord et Sud, l'Italie expérimente une tendance de fond, commune à une bonne partie de l'Europe, résumée par l'économiste Maurizio Franzini: «Ce plan d'austérité risque de transférer, au niveau local, la plus grande partie du problème auquel il est censé s'attaquer au niveau national...» En lieu d'une réforme structurelle, une opération de camouflage, consistant à désendetter l'Etat pour mieux endetter ses régions. Au bout du compte, l'ampleur de la dette ne s'est pas résorbée. " (L.Lamant)
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La crise met à mal les finances régionales et municipales dans les pays les plus touchés.
Les transferts du centre à la périphérie ne se font plus qu'au compte-goutte: des choix politiques parfois lourds de conséquences et de risques futurs.
Aux Etats-Unis, la Californie, dans le cadre d'une sorte de banqueroute d'Etat, est objectivement en faillite, la ville de New-York licencie un grand nombre de fonctionnaires, enseignants compris.
___En Europe, dans les pays les plus menacés, les finances locales déclinent rapidement, mettant en danger les régions les plus pauvres, sommées de se débrouiller seules
________C'est surtout visible dans l'Italie berlusconisée , dans le cadre du plan général de rigueur, où s'accentuent des fractures anciennes (l'essentiel de la pauvreté se concentre dans le sud du pays), certaines régions étant déjà piégées par des montages financiers aventureux.
Elles supportent l'essentiel des restrictions budgétaires.
La Ligue du Nord, prônant le "fédéralisme fiscal", met de l'huile sur le feu, en misant sur l'éclatement du pays.
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"...L'avalanche des plans d'austérité annoncés en Europe ne menace pas seulement la reprise de l'économie mondiale. Elle risque aussi de plomber les finances de régions déjà exsangues, qui pourraient bien ne pas s'en remettre. En Italie, l'austérité voulue par les autorités centrales condamne à la quasi-banqueroute certaines régions du sud du pays.
Rome a promis, le 25 mai, d'économiser 24 milliards d'euros en 2011 et 2012. L'objectif est de ramener le déficit public à 2,7% du Produit intérieur brut (PIB) au 1er janvier 2013, contre 5% cette année. Comme ailleurs en Europe, la fonction publique va devoir se serrer la ceinture. Les embauches sont gelées. Les salaires des hauts fonctionnaires seront réduits de 5 à 10%.
Mais ce sont les 20 régions de la Péninsule qui contribueront au plus gros de la diète: 15 milliards de coupes sont prévus dans les transferts aux collectivités locales, soit 60% de l'ensemble du plan d'austérité. «Pour beaucoup de régions, ces transferts représentent une partie gigantesque de leur budget», s'inquiète Maurizio Franzini, professeur d'économie politique à l'université Sapienza de Rome.
C'est sans doute le principal risque du plan d'austérité dévoilé par Silvio Berlusconi: aggraver un peu plus le fossé entre le Nord, riche et industriel, et le Sud, pauvre et assisté, qui plombe l'Italie. «La crise économique concerne tout le pays, mais elle va frapper bien plus fort le Sud», prévoit Alfio Mastropaolo, professeur de sciences politiques à l'université de Turin. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Mezzogiorno, qui concentre le tiers de la population, mais 16% seulement des emplois industriels du pays, est à la traîne. A l'écart de l'expansion industrielle d'après-guerre, il n'assure qu'un peu plus de 10% des exportations nationales.
______Depuis 1950, date de la création d'une Caisse pour le Mezzogiorno (dissoute en 1993, remplacée par des «agences autonomes»), Rome soutient massivement le développement du Sud. Mais ces volumes d'aide, en partie détournés à des fins clientélistes ou mafieuses au fil des ans, n'ont pas permis aux régions les plus pauvres de décoller.
Les mesures qui viennent d'être annoncées effacent en partie ces aides. Ce qui pénalise donc surtout le Mezzogiorno. D'après les chiffres de l'Institut de la statistique italienne, compilés par l'économiste Massimo Bordignon, le plan d'austérité pèsera de manière très inégale selon les régions, en matière de restrictions des dépenses publiques (hors santé), en 2012: 69 euros en moins pour un habitant de la Vénétie, au Nord, contre une perte de 182 euros dans la région de Basilicate, tout au Sud, ou encore de 103 euros dans les Pouilles.
Dès lors, deux options existent. Soit les régions les plus touchées par le plan consentent à tailler dans leurs services publics, à commencer par la gestion de la santé, dont elles ont la charge. Soit elles laissent filer leurs comptes, déjà au rouge, en pariant sur la clémence des autorités nationales.
Les dettes des collectivités ont dépassé les 100 milliards d'euros en 2009, selon la Banque d'Italie. D'après un classement de l'agence britannique CMA, relayé fin mai par le Financial Times, la Sicile pointe au neuvième rang des émetteurs de dette publique les plus susceptibles de faire banqueroute dans le monde, devant le Portugal, pourtant désigné comme l'une des prochaines bombes à retardement en Europe. Les marges de manœuvre budgétaires sont donc infimes....
_______Une banqueroute de la Sicile, ou de la Calabre? Le scénario est peu probable, relativise l'économiste Jacques Le Cacheux, de l'OFCE: «Tant que l'union politique se maintient en Italie, il n'y a aucun risque. Mais si les régions gagnent en autonomie dans les mois à venir, elles se retrouveront plus exposées au risque de défaut de paiement.» Ce ne serait pas pour déplaire à tout le monde. La Ligue du Nord, présente au sein du gouvernement Berlusconi depuis 2008, a fait du «fédéralisme fiscal» l'un de ses mots d'ordre. Le parti d'Umberto Bossi, fatigué de «payer» pour le développement du sud de l'Italie, compte bien profiter du plan d'austérité pour accélérer le mouvement vers plus d'autonomie financière au niveau des régions..." (L.Lamant)

jeudi 29 juillet 2010

Roms: histoire d'errance...

...de suspicion, de stigmatisation, de persécutions aussi



Un fait divers grave à St Aignan, amplement médiatisé, avant d'être bien élucidé, et voilà une communauté placée sur la sellette , montrée du doigt, de manière discutable ou du moins suspectée dans son ensemble, dans le plus grand amalgame , malgré les démentis successifs. De vieillies phobies sont exploitées

"...le sénateur UMP Pierre Hérisson, président de la commission nationale consultative des gens du voyage et auteur en 2008 d'un rapport sur leur stationnement, redoute que "l'accident de Saint-Aignan" ne suscite "des amalgames". Pour lui, "ce qui s'est passé à Saint-Aignan relève du droit commun. Ce n'est pas un problème lié aux gens du voyage". D'autant que le maire de Saint-Aignan, Jean-Michel Dillon (divers droite), confirme que la famille de la victime appartenait certes à la communauté des gens du voyage, mais vivait sédentarisée dans des logements "en dur" depuis deux générations..."
_____________________________________________-De l'âge d'or au rejet


__Ce qui doit relever d'un traitement policier et juridique de droit commun tend à devenir un problème sécuritaire d'ampleur nationale, à connotation ethnique (malgré les démentis officiels), qui place les "gens du voyage"en général (tous les "gens du voyage" ne sont pas roms et il existe des roms sédentaires)), dont la plupart sont français de longue date, dans une position de suspects potentiels et permanents, conformément à une ancienne rumeur concernant les "voleurs de poules" et aux fantasmes habituels qui règnent encore . Amalgames, médiatisation d'un problème qui devait rester dans les limites du droit ordinaire.
Une hyperdramatisation pour détourner les regards de certaines affaires gênantes pour le pouvoir?
___________La délinquance ,le plus souvent mineure, affecte certaines communautés roms tout autant le reste de la population, bien sûr. Là n'est pas la question. Le problème que pose la délinquance spécifique de communautés qui sont venues de certains pays de l'Est, après la chute du Mur de Berlin, est tout à fait particulier et doit être traité politiquement, à l'échelle européenne, en rapport avec les pays d'origine, largement responsables des départs.
Le démantèlement des camps (qui iront de reconstituer ailleurs) et la reconduite aux frontières sont tout à fait irréalistes et relèvent de la démagogie et du discours sécuritaire inefficace depuis des années.
L'Etat est loin d'être irréprochable vis à vis de la première minorité européenne
"Depuis l'adhésion, en 2007, de la Roumanie et de la Bulgarie, l'Union européenne compte quelque dix millions de citoyens roms. Partout indésirables, partout ostracisés, ils sont devenus, à leur insu, comme l'a reconnu la Commission européenne, «une menace pour la cohésion sociale en Europe»._ La minorité rom de Roumanie, estimée à environ deux millions d'âmes, est la plus importante d'Europe. La plus misérable aussi. La mendicité organisée, la prostitution et divers trafics (vols à la tire ou de cartes bancaires) ont permis aux réseaux criminels qui l'exploitent de prospérer. Bien qu'identifiés et localisés, ces réseaux, le plus souvent claniques, jouissent jusqu'ici d'une impunité quasi totale._Plus ou moins assimilés sous le communisme, les Roms d'Europe de l'Est ont subi de plein fouet le coût social de la transition économique dans les années 1990. L'élargissement de l'Union européenne a entraîné une prise de conscience institutionnelle sur leur condition. L'UE, la Banque mondiale, des ONG telles que la Fondation Soros ont débloqué des fonds et mené des campagnes d'information..."
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______Le terme de roms (qui signifie "hommes") recouvre des appellations, des communautés, des langues différentes, des histoires complexes, partiellement connues seulement, dont l'origine se situe en Inde, pour simplifier
Un monde très divers, condamné à l'exclusion, dans leurs sociétés d'origine (castes), à l'errance à travers des pays variés dont ils ont conservés des caractéristiques (langue , notamment)
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["Issus certainement du même peuple indo-européen, ils se sont dispersés aux environs de l’an mille à travers l’Europe en provenance du nord de l’Inde. Le type hindou et la couleur de peau évoquent les saris et les bords du Gange… La quasi certitude de cette filiation lointaine est confortée par de nombreuses similitudes entre la langue Romani, parlée par beaucoup (avec toutefois des variantes suivant les groupes… ) et le sanscrit."]
Un monde qui ne peut se fixer pour des raisons économiques et culturelles, donc qui va subir le plus souvent la suspicion ,l'exclusion, qui va devoir se spécialiser dans certains types d'activité , dont on retrouve des traces aujourd'hui. et qui ont parfois fécondé certaines contrées traversées.
_________________________________"
Du fait de leur culture de vie nomade et de leurs réticences ou la résistance qui est opposée à leur intégration, il y a toujours eu une grande méfiance envers les Roms. On les disait (et dit encore) traditionnellement vagabonds, voleurs, incapables d'un travail sédentaire ; ils furent et sont toujours l'objet de constantes persécutions, sous des formes plus ou moins visibles. Le nom en allemand des Roms, Zigeuner est parfois abusivement assimilé à Ziehende Gauner (voleurs voyageurs), voleurs de poules en France. Les Roms n'ayant parfois d'autre choix que d'accepter parmi eux des marginaux font alors l'objet d'amalgames....
__C'est à partir du
XVe siècle que l’état de grâce entre les tribus nomades et les populations se renverse : les villes leur ferment les portes, lassées de les entretenir. Des conflits éclatent dans les villages. Leur attitude marginale inquiète, et on les accuse de nombreux maux : maraude, vol de poules, de chevaux, et même d’enfants.
__Ils deviennent indésirables et tombent, dès la fin du
XVe siècle, sous le coup de décrets qui vont de l’expulsion pure et simple à l’exigence de sédentarisation : ce ne sont pas les Tziganes qui sont visés, mais les nomades. Les récalcitrants sont emprisonnés, mutilés, envoyés aux galères ou dans les colonies, et même exécutés. La récurrence de ces mesures montre leur manque d’efficacité, sauf aux Pays-Bas, qui parviennent à tous les expulser au milieu du XIXe siècle. ...
Les seigneurs et les abbayes d'Europe les ont accueillis et protégés sur leurs terres, contre la volonté des paysans sédentaires, puisque leurs talents d'artisans, de musiciens et de danseurs étaient très prisés. Cette dépendance féodale fut la servitude des Roms. Monastères et seigneurs pouvaient les vendre ou les acheter ; eux-mêmes pouvaient racheter leur liberté ou, au contraire, se vendre.
Pour montrer leur solvabilité, les Roms, même esclaves, portaient sur eux leur or sous forme de chaînes, de bracelets, de colliers ou de dents en or. En
Roumanie par exemple, ce statut dura de 1370 (fin des invasions des Tatars, protecteurs antérieurs des Roms) à 1856 (réformes du Prince Cuza). Vers la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, l’Europe éclairée alterne coercition et recherche de solutions «humaines» pour les sédentariser, d’autant que les Roms retrouvent avec la Révolution et le mouvement romantique une image plus positive empreinte de liberté. En Hongrie, on leur donne des terres et des bêtes, qu’ils revendent aussitôt à leurs voisins pour reprendre la route. L’échec de la plupart de ces politiques n’est pourtant pas une règle absolue, et une partie de la population nomade se sédentarise.
__En France, dès 1666, Louis XIV décrète que tous les Bohémiens de sexe masculin doivent être arrêtés et envoyés aux galères sans procès. Par la suite, lors de l'ordonnance du 11 juillet 1682, il confirme et ordonne que tous les Bohémiens males soient dans toutes les provinces du Royaume où ils vivent, condamnés aux galères à perpétuité, leurs femmes rasées, et leurs enfants enfermés dans des hospices. Une peine était en outre portée contre les nobles qui donnaient dans leurs châteaux un asile aux bohémiens; leurs fiefs étaient frappés de confiscation..." (Wiki)
-Tsiganes : la Nation invisible


__
Il arriva que les Roms furent bien acceptés:
________________________________________"
...En 1427, la centaine de Tsiganes qui arrive aux portes de Paris fait sensation, et leurs talents d'amuseurs les rendent vite populaires. Les groupes de «Voyageurs» se présentent souvent comme des pèlerins, se donnent des titres prestigieux comme comte ou duc d’Égypte (voir la chronique anonyme, Chronique d'un bourgeois de Paris), mangent à la table de grands seigneurs ou sont nourris par les communes en échange de leurs diverses prestations (musiciens, mais aussi vanniers, chaudronniers, maquignons, dresseurs etc.). Les « bohémiens » sont connus en Europe grâce au geste du roi de Bohême Sigismond Ier du Saint-Empire, qui les aurait munis d’un « passeport » à la fin du Moyen-Âge..."(Wiki)
_____Des cultures souvent méprisées, ostracisées, persécutées aussi. On passe souvent sous silence les camps sinistres qui leur étaient aussi destinés...
Un génocide oublié...
En Roumanie, entre esclavage et racisme
Une histoire globalement assez tragique
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Au-delà des incantations et stigmatisations dangereuses : ce que vivent les Roms
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Condamnés à l'errance, les Roms veulent se sédentariser
-Roms et gens du voyage, «le président livre à l’opinion un bouc émissaire»
-Pour Sarkozy, tous les chemins mènent aux Roms

-Roms: des expulsions qui ne disent pas leur nom
-Le pouvoir italien fait la chasse aux Roms, l'Europe cherche une position commune
-
Chasse aux Roms : Sarkozy, applaudi par l'extrême droite italienne
-Quand nos amis tsiganes vont attaquer l’Etat français…

mercredi 28 juillet 2010

Foules mortelles?

Drame à la Love Parade de Duisburg



_______Quelques jalons pour comprendre _un peu_ "l'impensable"...



-"...Emportés par la foule qui nous traîne
Nous entraîne
Écrasés l' un contre l' autre
Nous ne formons qu' un seul corps
Et le flot sans effort
Nous pousse enchaînés l' un à l' autre..." (E.Piaf)

___________Abandon,euphorie,ivresse, perte de soi,
quasi-hypnose...:quelques effets induits par l'emportement de la foule
____________________
_L'émission C'est dans l'air , La parade de la mort, sur la Cinq, présentait hier soir l'intérêt de centrer le débat plus sur la nature des phénomènes de foule en général que sur l' événement tragique récent et bien connu maintenant, même si les détails et les responsabilités restent à déterminer, car il n'y a nulle nécessité dans ce genre d'événement.
______Même si les circonstances de tels drames, le plus souvent évitables, sont toutes différentes, on peut se demander ce qui pousse les hommes à fusionner ainsi au point de mettre parfois leur vie en péril, car le moindre grain de sable peut amener à des extrêmes non maîtrisables, comme par un embrasement subit (une poussée, une provocation, des conditions objectives liées au lieu, une simple rumeur parfois...)
. La notion de "sagesse des foules" semble bien discutable, même si tout rassemblement n'est pas en soi négatif et/ou dangereux.

Les phénomènes grégaires sont complexes à analyser du point de vue sociologique et psychologique _comme chaque phénomène "social total"_, car ils englobent toujours une part d'irrationnel, même lorsque les individus s'agglutinent volontairement (comme pour une manifestation politique) , que l'analyse ne peut entièrement éclairer, par définition. La modernité a contribué à créer de nouvelles formes d'agrégation sociale
_____On peut se demander pourquoi des individus, de plus en plus solitaires, dans nos sociétés éclatées, cherchent inconsciemment, dans des rassemblements plus ou moins improvisés, une solidarité fusionnelle, hautement chargée d'affects, l'espace d'un moment (festif, le plus souvent, comme dans les rave parties), où le groupe en fusion semble dissoudre les consciences et leur sens critique en flattant le narcissisme, le sentiment de toute-puissance que peut procurer l'effet de masse, en stimulant l'anonymat.
_ Les rassemblements peuvent aussi être paradoxalement, dans des communautés soudées, l'effet d'une pulsion de solidarité, d'identification à des idéaux (religieux, patriotiques-nationalistes, sportifs...) et peuvent produire des effets analogues. On pense aux tragédies du Heysel, de La Mecque, et à d'autres...
Ce n'est pas un jugement de valeur, mais une interrogation, sachant ce qu'il peut y avoir de positif et d'exaltant parfois dans certains grands rassemblements, qui peuvent amener des homme à se dépasser, à se fixer à des idéaux intéressants. Mais , comme pour la langue d'Esope, l'ambiguïté est la règle.

___Dans Psychologie collective et analyse du moi, Freud s'efforce de saisir _partiellement, comme il l'avoue lui-même, avec les outils psychanalytiques qui sont les siens_ les caractéristiques inconscientes psycho-sociales des effets de foule et le rôle moteur de la libido, désir fusionnel à composante infantile, avec son caractère narcissique et régressif , qui tend à resurgir en certaines occasions, avec perte des repères sociaux, débordements et violence primordiale, effondrement souvent total des"défenses du moi" (avec parfois phénomènes de lynchage). L'analyse freudienne est souvent éclairante, malgré la trop grande dépendance qu'il a encore vis à vis des notions théoriquement discutables d'"âme collective" de G. Lebon et de "horde sauvage", empruntée à Darwin...
"...Nous devons dire que les nombreux liens affectifs qui caractérisent la foule suffisent, certes, à expliquer le manque d'indépendance et d'initiative chez l'individu, l'identité de ses réactions avec celles de tous les autres indi­vidus composant la foule, sa descente au rang d'une unité de la foule. Mais la foule, considérée dans son ensemble, présente d'autres caractères encore: abaissement de l'activité intellectuelle, degré démesuré de l'affectivité, incapa­cité de se modérer et de se retenir, tendance à dépasser, dans les manifesta­tions affectives, toutes les limites et à donner issue à ces manifestations en agissant. Tous ces caractères et d'autres analogues, dont M. Le Bon nous a donné une description si impressionnante, représentent, à n'en pas douter, une régression de l'activité psychique vers une phase antérieure que nous ne sommes pas étonnés de trouver chez l'enfant et chez le sauvage. Une pareille régression caractérise plus particulièrement les foules ordinaires, alors que dans les foules présentant un degré d'organisation prononcé, les caractères régressifs se trouvent, d'après ce que nous savons, considérablement atténués.
Nous nous trouverions ainsi en présence d'un état dans lequel le sentiment individuel et l'acte intellectuel personnel sont trop faibles pour s'affirmer d'une manière autonome, sans l'appui des manifestations affectives et intellec­tuelles analogues des autres individus. Rappelons-nous à ce propos combien nombreux sont les phénomènes de dépendance dans la société humaine normale, combien peu on y trouve d'originalité et de courage personnel, à quel point l'individu est dominé par les influences d'une âme collective, telles que propriétés raciales, préjugés de classe, opinion publique, etc. L'énigme de l'influence suggestive s'obscurcit encore davantage, si nous admettons que cette influence s'exerce non seulement de meneur à menés, mais aussi d'indi­vidu à individu, et nous sommes portés à nous reprocher de n'avoir considéré que les rapports avec le meneur et d'avoir négligé l'autre facteur, celui de la suggestion réciproque..."

___On sait quel effet hypnotique peut s'exercer dans ces cas là, quand l'autovigilance, les barrières rationnelles et comportementales s'effondrent, pour le meilleur (parfois), ou pour le pire (souvent). L'effet de sidération , de déprise de soi, de quasi-hypnose qu'on retrouve dans les effets de certaines drogues, est parfois recherché, pour le plaisir ambigü que provoque la communion dans le groupe en fusion. Etre "transporté" hors de soi, dans l'oubli de ses soucis, de son quotidien, ne peut pas ne pas être comparé avec certaines formes de l'amour passion, qui peut parfois se concentrer dangereusement sur une idole charismatique (rôle du leader, qui incarne le groupe, objet d'amour collectif aveugle)
Que cette communion soit codée, orientée et donc plus contrôlée (Carnaval de Dunkerque) ou qu'elle soit "sauvage", purement réactionnelle, sans organisation particulière, sans tradition aucune, elle s'appuie sur les mêmes ressorts, les mêmes exigences sociales et produit les mêmes effets psychologiques, à des degrés divers.
___________La foule fascine, attire et fait peur. Elle est ambivalente par nature, à la fois effet et cause. Exaltation et régression la caractérisent._(L'agoraphobie est une manifestation pathologique de la crainte panique de la foule)_.
L'individu est totalement impuissant quand, porté par elle, il est parfois amené à des actes ou réactions dont il ne se croyait pas capable :la panique, par exemple, justifiée ou fantasmée, obnubile toute analyse possible et entraîne souvent des comportements absurdes, hors de tout bon sens, qui peuvent être mortifères...
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La naissance de l'homme-foule

mardi 27 juillet 2010

Afghanistan: la pétaudière

"...En mille factions nous sommes morcelés, Et tout ce gâchis bout dans la même chaudière, Chaos indébrouillable, étrange pétaudière."(Pommier, Colères, 1844, p.108)
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__Le pétrin afghan décrit par des militaires américains
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-Officiellement, il est interdit d'en parler en haut lieu, d'émettre le moindre doute, d'évoquer même la conduite absurde de cette guerre qui s'éternise (on ne parle même pas des objectifs, si obscurs) , dont tous les esprits un peu éclairés aux USA-même des officiers supérieurs- disent que c'est une aventure vouée à l'échec.


"...300 milliards de dollars dépensés depuis 2001 par les Etats-Unis ont été plus que vains : les talibans sont plus forts aujourd’hui qu’avant 2001. Ils sont armés de missiles Stinger leur permettant d’abattre des avions, ce que les autorités américaines avaient jusqu’à présent tenté d’occulter..."(Lorraine Millot)

___La masse des informations récoltées par Wikileaks, a paru assez sérieuse pour pousser une partie de la presse américaine et internationale à faire part de faits soigneusement occultés par le Pentagone, même si certains étaient déjà connus, notamment le manque de coordination sur le terrain, la répétition des "bavures", le quotidien du détachement français, les dollars aux Talibans, les liaisons troubles entre le Pakistan et les Talibans...
__Wikileaks se veut engagé, ce qu'on lui reproche au Pentagone.
_______"
La question tourne et retourne depuis ce lundi sur tous les sites d’information américains : les révélations de WikiLeaks sur la guerre en Afghanistan sont-elles, ou ne sont-elles pas, comparables aux « papiers du Pentagone » qui en 1971 avaient révélé l’étendue des crimes de guerre au Vietnam et contribué à retourner l’opinion américaine ? Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, et excellent vendeur de ses révélations (il se cache des autorités américaines qui aimeraient bien stopper ces fuites, mais il était lundi sur toutes les télévisions pour souligner l’importance de son œuvre « démocratique ») a fait le premier la comparaison. Ces carnets de guerre afghans auront le même effet sur les Américains que les « papiers du Pentagone », a-t-il lancé : « Ils vont voir l’étendue des abus et s’ils sont intelligents ils vont dire : « Cela ne se reproduira plus : nous allons faire le nécessaire pour mettre fin à ces abus, mettre fin à cela »(L.Millot)
_____Une question: d'où viennent ces informations, qui ne semblent pas étonner certains responsables sur le terrain? D'un "ennemi de l'intérieur", selon la CIA ?
De l'antiaméricanisme primaire?
[mode ironique..]__
Les autorités américaines contre-attaquent
_________Le site s'explique...

"Pour Gérard Chaliand, géopolitologue expert en guérillas, ces rapports confirment « les analyses des gens sérieux qui, jusqu'à maintenant, étaient classés comme pessimistes. C'est un énoncé des faits, reconnaissant la situation telle qu'elle se présente : complexe, sans perspective de victoire ... C'est un constat courageux : ce n'est pas en France que l'on publierait ce genre de rapports. Ce lundi matin, il y a en avait des pleines pages en Grande-Bretagne dans The Guardian, en Allemagne dans Der Spiegel et aux Etats-Unis dans The New York Times. Rien en France dans Le Figaro ou Le Monde… ».__L'historien Justin Vaïsse se dit « impressionné » par « l'ampleur des documents » : même s'ils ne recèlent aucune grosse surprise sur le fond, ils viennent confirmer quelques « secrets de Polichinelle » connus des spécialistes de ce conflit."

En tous cas, ces masses de données, qui restent encore à exploiter entièrement, dérangent beaucoup de monde...sauf ceux qui sont déjà convaincus_parfois un peu tard_ de l'inanité de cet engagement
-"
...La sortie des ces informations risque d'ennuyer les Américains, qui ont déjà des relations délicates avec le Pakistan. Cela arrive à un moment où les opinions publiques sont de plus en plus hostiles à cette guerre, en tout cas dans les pays où il y a un débat. Aux Etats-Unis, on s'interroge de plus en plus sur le coût de ce conflit, et il y a fort à parier que certains vont se dire: «voilà une raison de plus pour s'en aller». _D'autant que l'on se rend bien compte que l'armée et la police afghanes ne sont pas du tout au point, et qu'elles sont loin d'être fiables. Aujourd'hui, les Américains cherchent une porte de sortie qui ne dit pas son nom. L'«afghanisation» du conflit, c'est un terme différent, mais ça n'a rien de nouveau: cela veut dire réarmer des milices. On se rend compte que la protection des civils et la recherche de solutions politiques sont loin d'être la priorité des Américains..." (Mariam Abou-Zahad)
________
-Géopolitique de l'Afghanistan, par Aymeric Chauprade

-Rapports explosifs sur la guerre en Afghanistan
-Poursuite de la guerre contre vents et marées
-
Afghanistan, Irak, demain l'Iran : la vérité fait peur

lundi 26 juillet 2010

Cadeaux fiscaux et dette publique


Ces dix années de cadeaux fiscaux qui ont ruiné la France

«Pourquoi faire payer les riches? Faisons payer les pauvres, ils sont beaucoup plus nombreux...»

L’épouvantail de la dette publique , dont on connaît mieux la genèse, indépendamment des effets de la crise financière présente et de ses conséquences, agité à des fins qui ne sont pas innocentes, a le don d'embrouiller les esprits et d'effrayer l'opinion, tétanisée par la "rigueur"
Comment sortir d'un système où les riches trinquent et les pauvres dégustent
Bientôt le retour de l'impôt, diabolisé dans la pensée néolibérale depuis Reagan ?
Une révolution fiscale en marche ?
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"...Depuis de longs mois, Nicolas Sarkozy et, derrière lui, tout le gouvernement s'appliquent à convaincre l'opinion que les mesures d'économies drastiques qui se profilent dans le cadre du projet de loi de finances pour 2011 sont l'inévitable contrepartie de la crise économique. Mais en réalité,
si les finances publiques françaises sont en si piteux état, c'est d'abord parce qu'elles ont été ruinées par la politique de baisse des impôts conduite depuis dix ans. C'est ce qu'établissent très clairement trois rapports publics publiés ces derniers mois: sans cette avalanche de cadeaux fiscaux au profit des plus riches, les moins favorisés ne seraient pas aujourd'hui menacés par ce plan d'austérité.
____________________________________En bref,
la crise a bon dos. Car si la France n'avait pas participé à cette course effrénée au moins-disant fiscal, elle aurait certes été prise dans les turbulences de cette crise sans précédent, mais ses finances publiques auraient été largement assez prospères pour traverser cette tempête._Ce constat iconoclaste est passé pour l'heure presque inaperçu parce qu'il ne figure pas en introduction ni en conclusion de l'un ou l'autre de ces trois rapports publics. Il transparaît juste au détour de certaines pages. Mais les indications données et les chiffres cités sont si éloquents qu'ils retiennent l'attention: sans cette course folle aux baisses d'impôts, qui s'est accélérée au cours de ces dix dernières années, la France serait dans une situation financière tout à fait confortable, même à la sortie de cette crise économique historique.
___Compte tenu de ses auteurs, qui sont Jean-Philippe Cotis, l'actuel directeur général de l'Insee, et son prédécesseur, Paul Champsaur, le premier de ces documents est au-dessus de tout soupçon. Il s'agit du «
Rapport sur la situation des finances publiques» qui a été rendu public le 20 mai, en ouverture de la Conférence sur les déficits qui s'est tenue à l'Elysée et que l'on peut consulter ci-dessous. A l'époque, déjà, le chef de l'Etat et le premier ministre tendaient à accréditer l'idée auprès de l'opinion que la France vivait au-dessus de ses moyens et que des coupes claires dans les dépenses de l'Etat étaient une priorité absolue de la politique économique. Dans le même mouvement, le chef de l'Etat a mille fois répété qu'il ne fallait pas compter sur lui pour relever les impôts....
Ce rapport, au détour d'une démonstration, pointe une réalité dont le gouvernement ne parle jamais: si les finances publiques sont délabrées, c'est effectivement du fait d'abord des baisses d'impôt. C'est dit rapidement (à la page 13 du document), mais c'est dit clairement: «Depuis 1999, l'ensemble des mesures nouvelles prises en matière de prélèvements obligatoires ont ainsi réduit les recettes publiques de près de 3 points de PIB: une première fois entre 1999 et 2002; une deuxième fois entre 2006 et 2008. Si la législation était restée celle de 1999, le taux de prélèvements obligatoires serait passé de 44,3 % en 1999 à 45,3 % en 2008. En pratique, après réduction des prélèvements, ce taux a été ramené à 42,5 %. À titre d'illustration, en l'absence de baisses de prélèvements, la dette publique serait environ 20 points de PIB plus faible aujourd'hui qu'elle ne l'est en réalité générant ainsi une économie annuelle de charges d'intérêt de 0,5 point de PIB.»...
__________Ce premier rapport public a levé un tabou. Car, dans la foulée, un autre a été publié, en prévision du traditionnel Débat d'orientation budgétaire (DOB) qui s'est tenu le 6 juillet dernier à l'Assemblée nationale. Portant la signature de Gille Carrez, le rapporteur général (UMP) de l'Assemblée nationale, ce document présente lui aussi toutes les garanties de sérieux. Issu de la droite, l'expert est respecté dans son camp, mais tout autant à gauche...
Selon le rapport Carrez, sans les baisses d'impôts, les déficits publics de 2010 seraient seulement de... 1,8%! Respectant ses engagements européens, la France ferait figure de bon élève de la zone euro et n'aurait pas à envisager un plan d'austérité.
Mais l'intérêt de ce rapport écrit (avec un indéniable courage pour un membre de la majorité UMP) par Gilles Carrez, c'est qu'il s'applique aussi à évaluer qui ont été les principaux bénéficiaires de ces 77,7 milliards d'euros de baisses d'impôts depuis dix ans. Et là encore, la réponse est très éclairante. S'appuyant sur le graphique ci-contre, le rapport écrit: «La moitié des allègements fiscaux décidés entre 2000 et 2009 ont concerné l'impôt sur le revenu. Le manque à gagner en 2009 sur le produit de cet impôt s'établit en effet à environ 2% de PIB, contre 0,6% de PIB pour la TVA et 0,5% de PIB pour l'Impôt sur les sociétés (IS)...
Ces baisses d'impôts ont donc été très inégalitaires. Le constat est même encore plus marqué que cela puisque, à ces baisses, il faut encore ajouter celles décidées par 2007 par Nicolas Sarkozy, portant sur l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), le bouclier fiscal ou encore les droits de successions. Dans ces cas, ce sont même les plus grandes fortunes qui sont sorties gagnantes de cette irresponsable politique fiscale. L'enquête conduite par Mediapart sur les impôts versés par Liliane Bettancourt (voir notre article Liliane Bettancourt: cherchez l'impôt!)- Bienvenue au club! -
vient illustrer cette tendance: la milliardaire est en effet soumise à une imposition équivalente à seulement 20% de ses revenus (avant restitution du bouclier fiscal) et à 0,17% de son patrimoine. Ce qui est vraiment dérisoire au regard des taux marginaux d'imposition que la droite fait mine de juger souvent écrasants, et qui culminent à 40% pour l'impôt sur le revenu et à 1,8% pour l'impôt sur la fortune.
Mais la liste des bénéficiaires des baisses d'impôts ne s'arrête pas là. Il faut encore ajouter les entreprises qui, sous la forme d'allègements divers de l'impôt sur les sociétés, ont bénéficié de presque 10 milliards d'euros (9,8 milliards d'euros pour être précis) de baisses, par des biais multiplies, qu'il s'agisse du crédit d'impôt recherche, du prêt à taux zéro ou encore de la taxation à taux réduit des plus-values à long terme de titres de participations.
Et puis à toutes ces baisses, il faut encore ajouter celles qui ont profité à la TVA, dont la plus stupide et la plus coûteuse, celle qui a profité aux restaurateurs pour un coût de seulement 1,25 milliard d'euros en 2009 mais de 3 milliards en année pleine.
En bref, depuis dix ans, les ménages les plus riches ont été les plus choyés. Et aussi les entreprises. Mais pas n'importe quelles entreprises. Car un troisième rapport permet d'achever notre tableau consternant des baisses d'impôts en relevant que les entreprises fiscalement les mieux dorlotées ont été celles qui en avaient sans doute le moins besoin: les plus grandes entreprises, celles du CAC 40. Et pendant ce temps-là, les plus petites entreprises, elles, ont payé leurs impôts plein pot. En clair, dans ce domaine-là aussi, les cadeaux fiscaux ont été distribués de manière gravement inégalitaire, avec un bonus pour les gros contribuables et un malus pour les petits.Etabli en octobre 2009 par le Conseil des prélèvements obligatoires, un organisme adossé à la Cour des comptes dont les avis sont difficilement contestables, ce troisième rapport – que l'on peut consulter ci-dessous – a pour objet «les prélèvements obligatoires des entreprises dans une économie globalisée»...
__________On y apprend que les mesures d'abattements et d'exonérations (ce que les experts appellent les dépenses fiscales, ou si l'on préfère les « niches ») au profit des entreprises «se sont multipliées ces dernières années». Ainsi, pour 2009, le total des niches fiscales est évalué à 69,1 milliards d'euros; et, sur ce montant, 29,5 milliards d'euros profitent aux entreprises sous forme de fiscalité dérogatoire.
Or, ce sont à l'évidence les très grandes entreprises qui ont su capter le mieux ses baisses d'impôt, en mettant en œuvre des pratiques très sophistiquées dites d'optimisation fiscale. Le résultat (détaillé aux pages 158 à 160 du rapport) est accablant: les grandes entreprises ne paient effectivement que très peu d'impôt alors que les petites paient en proportion nettement plus qu'elles.
Face à ces chiffres fournis par ces trois rapports, cette politique de rigueur apparaît donc marquée d'une spectaculaire injustice. Car si ces cadeaux fiscaux n'avaient pas été distribués aux ménages les plus fortunés, si les grandes entreprises payaient l'impôt sur les sociétés au taux normal, ce tour de vis ne serait pas nécessaire.
C'est même plus grave que cela. Car au total, sur cette période de dix ans, c'est effectivement un formidable tour de bonneteau qui aura été organisé. Les gros contribuables (ménages et entreprises) auront profité d'allègements, qui sont à l'origine du plan d'austérité que les foyers modestes vont devoir maintenant supporter. En bref, la politique économique a organisé sur cette décennie un gigantesque transferts de revenus, au profit des plus fortunés, au détriment des plus modestes. Il faut donc dire les choses comme elles sont: une politique de classes!Très sévère pour Nicolas Sarkozy, qui a accentué les effets les plus néfastes de ce tour de passe-passe, avec comme mesure phare son célèbre bouclier fiscal, et qui pilote désormais le plan d'austérité, ce constat concerne aussi la gauche. Car dans ce bilan des baisses d'impôts conduites depuis dix ans, elle a aussi sa part de responsabilité.Car si les impôts ont au total baissé de 77,7 milliards d'euros au cours des années 2000-2009, les baisses s'élèvent à presque 26 milliards d'euros pour les seuls trois premiers exercices, ceux des années 2000-2002, comme le relève le rapport de Gilles Carrez (
Gilles Carrez (UMP): pour en finir avec la baisse des impôts! ). En clair, Lionel Jospin, épaulé par son ministre des finances, Laurent Fabius, ont les premiers enclenché cette très inégalitaire mécanique, notamment en organisant une baisse massive de l'impôt sur le revenu, l'impôt citoyen par excellence...."
(Laurent Mauduit)
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Dette publique: questions
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Dette publique : questions (1)___-Bonne ou mauvaise dette ?..____-De la crise financière à la dette des Etats

dimanche 25 juillet 2010

Délocalisation et gestion des hommes

Chantage à la déloc,


(-Dessin de GA-)

"La mode est au chantage chez les grands groupes industriels. Soit les salariés français acceptent sans broncher une baisse de leurs salaires comme chez General Motors, soit les usines seront délocalisées dans des pays où la main-d'oeuvre est moins chère. Hexaconso passe en revue ces nouvelles pratiques....
Certains grands groupes ont en effet trouvé là un moyen assez pratique pour faire baisser les coûts de production des usines françaises, soi-disant trop élevés pour être compétitifs : le chantage ! Le deal est simple : les salariés acceptent de revenir sur certains avantages, de geler leurs salaires, etc., sinon, c’est la fermeture de l’usine. Et les marchés sont alors confiés à des usines plus « compétitives », généralement situées dans des pays dits « low cost ».

Et General Motors n’est pas le premier a utiliser cette arme ! Une arme qui, si elle permet généralement de sauvegarder des emplois sur le moment, n’est pas toujours une garantie sur le moyen ou long terme :

  • Continental négocie actuellement des concessions salariales pour ses usines de Toulouse, Foix et Boussens. Ces sites sont mis en concurrence avec des sites allemands, à qui on a proposé le même « marché ».
  • Goodyear a mis en place une nouvelle organisation de la production sur son site d’Amiens Sud. Le site d’Amiens Nord, qui avait refusé cette même réorganisation, a été sanctionné en perdant la fabrication de certains pneus.
  • Chez Bosh, les salariés du site de Vénissieux avaient proposé en 2004 de revenir sur les 35 heures pour assurer la pérennité de leur usine. Or aujourd’hui, ces concessions (perte de jours de RTT, gel des salaires, moindre majoration des heures de nuit, etc.) ne semblent plus suffire pour attirer de nouveaux investissements au sein du groupe.
  • Le volailler Doux avait proposé le même type de marché que Bosh à ses salariés. A ceci près que le groupe va aujourd’hui mieux, même s’il est passé par de sérieuses restructurations à la suite notamment de la grippe aviaire.
  • Chez Hewlett-Packard, pour limiter les effets dévastateurs d’un sévère plan social, les salariés ont renégocié leur accord sur la réduction du temps de travail. Il renoncent à 12 jours de RTT, et sauvent alors 250 emplois. Le plan de retructuration a été mis en place dans le courant de l’année 2006. Et trois ans plus tard, les sites français sont frappés par deux nouveaux plans, soit un total de 1 120 emplois.
  • Sous la menace d’une délocalisation à Taiwan, les salariés du dernier fabricant français de scooters, Peugeot Motocycles, ont consenti en 2008 à renégocier l’accord sur le temps de travail signé en 1999. En acceptant de passer de 22 jours de RTT à 11, les syndicats obtiennent de la direction la promesse de confier aux sites français la production d’un nouveau modèle. Ce projet a permis de maintenir les 1 050 emplois menacés.
  • En Italie, cette fois, c’est le constructeur Fiat qui a conditionné la relocalisation de la fabrication de sa célèbre Panda à une augmentation de la productivité et de la flexibilité de son usine napolitaine. Le plan proposé a été approuvé à « seulement » 62 % par les salariés, alors que le constructeur avait fixé le seuil à 70 %. Fiat a néanmoins validé, début juillet, la relocalisation de la Panda....
Les exemples se multiplient donc. Il faut dire que les entreprises ont la partie facile. Pétrifiés à l’idée de perdre leur emploi, les salariés sont prêts à faire des concessions et des sacrifices. Et l’industrie française est dans un tel état, que l’idée de perdre une usine de plus tétanise tout le monde. Seuls quelques syndicats osent élever la voix, et dénoncer le chantage à l’emploi qui est pratiqué. Mais souvent en vain. Et souvent contre l’avis des salariés. Ainsi, dans l’usine strasbourgeoise de GM, un tract affiché et signé par des « salariés en colère » s’en prenait non pas à la direction mais à la CGT (hostile au plan de reprise) à laquelle elle adressait « un carton rouge »...."

-A quand des salaires mexicains ou chinois en France ?
-General Motors en France : Travailler plus pour gagner moins ... sans contrepartie !
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-Repenser les délocalisations
-Vers la déglobalisation ?
-Protectionnisme raisonnable ?
-Libre- échange en question

samedi 10 juillet 2010

Liberté sous surveillance

Vers une traçabilité généralisée ?

-Comment protéger notre vie privée dans un monde où la traçabilité explose ?
__________________Des droits à défendre...
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Contre la liberté surveillée





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«Plus on est habitué à être observé, moins on est sensible aux atteintes à la vie privée» (A.Rouvroy)
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Surveillance électronique planétaire: Duncan Campbell __(l'auteur)_
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"Notre liberté est en permanence sous haute surveillance électronique. Les technologies informatiques ont permis d'augmenter ce que les spécialistes appellent notre "traçabilité". Nos activités, nos conversations, nos goûts et nos centres d'intérêts laissent des traces dans les multiples systèmes informatiques qui gèrent notre vie quotidienne. Toutes ces données sont collectées, centralisées et mémorisées par des organisations publiques ou privées qui peuvent connaitre à tout moment le "profil" de chaque individu._Fichiers informatiques, téléphones portables, internet, association de la carte de crédit et du code barre, réseau Echelon, voici les moyens par lesquels notre liberté est devenue très surveillée..." (Big Brother)
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-Le système Echelon en question
__Aux écoutes...___-Un réseau serré
__-Les "grandes oreilles" en accusation
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Tous les Européens sur écoutes
-Télésurveillance globale: "...la mise en orbite d’une infinité de satellites d’observation tend à favoriser la vision globalitaire...
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-Le numérique contre l'homme ?
-Caméras partout ?
-Souriez, vous êtes filmés
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20000 ados sous surveillance électronique
______Futurs délinquants?

-Biométrie en question
___Biométrie et droit
__Aux Etats-Unis, le fichage ADN systématique se généralise
-Google: redoutable moteur ?
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Facebook: big brother 2.0?
______Association "Souriez vous êtes filmés"