Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

samedi 31 août 2024

Papillons

 Tendresse et poésie  

                   Quand Sempé fait du Sempé

                                                            _______________

USA: présidentielles en question

 __ Démocratie ou ploutocratie?

          Dans le grand barnum que sont devenues les élections présidentielles au USA, le dollar est roi. Il est devenu le nerf de la guerre. Depuis quinze ans, il n'y a plus de limites aux flots de dollars déversés pour tel ou tel. Des records !  "... C'est dans un contexte d'effritement du financment public que les campagnes électorales deviennent l’instrument du marché qui impose à la démocratie américaine ses propres règles. Habermas y verrait une colonisation du monde vécu par le système financier ou un déséquilibre entre l’univers culturel basé sur la coopération entre les acteurs et le monde impersonnel de l’argent..."..." L'arrêt de la cour Suprême, en 2010,« Citizens united vs Federal electoral commission » fait entrer à nouveau les entreprises dans la vie politique en les assimilant à des personnes morales. Dans les faits, elles peuvent faire des dons aux candidats d’un montant illimité !"  Et ceux qui font les chèques font la loi...

      La démocratie du dollar est devenue la règle. "...Encore plus surprenant, cette question des élections dominées par l'argent touche également les juges. "Dans beaucoup d'Etats, les juges sont élus. Donc eux aussi doivent aller chercher de l'argent, et donc eux aussi sont dans un conflit d'intérêt", explique Sylvain Pak. "Cela vous paraît complètement incroyable en France, mais les juges doivent demander de l'argent pour se faire élire, tout comme les shérifs et les procureurs."                                                                                                                        Sylvain Pack  a enquêté sur le financement des campagnes électorales aux Etats-Unis et le constat est édifiant. Selon lui, il n’y a aucune limite : ''En 2020, 14 milliards de dollars ont été dépensés en campagne électorales dont 6 à 7 milliards pour l’élection présidentielle, deux à trois fois plus qu’en 2016.'' Cet argent sert notamment à la logistique, aux publicités négatives contre l’autre candidat, ''de plus ou moins bonne foi'', note le réalisateur, selon qui ''les Etats-Unis ont légalisé la corruption politique''.                      Que peuvent faire les petits partis devant le rouleau compresseur de la dollarisation massive?      Une caste américaine , comme disait John McArthur... 

vendredi 30 août 2024

Substitution

  ___ Nouvelle donne

                                Ambivalence et déshumanisation en cours.

                                ________________

Contrôler les plate-formes?

Au nom de la démocratie, de la morale publique, de l'information 

      La récente affaire Durov nous met une nouvelle fois face au pouvoir d'influence de certaines plateformes et de leurs dérives, souvent sciemment assumées par leurs leaders, se prenant pour des patrons sans règles et sans frontières, ayant parfois un pouvoir financier supérieur à certains Etats, donc capables d'exercer des pressions de toutes sortes. Pressions et influences qui favorisent trop souvent les régimes les moins recommandables, au nom d'un libertarisme assumé internationalement. Il serait temps qu'un contrôle s'instaure à ce niveau. Le mégalomane Elon Musk a déjà montré de quoi il est capable, jusqu'à favoriser les intérêts des pires régimes. Pavel Durov va plus loin dans son droit pervers à tout cautionner à tout justifier, même le pire, au nom de son propre intérêt.  Une affaire géopolitique. Des sanctions seront--elles suffisantes pour stopper les outrances de cet homme ambigü? Business first!   "Durov est accusé de complicité et de négligence concernant son service Telegram, où des crimes graves — trafic de drogueexploitation sexuelle d'enfants ou fraude, notamment —, ont fréquemment lieu. Il est arrêté à son arrivée en France en provenance d'Azerbaïdjan. Des rapports indiquent qu'il figure sur la liste des personnes recherchées par les autorités françaises et que son arrestation est due à son refus de coopérer avec la justice, notamment sur des questions liées aux activités de Telegram. Selon la police française, l'activité criminelle sur Telegram se déroule sans entrave en raison du manque de modérateurs..."                                                               Des sanctions uniquement françaises ne suffiront pas à démanteler un tel pouvoir de nuisance internationale. L'Arcom n'a qu'un pouvoir d'alerte, dans un espace limité.                       Faire rentrer les plateformes dans les clous: un mythe?

                        C'est une volonté européenne en tout cas. Bien tardive et non unanime. Les intentions et les objectifs sont louables. L'urgence s'impose en ce domaine, malgré un grand retard dans la prise de conscience et un rapport de forces peu favorable, surtout pour un pays seul, même pour une volonté européenne plus ou moins commune. Le déséquilibre des forces est patent. les géants du net ne vont pas lâcher prise aussi facilement, en acceptant un contrôle et des règles, commercialement et éthiquement. Un danger pour la démocratie. Un contrôle multidimensionnel. Le capitalisme de plate formes fait de la résistance et sa puissance s'accroit au cours du temps, comme ses ruses algorithmiques. Comment agir avant qu'il ne soit trop tard....


        "...Google et Facebook, Apple et Microsoft, Siemens et GE, Uber et Airbnb: les entreprises qui adoptent et perfectionnent le modèle d'affaires dominant aujourd'hui, celui des plateformes pair-à-pair du capitalisme numérique, s'enrichissent principalement par la collecte de données et le statut d'intermédiaire qu'il leur confère. Si elles prospèrent, ces compagnies peuvent créer leur propre marché, voire finir par contrôler une économie entière, un potentiel monopolistique inusité qui, bien qu'il s'inscrive dans la logique du capitalisme dit «classique», présente un réel danger aux yeux de quiconque s'applique à imaginer un futur post-capitaliste.       Dans ce texte bref et d'une rare clarté, Nick Srnicek retrace la genèse de ce phénomène, analyse celui-ci de manière limpide et aborde la question de son impact sur l'avenir. Un livre essentiel pour comprendre comment les GAFA et autres géants du numérique transforment l'économie mondiale, et pour envisager des pistes d'action susceptibles d'en contrer les effets délétères...;"                                                                                         Une certaine transparence et un certain contrôle sont-ils encore possibles, quand tout s'accélère, quand on connaît le degré de dépendance? Un sérieux problème politique...    _____________________

jeudi 29 août 2024

Point d'histoire

   __ Nouvelle bataille de Koursk

                 __    Les interrogations sont nombreuses face à la percée ukrainienne en territoire russe, dont les experts eux-mêmes perçoivent mal l'enjeu et la finalité, dans ce que l'on peut considérer comme un tournant dans le conflit.

    __ C'est aussi une ville symbolique, qui rappelle la plus grande bataille de l'histoire, décisive pour l'armée soviétique, prélude au déclin du III Reich, après Stalingrad.


  __ C'est aussi le nom d'un sous-marin qui coula tragiquement en 2000 dans des conditions mal déterminées,  dans la dénégation et la désinvolture de hauts responsables, notamment de Poutine                                                                                                       ".. Alors que les équipes de sauvetage échouaient de manière répétée à s’arrimer au sas d’évacuation et à entrer en contact avec de potentiels survivants à bord du sous-marin, le président Poutine est montré décontracté, en vacances dans une villa sur la mer Noire. Cette indifférence perçue choquera les familles des marins du Koursk et un grand nombre de Russes.   Les médias russes sont alors très critiques sur la gestion du naufrage par le gouvernement7. Des images de familles en colère demandant des informations ou attendant inquiètes à quai pour recevoir des nouvelles de leurs proches sont diffusées par les télévisions du monde entier1. Certains proches affirmeront avoir pris connaissance du naufrage par l’intermédiaire des médias ou par des rumeurs contradictoires circulant sur la base navale. Ceux-là se plaignent de ne pas avoir reçu d’information du gouvernement sur le naufrage et les opérations de sauvetage avant le mercredi, soit quatre jours après que le sous-marin a coulé. Certains ne pouvaient même pas affirmer avec certitude si l’un de leurs proches était à bord (les sous-marins russes comptent deux équipages qui se relaient)11. Le gouvernement refuse de diffuser une liste des marins portés disparus, y compris à leurs familles, jusqu’à ce qu’un journaliste de la Pravda paye 18 000 roubles à un officier pour obtenir cette liste. Le gouvernement russe tente alors d’empêcher les journalistes d’entrer en contact avec les familles des victimes   Les informations contradictoires, voulant que les plongeurs ne réussissent pas à ouvrir le sas mais qu’ils auraient entendu des survivants, enflamment l’opinion publique russe. Les médias décrivent la réaction du gouvernement russe face à la catastrophe comme étant « techniquement inepte » et sa version des faits « totalement douteuse ».Le , au bout de cinq jours, Poutine sort de son silence et déclare aux journalistes, toujours depuis son lieu de vacances : « La situation est critique, mais la Flotte du Nord a toutes les compétences et le matériel pour effectuer le sauvetage sans faire appel à l’aide étrangère... »    _________________                                                                    

Varia

 __ Folie

__ Favorite

__ Education

__ Impasse                            

__ Héroïsme

__Blocage

__ Fertilité

__Alerte

__Galère

__ Fracture

__ Lassitude

__ Toxicité

__ Surpopulation

__Crocophilie

__ Incertitudes

__ Télé Meloni?

__ Aviation durable?

__ Israël et la drogue    ________________________

mercredi 28 août 2024

Le rêve...

 Paradis sur terre 

       Gros ou petits 

                          

                     
                                                     Discrétion assurée...
_____________________________________

     

Cette terre dite"sainte"

 Lieu de concurrence, parfois de rivalités, d'affrontements violents.

                   L'actualité tragique nous y ramène, même si tout n'est pas religieux dans les terribles affrontements en cours au Proche-Orient . On discute encore âprement sur le statut de Jérusalem, ville cosmopolite, au statut particulier, mais pour l'essentiel contrôlée par Israël, objet de vives et parfois meurtrières contestations, surtout depuis que Sharon s'est imposé sur l'Esplanade des mosquées. Avec le colonisation qui se poursuit dans la partie Est, on ne peut pas dire que ce symbole des monothéismes soit la capitale la plus pacifique, surtout quand les ultra-sionistes prétendent y faire la loi. Le symbole fort interreligieux est devenu un haut-lieu d'enjeux politiques, qui ne disent toujours pas leur nom, comme lorsque Trump décida, par provocation, d'y faire construire l'ambassade des USA.     


                                                                                                  Mais les problèmes générés par la "capitale" des monothéismes remontent aux différentes aventures des croisades européennes, des "guerres saintes" contre les "Sarrazins". Auparavant , dans la longue tradition juive, la terre (Haaretz)  est un thème central, qui reprendra vigueur au 19° siècle, dans le mouvement sioniste qui se constitue, objet de vifs débats dans l'interprétation rabbinique..." C’est la concrétisation de la promesse faite à Abraham par Dieu : «C’est à ta postérité que je donnerai cette Terre» (Gn 12, 7). «Cette promesse fut répétée treize fois aux trois patriarches qui furent enterrés à Hébron, rappelle l’écrivain Armand Abécassis (3). Elle fut réalisée sous la direction de Josué après le séjour des Hébreux dans le désert où ils reçurent la Torah trois mois après leur sortie d’Égypte ».  La terre «plantureuse et verte, (…) qui ruisselle de lait et de miel» (Ex 3, 8), est donc dans le judaïsme d’abord un don de Dieu, resté en suspens pendant plusieurs siècles, le temps qui sépare Abraham le croyant de Josué le conquérant, en passant par l’alliance au Sinaï, puis l’errance dans le désert pendant quarante années. Elle représente « la nécessité d’un espace vital pour y donner corps à son aventure humaine, religieuse et spirituelle », assure le Père Marchadour.  Mais c’est aussi un don sous condition. «Moïse met en garde les Hébreux qu’ignorer les commandements de Dieu serait la cause de calamités», allant jusqu’à la dispersion et l’exil, explique le rabbin Harvey J. Fields (4). Les juifs ont reçu leur terre à cause de leur mission d’observer ces commandements. «Si vous ne gardez pas la Torah, la Terre vous vomira» : cet avertissement revient très régulièrement dans la tradition rabbinique.  Dans la tradition rabbinique, l’exil est toujours une punition de Dieu, mais il n’est pas définitif. Par ailleurs, quitter volontairement la terre peut être considéré comme de l’idolâtrie pour les juifs, car «c’est comme si l’on allait adorer d’autres dieux que le Dieu d’Israël», explique le Père Massonnet.  «Nos rabbins ont enseigné : on doit toujours vivre sur la terred’Israël, même si c’est dans un village où la majorité des gens sont idolâtres ; car celui qui vit sur la terre d’Israël peut être considéré comme ayant un Dieu, mais celui qui vit en dehors de la terre peut être considéré comme n’ayant pas de Dieu», est-il écrit dans le traité Ketoubot du Talmud de BabyloneMais pour d’autres interprètes, la terre est une réalité spirituelle plus que géographique. «Tout lieu où la sagesse et la crainte du péché sont présentes a le même statut normatif que la terre d’Israël», écrit ainsi Menahem ben Salomon HaMeïri, commentateur catalan du Talmud au XIIIe siècle. Dans la tradition juive, l’on «monte» (alya) à Jérusalem ou l’on en «descend» (yeridah). D’après certains commentaires du Talmud, un juif de la diaspora ne doit pas accomplir son alya avant que Dieu ait fixé la rédemption

d’Israël..."                                                                                                                  
Une vieille histoire surchargée d'interprétations multiples et de mythes, dont la Bible et ses différentes lectures restent le fondement, le christianisme ayant recueilli une partie de ses messages dits inspirés.  Un terre disputée, parfois avec acharnement, pas seulement à l'époque des Croisades. Une aventure pleine de mythes, toujours résurgents et de fureurs dont les "nouveaux historiens" israëliens ont montré les limites, comme Shlomo Sand, non sans être parfois conspués par les "croyants" attachés à la lettre. Remettre les mythes en question pour que puisse mieux s'imposer la vérité historique et le rétablissement de rapports moins conflictuels, religieux et/ou politiques. Sortir du roman national-religieux. Israël est un Etat comme un autre, ni plus ni moins, dans le concert (ou le tohu-bohu) des nations.                                                                                                                 On sait que les monothéismes sont des terreaux d'exclusions et de violences, comme l' avait noté Nietzsche, Les religions occidentales, depuis leurs origines, n'ont pas montré le meilleur exemple d'ouverture et de tolérance et la Bible n'est pas exempte d'affrontements meurtriers, au nom d'une cause dite "sainte"...  __________________

mardi 27 août 2024

Rôles inversés

   Ils (elles) le méritent.

                 Un métier parfois à risques..

      
                                                                    ____________

Au-delà du manichéisme

Tout s'aggrave à Gaza.

                L'obstination de Netanyahou, objet de critiques de plus en plus vives en externe comme en interne, mène à une impasse. Des figures juives de premier plan prennent la parole. Le cercle vicieux des destructions et des catastrophes risque de préparer des jours encore pires. Pour longtemps.                                                                                                                              Les réactions à cette situation nous touchent de près. Certaines actions et réactions récentes sont des réponses aveugles et absurdes à des problèmes mal posés et à une confusion trop répandue: celle qui identifie antisémitisme et critique légitime d'un Etat, qui lui-même entretient l'amalgame.  Point de vue:                                                                                                                       " Samedi 24 août, la synagogue Beth-Yacoov à la Grande Motte dans l'Hérault a été visée par une attaque antisémite. Un individu drapé dans un drapeau palestinien, un keffieh sur le visage, a allumé un incendie sur les portes de l'édifice et brûlé des voitures dans l'enceinte du bâtiment.

Il s'agit d'un attentat antisémite d'une violence et d'une stupidité sans limite, et il faut le condamner sans réserve. Non seulement par solidarité avec les juifs et juives visés, mais aussi pour rappeler que l'antisémitisme est fondamentalement incompatible avec l'anti-colonialisme et la solidarité internationale. La pensée de Frantz Fanon nous le rappelle avec force. Frantz Fanon était un militant noir, écrivain, médecin anti-colonialiste. Né en Martinique et mort prématurément, il a pris parti dans les grands combats de son époque. Résistant pendant la seconde guerre mondiale, il rejoint les indépendantistes pendant la guerre d’Algérie. Il fut aussi psychiatre, métier qui l’a amené à analyser les traumatismes intérieurs provoqués par la colonisation. Il laisse derrière lui plusieurs ouvrages de référence sur le colonialisme et le racisme, notamment «Les Damnés de la terre».
Frantz Fanon écrivait : «De prime abord, il peut sembler étonnant que l’attitude de l’antisémite s’apparente à celle du négrophobe. C’est mon professeur de philosophie, d’origine antillaise, qui me le rappelait un jour : “Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous.” Et je pensais qu’il avait raison universellement, entendant par-là que j’étais responsable dans mon corps et dans mon âme, du sort réservé à mon frère. Depuis lors, j’ai compris qu’il voulait tout simplement dire : un antisémite est forcément négrophobe.» En France et ailleurs, la parole anti-juive se libère sur fond d’atrocités commises à Gaza. D'un côté, l'extrême droite, le grand courant antisémite fait désormais bloc derrière Israël par haine des arabes et des musulmans tout en rêvant d'un «choc des civilisations», de l'autre, certains mélangent le soutien légitime et essentiel au peuple palestinien avec les pires relents antisémites.
Ne confondez jamais la communauté juive et l’État colonial. Depuis des mois et des années, partout dans le monde, des juifs et juives protestent contre les bombardements israéliens et sont même parfois arrêtés pour cela. En France les collectifs Tsedek et UJFP sont en première ligne des mobilisations de soutien à la Palestine. Les propagandistes pro-israéliens tentent d’entretenir volontairement la confusion. L’État israélien se proclame comme le porte-parole de la communauté juive dans le monde, afin d’assimiler la judéité à l’État d’Israël. Les médias français font de même, en ne donnant la parole qu’à des voix juives pro-israélienne ou presque, en hiérarchisant les victimes de la guerre et en qualifiant d’antisémite les propos contre les bombardements en cours. Ne tombons pas dans leur piège !
L’antisémitisme est un racisme européen pluriséculaire. Il s’agit d’un racisme parmi d’autres, mais pas comme les autres : la figure du juif a la particularité d’être construite, par les antisémites, comme dominante en secret. La figure du juif est, dans l’Europe médiévale, la figure par excellence de l’altérité, symbole de l’étranger apportant la corruption, le malheur, la maladie. Le juif ne mérite pas d’être défendu car il serait coupable par nature, il serait indéfendable. Ainsi, au Moyen-Âge, les juifs sont persécutés, accusés d’empoisonner les puits, de répandre les épidémies comme la peste, puis torturés par l’Inquisition. En Europe de l’Est, ils subissent des pogroms, véritables défoulements racistes collectifs qui conduisent à des massacres. Les fantasmes judéophobes sont alimentés par des théories complotistes, comme le fameux «Protocole des sages de Sion» écrit en réalité par la police politique du Tsar pour accréditer l’hypothèse d’une «conspiration israélite». Aujourd’hui encore ce texte alimente les délires des négationnistes.
Au XIXème siècle, l’antisémitisme est un mal répandu y compris à gauche : une partie des courants socialistes diffuse l’imaginaire du capitaliste juif, du spéculateur. Par exemple Proudhon, théoricien anarchiste, entretient une violente haine des juifs. Il n’est pas isolé. Certains révolutionnaires se battent néanmoins pour l’égalité politique des juifs, obtenue pendant la Révolution française en 1791. Un siècle plus tard, l’affaire Dreyfus (1894-1906) bouleverse la société française. Un capitaine juif est accusé à tort de trahison. Cette affaire est une rupture dans l’échiquier politique et l’histoire française. Une partie de la gauche rejoint les rangs des anti-dreyfusards ou choisissent le confort de l’absence de réaction. Mais Dreyfus compte malgré tout parmi ses défenseurs la gauche de Jaurès, d’Allémane, ou celle des anti-autoritaires (anarchistes). Les anti-dreyfusards vont former les rangs réactionnaires, pré-fascisants, partisans d’un nationalisme du sang, d’un «nationalisme intégral» (Maurras). Il existe même à l’Assemblée un «parti anti-juifs». L’antisémitisme est alors qualifié de «socialisme des imbéciles» par le socialiste allemand Bebel. À partir de Dreyfus, la gauche commence à comprendre que l’antisémitisme est un leurre et un poison.
Selon l’historien Zeev Steernhell, le fascisme puise ses sources en France, et non en Italie ou en Allemagne. À la fin du XIXème siècle, on voit en France émerger une droite qui n’est ni monarchiste, ni bonapartiste, une droite «subversive», autoritaire, antisémite, souvent violente. C’est une droite “anti-système” qui sera le creuset du fascisme. C’est également en France, grande nation colonialiste, qu’est théorisée «scientifiquement» la hiérarchie des races, la suprématie des européens blancs sur les autres peuples considérés comme «sous-développés» et inférieurs – notamment par le «scientifique» Gobineau. Tout ce climat va imprégner la société et nourrir les futurs fascismes. L’antisémitisme fait partie de la palette des racismes de l’Homme blanc occidental et colonialiste.
Quelques décennies plus tard, la France va collaborer étroitement avec l’occupant nazi et même anticiper ses demandes, notamment lors de la rafle du Vel’d’Hiv : la police française arrête et déporte des milliers de juifs et juives, y compris des enfants, pour le compte du Troisième Reich. Des hauts fonctionnaires et des intellectuels français sont animés d’un antisémitisme enragé, et le traduisent en acte.
Après-guerre, l’antisémitisme est d’avantage camouflé, après l’horreur des camps de la mort, mais il ne disparaît pas totalement. On le retrouve dans les rangs des néo-nazis, des Poujadistes ou même du côté du Front National, créé dans les années 1970 par des fripouilles nostalgiques du pétainisme, dont Jean-Marie Le Pen. Ce vieil antisémitisme ne disparaîtra jamais totalement, et s’il se cache, il resurgit par vagues, que ce soit sur le plan des idées avec la négation du génocide nazi, ou que ce soit en actes à travers des attentats, des profanations, des crimes. Lors de la campagne présidentielle 2022, le candidat Eric Zemmour a même tenu des propos ouvertement révisionnistes et s’est entouré de néo-nazis, tout en étant massivement médiatisé. Le gouvernement n’aide pas à installer un climat serein, et en premier lieu Emmanuel Macron qui citait Maurras et rendait hommage au Maréchal Pétain en 2018 ou qui nommait Gérald Darmanin Ministre de l’Intérieur en 2020, ancien proche de l’Action Française, une organisation royaliste et antisémite. En 2023, ce sont ces personnes, de Macron à Zemmour, qui s’inscrivent dans la filiation de l’antisémitisme français, qui font bloc derrière Israël. L'extrême droite a toujours détesté les juifs en tant que peuple qu'elle considérait comme déraciné, sans État, déloyal, vu comme potentiellement révolutionnaire et impossible à assimiler. C'est cette même extrême droite qui adore Israël en tant qu'État militarisé et raciste. Il n'y a aucune contradiction même si cela parait déconcertant : les fascistes sont antisémites pour les mêmes raisons qu'ils sont pro-Israël !
Ainsi, l'attaque d'une synagogue à la Grande Motte s'inscrit dans cette longue histoire de l'antisémitisme, meurtrier et stupide. L'auteur n'a pas visé les entreprises qui arment Israël, ni agi pour aider les palestiniens : il a visé la communauté juive. C'est un acte d'extrême droite qui souille la cause palestinienne et alimente les confusions. D'ailleurs, cet acte a été immédiatement instrumentalisé par les défenseurs d'Israël pour diffamer la gauche, et en particulier la France Insoumise. L'incendiaire antisémite ne pouvait pas leur faire un plus grand cadeau. ____Répétons-le : l’antisémitisme est l’ennemi absolu des mobilisations pour la paix. Il est fondamentalement incompatible avec le combat pour la liberté des peuples. L’État israélien est un État d'extrême droite, colonialiste, militariste et génocidaire : c’est à ce titre qu’il faut le combattre. Pas en attaquant nos frères et sœurs en humanité de confession ou de culture juive. Ils n’en sont pas responsables.
Méditons toujours l’adresse de Frantz Fanon envers les peuples colonisés : «Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous» [Contre-Attaque]
Peut être une image de 1 personne et texte qui dit ’«<QUAND VOUS ENTENDEZ DIRE DU MAL DES JUIFS, DRESSEZ L'OREILLE, ON PARLE DE VOUS> Frantz Fanon L'ANTICOLONIALISME EST INCOMPATIBLE E L'ANTISEMITISME’
Toutes les réactions :
631