Thème dominant des temps présents
Hier soir encore Fance2 a consacré un long débat, ou plutôt une longue suite de monologues, sur le sujet de la relocalisation, depuis longtemps un problème pour certains responsables de tous bords, une préoccupation réelle, un souci immédiat pour d'autres, un voeu pieux pour certains. Les velléités sont nombreuses, surtout en ces temps d'urgence économique, les propositions fusent tout d'un coup sous l'effet de la nécessité nouvelle, mais les doutes aussi s'installent, après tant d'années de laisser-aller, de désindustialisation, comme le rappelait Alain Montebourg. Produire à bas prix, c'était la loi et les prophètes depuis que le textile et la métallurgie ont été démantelés, dans le cadre euphorique d'une mondialisation que l'on disait "heureuse", selon l'expression d'Alain Minc.
Mais ce fut bien d'autres secteurs de l'économie que nous avons abandonnés aux lois du marché, dans le domaine informatique et de certaines technologiques de pointe. Les chances de remonter la pente deviennent de plus en plus problématiques et retrouver les voies d'un contrôle de certains matchés parfois hautement décisifs ne semble plus à notre portée. Pour la production pharmaceutique peut-être, mais Alcatel, on ne peut y penser, comme pour Alstom. La volonté de reconquête industrielle s'affiche au grand jour, mais les obstacles sont nombreux et il semble bien que nous sommes condamnés à l'innovation. L'urgence sanitaire majeure impose de faire vite dans certains domaines. L'incertitude de productions extérieures s'est manifestée crûment. Mais cela mettra du temps, dans les domaines prioritaires, et aura forcément un coût. Sans remettre en question les règles du libre-échange, mais pour un retour sur des abandons successifs, parfois de grande ampleur. Produire autre chose, produire autrement...on ne s'y prépare pas en quelques semaines et les risques sont grands de fausses relocalisations: « On peut annoncer la relocalisation d’une entreprise, mais si elle est intégrée dans un réseau mondial de chaîne de valeur [l’ensemble des étapes de production d’un produit qui permettent d’obtenir un avantage concurrentiel], elle sera très fragile et pourra être de nouveau délocalisée dans les deux ans. Il faut donc miser sur le local, même à un niveau régional. » Et pour l’économiste Henri Sterdyniak, la crise a montré que le modèle de beaucoup d’entreprises est fragile. Elles pourraient être tentées de se diversifier ou de relocaliser. « Les entreprises préfèrent produire dans les pays à bas coût, une relocalisation pourrait se faire mais plutôt vers les pays de l’est de l’Europe. » Selon lui, il faudrait une vraie politique volontariste de la part de la France comme de l’Union européenne pour faire revenir les industries..." I __Investir dans les filières d'avenir semble moins incertain, à condition de faire les bons choix et des paris réalistes. On ne peut s'engager dans la filière des énergies nouvelles aussi facilement que dans celle de la fabrication des lunettes... Bref, les projets qui nous attendent sont gigantesques, surtout après de si longues années de détricotage où l'Etat a perdu la main, dans un processus financier de long détricotage._______________________________