...Le premier janvier
.....A Pékin
Ils attendront, comme tous les ans.
Pour 2018, ce sera le 16 janvier.
Car le calendrier chinois étant un calendrier luni-solaire, la date du Nouvel An chinois dans le calendrier grégorien varie d'une année sur l'autre, mais tombe toujours entre le 21 janvier et le 19 février, lors de la deuxième nouvelle lune depuis le solstice d'hiver quand le soleil se trouve dans le signe du verseau. C’est, comme tous les commencements de mois lunaires chinois, le premier jour d'une nouvelle lune. Par convention, l'alignement astronomique qui signale la nouvelle lune est déterminé à l’observatoire de la Montagne Pourpre à Nankin.
Comme les Chinois de New-York, de Paris....農曆新年
Avec des rites très particuliers, hauts en couleurs et riches en symboles, "Selon la légende, il existait autrefois un terrible animal (le nian) qui terrorisait les populations. Toutefois, cet animal avait peur de bruit, de la lumière et de la couleur rouge. Pour perpétuer la tradition et chasser les mauvais esprits, les Chinois décorent leur maison en rouge (couleur de la chance et du bonheur), allument des lanternes et lancent des feux d'artifices. De nombreuses villes organisent des défilés grandioses pour marquer l’arrivée de la nouvelle année et chaque famille se retrouve autour d'un repas de fêtes.
Autre culture, autres moeurs, fêtes et rites...
En France, la date du jour de l'an a souvent changé.
Pour le 1er janvier, il faudra attendre le 9 août 1564, avec la promulgation du roi Charles IX.
De vieilles traditions, comme celle de l'offrande des cadeaux, perdurent.
Faire bombance et ripaille pour une année d'abondance ne date pas d'aujourd'hui.
BONNE ANNEE!
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_______* Pour une année forcément réussie, voici un bon programme , c'est pas très compliqué. [Téléchargez la version 2.018 disponible gratuitement sur Gogol, garantie sans virus (de la grippe ou macronite aiguë...)]
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CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus]
Ça va jazzer
https://www.jazzradio.fr/
dimanche 31 décembre 2017
samedi 30 décembre 2017
Noël à Jerusalem
Climat de morosité, de tension et de colère.
Dans la ville dite sainte, l'atmosphère est lourde. Pas seulement au sein des communautés qui la revendiquent comme lieu de culte privilégié, produit d'une histoire réelle et mythique complexe.
Il y a aussi le fatalisme désespéré des Palestiniens de Jérusalem-Est qui se voient de plus en plus ostracisés, menacés d'expulsion, au nom d'un reconquête sioniste urbaine, qui s'affirme encore plus en Cisjordanie, au point de rendre l'idée même d'un possible Etat palestinien de plus en plus improbable.
On est en droit de contester la notion de "ville sainte", de même que celle de "terre sainte" en soi, comme le faisait remarquer un historien israëlien..
Les anciennes et plus récentes guerres de religion servent d'alibi.
Mais cette cité est et reste une ville juste hautement symbolique, dont seulement de longues négociations pourront peut-être un jour modifier le statut. Tout passage en force y reste possiblement explosif, régionalement et au-delà, pas seulement pour des raisons religieuses, qui peuvent paraître secondaires ou archaïques. C'est un réveil de conflits armés trop connus qui peut surgir à tout moment, tant est grande la colère à Jérusalem .
Depuis l'annonce trumpienne, le fragile statut de la ville, capitale impossible, issue de l'histoire et de la guerre, est en péril
Ce ne sont pas seulement les plus hautes autorités religieuses qui s'inquiètent, comme le pape, qui demande « la paix pour Jérusalem et pour toute la Terre sainte » et pour que les acteurs en présence parviennent à une « solution négociée qui permette la coexistence pacifique de deux Etats à l’intérieur de frontières définies entre eux et reconnues internationalement " C'est aussi l' ONU qui lance un nouvel avertissement.
Mais la diplomatie du choc de Trump en décide autrement, seul contre tous (America first and alone), comptant sur le soutien de Netanyahou, qui veut aussi faire oublier ses casseroles et qui cherche le soutien des rabbins. Mais ce cadeau est empoisonné.
Une erreur fondamentale , comme dit Charles Enderlin, qui peut être chère payée.
La guerre des mots risque de ne pas rester seulement verbale. Certains Israëliens le rappellent régulièrement.
Le noeud gordien qu'est Jérusalem risque de vivre d'autres Noël de la colère.
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Dans la ville dite sainte, l'atmosphère est lourde. Pas seulement au sein des communautés qui la revendiquent comme lieu de culte privilégié, produit d'une histoire réelle et mythique complexe.
Il y a aussi le fatalisme désespéré des Palestiniens de Jérusalem-Est qui se voient de plus en plus ostracisés, menacés d'expulsion, au nom d'un reconquête sioniste urbaine, qui s'affirme encore plus en Cisjordanie, au point de rendre l'idée même d'un possible Etat palestinien de plus en plus improbable.
On est en droit de contester la notion de "ville sainte", de même que celle de "terre sainte" en soi, comme le faisait remarquer un historien israëlien..
Les anciennes et plus récentes guerres de religion servent d'alibi.
Mais cette cité est et reste une ville juste hautement symbolique, dont seulement de longues négociations pourront peut-être un jour modifier le statut. Tout passage en force y reste possiblement explosif, régionalement et au-delà, pas seulement pour des raisons religieuses, qui peuvent paraître secondaires ou archaïques. C'est un réveil de conflits armés trop connus qui peut surgir à tout moment, tant est grande la colère à Jérusalem .
Depuis l'annonce trumpienne, le fragile statut de la ville, capitale impossible, issue de l'histoire et de la guerre, est en péril
Ce ne sont pas seulement les plus hautes autorités religieuses qui s'inquiètent, comme le pape, qui demande « la paix pour Jérusalem et pour toute la Terre sainte » et pour que les acteurs en présence parviennent à une « solution négociée qui permette la coexistence pacifique de deux Etats à l’intérieur de frontières définies entre eux et reconnues internationalement " C'est aussi l' ONU qui lance un nouvel avertissement.
Mais la diplomatie du choc de Trump en décide autrement, seul contre tous (America first and alone), comptant sur le soutien de Netanyahou, qui veut aussi faire oublier ses casseroles et qui cherche le soutien des rabbins. Mais ce cadeau est empoisonné.
Une erreur fondamentale , comme dit Charles Enderlin, qui peut être chère payée.
La guerre des mots risque de ne pas rester seulement verbale. Certains Israëliens le rappellent régulièrement.
Le noeud gordien qu'est Jérusalem risque de vivre d'autres Noël de la colère.
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vendredi 29 décembre 2017
Tomates de Noël
Tomates-en-tous-temps
A toutes les sauces.
Ou: un concentré de la mondialisation à tout-va...
Elles sont rouges comme le bonnet du Père Noël et deviennent un superconcentré
dans votre pizza ou autre ketchup.
Elles sont rouges comme le bonnet du Père Noël et deviennent un superconcentré
dans votre pizza ou autre ketchup.
Le concentré de tomates chinois est omniprésent dans la world food, la nourriture mondialisée qu’on engloutit du nord au sud, quels que soient ses goûts et ses revenus. Sauces, soupes, pizzas, surgelés… La pâte rougeâtre et visqueuse qui nimbe tous ces plats provient très souvent du Xinjiang, une province de Chine - pays qui, pourtant, consomme assez peu de tomates. Comment en l’espace de 20 ans à peine, les cueilleurs et fabricants européens et américains de concentré ont-ils été supplantés par les Chinois, qui fournissent aujourd’hui les géants de l’agro-industrie comme Heinz, Kraft Foods ou Unilever ?..
C'est ce qu'on appelle l'Empire de l'or rouge: la filière de la tomate d’industrie, qui est au final aux mains d’une poignée de mastodontes industriels
Voilà des tomates plus ou moins juteuses qui ont attiré les affaires très juteuses de la mafia italienne: "Le chiffre d'affaires dans l'agromafia est estimé à 15,4 milliards en 2014, rappelle Jean-Baptiste Malet. Il n'a jamais été aussi facile pour les entreprises criminelles de faire fructifier des capitaux sales.
La tomate à cash fonctionne aussià fond dans les Pouilles ou en Sicile
Récemment, le mensuel 60 millions de consommateurs estimait qu'en France, «une partie de la marchandise viendrait de la fraude par approvisionnement à l'importation». Il semblerait qu'il en soit de même pour l'Italie. Pour Foodwatch, «ces pratiques consistent finalement à arnaquer les consommateurs en les dupant sur la véritable composition des aliments».
__Comme dit un "vaillant petit économiste", c’est une de ces tomates à 1€ le kilo. Il a fallu :la planter, l’arroser, la surveiller, la repiquer, lui mettre un tuteur, la cueillir délicatement afin de ne pas l’abîmer ;le conditionner, le stocker, le transporter sur des milliers de kilomètres en prenant soin de ne pas l’abîmer ;la distribuer, la mettre sur un étalage, payer les employés du magasin et la caissière…Il a fallu faire tout cela avant qu’elle n’arrive dans votre panier… Et encore, au mois de février.Tout ça pour quelques centimes : cela tient de la magie. Si vous avez déjà fait pousser des tomates vous devez vous demander comme moi qui sont les sorciers qui opèrent ce prodige.Ces magiciens, pas plus que les autres, ne révèlent leur tours et vous allez comprendre pourquoi :Pour cette tomate que vous mettez dans votre cabas négligemment on réduit en esclavage des populations, on assèche des pays entiers, on engraisse les mafias, on asphyxie les agricultures des voisins plus scrupuleux, on empoisonne les populations aux pesticides…Tout cela pour quelque chose qui ressemble autant au fruit dont il porte le nom que son modèle de plastique avec laquelle ma petite nièce joue à la marchande.Je ne parle pas d’une dérive locale mais d’un phénomène mondial qui touche la Chine, l’Australie, les États-Unis, l’Italie, l’Espagne…En Floride les cueilleurs sont payés 50 centimes pour un panier de 15 kilos de tomates. Pour que cela fasse l’équivalent d’un SMIC français, il faut en cueillir 250 kilos de l’heure, un quart de tonne en 60 minutes, transport jusqu’au camion compris… Dans des serres à 40°C.Et vous, vous cueillez combien de tomates en une heure ?
Dans le Sud de l’Espagne, les travailleurs clandestins sont parqués dans des hangars insalubres sans eau potable, ni électricité. Ils n’ont pas le droit « d’aller en ville » à cause des désordres qu’ils y causent… Et pour ces taudis on leur extorque la moitié de leur salaire de misère. Il en va de même en Italie… quand les tomates « italiennes » ne sont pas directement importées de Chine. Car si l’Espagne est le spécialiste de la tomate en vrac, l’Italie est imbattable sur les préparations : tomates pelées, concassées, en boites, en sauce ou concentrées : ils inondent le marché de tomates « made in Italy » produites dans des conditions atroces en Chine et qui ne sont que transformées en Italie.Cet « or rouge » est devenu la main-mise de la mafia transalpine que l’on embête moins pour son traffic de tomates que pour le trafic de drogues… Et peu importe qu’il fasse infiniment plus de victimes.Grâce à cet esclavagisme moderne, la main d’oeuvre représente moins d’un tiers du coût de production de cette tomate contre plus de 50% normalement. Et encore, pour faire pousser les tomates en hiver a-t-il fallu transformer un bon morceau de désert Andalous en serre géante… Que l’on voit depuis l’espace !Regardez cette carte satellite de l’Espagne :
Voilà des tomates plus ou moins juteuses qui ont attiré les affaires très juteuses de la mafia italienne: "Le chiffre d'affaires dans l'agromafia est estimé à 15,4 milliards en 2014, rappelle Jean-Baptiste Malet. Il n'a jamais été aussi facile pour les entreprises criminelles de faire fructifier des capitaux sales.
La tomate à cash fonctionne aussià fond dans les Pouilles ou en Sicile
Récemment, le mensuel 60 millions de consommateurs estimait qu'en France, «une partie de la marchandise viendrait de la fraude par approvisionnement à l'importation». Il semblerait qu'il en soit de même pour l'Italie. Pour Foodwatch, «ces pratiques consistent finalement à arnaquer les consommateurs en les dupant sur la véritable composition des aliments».
__Comme dit un "vaillant petit économiste", c’est une de ces tomates à 1€ le kilo. Il a fallu :la planter, l’arroser, la surveiller, la repiquer, lui mettre un tuteur, la cueillir délicatement afin de ne pas l’abîmer ;le conditionner, le stocker, le transporter sur des milliers de kilomètres en prenant soin de ne pas l’abîmer ;la distribuer, la mettre sur un étalage, payer les employés du magasin et la caissière…Il a fallu faire tout cela avant qu’elle n’arrive dans votre panier… Et encore, au mois de février.Tout ça pour quelques centimes : cela tient de la magie. Si vous avez déjà fait pousser des tomates vous devez vous demander comme moi qui sont les sorciers qui opèrent ce prodige.Ces magiciens, pas plus que les autres, ne révèlent leur tours et vous allez comprendre pourquoi :Pour cette tomate que vous mettez dans votre cabas négligemment on réduit en esclavage des populations, on assèche des pays entiers, on engraisse les mafias, on asphyxie les agricultures des voisins plus scrupuleux, on empoisonne les populations aux pesticides…Tout cela pour quelque chose qui ressemble autant au fruit dont il porte le nom que son modèle de plastique avec laquelle ma petite nièce joue à la marchande.Je ne parle pas d’une dérive locale mais d’un phénomène mondial qui touche la Chine, l’Australie, les États-Unis, l’Italie, l’Espagne…En Floride les cueilleurs sont payés 50 centimes pour un panier de 15 kilos de tomates. Pour que cela fasse l’équivalent d’un SMIC français, il faut en cueillir 250 kilos de l’heure, un quart de tonne en 60 minutes, transport jusqu’au camion compris… Dans des serres à 40°C.Et vous, vous cueillez combien de tomates en une heure ?
Dans le Sud de l’Espagne, les travailleurs clandestins sont parqués dans des hangars insalubres sans eau potable, ni électricité. Ils n’ont pas le droit « d’aller en ville » à cause des désordres qu’ils y causent… Et pour ces taudis on leur extorque la moitié de leur salaire de misère. Il en va de même en Italie… quand les tomates « italiennes » ne sont pas directement importées de Chine. Car si l’Espagne est le spécialiste de la tomate en vrac, l’Italie est imbattable sur les préparations : tomates pelées, concassées, en boites, en sauce ou concentrées : ils inondent le marché de tomates « made in Italy » produites dans des conditions atroces en Chine et qui ne sont que transformées en Italie.Cet « or rouge » est devenu la main-mise de la mafia transalpine que l’on embête moins pour son traffic de tomates que pour le trafic de drogues… Et peu importe qu’il fasse infiniment plus de victimes.Grâce à cet esclavagisme moderne, la main d’oeuvre représente moins d’un tiers du coût de production de cette tomate contre plus de 50% normalement. Et encore, pour faire pousser les tomates en hiver a-t-il fallu transformer un bon morceau de désert Andalous en serre géante… Que l’on voit depuis l’espace !Regardez cette carte satellite de l’Espagne :
Tout au Sud, à l’Est de Malaga et Grenade, vous trouvez Alméria.
Regardez cette tâche blanche sous le « A » de Almeria… Ce sont les serres : 35 000 hectares de désert qui ont été recouvert de plastique.
Cette « réserve naturelle » désertique a été choisie justement pour son soleil en hiver et surtout pour l’eau. La région d’Almeria est riche de nappes phréatiques abondantes.
Elles devraient être asséchées d’ici 10 à 15 ans. Déjà il faut puiser l’eau à 1500 mètres de fonds pour trouver de l’eau propre aux cultures. Les strates supérieures ont été surexploitées et l’eau de mer salée a remplacé l’eau douce.
Mais d’ici-là, voici d’où viendront les tomates et les fraises sur les étals en février :
Regardez cette tâche blanche sous le « A » de Almeria… Ce sont les serres : 35 000 hectares de désert qui ont été recouvert de plastique.
Cette « réserve naturelle » désertique a été choisie justement pour son soleil en hiver et surtout pour l’eau. La région d’Almeria est riche de nappes phréatiques abondantes.
Elles devraient être asséchées d’ici 10 à 15 ans. Déjà il faut puiser l’eau à 1500 mètres de fonds pour trouver de l’eau propre aux cultures. Les strates supérieures ont été surexploitées et l’eau de mer salée a remplacé l’eau douce.
Mais d’ici-là, voici d’où viendront les tomates et les fraises sur les étals en février :
Il y a quelques années, quand ces fraises de décembre sont apparues, je me souviens avoir demandé à un marchand de fruits comment il avait pu avoir des fraises en plein hiver : « c’est le progrès mon bon monsieur » m’avait-il répondu.
C’est une telle réussite, un tel « progrès » que moins de 10 ans après, la plupart des gens que je connais refusent désormais catégoriquement d’acheter des fruits et légumes d’Espagne tant ils sont dégoutants.
Mais il n’a pas fallu plus longtemps pour qu’ils envahissent les supermarchés à tel point que c’est devenu un luxe de choisir un bon fruit ou légume de saison.
Vous pourriez me rétorquer que la vie est déjà suffisamment chère comme cela !
Mais c’est un cercle vicieux : en détruisant l’agriculture française et ses emplois comme l’on détruit l’industrie et le tissu économique général, on détruit la capacité de millions de personnes à vivre dignement, de leur labeur.
Je ne vous dit pas qu’il faut mettre un mur de Berlin entre la France et ses voisins du Sud mais un peu de bon sens serait bienvenu.
En Suisse, par exemple, les droits de douanes sont de 5 centimes par kilo de tomate du 21 octobre au 30 avril, soit une taxe symbolique pour payer les formalités.
En revanche, quand revient la belle saison, des quotas sont imposés afin de ne pas étouffer les producteurs locaux par une concurrence déloyale. En dehors des quotas, les droits de douanes sont multipliés par 50 à 2,64 francs par kilo.
Ainsi, vous pouvez choisir des tomates insipides en février si cela vous plait. Durant la belle saison, les quotas permettent de moduler l’entrée de fruits et légumes selon les besoins et les agriculteurs Suisses vivent dignement et produisent de bon primeurs bien goûtus.
Et quand les nappes phréatiques d’Almeria seront épuisées, ils arrêteront de manger des tomates en hiver et leur agriculture ne s’en portera ni mieux, ni plus mal au contraire de l’agriculture française en crise à qui l’on demande des résultats de magiciens… En respectant les règles du jeu.
Mais en Europe, l’idée de réintroduire un tarif douanier, fusse-t-il intelligent, vital même et gagnant-gagnant est une hérésie qui vous vaut d’être immédiatement excommunié et mis-au-banc de la société parmi les nouveaux ogres et pères fouettards de « l’extrême droite la plus abjecte.... »
____
And so on... Il n'y a pas que les tomates.
C’est une telle réussite, un tel « progrès » que moins de 10 ans après, la plupart des gens que je connais refusent désormais catégoriquement d’acheter des fruits et légumes d’Espagne tant ils sont dégoutants.
Mais il n’a pas fallu plus longtemps pour qu’ils envahissent les supermarchés à tel point que c’est devenu un luxe de choisir un bon fruit ou légume de saison.
Vous pourriez me rétorquer que la vie est déjà suffisamment chère comme cela !
Mais c’est un cercle vicieux : en détruisant l’agriculture française et ses emplois comme l’on détruit l’industrie et le tissu économique général, on détruit la capacité de millions de personnes à vivre dignement, de leur labeur.
Je ne vous dit pas qu’il faut mettre un mur de Berlin entre la France et ses voisins du Sud mais un peu de bon sens serait bienvenu.
En Suisse, par exemple, les droits de douanes sont de 5 centimes par kilo de tomate du 21 octobre au 30 avril, soit une taxe symbolique pour payer les formalités.
En revanche, quand revient la belle saison, des quotas sont imposés afin de ne pas étouffer les producteurs locaux par une concurrence déloyale. En dehors des quotas, les droits de douanes sont multipliés par 50 à 2,64 francs par kilo.
Ainsi, vous pouvez choisir des tomates insipides en février si cela vous plait. Durant la belle saison, les quotas permettent de moduler l’entrée de fruits et légumes selon les besoins et les agriculteurs Suisses vivent dignement et produisent de bon primeurs bien goûtus.
Et quand les nappes phréatiques d’Almeria seront épuisées, ils arrêteront de manger des tomates en hiver et leur agriculture ne s’en portera ni mieux, ni plus mal au contraire de l’agriculture française en crise à qui l’on demande des résultats de magiciens… En respectant les règles du jeu.
Mais en Europe, l’idée de réintroduire un tarif douanier, fusse-t-il intelligent, vital même et gagnant-gagnant est une hérésie qui vous vaut d’être immédiatement excommunié et mis-au-banc de la société parmi les nouveaux ogres et pères fouettards de « l’extrême droite la plus abjecte.... »
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And so on... Il n'y a pas que les tomates.
Prenez votre téléphone. Il a sans doute été dessiné en Californie. Les pièces ont été assemblées en Chine, l’écran et le processeur viennent de Corée, eux-même contiennent certains matériaux provenant d’Afrique du Sud. Votre service client se trouve en Irlande et vous-même probablement en France. Il en va de même pour presque tous les objets qui vous entourent : Cette table en bois de Russie, envoyé en Chine pour y être découpé auquel on ajoute des vis provenant d’Europe de l’Est et livré en France pour une entreprise Suédoise ; Un yaourt à la mangue, dont le fruit a été cueilli en Inde, le lait trait en Allemagne, la recette élaborée en France dans un pot provenant de république tchèque et vendu en Pologne pour un géant de l’agro-alimentaire Suisse. Une chemise taillée au Bangladesh avec du coton américain, une teinture indienne, une coupe italienne et vendue en Asie. Si vous deviez enlever de votre supermarché tous les articles pour lesquels au moins une opération a été faite hors de l’Europe… Il n’y resterait pas grand chose. Et je ne vous parle même pas des produits 100% made-in-France. Prenez l’exemple du poulet et des volailles : elles sont difficiles à importer. Les normes sanitaires sont particulièrement contraignantes et le transport compliqué. Pourtant 30 à 40% du poulet que nous consommons est importé… principalement du Brésil et de Thaïlande. ... |
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jeudi 28 décembre 2017
Noël 1917
Il y a cent ans.
Dernier Noël avant la fin.
Mais ils ne le savent pas ...
Un Noel triste au front.
Un certain espoir de fin de la guerre est dans toutes les têtes...mais sans certitude.
Depuis le début de la course au désastre, ce fut 1915, puis 1916, avec la guerre totale, Verdun, etc... puis les offensives de début 1917, qui installent la lassitude en fin d'année, l'armistice russe faisant peser la menace de nouvelles troupes allemandes sur le front Ouest, malgré l'engagement américain.
L'épuisement et la démoralisation gagnent.
Quand on peut, on fait un "repas de fêtes".
____1917: une année charnière.
La guerre de position se poursuit, mais pas de trêve pour les Alpins.
Décembre 1917 est un "mois ordinaire". La situation sur le terrain est gelée.
Les trêves de Noël, c'est bien fini.
__________
___Images de guerre: recherche. _____
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Dernier Noël avant la fin.
Mais ils ne le savent pas ...
Un Noel triste au front.
Un certain espoir de fin de la guerre est dans toutes les têtes...mais sans certitude.
Depuis le début de la course au désastre, ce fut 1915, puis 1916, avec la guerre totale, Verdun, etc... puis les offensives de début 1917, qui installent la lassitude en fin d'année, l'armistice russe faisant peser la menace de nouvelles troupes allemandes sur le front Ouest, malgré l'engagement américain.
L'épuisement et la démoralisation gagnent.
Quand on peut, on fait un "repas de fêtes".
____1917: une année charnière.
La guerre de position se poursuit, mais pas de trêve pour les Alpins.
Décembre 1917 est un "mois ordinaire". La situation sur le terrain est gelée.
Les trêves de Noël, c'est bien fini.
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___Images de guerre: recherche. _____
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mercredi 27 décembre 2017
Ce n'est pas Noël
Pour les migrants [Notes sur un problème complexe et évolutif, qui fait polémique.]
Accueillir toute la misère du monde? Impossible et insensé, bien sûr, mais... ..«Lorsque les migrants se présentent à nos portes, nous ne pouvons pas nous comporter autrement qu'en êtres humains et les accueillir!»
Au nom de la régulation... Mais de quelle régulation parle-t-on? Le mot recouvre bien des ambiguïtés, des pratiques, qui peuvent être cruelles, aux limites de nos frontières ou à l'intérieur. Le traitement répressif et policier du problème non seulement choque, mais est inefficace.
Il n'est pas nécessaire d'être pape ou évêque pour prêter attention à la question, particulièrement en ces temps de fêtes où la dépense souvent tapageuse s'affiche un peu partout, d'être sensibilisés aux problèmes que posent les phénomènes migratoires en Europe et particulièrement chez nous....sans oublier la détresse sociale interne. Le problème, tout simplement humain, est souvent mis entre parenthèses dans nos sociétés d'abondance, mais aux injustices criantes. et aux égoïsmes nationaux toujours résurgents.
Si les récents phénomènes migratoires, souvent mal cernés, posent des problèmes humains et politiques au niveau de toute l'Europe (problèmes qui sont parfois les conséquence de ses propres erreurs en politique étrangère, comme en Lybie ou en Syrie), il ne sont pas sans s'accompagner de nombre de préjugés et d'idées reçues.
Contrairement aux opinons mal informées ou formatées, on est loin d'un phénomène massif.
Comment s'en débarrasser devient le souci primordial.
La dissuasion et le rejet priment sur les conditions d'un accueil digne de ce nom, dans un premier temps.
La politique de gribouille, voire la duplicité est souvent dominante et le double discours domine en l'Europe: L’Union européenne fait tout pour empêcher l’arrivée de migrants, mais elle publie depuis le début des années 2000 des documents expliquant qu’il faut absolument encourager les migrations pour remédier à la crise démographique d’une Europe vieillissante, et qu’on a besoin de dizaines de millions de travailleurs étrangers.
Accueillir toute la misère du monde? Impossible et insensé, bien sûr, mais... ..«Lorsque les migrants se présentent à nos portes, nous ne pouvons pas nous comporter autrement qu'en êtres humains et les accueillir!»
Au nom de la régulation... Mais de quelle régulation parle-t-on? Le mot recouvre bien des ambiguïtés, des pratiques, qui peuvent être cruelles, aux limites de nos frontières ou à l'intérieur. Le traitement répressif et policier du problème non seulement choque, mais est inefficace.
Il n'est pas nécessaire d'être pape ou évêque pour prêter attention à la question, particulièrement en ces temps de fêtes où la dépense souvent tapageuse s'affiche un peu partout, d'être sensibilisés aux problèmes que posent les phénomènes migratoires en Europe et particulièrement chez nous....sans oublier la détresse sociale interne. Le problème, tout simplement humain, est souvent mis entre parenthèses dans nos sociétés d'abondance, mais aux injustices criantes. et aux égoïsmes nationaux toujours résurgents.
Si les récents phénomènes migratoires, souvent mal cernés, posent des problèmes humains et politiques au niveau de toute l'Europe (problèmes qui sont parfois les conséquence de ses propres erreurs en politique étrangère, comme en Lybie ou en Syrie), il ne sont pas sans s'accompagner de nombre de préjugés et d'idées reçues.
Contrairement aux opinons mal informées ou formatées, on est loin d'un phénomène massif.
L'accueil des migrants en France est l'objet de bien des critiques. De nombreux exemples, depuis ceux, médiatisés, de Calais et de la Porte de la Chapelle, notoirement mal gérés, ont le don de rendre impopulaires des phénomènes mal cernés, où les amalgames sont nombreux. Jusqu'au rejet xénophobe parfois. Ce n'est pas inédit dans notre histoire.
Beaucoup de migrants, même pour des raisons politiques, subissent actuellement un sort pire que sous Sarkozy et Hortefeux. Pire que sous Hollande et Valls.Comment s'en débarrasser devient le souci primordial.
La dissuasion et le rejet priment sur les conditions d'un accueil digne de ce nom, dans un premier temps.
La politique de gribouille, voire la duplicité est souvent dominante et le double discours domine en l'Europe: L’Union européenne fait tout pour empêcher l’arrivée de migrants, mais elle publie depuis le début des années 2000 des documents expliquant qu’il faut absolument encourager les migrations pour remédier à la crise démographique d’une Europe vieillissante, et qu’on a besoin de dizaines de millions de travailleurs étrangers.
La Commissaire européenne Cécilia Malmström parlait en 2010 d’une nécessité pour assurer « la survie économique » de l’UE, Michel Barnier en 2011 a déclaré qu’il fallait des migrants pour garantir la survie des États-providences européens. On a, d’un côté, une politique sécuritaire anti-migration et, de l’autre, un discours utilitariste pro-migration.Aucune étude scientifique ne valide ces deux visions officielles. Les décideurs politiques font mine d’ignorer les travaux sur les ressorts complexes de l’immigration et ne considèrent pas les personnes concernées comme des acteurs de leur projet migratoire.
Quand on considère l'immigration européenne avant 1914, puis jusqu'à 1974, on prend conscience de l'importance (relative) des mouvements de populations périodiques qui sont venues modifier le visage d'une France toujours changeante, parfois lentement, parfois rapidement.. Par exemple, en France, ..dans les années 1920, le premier pays d'immigration au monde, devant les États-Unis eux-mêmes ! Sur le siècle écoulé, l'ensemble des étrangers et des naturalisés équivaut au croît de la population, environ quatre millions de personnes. En 1931, les étrangers sont 2,9 millions sur 41,8 millions d'habitants, parmi lesquels 808 000 Italiens, 508 000 Polonais, 352 000 Espagnols, 250 000 Belges, 100 000 Suisses... À quoi s'ajoutent quelques dizaines de milliers de Kabyles d'Algérie. Les Polonais et, dans une moindre mesure, les Italiens vivent dans des communautés repliées sur elles-mêmes, avec leurs organisations culturelles, sociales et religieuses pilotées par les gouvernements de Varsovie ou Rome...
C'est toute une histoire, que celle de l'immigration en France. Mais pas qu'en France:
La crise des réfugiés a remis les mouvements migratoires au cœur des obsessions européennes et, en particulier, allemandes. On le voit notamment à l’accueil qu’a reçu l’ouvrage de Philipp Ther, professeur à l’université de Vienne. Dans Die Zeit, Elisabeth von Thadden en salue l’ambition : retracer les flux migratoires qui ont agité l’Europe depuis 1492, date de l’expulsion d’Espagne d’un demi-million de Juifs et de musulmans. « La question qui l’intéresse est : tous ces émigrés ont-ils réussi à s’intégrer ? » On sait, en général, qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sept à huit millions de personnes ont été déplacées. Mais on ignore souvent, qu’une génération plus tôt, après la Première Guerre mondiale, ils étaient aussi des millions à être déracinés. Avant cela, il y eut bien entendu la révocation de l’édit de Nantes. Une bénédiction pour l’Allemagne, où les huguenots, qui comptaient beaucoup d’artisans fort qualifiés, se sont réfugiés en masse. Mais un sérieux défi aussi : Francfort, ville de 30 000 habitants, en accueillit pas moins de 100 000. On découvre des faits étonnants, comme l’intégration des Tatares musulmans à la république aristocratique de Pologne-Lituanie, au XVIe siècle, ou encore « la prouesse de l’Empire ottoman » qui accueillit, au XIXe siècle, à peu près deux millions de réfugiés musulmans chassés des Balkans.
Le paradoxe est que l’Etat moderne démocratique ne favorise pas ce genre d’accueil en masse. « Parce que les démocraties votent en permanence, elles font preuve de moins de patience, explique von Thadden. Or, il faut des générations avant que les réfugiés s’intègrent vraiment. » A ce titre, les Etats prémodernes, où le souverain cherchait avant tout son intérêt sans se soucier de l’avis de ses sujets, disposait d’une latitude bien plus grande....
Barrer la route aux migrants, et même aux ONG n'est certainement pas la solution. Les grillages et les murs n'ont jamais rien résolu.
De récents flottements annoncent peut-être d'autres orientations:
...A couteaux tirés depuis des semaines avec le secteur associatif, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb fait cette première (et insuffisante) concession alors que les médias relaient le désarroi des migrants sur le territoire français, que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, estime que le projet de loi comporte des atteintes aux droits fondamentaux, et que plusieurs députés En Marche commencent à faire connaître leur désaccord… Après des mois de grand écart entre les discours humanistes du président Macron et la politique implacable de Gérard Collomb, cette première reculade donne un peu d’espoir – à condition que le rapport de force ne faiblisse pas. Et que ce ne soit pas le Parlement européen qui entérine cette notion de « pays tiers sûr » à laquelle le gouvernement français vient de renoncer...
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- Réfugiés: d'un sommet à l'autre
- Entre émotion et raison
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- Réfugiés: d'un sommet à l'autre
- Entre émotion et raison
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mardi 26 décembre 2017
samedi 23 décembre 2017
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Paix et sérénité...
...Malgré tout.
Noël tout simplement.
Faut pas en faire un plat.
Des cadeaux sont déjà arrivés.
Surtout ne pas céder...au Noël-business.
vendredi 22 décembre 2017
En (très) bref
* Qu'on se le dise!
* Soyez citoyens!
* Pourquoi pas?
* Un beau cadeau.
* Stupéfiant!
* Chicken run.
* Sexe desanges dieux.
* Bonnes intentions, mais...y a du boulot.
* Histoire et catastrophes naturelles.
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* Soyez citoyens!
* Pourquoi pas?
* Un beau cadeau.
* Stupéfiant!
* Chicken run.
* Sexe des
* Bonnes intentions, mais...y a du boulot.
* Histoire et catastrophes naturelles.
Le Samalas: 1257. Conséquences. |
jeudi 21 décembre 2017
"Evolution" du droit du travail
(Selon l'équipe de jounalistes de Investigate Europe)
[Projet pilote paneuropéen : une équipe de neuf journalistes travaillant dans huit pays européens, qui enquêtent sur des sujets ayant une résonance sur l’ensemble du continent. Il publie des articles dans plus d’une dizaine de journaux. Parmi eux figurent notamment: le Tagsspiegel (Allemagne), EuObserver (UK), Newsweek Polska (Pologne), Publico (Portugal), Infolibre(Espagne), Aftenposten (Norvège), Corriere della Sera et Il Fatto Quotidiano (Italie), ViceGreece et Efsyn (Grèce), Falter (Autriche), Dagen Arbet (Suède), The Black Sea(Roumania), Ugebrevet A4 (Danemark), Pot Crto (Slovenie), EUObserver (UK), En savoir plus sur le projet : www.investigate-europe.eu.]
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L’Allemagne, la Grèce, l’Italie, la Roumanie, ou encore l’Espagne... Et maintenant la France. Ces dix dernières années, la plupart des pays de l’Union européenne ont subi de profondes réformes du droit du travail. Officiellement, au nom de la lutte contre le chômage. Mais les études réalisées depuis, y compris par les institutions les plus libérales, sont unanimes : leur impact sur l’emploi a été minime. En revanche, ces politiques se sont traduites par une explosion de la précarité et une baisse des rémunérations pour les salariés.
La misère de l’emploi précaire a de nombreux visages. Elle peut prendre la forme de contrats de travail sans assurance maladie ni protection sociale. Il peut s’agir de temps partiels qui n’apportent pas un revenu suffisant pour vivre. Ceux et celles que cette misère affecte en sont aussi réduits à s’accrocher à un contrat temporaire après l’autre, ou sont contraints de gagner leur vie en tant qu’auto-entrepreneurs fictifs ou travailleurs prétendument indépendants. Les méthodes varient selon les législations nationales de chaque pays, mais le résultat est toujours le même : des millions d’Européens doivent se contenter d’emplois précaires et mal payés, qui ne leur offrent aucune perspective. Et le phénomène continue de s’étendre. Le président français Emmanuel Macron souhaite renforcer cette tendance. Dans sa dernière réforme, son gouvernement a par exemple autorisé les employeurs à embaucher des travailleurs pour des projets ponctuels, avec des contrats qui prendront automatiquement fin à l’issue de leur réalisation. Dans le même temps, les accords collectifs nationaux, qui offraient jusqu’ici des protections importantes aux salariés, ont vu leur rôle fortement affaibli.-Un jeune européen sur deux en contrat précaire
Tout ceci à un moment où l’économie européenne se porte un peu mieux qu’elle ne l’a fait depuis dix ans. Dans la seule zone euro, 5,5 millions de personnes ont trouvé un nouvel emploi depuis la fin 2012. Mais selon les données collectées par Eurostat, l’agence de statistiques de l’Union européenne, 4 de ces nouveaux emplois sur 5 sont temporaires ou à temps partiel. Dans leur majorité, ils sont mal rémunérés. Pourtant, les deux tiers des personnes concernées souhaiteraient un emploi permanent à temps plein, comme le confirme la Commission européenne dans son dernier rapport sur le marché du travail dans l’UE. Conclusion du département recherche de la banque américaine Merrill Lynch elle-même : la supposée prospérité actuelle de l’Europe est « de mauvaise qualité ».
Les jeunes en sont de loin les premières victimes. Près de la moitié des travailleurs âgés de moins de 25 ans sont en contrat temporaire. En Espagne, ce chiffre dépasse les 70%. « C’est extrêmement problématique, reconnaît Marianne Thyssen, commissaire européenne à l’Emploi et aux Affaires sociales. Ils ne peuvent quitter la maison de leurs parents, acheter un logement, faire des projets. Cela affaiblit l’économie toute entière », avertit cette femme politique conservatrice belge. « Les gens qui sont en emploi précaire n’investissent pas dans leurs compétences, et leurs employeurs non plus, explique-t-elle. Plus les emplois sont précaires, moins l’économie est productive. »
Un diagnostic partagé par d’éminents économistes. « Toutes ces formes non-sécurisées d’emploi sont extrêmement coûteuses, à la fois pour les personnes concernées et pour la société dans son ensemble », explique par exemple Olivier Blanchard, longtemps économiste en chef au Fonds monétaire international (FMI).
-Des dirigeants européens obsédés par la flexibilité
Mais pourquoi l’emploi précaire atteint-il de tels niveaux ? Que faire pour inverser la tendance ? Dans leur entreprise de dérégulation des marchés du travail, les gouvernements européens et la Commission se sont basés depuis des années sur des hypothèses et des théories qui se sont révélées fausses et irréalistes. Les commissaires et les ministres nationaux en charge de l’économie ont systématiquement cherché à démanteler ou affaiblir les accords sociaux collectifs, combattu les syndicats et, ce faisant, favorisé les inégalités et l’insécurité au travail. Les pays de l’Union européenne sont aujourd’hui pris dans une course au moins-disant en ce qui concerne les salaires et les droits des salariés, rendant toute réponse au seul niveau national encore plus difficile.
Le mot-clé qui résume ces développements est la « flexibilité », explique le syndicaliste français Thiébaut Weber, un économiste chargé de suivre ces questions au sein de la Confédération européenne des syndicats (CES). Les dirigeants européens sont « obsédés par l’idée que le marché du travail est un marché comme les autres et qu’il doit être rendu aussi flexible que possible », précise-t-il. Ce qui signifie permettre aux entreprises d’employer leurs salariés à leur propre discrétion, selon les conditions du marché, et au coût le plus bas possible. En d’autres termes, les employés sont les perdants. Selon Thiébaut Weber, les politiques sociales suivent le même principe à travers toute l’Europe, et « la précarité en est le résultat logique ».
-451 réformes du droit du travail en dix ans
Le droit du travail des pays de l’Union européenne a connu une vague de dérégulation depuis deux décennies, qui ne semble pas prête de s’arrêter. L’Organisation internationale du travail (OIT) a recensé, dans les pays dits « développés » et notamment dans l’UE, 451 réformes du droit du travail depuis l’année 2008. La plupart de ces réformes structurelles, comme elles sont appelées dans le jargon des économistes, suivent la même recette : si les travailleurs sont suffisamment flexibles et bon marché, alors les entreprises créent de l’emploi, le chômage baisse, et l’économie croît.
Telle est également la logique sous-jacente à l’« Agenda 2010 » mis en œuvre par l’ancien chancelier fédéral allemand Gerhard Schröder pour casser les prétendues « structures ossifiées » du marché du travail. Les emplois temporaires ont été « libérés des contraintes bureaucratiques » et la limitation de ces contrats temporaires dans les start-ups allongée à quatre ans. Les « mini jobs » et les emplois à bas salaire ont bénéficié d’un traitement fiscal de faveur, et les chômeurs ont été contraints d’accepter n’importe quelle offre d’emploi, aussi mal payée soit-elle. En parallèle, un grand nombre d’entreprises ont choisi de s’exempter des accords salariaux collectifs et de recourir à des travailleurs temporaires, contractualisés ou à temps partiel, pour réduire leurs coûts salariaux.
- Le tableau catastrophique de l’emploi allemand
Aujourd’hui encore, ces réformes sont considérées dans l’Europe entière comme une réussite incontestée. Le taux de chômage allemand est tombé au plus bas depuis la réunification (2,5 millions d’Allemands seraient au chômage mais plus de 7 millions occupent un emploi à bas salaire, lire notre article ici). Les hommes politiques des autres pays se plaisent à évoquer le modèle allemand lorsqu’ils veulent déréguler un peu plus le marché du travail national. La chancelière Angela Merkel a elle aussi l’habitude de chanter les louanges des « réformes » allemandes. Ce n’est que grâce à ces réformes que l’Allemagne « a pu distancer la France », a-t-elle affirmé en mai 2017....
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