Ça va jazzer

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dimanche 31 mars 2024

Lever le pied

 Au calme

                 Dans la campagne vosgienne

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Petit billet pascal

 __ Crédibilité 

__ Indépendance?

__ Incohérence

__ En recul

__ Opacité                  

__ Divisions

__ Plus fort

__ Sabrage

__ Pas clair

__ Délabrement  

__ Armements

__ Endiguement?

__ Gaspillages

__ Indéboulonnable?

__ Diversification

__ Détricotage

__ Nouveau retard

__ Lourd tribut

__ Pac en recul

__ Plan d'urgence

               ______Flamanville: un poème...Dernière ligne droite? Avant un nouveau grain de sable? ______________________________

samedi 30 mars 2024

Dette, encore...

 Comment en sortir?

       Il faudrait savoir de quoi on parle...

                                                                ______________________

Armée et moralité

L'armée peut-elle être morale?

               Comme des Philistins...

                Curieuse question...Même si, à certaines époques, certains responsables politiques ou chefs d'armée  ont pu prétendre, par leurs entreprises de guerre, faire oeuvre  morale, voire civilisatrice. Il n'est  pas loin où l'aventure militaire était parfois présentée comme "juste" et parfois "sainte", surtout à des fins de propagande moralisatrice et/ou religieuse. Celle-ci est encore très présente au cours de la première guerre mondiale, où "l'amour sacré" de la patrie était régulièrement évoqué à des fins mobilisatrices, d'un côté comme de l'autre. Hier, c'était Bush qui évoquait l' "Axe du Mal", avant d'engager ses troupes à l'assaut de l'Irak. La tendance à diaboliser l'ennemi reste encore bien présente. Propagande de guerre oblige ...                                                                                                                                    Une armée morale, cela semble bien un oxymore...quand le but final est bien de détruire l'ennemi physiquement, de quelque manière que ce soit. Tuer est un devoir. Ne parlons pas de la population civile, parfois aux avant-poste. Les consignes de "retenues", d'honneur, l'idée même  d'un droit de la guerre n'ont pas grande valeur sur le terrain, comme on peut le constater aujourd'hui dans le conflit ukrainien où la population civile est fréquemment une cible. 


                                                                       Pourtant, du côté de Gaza, même si une réaction israëlienne s'imposait, Netanyahou, acculé, qui n'a peur de rien, le répète à l'envi, conformément à une tradition enracinée: Tsahal, la seule armée qui porte un nom propre, la plus "morale" qui soit, est engagée, malgré ses excès, dans une entreprise guerrière dont on ne voit pas la fin. Voilà bien une idée discutable, dont le justification remonte à la fondation de l'Etat d'Israël. Si l'intervention armée défensive, mesurée, est parfois l'ultime recours, elle se saurait se réclamer d'une quelconque morale.  On peut juger par soi-même, au vu des simples rapports de l'ONU, parfois les plus nuancés. Alors que les ultra orthodoxes posent problème à Jérusalem. ___On lit dans le Courrier International, comment on en vient à évoquer une certaine forme de violence biblique et le recours aux mythes fondateurs, mythes amplement démontés pas l'historien israëlien Shlomo Sand, qui s'emploie à démontrer que la notion de "terre sainte" est un mythe, qui entretient encore la ferveur et la fureur... [ En Allemagne, c'est le grand déni. Des relations spéciales]

 "  Ofir Livius est le directeur du Corps éducatif de Tsahal. Ce département des forces armées israéliennes s'est donné pour mission de former les soldats aux «droits civiques et à l'éthique militaire»... Comme si un régime colonial, fondé sur la spoliation et le sang, pouvait se placer en défenseur d'un quelconque ordre moral.


Dans une enquête du journal israélien Ha'Aretz, les journalistes Or Kashti et Gili Izikovich, révèlent que Ofir Livius a commandé et distribué des manuels "éducatifs" aux troupes israéliennes. Dans les manuels, des recueils de poèmes en hébreux datant de l’Antiquité qui appellent à détruire Gaza et à tuer ses habitants.

“Ô Gaza, nous mettrons le feu à tes murs et nous détruirons tes palais. […] Et si, dans le récit des souffrances de notre peuple, nous devions ajouter un nouveau paragraphe, tu éprouveras notre vengeance et paieras de chaque dent et de chaque cheveu. […] Nous briserons la nuque de chacun de tes enfants sur nos rochers. […] Nous noierons ton mal dans ton propre sang.” Ces vers font l'apologie de l'extermination d'un peuple sur fond de justifications religieuses, et servent à conditionner les soldats.

D'après l'article du courrier international ; le quotidien israélien explique que ces recueils de poésie, “publiés sous l’intitulé Hinneni [‘Me voici’], sont l’œuvre de Mashiv Haruach [‘Revivifier l’âme’]”, un groupe d’écrivains juifs israéliens dont les membres se sont donné pour mission d’établir “une continuité entre les textes hébreux d’exécration des Philistins et les conflits contemporains dans et autour de la bande de Gaza”.

Les philistins étaient une population composée d'égéens, d'anatoliens et de chypriotes d'après la plupart des chercheurs. On retrouve leur trace dans des sources égyptiennes au XII ème siècle avant Jésus Christ. Après des guerres avec les égyptiens, ils s'établissent sur la bande côtière du sud-ouest de la terre de Canaan, région qui représente l'actuelle bande de Gaza jusqu'à Jaffa. Dans le récit biblique, Canaan désigne la Terre promise aux Hébreux, par Dieu à Abraham. Les philistins qui vivent sur ce territoire sont alors considérés comme les ennemis mortels des Israélites.

L'affiliation historique entre philistins et gazaouis n'est pas dûe au hasard. L'extrême-droite israélienne cherche à libérer la barbarie génocidaire en mobilisant des affects qui puise dans des écrits antiques et messianique. Ce manuel "éducatifs" vise à justifier l'effacement du peuple palestinien dans les rangs de Tsahal.

Depuis le 7 octobre, les discours des autorités israéliennes déshumanisent le peuple palestinien. Les génocidaires sont au pouvoir en Palestine occupée. La politique exterminatrice menée par le gouvernement fasciste de Netanyahou et l'Etat-major israélien n'est plus à démonter...."  ___________________________



vendredi 29 mars 2024

Fariboles

    De Nicole

                                                                                                               ________________

Le dette et la peur

Orthodoxie budgétaire au programme

                     L'opération "réarmement fiscal" surprend tout le monde, même certains économistes , qui se demandent pourquoi cette soudaine prise de conscience et cette décision aujourd'hui. Come si on n'avait rien vu venir. Mais c'est assez récurrent en France. A Bercy, le nez dans le guidon, on s'affole souvent ponctuellement, souvent à contre-temps sans grande considération pour le long terme, sans remises en question de la gestion au jour le jour, les yeux rivés sur le marché et les agences de notation, naguère sévèrement critiquées. En développant le refrain bien connu de la crainte de la dette, comme si dette publique et dette privée avaient quelque chose à voir.  "Ma dette! ma dette!..", croit-on entendre, comme Harpagon disait "ma cassette!..." On semble toucher la à un domaine passionnel et magique. Un cri d'alarme surjoué, comme dit Challenges, qui n'est pas un journal de gauche...Faire la chasse aux dépenses inutiles est justifiée, comme sanctionner les fraudes publiques est légitime, mais on ne veut pas voir l'essentiel ou on le fait timidement, sans grandes conséquences. Ce sont plus de 50 milliards qui manquent à là France, parfois par le biais d'une "optimisation" tolérée ou encouragée. La dette n'est pas le problème que l'on croit. Il faudrait enfin s'interroger sur les véritables assistés. Certains pays, comme l'Espagne, ont fait un pas en avant. Taxer les (super-) riches n'est pas un gros mot. Roosevelt n'avait pas hésité en son temps. Les recettes ne manquent pas...                                                                                              Point de vue:    

C’est                         " C'est une pièce de théâtre sans cesse rejouée dans le spectacle général de l’économie. À intervalles réguliers, un placard s’ouvre et un ministre des finances découvre avec horreur l’existence de titres de dettes qu’il a lui-même placés dans le meuble. S’ensuit une panique générale bien rodée où les portes claquent et où chacun vient crier à la faillite, appeler à la responsabilité, menacer d’une attaque des marchés financiers.  Chacun alors appelle à la baisse de la dépense publique et à l’austérité « pour sauver le pays ». D’ailleurs, voici un employé de bureau du ministère qui se présente avec une pile d’études économiques fort sérieuses montrant que l’austérité renforce « la croissance structurelle ». Contre les populismes, la raison commande de couper dans les dépenses.  La scène se poursuit par un régime d’austérité sévère qui concerne principalement les plus pauvres. La misère croît, le pays voit sa croissance structurelle s’effondrer, et la récession est assurée. Le final est assuré par le même ministre qui jure, la main sur le cœur, qu’on ne l’y prendra plus. Avant de retourner remplir le placard…


C’est "C'est une pièce de théâtre sans cesse rejouée dans le spectacle général de l’économie. À intervalles réguliers, un placard s’ouvre et un ministre des finances découvre avec horreur l’existence de titres de dettes qu’il a lui-même placés dans le meuble. S’ensuit une panique générale bien rodée où les portes claquent et où chacun vient crier à la faillite, appeler à la responsabilité, menacer d’une attaque des marchés financiers.  Chacun alors appelle à la baisse de la dépense publique et à l’austérité « pour sauver le pays ». D’ailleurs, voici un employé de bureau du ministère qui se présente avec une pile d’études économiques fort sérieuses montrant que l’austérité renforce « la croissance structurelle ». Contre les populismes, la raison commande de couper dans les dépenses.   La scène se poursuit par un régime d’austérité sévère qui concerne principalement les plus pauvres. La misère croît, le pays voit sa croissance structurelle s’effondrer, et la récession est assurée. Le final est assuré par le même ministre qui jure, la main sur le cœur, qu’on ne l’y prendra plus. Avant de retourner remplir le placard…

                                                                                                                                                ..La France, en ces premiers mois de 2024, semble être entrée de plain-pied dans ce mauvais vaudeville rejoué cent fois, mais dont les conséquences concrètes sont considérables. Les discours alarmistes sur la dette se multiplient. Comme le souligne auprès de Mediapart Benjamin Lemoine, sociologue et auteur de l’ouvrage L’Ordre de la dette (La Découverte, 2022), « l’effet de surprise politico-médiatique est feint ».  Il rappelle que, « quand les taux d’intérêt étaient au plus bas, grâce à la capacité de la BCE à administrer le marché des emprunts d’État, le souci des pouvoirs publics était la disparition de la dette en tant que problème ». Une fois ce soutien levé, « il convenait de préparer l’opinion à ce qu’on entrevoit aujourd’hui et qui s’apparente à un retour de l’ordre de la dette ». C’est à cette préparation, notamment, que s’attelle Bruno Le Maire depuis plus de trois mois.    Le ministre des finances a en effet ouvert le fameux placard. Soudainement, la dette publique de la France, qu’il a allègrement contribué à creuser à coups de largesses pour le secteur privé, est devenue insoutenable. Et il y a urgence.                                                                                                                            Dans son livre-programme titré La Voie française et publié la semaine dernière chez Flammarion, le ministre consacre un chapitre au nécessaire désendettement. Il tente fort maladroitement d’y donner les raisons de l’urgence de la réduction des dépenses. C’est une véritable caverne d’Ali Baba des arguments, allant de la hausse des taux (dont la fin s’annonce en juin prochain) au « déclassement de la France » (avec le recours à des anachronismes grossiers convoquant les trop dépensiers Saint Louis et Louis XIV) en passant par la reine des preuves : la baisse de la croissance. Depuis que l’on sait que les prévisions de croissance du gouvernement pour 2024 étaient beaucoup trop élevées, la majorité macroniste recourt en permanence à cet argument résumé ainsi par le ministre graphomane dans son livre : « La croissance faible ralentit notre désendettement ; elle doit donc nous amener à trouver dans l’immédiat d’autres leviers pour réduire la dette. »  Le vaudeville se mue alors en un pastiche d’Ubu roi, car réduire les dépenses pour réduire la dette en période de croissance faible, c’est s’assurer d’affaiblir encore davantage la croissance et donc de rendre la dette encore plus difficile à rembourser. La leçon a été clairement montrée au cours de la décennie précédente par la crise de la zone euro.   Bruno Le Maire et les dirigeants d’aujourd’hui étaient alors déjà en vie et actifs. Ils devraient avoir retenu ce fait simple. Mais ils ont désormais une autre histoire à nous raconter, la même, précisément, qu’en 2010-2014, lorsque la croyance dans « l’austérité expansive » proclamée par Jean-Claude Trichet plongeait la zone euro dans une des récessions les plus longues de son histoire.  La réduction en panique de la dette a contribué à alourdir durablement le poids de la dette. Et l’empressement à réduire la dette publique dans la zone euro a-t-il pu améliorer ses capacités à investir dans l’avenir et à construire une économie plus solide et plus durable, comme annoncé ? C’est en fait l’inverse qui a eu lieu.  C’est pourtant ce même récit que l’on retrouve déployé dans l’espace public depuis trois mois. À cet égard, on ne saurait trop sous-estimer le rôle de la Cour des comptes dans la construction de cette narration.    ___Depuis plusieurs années, l’institution de la rue Cambon s’est muée en gardienne du temple de l’orthodoxie financière. Compte tenu de son indépendance théorique, elle est un point d’appui extrêmement pratique pour construire le récit de panique sur la dette. Elle y joue une partition extrêmement bien rodée pour justifier l’idée d’une dette insoutenable.   ___Comme son prédécesseur Didier Migaud, le premier président de cette institution, Pierre Moscovici, gestionnaire désastreux pendant son passage à Bercy de 2012 à 2014 (qui avait mené une politique « d’austérité expansive » pendant son mandat, portant la dette publique de 80 à 95 % du PIB), mobilise, lui aussi, les figures classiques de la peur et de la honte pour justifier une politique rapide de désendettement.    Il utilise ainsi la comparaison, éternel levier des politiques néolibérales. Dans un entretien à La Dépêche du 13 mars, le premier président de la Cour des comptes fustige « nos dépenses publiques les plus dégradées de la zone euro ». Puis, il reprend l’argument de l’avenir gâché. Le 12 mars, lors de la présentation du rapport de la Cour sur l’adaptation au dérèglement climatique, il prétendait ainsi que la situation « préoccupante » de nos finances publiques rendrait plus difficile la mobilisation des moyens pour faire face à la crise écologique.   Bref, tout est bon pour justifier la future austérité, même l’injustifiable. Car on voit mal comment on aurait trouvé 20 % du PIB pour faire face au Covid alors que la dette publique était à 100 % du PIB, mais pourquoi on ne parviendrait pas à trouver l’argent nécessaire à l’adaptation climatique avec une dette à 110 % du PIB…                                                                                             Une fois posé ce cadre narratif, les médias entrent dans la danse, multipliant les sujets sur la dette, assurant, sondages à l’appui (comme celui publié par La Tribune Dimanche voici dix jours), que la « France a peur » du niveau de la dette et multipliant les titres et textes alarmistes, de la « cure de détox pour notre État drogué à la dette » du Point à la « France au bord du gouffre » de François Lenglet sur TF1.    L’annonce, ce 26 mars, du déficit public pour 2023 à 5,5 %, contre 4,8 % en 2022, est alors traitée comme un choc majeur. Rapidement, un mot s’est imposé à la une des chaînes et des sites d’information : « dérapage ». « Que va faire le gouvernement ? », s’interroge ainsi BFM, alors même que le ratio dette sur PIB a reculé de deux points l’an passé et qu’il n’existe aucune tension sur les marchés financiers.  Peu importe, il faut agir, et vite. Évidemment, Bruno Le Maire sur RTL et Pierre Moscovici sur France Inter viennent renforcer cette idée d’une urgence, reprenant les arguments déjà cités en en ajoutant un dernier : celui de la morale. Car si la dette de la France « dérape », c’est parce que les Français sont nonchalants, incapables de la nécessaire rigueur.   « Nous avons une culture nationale qui fait qu’après les crises, nous ne savons pas réduire assez vite notre dépendance à la dépense », expliquait Pierre Moscovici dans La Dépêche. D’ailleurs, les Français refusent de voir la « vérité » en face, et le premier président de la Cour des comptes demande un « discours de vérité ». Et pour couronner le tout, Bruno Le Maire, lui, affirme que les Français doivent comprendre que « ça ne peut plus être open bar » sur le remboursement des frais médicaux.             Derrière ces leçons de morale, l’idée est bien sûr de préparer les esprits à l’austérité « difficile, mais nécessaire » qui devra frapper ceux qui sont ciblés comme « profiteurs » de la dépense publique. Pour Benjamin Lemoine, « tout est appréhendé à l’aune de la dépense publique et l’on oublie mécaniquement ce qui a produit ce déficit : le discours anti-impôts et la façon dont l’État se fait providence pour le capital ». Une étude de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) a évalué à près de 200 milliards d’euros par an les aides diverses au secteur privé.   ____Pour détourner le regard de cette responsabilité, on concentre le problème sur la dépense sociale et les services publics. Ce seraient eux qui seraient responsables du creusement de la dette, et le récit sur la dette permet de justifier à la fois les futures coupes dans les services publics et les transferts sociaux. Ceux-ci ont d’ailleurs déjà commencé avec le coup de rabot de 10 milliards d’euros réalisé en urgence en février et avec les multiples réformes de l’assurance-chômage. Mais plus encore est à venir.                                                                                            Ce récit politique sur la dette, martelé à longueur de temps par le gouvernement, une partie de l’opposition (et désormais même le Rassemblement national) et les « experts », permet avant tout de justifier une politique de classe. On pourrait la résumer ainsi : l’épouvantail de la dette a pour fonction de démanteler ce qui reste de l’État social pour préserver les transferts vers le secteur privé et soutenir sa rentabilité face à une croissance stagnante.  Le spectacle des déplorations sur l’état de la dette publique semble donc venir régler un conflit interne au capital posé par les récents développements économiques sur le dos du monde du travail et des services publics. Benjamin Lemoine insiste sur la pression renaissante des créanciers et du secteur financier. « La qualité d’actifs sans risque n’étant plus explicitement garantie institutionnellement par les rachats de la BCE, il incombe aux gouvernements de rassurer les prêteurs », explique-t-il en résumant : « Si le revolver des maîtres chanteurs de la dette avait été désactivé par ces rachats, il est partiellement réarmé. » Il rappelle que le refinancement sans entraves sur le marché de la dette est « produit politiquement via les promesses de réformes aux investisseurs ».                                                                                                                                                              Mais cette logique vient percuter la situation d’affaiblissement structurel de la croissance et le besoin permanent d’autres secteurs, notamment de l’industrie, de bénéficier de flux publics directs et indirects. Pour régler cette tension, et permettre de satisfaire tous les secteurs du capital, la solution est alors de faire peser l’ordre de la dette sur les dépenses sociales et les services publics. La proposition de hausse de la TVA de Bruno Le Maire pour régler le problème – déjà mise en place sous le quinquennat Hollande – s’inscrit également dans ce cadre de répression sociale.                      « Le retour de l’ordre de la dette vient asseoir les inégalités de classes », résume Benjamin Lemoine, qui ajoute : « Il y a un cahier des charges social du maintien de la dette en tant qu’actif sans risques au service des financiers : les plus vulnérables, ceux qui dépendent des services publics, comme les organisations de la main gauche de l’État (santé, éducation, recherche, etc.) sont la variable d’ajustement automatique de cette logique perpétuellement recommencée. »    ____ L’historien de l’économie états-unien Robert Brenner a, dans un article de la New Left Review de 2020, résumé de cette façon ce qu’il pense être un « nouveau régime d’accumulation » et qu’il appelle le « capitalisme politique » par cette formule simple : « la redistribution directe politiquement pilotée de richesse vers le haut pour soutenir des éléments centraux d’une classe capitaliste dominante partiellement transformée ». C’est cette logique qui semble pleinement fonctionner dans le cas français. ___ « Le maintien de l’ordre de la dette demande un dosage incessant entre le soutien au capital privé et une capacité à assurer sans chocs politiques le service de la dette, et depuis des années cette capacité repose entièrement sur le sacrifice de l’État social », souligne Benjamin Lemoine. Le problème est que cette logique, soutenue par le récit sur la dette, craque de toute part. Non seulement elle ne produit pas de croissance, mais elle affaiblit, par son coût social et environnemental, la capacité de remboursement de la dette. La guerre sociale alimentée par le récit sur la dette est une impasse. Derrière le vaudeville, il y a bien un récit mortifère." [Romaric Godin. Merci à Mediapart]   
   ___ Deux mots sur la dette  __ Ici __ _ Quelques pistes...__Pillage croissant. _________________________
C’est une pièce de théâtre sans cesse rejouée dans le spectacle général de l’économie. À intervalles réguliers, un placard s’ouvre et un ministre des finances découvre avec horreur l’existence de titres de dettes qu’il a lui-même placés dans le meuble. S’ensuit une panique générale bien rodée où les portes claquent et où chacun vient crier à la faillite, appeler à la responsabilité, menacer d’une attaque des marchés financiers.

C’esune pièce de théâtre sans cesse rejouée dans le spectacle général de l’économie. À intervalles réguliers, un placard s’ouvre et un ministre des finances découvre avec horreur l’existence de titres de dettes qu’il a lui-même placés dans le meuble. S’ensuit une panique générale bien rodée où les portes claquent et où chacun vient crier à la faillite, appeler à la responsabilité, menacer d’une attaque des marchés financiers.Chacun alors appelle à la baisse de la dépense publique et à l’austérité « pour sauver le pays ». D’ailleurs, voici un employé de bureau du ministère qui se présente avec une pile d’études économiques fort sérieuses montrant que l’austérité renforce « la croissance structurelle ». Contre les populismes, la raison commande de couper dans les dépenses.La scène se poursuit par un régime d’austérité sévère qui concerne principalement les plus pauvres. La misère croît, le pays voit sa croissance structurelle s’effondrer, et la récession est assurée. Le final est assuré par le même ministre qui jure, la main sur le cœur, qu’on ne l’y prendra plus. Avant de retourner remplir le placard…

jeudi 28 mars 2024

Jusqu'où?

 Les mutants

                      Les petits comme les grands      ( A lire et à écouter)

                                                               ___________________

Un fragile vernis

Ambivalente humanité 

             L'humanité de l'homme n'est pas garantie, malheureusement. Je veux parler de ce qui le fait "homme", au sens civilisationnel, moral du terme. Ce que l'homme a pu gagner sur un lointain passé qu'il ne faut surtout pas idéaliser. La pensée de Rousseau sur les origines supposées de notre espèce ne nous satisfait plus. Sans être être un adepte de celle de Hobbes, qui manquait à son époque de données historiques et anthropologiques. Les qualités acquises par éducation ou/et par volonté peuvent parfois être mises à rude épreuve dans certaines circonstances. Parfois la barbarie n'est pas loin et relègue aux oubliettes des valeurs jugées solidement et définitivement établies. Les exemples abondent où l'homme est devenu un "loup pour l'homme". Confronté au pire, l'homme peut se trouver en situation de perdre ce qui fait son humanité. Il ne faut pas remonter bien loin dans l'histoire pour s'en convaincre. Le présent fourmille d'exemples où le hommes en viennent à s'entredéchirer et où les plus forts psychologiquement en apparence cèdent à la violence . Le liste serait trop longue à établir, pour souligner que l'humanité a souvent à se réinventer, à reconstruire des valeurs perdues. La psychanalyse le confirme, qui pose souvent la question insoluble: pourquoi la guerre. Le courage, notamment, n'est pas une donne naturelle, indéracinable. L'actualité actuelle, anxiogène, réactive des menaces de guerre, dont on ne peut prévoir comment nous réagirions, le cas échéant.. Beaucoup de digues risquent de lâcher. La solidarité semble bien être  déjà une valeur en baisse;                                                               Beaucoup de nos qualités, que nous considérons comme enracinées, pourront-elles résister quand la peur et la détresse seront là peut-être? Sans parler du Rwanda ou de Gaza, sans aller jusqu'aux extrêmes, il est bon de ne pas se faire trop d'illusions sur nos valeurs de résistance. Même nous pouvons toujours les mobiliser...     Des témoignages de rescapés des camps de la mort le confirment...   


                                                                             



_____Banalité du mal, banalité du bien...L'égoïsme est-il notre moteur? Qu'est-ce qui nous rend pleinement humains ?Que se passe-t-il quand s'effondrent les digues sociales ou quand nous sommes soumis à un pouvoir oppresseur?  Serions-nous, par exemple, capables de résister à des ordres immoraux ?-Le livre s'applique à comprendre par quels mécanismes un individu ordinaire peut être amené à s'en remettre à une autorité exigeant de lui des comportements destructeurs. Il montre, exemples à l'appui, ce que deviennent nos valeurs à l'épreuve de situations extrêmes.---On a pu croire ou espérer, un temps, que les monstruosités de la Seconde Guerre mondiale étaient derrière nous. Définitivement. Or partout, à nouveau, on massacre, on torture, on extermine. Comment comprendre cette facilité des hommes entrer dans le mal ? La réponse à cette question devient chaque jour plus urgente. Michel Terestchenko rouvre ici le débat. D'abord, en complétant la démonstration de Hannah Arendt : de même que ce ne sont pas seulement des monstres qui basculent dans l'horreur mais des hommes ordinaires, trop ordinaires, de même, montre-t-il, il n'est pas besoin d'être un saint pour accomplir le juste et secourir des victimes au risque de sa vie. Héros ou salaud ? C'est toujours une petite décision initiale, à peine perceptible, qui décide du côté dans lequel, une fois engagé, on se retrouvera in fine. Mais qu'est-ce qui explique cette décision ? C'est là où l'enquête de M. Terestchenko prend toute son ampleur. En procédant à une reconstitution critique du débat central de la philosophie morale depuis le XVIIe siècle, aujourd'hui relayé par la majorité des sociologues et des économistes, elle montre combien est stérile l'opposition entre tenants de la thèse de l'égoïsme psychologique et défenseurs de l'hypothèse d'un altruisme sacrificiel. Ce n'est pas par " intérêt " qu'on tue ou qu'on torture. Ni par pur altruisme qu'on se refuse à l'abjection. Les travaux qui analysent les phénomènes de soumission à l'autorité, de conformisme de groupe ou de passivité face à dessituations de détresse, invitent à comprendre tout autrement les conduites de destructivité. Tirant les conclusions philosophiques de recherches récentes entreprises en psychologie sociale et s'appuyant sur certains exemples historiques particulièrement éclairants - tel le cas de Franz Stangl, le commandant de Treblinka, ou, à l'opposé, les actions héroïques du pasteur André Trocmé et de sa femme Magda au Chambon-sur-Lignon -, l'auteur propose de penser les conduites humaines face au mal selon un nouveau paradigme celui de l'absence ou de la présence à soi. (4° de couverture)--____Notes de lecture:Terestchenko-Expérience de Milgram - (Wikipédia)L'expérience de Milgram vise à estimer à quel niveau d'obéissance peut aller un individu dirigé par une autorité qu'il juge légitime et le processus qui mène à un maintien de cette obéissance, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet.
- Libres discussions sur «l'expérience de Milgram"
-La « banalité du mal » revisitée
- Les complaisantes : Jonathan Littell et l'écriture du mal: Edouard Husson,Michel Terestchenko (les Bienveillantes décrypté)
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- Le suicide collectif de la secte du Temple du Peuple : une explication salutaire de Stanley Milgram
-Peut-on vouloir le mal?(H.Arendt)
-Influence sociale
-Influence psychologie sociale -
- Les sondages à la lumière des expériences de S. Asch sur la pression du groupe
-Grâce à Paul Watzlawick, une approche de l’information qu’on ne peut plus ignorer.
-Conformisme. (Objet application/pdf)
-Des citoyens privatisés et infantilisés ?
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-Peur et répression
-Peur et controle social
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-Étienne de La Boétie: servitude volontaire
-Analyse de la soumission-Beauvois
-Les théories de la "soumission librement consentie"
Servitude libérale -Beauvois (Objet application/pdf
-L'idée libertaire et La Boétie-Beauvois-:
"...La servitude sans contrainte est mise en oeuvre du plus puissant au plus faible, elle est le moteur de tout le système hiérarchique. Du plus pauvre au plus puissant la chaîne de la hiérarchie se maintient, il y a toujours un chef au-dessus du chef. Il existe de fait une certaine solidarité entre le haut et le bas. Cette hiérarchie est acceptée même par les plus pauvres et les plus démuni-es, qui cherchent très souvent à opprimer une ou des personnes plus faibles qu'elles. En procédant ainsi elles ou ils essaient de compenser leur propre soumission en opprimant d'autres humains. Les pauvres et les opprimé-es, se comportant de cette manière, nous font parfois désespérer de l'humanité.L'apport de la psychanalyse montre que l'autorité fonctionne bien parce qu'elle est intériorisée en nous-mêmes. Dominique Quessada nous propose une explication, une hypothèse qui montre que nous échangeons notre servitude sans y être contraint-e contre un nom, une place dans la communauté humaine et une explication qui donne sens au monde. La place du maître se crée sans que nous nous en rendions compte, la vigilance rationnelle que tu as si vaillamment utilisée est en échec. Le processus fonctionne avec des symboles et le regard, les émotions, les rituels. Les signes, les emblèmes, les images ne s'adressent pas à la raison mais au regard et aux affects, tant et si bien que tout semble inconscient et l'est de fait..." 
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mercredi 27 mars 2024

Rassurant

 Enfin...si on veut.

          Cela dépend pour qui...

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Réarmement fiscal?

L' heure est au "réarmement"...

                     Dans tous les secteurs. Aussi bien militaire, hélas! que démographique. Qui va être mobilisé? Et en première ligne? Délicat problème...Qui va être la cible privilégiée? Il va falloir trancher dans le vif. Ça peut faire mal. Non sans contradiction. Pas clair. On tremble dans les châteaux...Les surprofits seront-ils mis enfin à contribution, comme en Espagne, comme l'avait fait Roosevelt (pourtant pas de gauche) en son temps pour sortir de la crise. Si vraiment il y a crise... Si le dette est celle qu'on nous dit... Le pire n'est jamais sûr. Ben voilà!....


 Roosevelt qui disait publiquement: "...Nous avons dû lutter contre les vieux ennemis de la paix – le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre. Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé. Jamais dans toute notre histoire ces forces n’ont été aussi unies contre un candidat qu’elles ne le sont aujourd’hui. Elles sont unanimes dans leur haine pour moi – et leur haine me fait plaisir. Je peux dire que lors de mon premier mandat ces forces menées par l’égoïsme et la soif du pouvoir ont trouvé un adversaire à leur hauteur. J’aimerais pouvoir dire à l’issue de mon deuxième mandat qu’ils ont trouvé leur maître..." ____ Il serait temps de réindustrialiser...


                                              "...Bruno Lemaire est en poste depuis sept ansSept ans pendant lesquels il s’est employé à dérouler son programme économique, soutenir sa « vision », défendant avec aplomb des vérités successives agrémentées parfois de faits erronés, ayant toujours le dernier mot sur tout. Rien d’idéologique ou de biaisé dans ses choix, a-t-il assuré à maintes reprises. Lui, c’est le bon sens, l’efficacité, la rigueur à la fois économique et intellectuelle. Mais au bout de sept ans, il n’est plus possible d’invoquer l’héritage. Le ministre des finances, et avec lui le gouvernement, a un bilan qu’il ne peut esquiver. La situation dégradée d’aujourd’hui est le résultat des choix passés. Lancer une nouvelle controverse sur la nécessité d’en finir avec l’État-providence pour éviter de rendre des comptes ne saurait suffire. D’autant qu’en la matière, il ne s’agit pas d’un problème de bonne gestion publique, comme il tente de le faire croire, mais d’un sujet politique d’organisation sociale, décidée collectivement et inscrite dans la Constitution.                                                                                                                               S’il y a eu un État-providence depuis sept ans, il a été dévolu quasi exclusivement aux puissances d’argent. Bien au-delà d’une politique de l’offre, tout a été décidé pour mettre l’État au service d’intérêts très privés. Sans la moindre hésitation, le ministre des finances a réduit avec constance les recettes publiques, censées ruisseler en retour dans les moindres recoins de l’économie. En 2021, Bruno Le Maire se félicitait d’avoir réalisé « la plus forte baisse d’impôt […] 50 milliards d’euros en cinq ans ». Le ministre des finances, sous la même impulsion élyséenne, a poursuivi cette destruction depuis, la suppression des impôts de production étant le nouveau combat du « toujours moins ».                                         Accordant la « sécurité sociale » au capital, depuis 2019 Bercy distribue chaque année quelque 200 milliards d’euros d’aides et de subventions aux entreprises. Sans parler des soutiens exceptionnelsAu « quoi qu’il en coûte » de la période du Covid-19 a succédé le bouclier énergétique institué pour couvrir une hérésie économique alimentant un marché dysfonctionnel que le gouvernement n’a pas voulu dénoncer. Parce que l’exécutif ne saurait s’opposer au fondamentalisme de marché européen.  Tout cela a été distribué sans retenue, sans distinction, sans contrepartie. Car en face de ces dépenses, il n’y a pas grand-chose : ni rebond économique, ni rebond industriel, ni hausse de la productivité. Au mieux, un maintien d’activités qui dégagent des profits grâce aux subventions et aux aides de l’État. Les rares évaluations des mesures prises − à l’instar de la fiscalité sur le capital menée par France Stratégie, pourtant peu suspect de partialité − qui venaient contester le bien-fondé de ces choix politiques ont été balayées d’un revers de la main.                                                                                                                               La réussite est là, sous nos yeux, selon Bruno Le Maire : le taux de chômage devenu le mètre étalon de la politique économique d’Emmanuel Macron a baissé : de plus de 9 % en 2016, il est descendu à 7,1 % fin 2023, essentiellement grâce aux aides pour soutenir l’apprentissage : 20 milliards d’euros par an. Mais avec la stagnation économique, il remonte. Car tout repose sur du sable.                                  Cette politique a un coût, que le ministre des finances refuse d’assumer. En 2008, la dette de la France s’élève à 1 318 milliards d’euros, soit 68 % du PIB. En 2010, avec la crise des subprimes, elle a déjà grossi de plus de 16 % pour s’élever à 1 514 milliards d’euros (85 % du PIB). Les politiques d’austérité menées par la suite et les premiers pas de la politique de l’offre ne permettent pas de rétablir les comptes publics. Fin 2016, la dette est de 2 147 milliards. Au cours de ces sept dernières années, l’endettement s’est accru à nouveau de plus de 800 milliards d’euros pour dépasser les 3 000 milliards.  Ce n’est pas l’État social (santé, retraite, emploi, chômage, famille) qui a été le moteur de cet emballement. Il a plutôt été la variable d’ajustement. De réforme en réforme (travail, chômage, retraite), de gel de salaires en suppressions de postes… tout a été mis en œuvre pour contenir les dépenses sociales. En moyenne, elles ont augmenté de 2 % depuis 2010.   La précarisation et la pauvreté n’ont jamais été aussi élevées en France au cours de ces quarante dernières années. Les services publics sont en état de délitement. L’éducation est au bord de l’asphyxie, l’hôpital à l’agonie. La France décroche partout, dans la recherche, dans l’innovation et même en matière de mortalité infantile.                                                          Lorsque Bruno Le Maire, lundi 18 mars sur France Inter, préconise à nouveau de mettre à contribution l’État-providence, qualifié de trop généreux, pour y substituer un « État protecteur », tout le monde comprend : un nouveau tour de vis est en préparation. Mais ce ne serait pas seulement une hausse de la fiscalité indirecte, frappant tout le monde de façon inégalitaire et indifférenciée. Ce sont les derniers filets de sécurité qui sont dans sa ligne de mire. Au risque de plonger encore plus des pans entiers de la population dans l’insécurité et la paupérisation. L’argument pour justifier ce choix de la régression se veut imparable : la logique du bon sens. « Quand on gagne moins, on dépense moins », affirme Bruno Le Maire, reprenant la comparaison éculée – mais toujours aussi fausse – de l’État censé être géré comme un foyer. Mais l’État n’est pas un ménage : il s’inscrit dans une longévité parfois séculaire. Il a des pouvoirs, des moyens, et des devoirs.    Le propos est d’autant plus calamiteux que ce n’est pas comme s’il n’y avait aucun précédent économique en ce domaine, comme si aucune étude, recherche, n’avait été menée sur le sujet. Sans remonter à la politique déflationniste de Brüning en 1931 qui précipita la prise de pouvoir de Hitler, l’exemple de la crise de la zone euro en 2010 est là, sous nos yeux.                                                                              La décision de Jean-Claude Trichet, alors président de la Banque centrale européenne, d’augmenter les taux en 2010, au nom – là encore – de la bonne gestion, est considérée comme un des déclencheurs de la crise des dettes en Europe et de la faillite de la Grèce. Dans la foulée, le choix des gouvernements européens de mener des politiques d’austérité procycliques en période de récession économique, toujours au nom de l’orthodoxie budgétaire, a amplifié la chute.   Dès 2013, Olivier Blanchard, alors économiste en chef au FMI, rappelait l’importance des politiques keynésiennes contre-cycliques, de ce fameux coefficient multiplicateur des dépenses publiques, lesquelles ayant un effet d’entraînement beaucoup plus important qu’estimé dans la dynamique économique.                                                                                                                                                                     Depuis, il y a consensus chez les économistes sur la gestion de la crise de la zone euro par les gouvernements européens : leur dogmatisme a aggravé la situation de l’ensemble du continent. La décennie 2010 aura représenté dix ans de perdus pour l’Europe. Le décrochage du continent européen par rapport aux États-Unis date de là. Il n’a cessé de se creuser depuis.   Pendant un temps, Bruno Le Maire a semblé partager cette analyse. En 2021, lors d’un « mini Davos » sur le lac de Côme, il reconnaissait qu’il ne fallait pas renouveler les erreurs commises en 2008 qui avaient précipité la zone euro dans la crise. En juin 2023, dans un entretien au Journal du dimanche, il soutenait encore que « l’austérité serait une erreur économique »« Nous refusons les coupes budgétaires drastiques qui affaibliraient la croissance et détruiraient les emplois. ...» {Merci à Mediapart\]       ______________