Au calme
Dans la campagne vosgienne
CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus]
__ Crédibilité
__ Indépendance?
__ Incohérence
__ En recul
__ Opacité
__ Divisions
__ Plus fort
__ Sabrage
__ Pas clair
__ Délabrement
__ Armements
__ Endiguement?
__ Gaspillages
__ Détricotage
__ Lourd tribut
__ Pac en recul
__ Plan d'urgence
______Flamanville: un poème...Dernière ligne droite? Avant un nouveau grain de sable? ______________________________
L'armée peut-elle être morale?
Comme des Philistins...
Curieuse question...Même si, à certaines époques, certains responsables politiques ou chefs d'armée ont pu prétendre, par leurs entreprises de guerre, faire oeuvre morale, voire civilisatrice. Il n'est pas loin où l'aventure militaire était parfois présentée comme "juste" et parfois "sainte", surtout à des fins de propagande moralisatrice et/ou religieuse. Celle-ci est encore très présente au cours de la première guerre mondiale, où "l'amour sacré" de la patrie était régulièrement évoqué à des fins mobilisatrices, d'un côté comme de l'autre. Hier, c'était Bush qui évoquait l' "Axe du Mal", avant d'engager ses troupes à l'assaut de l'Irak. La tendance à diaboliser l'ennemi reste encore bien présente. Propagande de guerre oblige ... Une armée morale, cela semble bien un oxymore...quand le but final est bien de détruire l'ennemi physiquement, de quelque manière que ce soit. Tuer est un devoir. Ne parlons pas de la population civile, parfois aux avant-poste. Les consignes de "retenues", d'honneur, l'idée même d'un droit de la guerre n'ont pas grande valeur sur le terrain, comme on peut le constater aujourd'hui dans le conflit ukrainien où la population civile est fréquemment une cible.
" Ofir Livius est le directeur du Corps éducatif de Tsahal. Ce département des forces armées israéliennes s'est donné pour mission de former les soldats aux «droits civiques et à l'éthique militaire»... Comme si un régime colonial, fondé sur la spoliation et le sang, pouvait se placer en défenseur d'un quelconque ordre moral.
Orthodoxie budgétaire au programme
L'opération "réarmement fiscal" surprend tout le monde, même certains économistes , qui se demandent pourquoi cette soudaine prise de conscience et cette décision aujourd'hui. Come si on n'avait rien vu venir. Mais c'est assez récurrent en France. A Bercy, le nez dans le guidon, on s'affole souvent ponctuellement, souvent à contre-temps sans grande considération pour le long terme, sans remises en question de la gestion au jour le jour, les yeux rivés sur le marché et les agences de notation, naguère sévèrement critiquées. En développant le refrain bien connu de la crainte de la dette, comme si dette publique et dette privée avaient quelque chose à voir. "Ma dette! ma dette!..", croit-on entendre, comme Harpagon disait "ma cassette!..." On semble toucher la à un domaine passionnel et magique. Un cri d'alarme surjoué, comme dit Challenges, qui n'est pas un journal de gauche...Faire la chasse aux dépenses inutiles est justifiée, comme sanctionner les fraudes publiques est légitime, mais on ne veut pas voir l'essentiel ou on le fait timidement, sans grandes conséquences. Ce sont plus de 50 milliards qui manquent à là France, parfois par le biais d'une "optimisation" tolérée ou encouragée. La dette n'est pas le problème que l'on croit. Il faudrait enfin s'interroger sur les véritables assistés. Certains pays, comme l'Espagne, ont fait un pas en avant. Taxer les (super-) riches n'est pas un gros mot. Roosevelt n'avait pas hésité en son temps. Les recettes ne manquent pas... Point de vue:
C’est " C'est une pièce de théâtre sans cesse rejouée dans le spectacle général de l’économie. À intervalles réguliers, un placard s’ouvre et un ministre des finances découvre avec horreur l’existence de titres de dettes qu’il a lui-même placés dans le meuble. S’ensuit une panique générale bien rodée où les portes claquent et où chacun vient crier à la faillite, appeler à la responsabilité, menacer d’une attaque des marchés financiers. Chacun alors appelle à la baisse de la dépense publique et à l’austérité « pour sauver le pays ». D’ailleurs, voici un employé de bureau du ministère qui se présente avec une pile d’études économiques fort sérieuses montrant que l’austérité renforce « la croissance structurelle ». Contre les populismes, la raison commande de couper dans les dépenses. La scène se poursuit par un régime d’austérité sévère qui concerne principalement les plus pauvres. La misère croît, le pays voit sa croissance structurelle s’effondrer, et la récession est assurée. Le final est assuré par le même ministre qui jure, la main sur le cœur, qu’on ne l’y prendra plus. Avant de retourner remplir le placard…
C’esune pièce de théâtre sans cesse rejouée dans le spectacle général de l’économie. À intervalles réguliers, un placard s’ouvre et un ministre des finances découvre avec horreur l’existence de titres de dettes qu’il a lui-même placés dans le meuble. S’ensuit une panique générale bien rodée où les portes claquent et où chacun vient crier à la faillite, appeler à la responsabilité, menacer d’une attaque des marchés financiers.Chacun alors appelle à la baisse de la dépense publique et à l’austérité « pour sauver le pays ». D’ailleurs, voici un employé de bureau du ministère qui se présente avec une pile d’études économiques fort sérieuses montrant que l’austérité renforce « la croissance structurelle ». Contre les populismes, la raison commande de couper dans les dépenses.La scène se poursuit par un régime d’austérité sévère qui concerne principalement les plus pauvres. La misère croît, le pays voit sa croissance structurelle s’effondrer, et la récession est assurée. Le final est assuré par le même ministre qui jure, la main sur le cœur, qu’on ne l’y prendra plus. Avant de retourner remplir le placard…
Ambivalente humanité
L'humanité de l'homme n'est pas garantie, malheureusement. Je veux parler de ce qui le fait "homme", au sens civilisationnel, moral du terme. Ce que l'homme a pu gagner sur un lointain passé qu'il ne faut surtout pas idéaliser. La pensée de Rousseau sur les origines supposées de notre espèce ne nous satisfait plus. Sans être être un adepte de celle de Hobbes, qui manquait à son époque de données historiques et anthropologiques. Les qualités acquises par éducation ou/et par volonté peuvent parfois être mises à rude épreuve dans certaines circonstances. Parfois la barbarie n'est pas loin et relègue aux oubliettes des valeurs jugées solidement et définitivement établies. Les exemples abondent où l'homme est devenu un "loup pour l'homme". Confronté au pire, l'homme peut se trouver en situation de perdre ce qui fait son humanité. Il ne faut pas remonter bien loin dans l'histoire pour s'en convaincre. Le présent fourmille d'exemples où le hommes en viennent à s'entredéchirer et où les plus forts psychologiquement en apparence cèdent à la violence . Le liste serait trop longue à établir, pour souligner que l'humanité a souvent à se réinventer, à reconstruire des valeurs perdues. La psychanalyse le confirme, qui pose souvent la question insoluble: pourquoi la guerre. Le courage, notamment, n'est pas une donne naturelle, indéracinable. L'actualité actuelle, anxiogène, réactive des menaces de guerre, dont on ne peut prévoir comment nous réagirions, le cas échéant.. Beaucoup de digues risquent de lâcher. La solidarité semble bien être déjà une valeur en baisse; Beaucoup de nos qualités, que nous considérons comme enracinées, pourront-elles résister quand la peur et la détresse seront là peut-être? Sans parler du Rwanda ou de Gaza, sans aller jusqu'aux extrêmes, il est bon de ne pas se faire trop d'illusions sur nos valeurs de résistance. Même nous pouvons toujours les mobiliser... Des témoignages de rescapés des camps de la mort le confirment...
_____Banalité du mal, banalité du bien...L'égoïsme est-il notre moteur? Qu'est-ce qui nous rend pleinement humains ?Que se passe-t-il quand s'effondrent les digues sociales ou quand nous sommes soumis à un pouvoir oppresseur? Serions-nous, par exemple, capables de résister à des ordres immoraux ?-Le livre s'applique à comprendre par quels mécanismes un individu ordinaire peut être amené à s'en remettre à une autorité exigeant de lui des comportements destructeurs. Il montre, exemples à l'appui, ce que deviennent nos valeurs à l'épreuve de situations extrêmes.---On a pu croire ou espérer, un temps, que les monstruosités de la Seconde Guerre mondiale étaient derrière nous. Définitivement. Or partout, à nouveau, on massacre, on torture, on extermine. Comment comprendre cette facilité des hommes entrer dans le mal ? La réponse à cette question devient chaque jour plus urgente. Michel Terestchenko rouvre ici le débat. D'abord, en complétant la démonstration de Hannah Arendt : de même que ce ne sont pas seulement des monstres qui basculent dans l'horreur mais des hommes ordinaires, trop ordinaires, de même, montre-t-il, il n'est pas besoin d'être un saint pour accomplir le juste et secourir des victimes au risque de sa vie. Héros ou salaud ? C'est toujours une petite décision initiale, à peine perceptible, qui décide du côté dans lequel, une fois engagé, on se retrouvera in fine. Mais qu'est-ce qui explique cette décision ? C'est là où l'enquête de M. Terestchenko prend toute son ampleur. En procédant à une reconstitution critique du débat central de la philosophie morale depuis le XVIIe siècle, aujourd'hui relayé par la majorité des sociologues et des économistes, elle montre combien est stérile l'opposition entre tenants de la thèse de l'égoïsme psychologique et défenseurs de l'hypothèse d'un altruisme sacrificiel. Ce n'est pas par " intérêt " qu'on tue ou qu'on torture. Ni par pur altruisme qu'on se refuse à l'abjection. Les travaux qui analysent les phénomènes de soumission à l'autorité, de conformisme de groupe ou de passivité face à dessituations de détresse, invitent à comprendre tout autrement les conduites de destructivité. Tirant les conclusions philosophiques de recherches récentes entreprises en psychologie sociale et s'appuyant sur certains exemples historiques particulièrement éclairants - tel le cas de Franz Stangl, le commandant de Treblinka, ou, à l'opposé, les actions héroïques du pasteur André Trocmé et de sa femme Magda au Chambon-sur-Lignon -, l'auteur propose de penser les conduites humaines face au mal selon un nouveau paradigme celui de l'absence ou de la présence à soi. (4° de couverture)--____Notes de lecture:Terestchenko-Expérience de Milgram - (Wikipédia)L'expérience de Milgram vise à estimer à quel niveau d'obéissance peut aller un individu dirigé par une autorité qu'il juge légitime et le processus qui mène à un maintien de cette obéissance, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience au sujet.
- Libres discussions sur «l'expérience de Milgram"
-La « banalité du mal » revisitée
- Les complaisantes : Jonathan Littell et l'écriture du mal: Edouard Husson,Michel Terestchenko (les Bienveillantes décrypté)
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- Le suicide collectif de la secte du Temple du Peuple : une explication salutaire de Stanley Milgram
-Peut-on vouloir le mal?(H.Arendt)
-Influence sociale
-Influence psychologie sociale -
- Les sondages à la lumière des expériences de S. Asch sur la pression du groupe
-Grâce à Paul Watzlawick, une approche de l’information qu’on ne peut plus ignorer.
-Conformisme. (Objet application/pdf)
-Des citoyens privatisés et infantilisés ?
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-Peur et répression
-Peur et controle social
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-Étienne de La Boétie: servitude volontaire
-Analyse de la soumission-Beauvois
-Les théories de la "soumission librement consentie"
Servitude libérale -Beauvois (Objet application/pdf
-L'idée libertaire et La Boétie-Beauvois-:
"...La servitude sans contrainte est mise en oeuvre du plus puissant au plus faible, elle est le moteur de tout le système hiérarchique. Du plus pauvre au plus puissant la chaîne de la hiérarchie se maintient, il y a toujours un chef au-dessus du chef. Il existe de fait une certaine solidarité entre le haut et le bas. Cette hiérarchie est acceptée même par les plus pauvres et les plus démuni-es, qui cherchent très souvent à opprimer une ou des personnes plus faibles qu'elles. En procédant ainsi elles ou ils essaient de compenser leur propre soumission en opprimant d'autres humains. Les pauvres et les opprimé-es, se comportant de cette manière, nous font parfois désespérer de l'humanité.L'apport de la psychanalyse montre que l'autorité fonctionne bien parce qu'elle est intériorisée en nous-mêmes. Dominique Quessada nous propose une explication, une hypothèse qui montre que nous échangeons notre servitude sans y être contraint-e contre un nom, une place dans la communauté humaine et une explication qui donne sens au monde. La place du maître se crée sans que nous nous en rendions compte, la vigilance rationnelle que tu as si vaillamment utilisée est en échec. Le processus fonctionne avec des symboles et le regard, les émotions, les rituels. Les signes, les emblèmes, les images ne s'adressent pas à la raison mais au regard et aux affects, tant et si bien que tout semble inconscient et l'est de fait..." _______________________
L' heure est au "réarmement"...
Dans tous les secteurs. Aussi bien militaire, hélas! que démographique. Qui va être mobilisé? Et en première ligne? Délicat problème...Qui va être la cible privilégiée? Il va falloir trancher dans le vif. Ça peut faire mal. Non sans contradiction. Pas clair. On tremble dans les châteaux...Les surprofits seront-ils mis enfin à contribution, comme en Espagne, comme l'avait fait Roosevelt (pourtant pas de gauche) en son temps pour sortir de la crise. Si vraiment il y a crise... Si le dette est celle qu'on nous dit... Le pire n'est jamais sûr. Ben voilà!....
"...Bruno Lemaire est en poste depuis sept ans. Sept ans pendant lesquels il s’est employé à dérouler son programme économique, soutenir sa « vision », défendant avec aplomb des vérités successives agrémentées parfois de faits erronés, ayant toujours le dernier mot sur tout. Rien d’idéologique ou de biaisé dans ses choix, a-t-il assuré à maintes reprises. Lui, c’est le bon sens, l’efficacité, la rigueur à la fois économique et intellectuelle. Mais au bout de sept ans, il n’est plus possible d’invoquer l’héritage. Le ministre des finances, et avec lui le gouvernement, a un bilan qu’il ne peut esquiver. La situation dégradée d’aujourd’hui est le résultat des choix passés. Lancer une nouvelle controverse sur la nécessité d’en finir avec l’État-providence pour éviter de rendre des comptes ne saurait suffire. D’autant qu’en la matière, il ne s’agit pas d’un problème de bonne gestion publique, comme il tente de le faire croire, mais d’un sujet politique d’organisation sociale, décidée collectivement et inscrite dans la Constitution. S’il y a eu un État-providence depuis sept ans, il a été dévolu quasi exclusivement aux puissances d’argent. Bien au-delà d’une politique de l’offre, tout a été décidé pour mettre l’État au service d’intérêts très privés. Sans la moindre hésitation, le ministre des finances a réduit avec constance les recettes publiques, censées ruisseler en retour dans les moindres recoins de l’économie. En 2021, Bruno Le Maire se félicitait d’avoir réalisé « la plus forte baisse d’impôt […] 50 milliards d’euros en cinq ans ». Le ministre des finances, sous la même impulsion élyséenne, a poursuivi cette destruction depuis, la suppression des impôts de production étant le nouveau combat du « toujours moins ». Accordant la « sécurité sociale » au capital, depuis 2019 Bercy distribue chaque année quelque 200 milliards d’euros d’aides et de subventions aux entreprises. Sans parler des soutiens exceptionnels. Au « quoi qu’il en coûte » de la période du Covid-19 a succédé le bouclier énergétique institué pour couvrir une hérésie économique alimentant un marché dysfonctionnel que le gouvernement n’a pas voulu dénoncer. Parce que l’exécutif ne saurait s’opposer au fondamentalisme de marché européen. Tout cela a été distribué sans retenue, sans distinction, sans contrepartie. Car en face de ces dépenses, il n’y a pas grand-chose : ni rebond économique, ni rebond industriel, ni hausse de la productivité. Au mieux, un maintien d’activités qui dégagent des profits grâce aux subventions et aux aides de l’État. Les rares évaluations des mesures prises − à l’instar de la fiscalité sur le capital menée par France Stratégie, pourtant peu suspect de partialité − qui venaient contester le bien-fondé de ces choix politiques ont été balayées d’un revers de la main. La réussite est là, sous nos yeux, selon Bruno Le Maire : le taux de chômage devenu le mètre étalon de la politique économique d’Emmanuel Macron a baissé : de plus de 9 % en 2016, il est descendu à 7,1 % fin 2023, essentiellement grâce aux aides pour soutenir l’apprentissage : 20 milliards d’euros par an. Mais avec la stagnation économique, il remonte. Car tout repose sur du sable. Cette politique a un coût, que le ministre des finances refuse d’assumer. En 2008, la dette de la France s’élève à 1 318 milliards d’euros, soit 68 % du PIB. En 2010, avec la crise des subprimes, elle a déjà grossi de plus de 16 % pour s’élever à 1 514 milliards d’euros (85 % du PIB). Les politiques d’austérité menées par la suite et les premiers pas de la politique de l’offre ne permettent pas de rétablir les comptes publics. Fin 2016, la dette est de 2 147 milliards. Au cours de ces sept dernières années, l’endettement s’est accru à nouveau de plus de 800 milliards d’euros pour dépasser les 3 000 milliards. Ce n’est pas l’État social (santé, retraite, emploi, chômage, famille) qui a été le moteur de cet emballement. Il a plutôt été la variable d’ajustement. De réforme en réforme (travail, chômage, retraite), de gel de salaires en suppressions de postes… tout a été mis en œuvre pour contenir les dépenses sociales. En moyenne, elles ont augmenté de 2 % depuis 2010. La précarisation et la pauvreté n’ont jamais été aussi élevées en France au cours de ces quarante dernières années. Les services publics sont en état de délitement. L’éducation est au bord de l’asphyxie, l’hôpital à l’agonie. La France décroche partout, dans la recherche, dans l’innovation et même en matière de mortalité infantile. Lorsque Bruno Le Maire, lundi 18 mars sur France Inter, préconise à nouveau de mettre à contribution l’État-providence, qualifié de trop généreux, pour y substituer un « État protecteur », tout le monde comprend : un nouveau tour de vis est en préparation. Mais ce ne serait pas seulement une hausse de la fiscalité indirecte, frappant tout le monde de façon inégalitaire et indifférenciée. Ce sont les derniers filets de sécurité qui sont dans sa ligne de mire. Au risque de plonger encore plus des pans entiers de la population dans l’insécurité et la paupérisation. L’argument pour justifier ce choix de la régression se veut imparable : la logique du bon sens. « Quand on gagne moins, on dépense moins », affirme Bruno Le Maire, reprenant la comparaison éculée – mais toujours aussi fausse – de l’État censé être géré comme un foyer. Mais l’État n’est pas un ménage : il s’inscrit dans une longévité parfois séculaire. Il a des pouvoirs, des moyens, et des devoirs. Le propos est d’autant plus calamiteux que ce n’est pas comme s’il n’y avait aucun précédent économique en ce domaine, comme si aucune étude, recherche, n’avait été menée sur le sujet. Sans remonter à la politique déflationniste de Brüning en 1931 qui précipita la prise de pouvoir de Hitler, l’exemple de la crise de la zone euro en 2010 est là, sous nos yeux. La décision de Jean-Claude Trichet, alors président de la Banque centrale européenne, d’augmenter les taux en 2010, au nom – là encore – de la bonne gestion, est considérée comme un des déclencheurs de la crise des dettes en Europe et de la faillite de la Grèce. Dans la foulée, le choix des gouvernements européens de mener des politiques d’austérité procycliques en période de récession économique, toujours au nom de l’orthodoxie budgétaire, a amplifié la chute. Dès 2013, Olivier Blanchard, alors économiste en chef au FMI, rappelait l’importance des politiques keynésiennes contre-cycliques, de ce fameux coefficient multiplicateur des dépenses publiques, lesquelles ayant un effet d’entraînement beaucoup plus important qu’estimé dans la dynamique économique. Depuis, il y a consensus chez les économistes sur la gestion de la crise de la zone euro par les gouvernements européens : leur dogmatisme a aggravé la situation de l’ensemble du continent. La décennie 2010 aura représenté dix ans de perdus pour l’Europe. Le décrochage du continent européen par rapport aux États-Unis date de là. Il n’a cessé de se creuser depuis. Pendant un temps, Bruno Le Maire a semblé partager cette analyse. En 2021, lors d’un « mini Davos » sur le lac de Côme, il reconnaissait qu’il ne fallait pas renouveler les erreurs commises en 2008 qui avaient précipité la zone euro dans la crise. En juin 2023, dans un entretien au Journal du dimanche, il soutenait encore que « l’austérité serait une erreur économique ». « Nous refusons les coupes budgétaires drastiques qui affaibliraient la croissance et détruiraient les emplois. ...» {Merci à Mediapart\] ______________