Pas gentil, Poutine, mais pas gentil du tout!
Y fait rien que d'nous embêter!
Comme dit ironiquement un certain Contrarien, Poutine est vilain, Poutine est
un méchant mangeur d’enfants, Poutine ci, Poutine çà…
Oui mais, poursuit-il, lorsque l’on se penche sur les chiffres de l’économie
russe, il y a de quoi être agréablement surpris par la gestion en bon
père de famille de Vladimir Poutine, et les statistiques russes feraient
pâlir d’envie n’importe quel économiste du monde libre (nous, les
gentils quoi).
Je n’oserais pas dire que
Poutine gère à la « De Gaulle », on pourrait me taxer de
« poutinophilie » alors que vous avez bien compris qu’il faut être
« poutinophobe »… Sinon vous êtes un vilain affreux collabo des forces
du mal obscur, ou quelque chose comme ça.
Pourtant, Poutine fait comme de
Gaulle en son temps. Pas de dette, l’accumulation de réserves d’or et
évidemment une politique d’indépendance… Bon, autant dire que Poutine
comme De Gaulle ont su faire suer les Américains au plus haut point, ce
qui se termine généralement assez mal. En France, mai 68 n’est pas tout à
fait un hasard… Et ce qu’il s’était passé à cette époque s’appellerait
aujourd’hui une « révolution orange »… C’est beau une révolution orange,
c’est un concept marketing financé par la CIA et c’est d’ailleurs l’un
des objectifs recherchés par les États-Unis… Renverser Poutine en
affamant le peuple parce que objectivement, l’attaque contre la monnaie
russe ne repose sur aucun des fondamentaux économiques permettant de
faire la force ou la faiblesse d’une monnaie. Le rouble ne devrait pas
baisser dans ces proportions compte tenu de la typologie de l’économie
russe.
Haaaa, la dette… Alors que notre pays a un ratio dette sur PIB de 95
%, que les USA sont endettés à hauteur de plus de 105 % de leur PIB, la
Russie, elle, n’a presque pas de dette… Un pauvre petit et minusculement
ridicule 15,7 % de dettes sur PIB pour l’année 2014… Autant dire rien.
Objectivement, la Russie est nettement plus solvable que la France…
Haaaaaaaaaaaa la balance commerciale… Alors que la France, la 2e
économie de la zone euro tout de même, importe pour des centaines de
milliards de chinoiseries diverses et avariées (sans oublier un grand
paquet de gaz russe et de pétrole), ce qui nous fait tout de même une
balance commerciale déficitaire d’environ 101 milliards d’euros, soit un
paquet de sous tout de même qui quitte chaque année notre pays pour
aller enrichir les autres (et accessoirement faire monter leur monnaie
respective).
Le solde commercial de la Russie est, lui, de 179 milliards de dollars…
Ce qui le rapproche de façon très dangereuse de l’Allemagne, grand
exportateur devant l’éternel et dont pourtant personne ne cherche à
contester la puissance.
Le déficit russe est de zéro… Là où nous nous débattons depuis plus
de 40 ans pour obtenir un budget équilibré, sans succès évidemment, et
nos déficits s’enchaînent inexorablement en nous menant vers une ruine
collective.
Nous sommes 65 millions d’habitants et les Russes plus de 145 millions.
Alors que nos mamamouchis se demandent quand ils seront en mesure
d’inverser de façon positive la courbe sans espoir du chômage de masse,
en Russie, sous Poutine, le chômage plafonne à 5,6 %… De quoi laisser
rêveur plus d’un mamamouchi français.
Le PIB russe est d’un peu plus de 2 057 milliards de dollars US, là
ou le PIB de la France est de 2 902 milliards de dollars. C’est donc un
avantage enfin pour nous petits Français. Nous sommes certes plus riches
mais nettement moins bien gérés… Nous sommes donc, au final, nettement
plus pauvres si l’on raisonne en « net de dette »…
La pression fiscale ne souffre également d’aucune comparaison… En
effet, en Russie, les recettes fiscales ne sont que de 15,1 % du PIB là
ou, en France, elles sont de 47 % (chiffre 2012) et les recettes
publiques (au sens large de la taxation en France) de 53,5 % du PIB…
Vous comprenez donc mieux pourquoi notre acteur national, le grand Gégé,
est allé se faire tondre par Poutine plutôt que par Hollande….
Vous voyez également pourquoi la Russie a potentiellement la possibilité
d’augmenter encore la pression fiscale pour s’en sortir, elle a de la
marge avant d’atteindre une pression fiscale à la française… Et quelle
marge !!
En
dépit de la propagande à laquelle nous sommes soumis ici sur la
faiblesse de la Russie, ce pays est en réalité beaucoup plus robuste que
l’image que l’on nous en donne. La Russie est pays économiquement
solide, aux fondamentaux excellents. C’est un pays qui exporte plus
qu’il n’importe et c’est l’un des rares dans le monde dans ce cas. C’est
donc un pays dont la devise devrait structurellement s’apprécier et non
pas l’inverse. C’est également une économie qui peut parfaitement
introduire l’or en étalon monétaire contrairement à tous les pays
déficitaires sur leur balance commerciale. Ainsi, un pays déficitaire
comme la France verrait finalement ses réserves d’or partir à l’étranger
en quelques mois afin de payer ses achats… ses importations ! Ce n’est
pas le cas de la Russie. Et vous voyez que tous les pays commercialement
déficitaires éprouveraient les plus grandes difficultés avec un
étalon-or… À commencer par les Américains, grands déficitaires devant
l’éternel.
Il ne faut donc pas enterrer la Russie, l’ours russe que nous venons bien imprudemment de réveiller.
La Russie est une grande nation,
son peuple est courageux et capable d’endurer des efforts qui nous
semblent tout simplement impossibles. L’âme russe a brisé aussi bien les
armées de Napoléon que celles d’Hitler… Ce n’est pas celles d’Obama et
encore moins d’Hollande qui feront mieux.
Nous ferions mieux, bien mieux,
de revenir à des sentiments nettement plus constructifs à l’égard de la
Russie qui fait partie de la grande Europe comme la définissait le
Général de Gaulle, « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural »… Car il ne
faut pas imaginer que l’attaque économique dont la Russie vient de faire
les frais restera impunie… En Russie, plus qu’ailleurs, la vengeance
est un plat qui se mange froid....
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Même
si le Contrarien me contrarie en poussant le bouchon un peu loin et
idéalise un tantinet, il est nécessaire de relativiser la russophobie à la mode
dans nos medias, qui font dans le suivisme washingtonien sans nuance et de mettre le
problème en perspective géostratégique, en voyant l'avenir..
Poutine est ce qu'il est...
La
situation politique de la Russie est ce qu'elle est ...après le choc du
démantèlement de l'empire, bien orchestré par la banque mondiale, comme
le déplorait Stiglitz.
La crise qui la frappe actuellement l'affaiblit, c'est sûr. Mais c'est
l'effet d'une volonté extérieure.. Un jeu dangereux...
La Russie reste un chantier en reconstruction, la presse est sous
contrôle, les prisons sont un problème, etc....Bref, ce n'est pas un
modèle de démocratie. Mais les nôtres fonctionnent-elles si bien que
nous soyons en mesure de donner des leçons? La patience historique fait défaut.
L’anti-poutinisme de principe, qui en est encore aux fantasmes de la Guerre froide, est absurde.
C'est Henry Kissinger, qui n'est pas un enfant de choeur, qui le dit, comme d'autres Américains un peu lucides: il a expliqué à de nombreuses reprises ces derniers mois
que « l’anti-Poutinisme » hystérique des Etats-Unis et de la presse
américaine, ne constituait nullement une politique mais était en réalité
une réponse à l’absence de politique. Il n’y a rien de plus exact. Il
le dit dans une interview qu’il a donnée à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel le 13 novembre[1].
Le niveau de délire de la presse américaine a été bien analysé par Robert Parry, l’un des plus grands journalistes indépendants des
Etats-Unis.
Il est aujourd’hui tragique de voir que ce discours, qui est une
véritable propagande de guerre, envahit les médias en France et en
Grande-Bretagne.
Ron Paul y va aussi de sa critique
Or, la Guerre froire est fi-nie! Comme le Rideau de fer.
Une invasion russe est pure chimère, comme le reconnaissent d'anciens membre du renseignement US.
Voir la menace d'une nouvelle Guerre froide, diaboliser Poutine
est plus qu'un fantasme, c'est une erreur, c'est une faute, qui
pourrait nous coûter cher, comme le dit aujourd'hui le très prudent Gorbatchev.
On a tout à perdre à provoquer l'Ours On l'a plus que chatouillé en Ukraine...
Les silences de Poutine sont plus éloquents que ses déclarations à usage interne.
L'Europe,
mais aussi les USA, qui soumettent à ses intérêts le vieux continent
via l'Otan, ont intérêt à conserver restaurer des rapports équilibrés avec
l'immense Russie, que De Gaulle voyait comme une partenaire future, très
liée économiquement aujourd'hui à l'Allemagne...
Rien ne se passe comme la presse ordinaire le présente...
Tout est beaucoup plus compliqué et moins manichéen.
Le malentendu est ancien, comme le dit JP Chevénement.
Les enjeux économiques aujourd'hui sautent aux yeux.
La dialectique de Poutine doit être d'abord bien comprise.
Jouer à la roulette russe est toujours risqué.
La Russie nous surprendra toujours.
Arrêtons donc la dangereuse schizophrénie géopolitique, la fabrication de l'ennemi. Revenons à un peu plus de raison...
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- Pourquoi la Russie ne va pas s’enfoncer dans la crise
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