Aujourd'hui et demain...
__________________________CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus]
Ça va jazzer
mardi 30 avril 2024
Tâcherons du clic
Le numérique, ses concepteurs et ses acteurs
Le cyber-prolétariat n'a pas vraiment disparu avec le développement de l'intelligence artificielle:
Flouter "...Flouter des visages sur Google Street View, extraire le texte manuscrit des cartes postales, contrôler des tickets de caisse, observer des photos satellitaires et répondre à la question « Swimming pool or not swimming pool », « Human or not human », tout cela pour un centime l’action payée en bons d’achat Amazon… C’est le quotidien de milliers de travailleurs et travailleuses du clic que documente ici le jeune cinéaste belge Natan Castay. ___ Pour son film de fin d’études à l’Institut des arts de diffusion (IAD), il réalise En attendant les robots, à la suite d’une expérience personnelle. Lors du confinement, il a perdu son job d’étudiant dans un restaurant et s’est retrouvé à taper sur Internet « comment se faire de l’argent en ligne ». Il tombe sur Amazon Mechanical Turk, un site de microtâches. Cette plateforme du géant américain renvoie par son intitulé au « Turc mécanique », célèbre canular du XVIIIe siècle : un automate ayant l’apparence d’un Turc capable de jouer aux échecs ou de résoudre des problèmes. Sauf qu’à l’intérieur dudit automate se trouvait un être humain… Dans le vocable des Gafam de la Silicon Valley, Amazon Mechanical Turk ne propose pas véritablement un travail, mais des tâches dites « pour l’intelligence humaine » – HIT, pour human intelligence tasks. Une nuance pour les différencier de celles réalisées par les intelligences artificielles (IA). Car sur cette plateforme, il est surtout question d’alimenter les algorithmes et d’entraîner, cadrer et fournir les machines en données fiables et utilisables. Empruntant son titre à l’ouvrage de référence sur le sujet d’Antonio A. Casilli, sociologue enseignant à l’Institut polytechnique de Paris, En attendant les robots révèle la face mal connue des plateformes et de l’intelligence artificielle : le monde effectivement absurde des nouveaux prolétaires du numérique...." On les appelle les "invisibles."..ces prolétaires du clic prennent de plus en plus d'importance. Le domaine du numérique n'est pas toujours le monde idéalisé que l'on imagine parfois. Il n'y a pas que des tâches nobles et valorisées. Il y a tout un monde d'actifs obscurs, mal payés, en situation précaire. Partout dans le monde. Des ignorés. En attendant les robots..."...Leurs tâches peuvent apparaître n’importe quand, et il faut être rapide. Certains se créent des alertes qui les réveillent au milieu de la nuit. Ensuite, le temps pour réaliser le travail étant limité, il ne faut pas traîner. Avec les conséquences que l’on peut imaginer sur la vie familiale. Car, comme ces tâches sont très peu rémunérées, il faut en effectuer beaucoup. Une étude du Pew Research Institute estime que les travailleurs du clic perçoivent moins que le salaire horaire minimale aux Etats-Unis (une femme interrogée explique que quand elle touche 25 euros pour 8 heures de travail, c’est une bonne journée). D’ailleurs, la rémunération ne se fait en cash que pour les Américains et les Indiens, les autres sont payés en bons d’achat Amazon, ce qui les oblige à avoir recours à des combines pour récupérer leur rémunération. Sachant que certains clients sont mauvais payeurs (ils rejettent le travail effectué, sans explication). Les travailleurs les plus aguerris prennent le temps, avant d’accepter un travail, de se renseigner sur le client...." Il existe toujours des métiers aux tâches répétitives, sans aucune créativité ni plaisir, même minimum. Pas seulement dans certaines activités industrielles ou même de service, comme dans les "Temps modernes" de Charlot, même avec accompagnement de robots en tous genres de plus en plus perfectionnés. Même au coeur de certaines activités que l'on jugerait a priori plus "nobles", plus "intellectuelles". Par exemple, les millions de petites mains invisibles, à l'activité ingrate, qui s'agitent derrière leurs ordinateurs, au service de grandes plateformes ou de l'intelligence artificielle. Comme la haute couture a aussi ses petites tâcheronnes. Le micro-travail a aussi parfois ses révoltés . Pas seulement en Chine. Il n'y a pas que des tâches nobles dans le numérique. Il n'y a pas que des concepteurs de haut vol dans l'informatique. Il y a aussi les basses oeuvres, les petits boulots, les opérations les plus mécaniques, les moins rentables, celles des petites mains du clavier. Cliquer toute la journée pour presque rien, il y a plus passionnant. Pourtant c'est facile et ça peut rapporter... peu. Une forme de travail très particulier, qui ne dit pas son nom. Amazon et les autres règnent dans l'ombre.
Un aspect de la précarité masquée., dans un monde de précarité montante érigée en système.
Quelques clics pour quelques euros.
Pour environ 250000 personnes en France, occupées plus ou moins, selon les cas. C'est très variable.
Les petits doigts d'Asie et de France s'animent comme ils peuvent au service de plate-formes invisibles.
Les clickworkers ou travailleurs du clic sont des gens qui travaillent chez eux, derrière leur ordinateur, à des horaires qui sont dictés par les clients, pour des tâches simples et répétitives, sans aucun statut et pour une rémunération minuscule. Leur travail, ils le trouvent sur des plateformes qui ont été créées par les géants de l’Internet, dont la plus connue est le Turc mécanique d’Amazon, ce sont des place de Grève contemporaines. On estime leur nombre à 500 000, ils sont principalement américains (à 75%, avec une grande part de femmes) ou des hommes indiens (aux alentours de 20%).... En décembre dernier, le site Tech Republic effectuait une plongée fascinante dans ce monde des travailleurs du clic. Pourquoi les appelle-t-on “travailleurs du clic” ? Parce que leurs tâches consistent essentiellement à identifier des motifs sur des images, à identifier des émotions sur des photos de visages, à mettre en ordre des données. Ces travailleurs se disent “enchaînés” à leur ordinateur. Les tâches peuvent apparaître n’importe quand, et il faut être rapide. Certains se créent des alertes qui les réveillent au milieu de la nuit. Ensuite, le temps pour réaliser le travail étant limité, il ne faut pas traîner. Avec les conséquences que l’on peut imaginer sur la vie familiale. Car, comme ces tâches sont très peu rémunérées, il faut en effectuer beaucoup. Une étude du Pew Research Institute estime que les travailleurs du clic perçoivent moins que le salaire horaire minimale aux Etats-Unis (une femme interrogée explique que quand elle touche 25 euros pour 8 heures de travail, c’est une bonne journée). D’ailleurs, la rémunération ne se fait en cash que pour les Américains et les Indiens, les autres sont payés en bons d’achat Amazon, ce qui les oblige à avoir recours à des combines pour récupérer leur rémunération. Sachant que certains clients sont mauvais payeurs (ils rejettent le travail effectué, sans explication). Les travailleurs les plus aguerris prennent le temps, avant d’accepter un travail, de se renseigner sur le client. Ce qui gêne aussi ces travailleurs du clic, c’est que tout le monde n’est pas égal face aux offres. Certains sont désignés “Master's Level”, ce qui leur permet d’avoir accès à plus d’offres, mieux payées. Le problème : personne ne sait sur quels critères on est désigné “Master Level” (et Amazon refuse de le révéler). C’est l’objet de beaucoup de conjectures sur les forums où ces travailleurs - pour pallier le fait qu’ils ne se rencontrent jamais physiquement - partagent leurs questions, et leurs petits trucs. A quoi sert le travail de ces gens ? C’est là où on atteint un niveau d’absurde presque magnifique. Ce dont je vous parlais tout à l’heure - identifier des objets sur des images, classer des données etc. - ça sert essentiellement à nourrir en exemple les intelligences artificielles qui ne savent pas encore le faire toutes seules. Pour bien fonctionner une intelligence artificielle de reconnaissance d’image, par exemple, a besoin d’exemples, d’énormément d’exemples - il faut qu’on lui dise “ça c’est un chien”, “ça c’est une voiture” sous tous les angles possibles, afin qu’elle soit ensuite capable de reconnaître un chien ou une voiture. Eh bien qui fournit les exemples ? Principalement ces “travailleurs du clic”. C’est pourquoi toutes les grandes entreprises du numérique (Google, Microsoft, Facebook, Apple) - toutes celles qui se sont lancées dans l’intelligence artificielle - ont créé leurs propres plateformes de micro-tâches : elles ont créé ces plateformes pour que des travailleurs du clic humains nourrissent les machines. Et d’ailleurs, au départ, Amazon a créé sa plateforme pour améliorer l’automatisation de son circuit de distribution, pour les hommes aident les machines à s’améliorer, à mieux faire le travail que faisaient les hommes jusque là. En gros, les “travailleurs du clic” travaillent pour qu’un jour les intelligences artificielles remplacent d’autres travailleurs. La question est : combien de temps aura-t-on encore besoin des travailleurs du clic, avant que les intelligences artificielles ne les remplacent eux-mêmes ? On a le temps disent les spécialistes, les machines auront encore longtemps besoin des hommes. Il faut toujours se rappeler que le Turc mécanique auquel se réfère Amazon, c’est un faux automate du 18ème siècle à l’intérieur duquel était caché un homme. Aujourd’hui, c’est une mère de famille américaine ou un Indien qui sont cachés dans la machine. Demain, ça pourrait être beaucoup plus de monde. Flexibilité garantie et en hausse constante. Le cyberprolétariat est en marche. Mechanical Turk fait des merveilles...______________________________
lundi 29 avril 2024
Evolution ou involution?
La question se pose
Biologiquement et phylogénétiquement, cela ne fait pas débat
Culturellement et éthiquement, c'est plus discuté. Faut voir... Rien n'est écrit.
___ Beaucoup plus... ________________________________Gaza: enfin la fin?
Mais quelle fin? pour quel avenir?
Sortir de l'impasse mortifère, voilà l'urgence. Il y a sur ce point une quasi unanimité. Un avenir qu'on ne peut raisonnablement pas encore imaginer. Une pâle lueur, dit-on. il est temps en tout cas de sortir de l’impasse. En attendant (peut-être) un début d'issue... Voire plus?...Mais...
La situation de famine se poursuit. Et plus... Le ciblage continue. Comme la brutalité, parfois aveugle. La "moralité" a vécu. La valse hésitation persiste dans les chancelleries. Serait-ce le temps d'une certaine désertion? Des généraux rendent leurs galons. En attendant les comptes à venir. Bibi joue sa survie en prolongeant une terrible et aveugle logique. Rien ne va plus à Tel Aviv. Et les divergences s'affirment. On comprend que beaucoup ne peuvent envisager les jours d'après. La presse israëlienne ne se tait plus parfois, sauf celle du Likoud et des jusqu'auboutistes, qui en rajoutent dans la négation. Que dire de plus à l'heure où nous parlons?...
dimanche 28 avril 2024
Parole tenue
Billet dominical
__ Panique
__ Surcapacité
__ Relocaliser
__ Casse-tête__ Oeillets fanés?
__ Choc des savoirs
__ Démographie en berne
__ Langage et inégalités
__ Il était une fois la révolution...
__ Quand le rail british déraille...Au pays de l'invention du chemin de fer, everything is going wrong. Back to the Past.
_______ Revue de presse ______
samedi 27 avril 2024
Et si on parlait français?
Français en souffrance (bis repetita... et plus)
Le Président Macron a déclaré être pour la promotion de la langue française. Bravo!
Il est temps. Notre langue est malade d'apprentissages devenus déficients, de laxisme galopant, de mimétismes ridicules par rapport au globish dominant, chez le coiffeur du coin comme dans l'entreprise. Sans justification économique.
C'est la pensée qui est affectée par certaines pratiques laxistes, par exemple dans la confusion trop courante entre l'usage du futur et du conditionnel, dans l'abandon progressif du passé simple, ce qui n'est pas conséquence dans la compréhension et le raisonnement.
La défense du français est une question de bon sens avant d'être un réflexe de défense culturelle, car la pensée et son expression sont intimement liées. On pense comme on parle.
Mais la réalité semble bien démentir les propos du Président:
...Notre Président nous donne plus l'impression d'être un VRP de l'anglais que d'être un promoteur de la langue française et du plurilinguisme.Bien sûr, il ne s'agit pas pour nous d'être négatifs pour le plaisir de nous torturer l'esprit,mais que penser, tout de même, du "Made for Sharing" du Comité de candidature de Paris-2024 que M. Macron a soutenu, alors que des associations de défense de la langue française l'avaient condamné, ainsi que l'Académie française ? ; que penser aussi du fait que M. Macron ait laissé la délégation française de candidature de Paris-2024 s'exprimer majoritairement en anglais à Lausanne et à Lima devant les membres du CIO, alors que le français a le statut officiel de première langue de l'Olympisme (art.24 de la Charte olympique) et que chaque membre du CIO disposait, qui plus est, de la traduction simultanée ? ; que penser du "Make our planet great again" que M. Macron a lancé aux yeux du monde entier ? Est-ce ainsi que l'on fait la publicité du français ?
On sait que résister à l'angliche envahissant n'est pas chose facile. La vigilance devrait être constante, comme chez nos amis québécois.
Que le basic englisch domine dans le domaine des affaires est une donnée historique, peut-être provisoire. Mais l'anglomanie généralisé est d'un ridicule achevé, même dans les couloirs de certains ministères français ou dans les notes internes de service bancaires.
Dans le contexte d'une francophonie qu'on proclame bien haut, cela n'est pas la meilleure voie à suivre:
"Les exemples de désertion du combat pour la défense de la langue française sont si nombreux et si quotidiens qu’ils pourraient donner lieu à l’écriture d’une nouvelle version de L’étrange défaite de Marc Bloch. Nous ne sommes pas dans des causes conjoncturelles (comme certains voudraient nous le faire croire) mais dans des raisons structurelles face au tsunami ininterrompu de la langue anglaise. Il n’y a pas plus d’écoles de commerce dans notre pays. Elles ont cédé la place aux « Business Schools ». La compagnie publique Air France ne trouve pas mieux de trouver comme slogan que « Air France. France is in the Air », pensant conquérir des parts de marchés avec ce genre de publicités à deux balles. Le monde des affaires et du commerce est gangréné par le globish alors que les mots français existent et sont parfois plus élégants à entendre et à comprendre. La diplomatie française a capitulé depuis belles lurettes, ayant désormais honte de parler français dans les réunions internationales, laissant le soin de le faire à leurs collègues africains déboussolés par cette défaite en rase campagne. À l’Union européenne, le Français est en train de se transformer en langue vernaculaire. Pourquoi ne pas profiter du « Brexit » pour réclamer que les deux langues officielles de l’Union soient le Français et l’Allemand ? Pourquoi ne pas refuser les candidatures au poste de commissaire européen de tous ceux qui n’auraient pas un niveau suffisant de Français et s’engageraient à l’utiliser ? Que fait Michel Barnier, le piètre négociateur européen lorsqu’il se rend à Londres pour prolonger ses discussions sur le « Brexit » ? Il ahane ses fiches d’entretien (« speaking notes ») préparées par ses collaborateurs dans un mauvais anglais. A-t-il honte de parler sa langue maternelle ? Honteux pour pareil triste sire qui se revendique de l’héritage gaulliste !"
L' idée pour le français de E.Macron souffre de quelques défaillances.
Elle devrait être défendue tous azimuts dans tous les domaines "...dans les organisations internationales, notamment à Bruxelles et à Genève et appliquer sérieusement le vademecum adopté il y a 10 ans – Cela signifie promouvoir partout où on le peut et avec persévérance le plurilinguisme, en évitant d’être dans un rapport de forces bilatéral face à l’anglais- ce qui appelle des stratégies d’alliance contre les tenants du tout-anglais avec la Chine, le Brésil, l’Espagne, les Latino-américains, les Russes, etc...Remettre aussi de l’ordre chez nous dans les priorités de l’Education nationale, en prenant conscience que, pour que l’on parle davantage le français, nous devons connaître et pratiquer la langue des autres , et pas seulement l’anglais. Quelle erreur de songer à supprimer les classes bilingues alors qu’il faut au contraire les multiplier ! Enfin, et ce n’est pas le moins important, devrait être poursuivie une politique dynamique valorisant le métier de traducteur et d’interprète et visant à en favoriser
On a oublié que l'anglais et le français sont historiquement et linguistiquement plus proches qu'on ne le croit, que l'anglais est une langue française, qu'il fut un temps où la langue française envahissait l'anglais. On en retrouve bien des traces.
On pourrait dire que l'anglais (ou plutôt certains de ses usages), moqués par beaucoup d'anglo-saxons, a tué le sein qui l'a nourrit. (*)
Notre langue sous influence demande un retour à une pratique légitimement fière et décomplexée, sans cocoricos absurdes.
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(*) - Un article du New-York Times soulignait "ce phénomène d’anglomanie qui semble se généraliser dans toute la France et dont les illustrations ne laissent pas d’étonner. La langue de tous les jours en est affectée ; dans les commerces, les médias, les publicités, en politique, on emprunte directement à l’anglais pour faire moderne, tendance, à la page, pour se distinguer de la « plèbe » restée franchouillarde, pour marquer son appartenance à un monde unifié, globalisé, interconnecté, électrostatique, sans frontières. Les emprunts à l’anglais sont de plus en plus délibérés, choisis à la manière d’une signature, d’un logo, d’une image de marketique qu’on lance à la volée pour épater le Gaulois ; plus l’emprunt est fracassant, grossier, tonitruant, meilleure est la réclame. Ainsi à la télévision française organise-t-on des « Talk », comme si la langue française était sans ressource pour nommer une émission de variété. Même le monde de la littérature se place sous le patronage de l’anglo-américain. Ainsi, s’inspirant du Courrier International, pourtant fondé comme une entreprise d’ouverture à la diversité linguistique, un magazine de recensions de livres a pris le nom de Books , façon désinvolte d’annexer une publication française au modèle anglo-saxon de revue littéraire (comme le New York Review of Books). Sur la scène parisienne, se faire jouer les trésors de la littérature française en anglais semble être du plus grand chic : ainsi le renommé théâtre du Châtelet a-t-il mis à l’affiche du 28 mai au 4 juillet 2010 une production anglaise de la comédie musicale Les Misérables d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg originalement conçue en français d’après le célèbre roman de Victor Hugo. (Quand verra-t-on sur les scènes londoniennes une comédie musicale Hamlet ou King Lear en français ?)
Dans les grandes entreprises françaises, l’anglais a supplanté le français dans les rouages névralgiques ; mêmes les entreprises à vocation strictement nationale voient arriver à leur tête des armées de jeunes managers formés à l’anglo-saxonne, pressés d’appliquer les recettes apprises en anglais à la lecture de manuels américains. Les universitaires français se convertissent aussi frénétiquement à l’anglais. Le prestige des publications dans les grandes revues et maisons d’éditions françaises a faibli ; les embauches dans les universités, les promotions, les honneurs se jouent de plus en plus sur la capacité à publier en anglais dans les forums mondialement cotés, à s’insérer dans les réseaux de recherche « européens » où tout se décline en anglais. Les grandes écoles et les universités françaises, au nom d’une autonomie fraîchement accrue, multiplient les programmes et les formations bilingues ou donnés strictement en anglais, dans l’espoir de toucher une part du marché lucratif des étudiants étrangers qui rêvent de vivre « a french experience » sans dépaysement linguistique. Il n’est pas rare que des professeurs français se vantent de donner leur cours en anglais, sans protestation des bacheliers français, au grand dam des étudiants…. étrangers que la France séduit encore par la langue et la culturex. Même le vocabulaire de la politique française se ressent de cette anglomanie. Le secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a proposé en avril 2010 de renouveler les politiques sociales françaises en s’inspirant du « care » britannique v. La diplomatie française s’est mise aussi à l’english, en publiant, sous l’impulsion de Bernard Kouchner, ses cahiers (Mondes) en version bilingue. On applaudit même en France à « l’impérialisme cool de l’anglais », ainsi que l’a fait le thuriféraire de la culture américaine Frédéric Martel, dans un texte publié dans Le Point du 28 juillet 2010, « Français, pour exister, parlez English », où il clame sans ambages sa conviction que le français est incapable d’être autre chose qu’une langue de Gaulois rétifs à la modernité, sans dimension internationale ni même européenne.
Si le français fut l’une des langues fondatrices de la construction européenne, il se recroqueville aujourd’hui dans l’arrière-cour de l’Union européenne, détrôné par un « euroglish » triomphant. ..."
__Même Alain Touraine se croit obligé d’utiliser l’anglais pour faire une communication à Montréal , dans le cadre d’une réunion... sur la francophonie !
Nos politiques pourraient montrer l'exemple, ainsi que Bruxelles, qui en rajoute....
Stop à l'anglomania!
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______________________La fuite en avant vers le tout-anglais correspond à des rapports de forces politiques clairement explicités:
A l'heure ou le libre-échange euro-américain veut se mettre en place, il faut se remettre en mémoire quelques affirmations non dépourvues d'ambiguïtés:
-"L'Anglais est la langue du vainqueur", disait le général Jean Béca
-« L’anglais est l’avenir de la francophonie », osait B.Kouchner
-Dans son rapport de 1987/88, le directeur du British Council écrit « Le véritable or noir de la Grande-Bretagne n’est pas le pétrole de la Mer du Nord mais la langue anglaise . Le défi que nous affrontons est de l’exploiter à fond. »
-« Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le Monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais et que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de communication, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines et que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les américains se reconnaissent...Les Américains ne doivent pas nier le fait que, de toutes les nations dans l’histoire du monde, c’est la leur qui est la plus juste, la plus tolérante, la plus désireuse de se remettre en question et de s’améliorer en permanence, et le meilleur modèle pour l’avenir ...affirmait David Rothkopf dans Praise of Cultural Imperialism, 1997)
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- Français, pour exister, parlez English !
« La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps.
vendredi 26 avril 2024
On resserre les boulons
Choc d'autorité?
La confiance à l'école, pas la bienveillance dévoyée.
Ni père fouettard...
Tristes prisons
Un record français.
Nous avons le triste privilège, en ce qui concerne la politique carcérale: nous détenons un record, pas seulement en nombre, mais aussi en qualité. Malgré, en ce domaine; quelques expériences menées ici où là. Et ce depuis longtemps. Le surpeuplement et la promiscuité sont connus et souvent dénoncés depuis des décennies. On parle de retard français . il faudrait parler de honte française. Un système indigne. L'ignorance est grande sur ce sujet. L'idéal de réinsertion reste encore marginal. Surveiller et punir, comme disait Foucault, reste encore le maître mot de nos prisons nationales.
"...Cinq ans après deux rapports déjà accablants, le Conseil de l’Europe vient de classer les prisons françaises parmi les pires de l’Union. A l’initiative du Nouvel Observateur, plus de 200 personnalités ont voulu réagir: NOUS, citoyens français et européens, responsables politiques, professionnels de la justice, personnalités du monde du spectacle ou de la société civile, surveillants, anciens détenus, victimes d’erreur judiciaire, parents de victimes ou familiers de personnes écrouées, nous disons la honte que nous inspirent les prisons de notre pays. Sans jamais oublier le respect dû aux victimes et à leurs proches, nous voulons rappeler haut et fort que, dans la peine d’emprisonnement, la privation de liberté est la seule punition prévue par la loi. L’humiliation, l’abaissement de la personne, l’abandon des détenus à la violence et à la loi du plus fort, bref, la négation de l’homme dans le prisonnier, qui ont cours dans le monde carcéral, sont des châtiments arbitraires et inhumains. Ils sont de plus inefficaces : la destruction psychologique de tant de détenus contredit aussi le légitime souci de la sécurité publique. Quand elles sont lieux d’injustice, les prisons sont l’école du crime. La protection des citoyens, premier devoir de l’Etat, suppose des prisons qui amendent le condamné et non, comme trop souvent, des cloaques surpeuplés sans règle ni merci qui provoquent la récidive. Souvent des justes ont crié leur indignation et alerté l’opinion. Parfois les responsables ont répondu par des diagnostics lucides et des promesses précises. Les bonnes intentions se sont rarement concrétisées. Alors que des mesures peuvent et doivent être prises immédiatement. Nous, citoyens d’un pays qui se veut exemplaire dans le combat pour les droits de l’homme, réclamons la mise en œuvre immédiate d’une politique de modernisation – favorisant les peines alternatives et le suivi – et d’humanisation de la prison mettant en accord les actes de la France avec ses principes..." _____________________
jeudi 25 avril 2024
Varia
__ Dette
__ "Paresse"
__ Désarroi
__ Transition
__ Simplifier?
__ Ambigüité
__ Extradition ?
__ L'horreur
__ Durcissement
__ Ecrans toxiques
__Grand écart
__ Etranges expulsions
__Economie de guerre
__Droit de vote féminin
__ Prisons en question
__ Colonies de vacances
__ Histoire de rillettes _______________________________
mercredi 24 avril 2024
Femmes: droit de vote
Il y a 80 ans...Une longue patience et des combats constants pour arriver à cette étape décisive.
Depuis Olympe de Gouges, un bout de chemin a été fait. Le masculin ne l'emporte plus...
Mais le problème de fond est toujours d'actualité.
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Ecriture inclusive (suite)
Le débat n'est pas prêt de s'arrêter
Il est sans cesse relancé, sans être forcément contesté sur le fond, les modalités de son application posant plus de problème que l'esprit. Une question toujours épineuse.
Pas seulement en France. Les linguistes eux-mêmes sont parfois en désaccord.
Ménage dans le langage. Vers une langue d'un nouveau genre?Mein Gott! Si Thomas Mann revenait...
Les enfants de Molière s'abandonnent au globish. Ceux de Goethe, au denglich, souvent contesté de l'intérieur, mais envahissant.
La question du genre s'introduit aussi dans le vocabulaire, comme si changer les mots suffisait à changer les choses.
Cela fait polémique au royaume d'Angela, même si c'est pour l'instant géographiquement circonscrit.
Comme chez nous, le ridicule ne tue pas, heureusement.
Chez nous, nous avons assisté à un débat souvent faussé:
La polémique qui a continué à l'occasion du mariage pour tous (expression sans doute malheureuse) se révèle pleine de malentendus, de préjugés, d'arrière-pensées, de parti-pris, parfois d' absurdités, comme ici: "Dire que le sexe d'une personne a peu d'importance, en niant l'importance d'être un homme ou une femme, c'est très grave et nous sommes scandalisés que l'on puisse troubler des enfants à un âge tendre avec cette théorie", explique Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous... Bernard Debré, député UMP de Paris, allait même encore plus loin: "C'est une déviation, une folie, mais je crois même qu'il s'agit d'un crime. On n'a pas le droit d'aller contre la vérité et la théorie du genre est un mensonge". En décembre, quelque 70 députés UMP avaient déjà réclamé une "commission d'enquête" sur l'introduction et la diffusion de la théorie du "gender" en France. Il dénonce une théorie "contre nature car s'opposant à ce que nous donne la nature, en particulier les corps sexués et comme contradictoire avec l'équilibre social et politique", explique Réjane Sénac..."
__Une polémique orchestrée, qui n'est pas retombée, où l'ignorance le dispute à l'idéologie.
En fait, le débat de fond, mal engagé, n'a pas eu lieu, ou si peu...
__On évoque la théorie du genre. Ce qu'on appelle théorie du genre n'est pas une théorie au sens strict, encore moins une machine de guerre. C'est d'abord un domaine de recherche anthropologique, éclairée notamment par de multiples enquêtes ethnologiques et les découvertes de la psychanalyse.
"...Dans le sillage de la mobilisation contre le "mariage pour tous" adoptée par l'Assemblée le 23 avril, les critiques visant les études sur le genre se sont multipliées, leurs détracteurs stigmatisant une "théorie" consistant à "nier la réalité biologique". Les études de genre sont un pan des sciences humaines affirmant que l'identité sexuelle n'est pas déterminée uniquement par le sexe biologique, mais est également influencée par la société. L'adoption de la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe a ravivé une peur qui avait crispé les milieux conservateurs et catholiques en 2011 avec l'introduction, dans les manuels de sciences de la vie et de la terre (SVT) des classes de première, de l'idée selon laquelle l'orientation sexuelle est différente de l'identité sexuelle. En mars, l'Union nationale inter-universitaire (UNI), association étudiante de droite très active dans la contestation contre le "mariage pour tous", a ainsi fondé l'Observatoire de la théorie du genre, proposant d'"ouvrir les yeux sur la théorie du genre", une "idéologie [...] qui vise à remettre en cause les fondements de nos sociétés 'hétéro centrées', de substituer au concept marxiste de la lutte des classes, celui de la lutte des sexes"( sic!). Ce discours très radical, outre le fait qu'il illustre une mauvaise compréhension de ce que sont les études sur le genre, est représentatif des "éléments de langage" repris dans la sphère conservatrice et catholique..."
____Les idées reçues sur les études de genre sont nombreuses:
"Le concept de genre s'est développé comme une réflexion autour de la notion de sexe et du rapport homme/femme. Loin de nier la différence entre le sexe féminin et le sexe masculin, le genre est utilisé par les chercheurs comme un outil permettant de penser le sexe biologique (homme ou femme) indépendamment de l'identité sexuelle (masculin ou féminin). Il ne s'agit donc pas de dire que l'homme et la femme sont identiques, mais d'interroger la manière dont chacun et chacune peut construire son identité sexuelle, aussi bien à travers son éducation que son orientation sexuelle (hétérosexuelle, homosexuelle, etc.).
En dissociant intellectuellement le culturel et le biologique, le concept de genre interroge les clichés liés au sexe. Par exemple, l'idée selon laquelle les femmes sont plus naturellement enclines à s'atteler aux tâches domestiques que les hommes est de l'ordre de la construction sociale et historique, et non pas liée au fait que la femme dispose d'un vagin et d'ovaires.
_____La "théorie du genre" est devenue un cache-sexe de la réaction
Avant de faire des déclarations publiques sur un sujet qu'il ne connaît à l'évidence pas, Vincent Peillon aurait pu lire, sous les plumes de Laure Bereni ou Bruno Perreau par exemple, que le monde académique ne parle jamais de “ théorie du genre ”, mais bien d'études sur le genre ou d'études de genre, l'usage du pluriel et du terme “ étude ” attestant de la diversité des recherches et des positionnements.
Le genre n'est en effet pas une théorie unique, monolithique, sortie de la cuisse de quelques féministes dogmatiques, c'est un concept travaillé par tout un champ d'études en France mais également dans le monde entier. Les propos du ministre relèguent ces études au domaine de la croyance – on serait pour ou contre le genre, on trouverait ça bien ou mal –, attestant d'un mépris et d'une réelle condescendance de la part d'un représentant d'Etat à l'égard d'universitaires, chercheurs et chercheuses, mais aussi membres du monde associatif, fonctionnaires ou encore militant-e-s qui ne croient pas au genre, mais travaillent dessus, l'analysent pour comprendre le monde social et améliorer les politiques publiques....
L'incompréhension du genre participe à créer une nouvelle figure idéologique repoussoir fondée sur une homophobie latente, parfois manifeste, et l'insupportable menace de l'égalité entre hommes et femmes. Sous la peur de l'indifférenciation entre hommes et femmes, entre hétérosexuel-le-s et homosexuel-le-s, réside en effet le maintien des inégalités. Parce que comme l'explique notamment Christine Delphy, l'opération de classement entre hommes et femmes n'a de sens que parce qu'elle permet de les hiérarchiser, d'accorder des privilèges aux hommes, de créer et maintenir les rapports de domination .
Si les études de genre sont en effet plurielles et diverses, il ne s'agit pas nécessairement d'invalider toute distinction biologique, mais bien de montrer quel sens elle prend, quel rôle elle joue, comment elle opère et quels en sont les effets dans des contextes spécifiques. Combattre les études de genre permet de rendre invisible, de mettre sous silence la manière dont se construisent les inégalités pour les pérenniser. Et l'attitude du ministre alimente le discours de droite et d'extrême droite qui joue un jeu idéologique dont les règles semblent pourtant claires : répandre des croyances pour discréditer les travaux, universitaires, militants, etc., et de cette manière, maintenir le statu quo, voire renforcer les inégalités entre femmes et hommes, entre hétérosexuel-le-s et lesbiennes, gays, bi-e-s et trans.
Si le ministre n'avalisait pas des propos réactionnaires, dans le cadre de l'éducation nationale, le concept de genre pourrait se révéler utile pour analyser la manière dont l'institution scolaire est un espace de socialisation qui participe notamment à reproduire des différences de jugement et d'attentes envers les filles et les garçons. S'il n'utilisait pas la fausse notion de “ théorie du genre ”, et qu'il appliquait le concept de genre aux politiques éducatives, il se rendrait compte que c'est un levier vers la lutte contre le sexisme et l'homophobie à l'école.
C'est bien parce que le genre est une question politique qu'il est sous le feu de la critique, objet des fantasmes de la droite et de l'extrême droite. Et les membres du gouvernement devraient peut-être le prendre comme tel, avec sérieux et rigueur intellectuelle, pour éviter de reprendre à leur compte des formules inadaptées et infondées construites par la droite, mais également en permettant aux études de genre de jouir du statut qui leur est dû, celui d'un champ d'études.."
___La famille, quelle que soit l'époque ou la civilisation , est toujours le produit de la nature ET de la culture, comme Lévi-Strauss, entre autres, l'a brillamment démontré.
Les droits des femmes, loin d'être universels et appliqués, sont toujours d'actualité et le féminisme de casting n'en est qu'une caricature.
Bref, la « théorie du genre » n’existe pas, malgré des assauts répétés
___Quel avenir a l'écriture inclusive Outre-Rhin? Que faire du neutre dans certains cas, comme pour DAS Mädchen? Hum, embarrassant...
La grammaire n'y est pour rien. .Le réel est plus difficile à changer que les codes.
Et Dieu dans tout ça? Qu'en pense-t-il (-elle?)?....On lui a demandé son avis?...
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