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samedi 12 février 2022

Victor à Lille

  Au coeur des ténèbres...

      Quand V. Hugo s'en fut à Lille, en Mars 1851, alerté par les conditions sociales qui régnaient dans la cité industrielle en plein développement, il n'hésita pas à mouiller sa chemise, à prendre des notes et à faire un rapport circonstancié et accablant à l'Assemblée, élargissant son analyse à d'autres cités ouvrières de l'époque. A lire ici.                                                                                            "...Messieurs, quand nous sommes allés à Lille,... voici ce que nous avons trouvé. Figurez-vous que ces caves dont rien de ce que je vous ai dit ne peut vous donner l'idée. Ces masures habitées de haut en bas, jusque sous terre, les eaux croupissantes filtrant à travers les pavés, les greniers aussi hideux que les caves, des galetas où il entre assez de froid pour grelotter et pas assez d'air pour respirer.      


            L'habitat à Lille a été décrit par d'autres rapports postérieurs, entrant dans les détails des conditions de l'habitat ouvrier, parfois les plus sordides... Les conditions d'hygiène étaient indescriptibles dans certains quartiers, la pauvreté, le manque de nourriture, les maladies comme le choléra, y sévissaient régulièrement. Une zône de marécage,  encore peu aménagée, qui entretenait l'insalubrité dans de nombreux quartiers.   Victor Hugo précise : « Les caves de Lille n'ont en général aucune communication avec les maisons qui sont bâties dessus, on y descend par des escaliers de 7 ou 8 marches, ces caves ne reçoivent d'air ou de jour que par la porte ou la trappe qui ferme l'escalier. » Il met l'accent également sur l'âpreté des conditions de vie et de travail : « Au milieu de tout cela, le travail sans relâche, le travail acharné, pas assez d'heures de sommeil, le travail de l'homme, le travail de la femme, le travail de la vieillesse, le travail de l'enfance, le travail de l'infirme, et souvent pas de pain, et souvent pas de feu... »                                                                                                       ".... Entre 1850 et 1914, le fait le plus important de l’histoire de Lille est la montée irrésistible de la puissance industrielle. L’activité textile continue sur sa lancée et s’épanouit. Mécanisée de bonne heure – avec l’emploi des métiers self-acting ou renvideurs, ainsi que de la vapeur – la filature de coton s’impose au cœur même de Lille et dans ses nouveaux quartiers. Vers 1850, la ville compte 34 filatures utilisant près de 400 000 broches à filer et à retordre ; dès 1854 ces chiffres montent à 43 et plus de 600 000 ; en fin de siècle, à 20 et plus d’un million, résultant du mouvement de concentration industrielle. Quelques puissantes unités de production brillent d’un vif éclat (J.-B. Wallaert, famille Thiriez, Le Blan et fils, etc)....

                     ....L’industrie métallique, métallurgique de transformation et mécanique devient rapidement le second fleuron de l’économie lilloise. De très puissants établissements se sont implantés dans la ville même et en premier lieu, la Compagnie de Fives-Lille, fondée en 1861. D’autres établissements importants entourent cette usine phare de construction de ponts et de locomotives : la société de construction métallique A. Blondel et Cie ou la filterie J. Crespel. Ce sont aussi les établissements Dujardin ou la maison Walker…  La puissance de l’industrie chimique lilloise apparaît dans les établissements Kuhlmann (trois usines à Wattrelos, La Madeleine et Loos).    Enfin, le commerce est un foyer très actif de consommation : industries alimentaires (brasseries, minoteries, biscuiteries, confitureries.)       Lille est une terre de contrastes entre la toute-puissance des classes dirigeantes et la misère des classes populaires. De 1891 à 1893, on compte 9 % de classe dirigeante avec 90,5 % de la richesse et 64 % de classes populaires avec 0,2 % de richesse détenue. Ces inégalités ne manquent pas de créer des pics de tension. 65% sont des ouvriers de la grande industrie, qui représentent le véritable prolétariat lillois. Mais dans les documents figurent aussi de nombreux "sans profession" dont le sort est beaucoup plus aléatoire que celui des ouvriers proprement dits. Ces îlots de pauvreté ont pour noms : Wazemmes et Moulins-Lille, Saint-Sauveur et Fives (avec débordement sur Saint-Maurice hors les murs). À cela s’ajoute l’espace de la rue de Thionville dans le Vieux-Lille...."_
       Un certain Karl Marx passera peu après de la description, de la condamnation, à l'analyse ____________________
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