Celui qui restera dans les mémoires
Je m'en souviens comme si c'était hier. D'abord ce fut la sidération face à un événement aussi littéralement incroyable, puis les interrogations. Quelles failles dans le système pourtant réputé des services de renseignements US? Un impact majeur au niveau local et mondial. L'effroi qui paralyse la raison, puis un début de questionnement qui se pose nécessairement. Avec le recul, on peut en tirer quelques leçons géopolitiques. Dans le contexte des violences politiques de l'époque, conditionnant des guerres sans fins.. Washington avait entrainé et armé au nord du Pakistan une armée de djiadistes afghans destinée à en finir avec l'occupation soviétique à Kaboul. Mais la créature se retourna contre son créateur.
Avec les violences politiques et militaires qui suivirent, au Moyen-Orient et en interne (Patiot Act, Guantanamo) . L'axe du mal fut un thème de croisade, à résonnance religieuse. Le drame vécu par le peuple américain ne peut faire oublier les relations entretenues longuement avec l'instigateur du forfait terriblement meurtrier à New York. Ni non plus l'instrumentalisation par les néoconservateurs de la Maison Blanche, de la guerre en Irak qui a suivi, finalement avouée par Collin POwel lui-même, de la très longue et meurtrière guerre en Afghanistan, qui se révéla être un cruel fiasco... Des interrogations, plus ou moins fondées, subsistent encore à Washington.Ce qui frappe aujourd’hui, quand on se rend aux États-Unis, c’est évidemment la place de cette identité militaire. Les Américains le vivent comme si c’était naturel et universel, alors que c’est un phénomène extrêmement américain. Par exemple, la place des vétérans. La phrase qu’on entend le plus aux États-Unis c’est : « thank you for your service ». Dès qu’il y a un ancien combattant, il reçoit des remerciements — que ce soit pour monter dans un avion, parce qu’on fait monter d’abord les anciens combattants, ou pour bénéficier d’une réduction pour aller au cinéma ou au football américain, il y a cette phrase rituelle. ...La place du drapeau et de l’hymne national aussi : j’ai été très surpris d’apprendre, d’après l’un des intervenants du documentaire, que cela datait de la Seconde Guerre mondiale, que ce n’était pas le cas auparavant, et qu’il n’y avait pas cette fibre patriotique qui faisait qu’on chantait l’hymne national avant les matchs de sport. Or aujourd’hui, on a l’impression que c’est un rituel qui existe depuis toujours, totalement ancré. Les gens chantent la main sur le cœur, ils pleurent. C’est un moment de sublimation collective fort..." ( Pierre Haski) ________________________
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