Le MILLION de visites est atteint. Merci de vos visites et de votre indulgence. En route pour la suite...si Dieu me prête vie!

mercredi 16 juillet 2014

De Cro-Magnon au cyborg

Ou du silex au silicium
                               Vers l'homo numeris?
    Les hommes se font en créant leurs outils. Ils se modifient en façonnant leur milieu et les moyens élaborés pour en exploiter les ressources et le transformer.
      C'est ce qu'a bien montré Leroi-Gourhan à travers ses études sur le développement de l'outil dans la préhistoire.
      Le processus se poursuit aujourd'hui en accéléré.
      Grâce aux développements de l'informatique et de la cybernétique, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle de la robotique (la robolution, pour le meilleur ou pour le pire...), qui se développe à grande vitesse, non seulement dans différents domaines industriels, mais aussi domestiques. Avec tous les problèmes que posent ses retombées au niveau social et économique.
     Mais c'est aussi au coeur de l'humain que ces nouvelles technologies commencent à connaître et vont connaître leur plus spectaculaires développements, par une sorte d'hybridation progressive, soit de manière externe comme des aides fonctionnelles extérieures (médicales ou non), soit, plus subtilement et plus problématiquement, comme des éléments internes augmentant le pouvoir de telle fonction ou remplaçant une fonction défaillante, pas seulement dans une perspective médicale.
      C'est cette nouvelle relation de la fonction (cardiaque, par exemple) et de l'appareil (pacemaker), voire du  neurone et de la puce... qui pose le plus de problèmes. Les prothèses bioniques , le développement de l'IA font des avancées étonnantes, sans qu'on puisse pour l'instant assigner de limites a priori à cette course en avant, peu connue du grand public.
    Là, les fantasmes abondent, de Edgar Poe à Asimov, les hommes ont aimé projeter des conceptions d'hommes modifiés ou créés de toutes pièces, représentant un saut qualitatif si inédit, une telle transformation, que ce processus se faisait sous le sceau de la malédiction, d'une aventure qui tourne mal...Le littérature et la filmographie ont exploité ce thème.
       De nombreux mythes alimentent encore aujourd'hui la notion si discutée de l'homme augmenté
Certes, le Le futur déjà à nos portes, mais il importe de sortir du domaine des fantasmes ambigüs pour envisager sans appréhension celui de l'envisageable rationnellement, sur la base de ce qui est connu et réalisable aujourd'hui.
                       Or les cyborgs sont déjà parmi nous, sous des formes diverses, parfois inattendues, parfois discutables, souvent spectaculaires, selon un mode de développement qui n'est pas ou peu réfléchi, suscitant parfois des résistances et des craintes sans doute salutaires, propices à la réflexion sur les limites de notre maîtrise technologique.  Crainte parfois de voire s'installer une irréversibilité dans certaines applications problématiques, où semblent s'effacer les frontières de l'humain.
                "...Nous vivons à une époque où l’évolution technologique semble s’accélérer à tel point que certains techno-prophètes y voit la possibilité d’apparition d’une singularité (KURZWEIL, 2005). Celle-ci, à l’instar d’un trou noir, limiterait notre horizon prédictif à seulement quelques années. Dès lors, il s’ensuivrait des changements radicaux de notre environnement et une évolution sans précédent de l’espèce humaine. L’homme deviendrait alors un cyborg, une sorte de créature hybride mi-homme mi-machine. Il pourrait même télécharger son esprit dans un ordinateur, se débarrassant ainsi finalement de toute contrainte organique.
       Il est vrai que le développement convergent des nanotechnologies, des biotechnologies et des cybertechnologies laisse augurer des avancées importantes dans les années futures (HEUDIN, 2008). S’il est encore difficile d’estimer les retombées potentielles d’une telle convergence, nul besoin de faire appel à une hypothétique singularité technologique, petite fille de la Loi de Moore qui n’en demandait pas tant. L’histoire des sciences et des technologies est coutumière des annonces prophétiques, qu’elles prédisent un avenir radieux ou bien au contraire l’apocalypse. Ces annonces sont intéressantes en tant qu’expériences de pensée ou pour écrire des scenarii de films à grand spectacle, mais elles ne font généralement pas de bons programmes de recherche..." (JC Heudin)

       __________Quand nous serons tous des cyborgs...il sera trop tard, jugent certains, voyant les dangers d'un transhumanisme sans contrôle, dont le foyer de développement est pour l'instant surtout californien ( voir le site internet de la Singularity University, fondée par l’informaticien Ray Kurzweil en Californie. Un établissement privé, financé par Google et la Nasa, qui ne délivre pas de diplômes officiels mais passe la bonne parole transhumaniste à des chefs d’entreprise, chercheurs et autres têtes. Kurzweil est par ailleurs membre du conseil d’administration du MIT [Massachusetts Institute of Technology, l’un des plus célèbres centres de recherches du monde, ndlr] et membre de l’Army Science Advisory Board, chargé de conseiller l’armée américaine dans les domaines scientifiques et techniques.).                 Une affaire de gros sous à la clé...
                  L'homme augmenté n'est pas qu'un rêve innocent...
    Le biologiste J.Testard fait une mise au point utile sur la faiblesse, l'irrationnelle et la potentielle dangerosité de ces fantasmes si séduisants et puissants.
     Le déraisonnable et l'inhumain nous guettent, prévient A.Kahn.
    Les risques sont multiples, les nanotechnologies présentant notamment encore de nombreuses inconnues.
         Un homme augmenté? Mais de quoi?...
                  Il est à craindre que ce qui pourrait être augmenté, c'est une part d'hubris inquiétante. 
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-Relayé par Agoravox
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mardi 15 juillet 2014

L'école et le numérique

 Demain, tous programmeurs!
                                                    A vos tableaux tablettes!
L'école doit être moderne, disent-ils...
       On entend ce discours depuis les années 80 , où l'on a commencé à ouvrir l' école sur la vie, c'est à dire à tous les vents. Où elle s'est convertie à l'entreprise, jusqu'à en mimer l'esprit, où la culture de papa devait être délaissée au profit des technologies modernes, où les lettres devaient céder le pas à l'utilitaire, faire la place à la sacro-sainte communication...
    Aujourd'hui s'ouvre l'ère du colonialisme numérique: la culture est au bout de la tablette. Foin des fondamentaux, des apprentissages de base! Place à la magie du numérique, qui sauvera le monde...et l'économie.
    La maîtrise du langage écrit n'est plus assurée, jusque dans les facs et les écoles d'ingénieurs, l'orthographe de base est devenue une vieille lune, la lecture est en chute libre.
        Et en voudrait prendre encore du temps sur le français qui a rétréci comme peau de chagrin, l'histoire, etc... pour enseigner le code informatique à l'école! 
     C'est un académicien qui le dit!     "  L'écolier français fera-t-il bientôt des lignes de code à côté de ses lignes d'écriture ? Dans un monde où l'ordinateur prolonge nos cerveaux, la capacité à programmer et plus largement à maîtriser ce qui se passe derrière l'écran est en train de créer une nouvelle élite. A eux les emplois de demain, certes, mais aussi l'usage plus intelligent des appareils courants. « L'informatique façonne le monde moderne. Il faut casser la frontière entre ceux qui sont capables de créer, et ceux qui resteront des consommateurs d'écrans », résume l'académicien et professeur au Collège de France, Gérard Berry...
Mais  "Est-ce à l'école d'enseigner ces langages que l'ordinateur sait interpréter ? « Oui », répondent 87 % des parents interrogés par BVA pour Syntec Numérique dans une consultation rendue publique mercredi 21 mai. Le 14, un rapport d'information sur le « développement de l'économie numérique », signé par les députées Corinne Erhel (PS) et Laure de La Raudière (UMP), insistait déjà sur la nécessité d'« éveiller les élèves dès l'école primaire » et de créer « un enseignement dans le secondaire ».   A cette convergence de plus en plus large s'opposent les tenants de l'idée que l'école ferait bien d'enseigner à lire et compter à tous ses élèves avant de se fixer d'autres missions… Fût-ce l'apprentissage de ce qui va devenir, selon certains, la langue universelle de demain..."
         Donc, dès septembre, dès le primaire (pourquoi pas la maternelle?), avec des formateurs non formés, on fonce vers le nouvel eldorado de la connaissance, la nouvelle langue de Leibniz... en plus de l'anglais...et diverses matières dites d'ouverture...
     Le ministre a de l'ambition, il envisage aussi "un grand programme en faveur de la filière industrielle française du numérique éducatif". D'ici 2020, "70% des élèves du primaire et de collège et 100% des enseignants" seront équipés "en PC-tablettes dotés de ressources pédagogiques numériques"
   Avec la fin des notes sanctions, qui consacre l'effondrement de l'orthographe (normal, on ne fait plus que trois ou quatre dictées par an...), voici le début du numérique valorisant, qui abolira le traumatisme des mauvaises notes...

     Le colonialisme numérique est en route, nouvelle illusion scolaire.
Vive la logique binaire et la pédagogie de la tablette! 
 ____________ Ce coup de gueule lancé, qui ne relève pas d'un combat d'arrière-garde mené par un papi nostalgique du porte-plume, de l'encrier et du tableau noir, qui passe beaucoup (trop?) de temps devant son écran, l'école doit, bien sûr, dans une mesure raisonnée, intégrer les outils de son temps. Le numérique fait partie de notre horizon et il y a sur ce sujet bien des apprentissages à mener.
    Puisque son usage commence de plus en plus tôt et de manière totalement anarchique, que peu de parents jouent dans ce domaine leur rôle de modérateurs et de pédagogues, il reviendrait d'abord à l'école d'apprendre le discernement dans l'usage culturel de l'outil informatique.
   Apprendre à mener collectivement une recherche en privilégiant la réflexion critique à l'égard des sources où l'on se noie le plus souvent. Développer un sens aiguisé de l'exigence sélective pour mettre de l'ordre dans le désordre immense des données numériques, en évitant les habituelles dérives du copier-coller, hantise des prof de facs, etc...Il y a là-dessus beaucoup à faire, même si certains le font déjà.
      Mais peut-on mener ce difficile et exigeant programme sans bases culturelles solides, sans (osons le mot!) une instruction digne de ce nom? L'esprit ne peut s'enrichir que sur des fondements déjà assurés.
       Avant un plan informatique démesurément ambitieux, un plan pour sauver l'école de ses maux accumulés est la première des urgences....
  Mais la rue de Grenelle, annexe de Bercy, est-elle encore capable d'entendre ce langage-là?
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-Un point de vue par B.Stiegler 
-Le net et ses pièges.
-Comment arriver au web3 critique?. 
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-Relayé par Agoravox
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lundi 14 juillet 2014

Dieu est en RTT...

Ou aux abonnés absents...
                                          La situation au M.O. se complique, s'obscurcit dangereusement et ne cesse de rebondir tout en occultant un peu plus les enjeux, au point de créer une lassitude, même au sein des Israëliens critiques, essayant de ne pas céder à une peur instrumentalisée par l'extrême droite de leur pays.
    Les point de vue géopolitiques essayant de prendre de la hauteur et d'apporter des éléments d'informations pertinents et des rappels utiles pour résister à l'intoxication (la première victime d'une guerre, c'est la vérité), ne sont pas nombreux. Et pourtant l'histoire, ancienne et récente, est indispensable pour déméler l'écheveau, qui fait parfois désespérer de comprendre. Silence à Washington.
     Ce matin, la sénatrice centriste de l'Orne, qui ne peut être suspectée de complaisance à l'égard d'un quelconque extrémisme islamiste, présente un décryptage utile, même s'il doit être complété par d'autres. 
                                       "Gaza : une opération bien orchestrée… Une de plus… Si nous avons un peu la mémoire de l'histoire tragique de cette région du Proche-Orient, si prompte à s'enflammer, domaine de prédilection des occasions manquées, alors la guerre qui se déroule sous nos yeux prend un autre relief.
On se souvient d'Ariel Sharon sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem provoquant, à dessein, la deuxième intifada.
Plus récemment, nous avons pu assister à des offensives répétées de Netanyahu, une fois calino-thérapies, une fois menaçantes, pour tenter de s'opposer à la normalisation des relations avec l'Iran.
Les démarches pathétiques et sans succès de l’AIPAC (puissant lobby juif américain) allant bien entendu dans le même sens.
Rassurez-vous, loin de moi l'idée de remonter les péripéties de 66 ans de conflits…
Aujourd'hui nous sommes sans mots pour dénoncer l’assassinat odieux de 3 jeunes israéliens et la mort dans des conditions d’une barbarie inouïe de ce jeune palestinien brûlé vif.
L'escalade du conflit à Gaza et la disproportion coutumière des moyens employés doivent être à mon avis replacés dans un contexte plus général et un calendrier très à jour.
Dans quelques jours devrait être ratifié, à Vienne, l'accord sur le nucléaire iranien qui devrait voir le retour progressif de l’Iran dans le concert des nations.
Cette guerre n'arrive pas par hasard, pas plus que l'offensive massive concomitante du Sénat américain contre toute normalisation avec l'Iran.
A un moment ou à un autre les forces israéliennes trouveront dans Gaza en ruine ou dans le sud du pays une roquette d'origine iranienne…
Qui pourra dire qu'il s'agit d'une info ou d'une intox après le bel exemple des armes de destructions massives imaginaires en Irak…
Ce trophée permettra d’impliquer l’Iran et de lui faire porter la responsabilité des troubles dans la région, confondant au passage les effets et les causes…
Personne ne pourra me faire croire que dans cet Orient compliqué où chacun joue un poker menteur expérimenté, cette guerre à Gaza n’est pas liée aux négociations avec l’Iran qui doivent s'achever le 20 juillet. Netanyahu joue une cartouche de plus.
Le sang ne semble avoir pour lui aucune valeur dans sa stratégie de haine pathologique envers l'Iran.
Il sait que le retour de l'Iran et la normalisation de ses relations avec les USA porteraient un coup fatal à sa politique hégémonique.
Sans l’ennemi désigné, j’allais écrire, sans l'ennemi idéal qu’était l’Iran d'Ahmadinejad, que fera Netanyahu sinon s'attacher à la résolution du conflit avec la Palestine.
A cela il n'est pas prêt.
Israël qui possède la bombe atomique sans avoir adhéré au TNP, qui viole depuis des années toutes les résolutions de l'ONU, qui mène dans les territoires occupés des opérations de punition collective totalement illégales et disproportionnées et une politique de violation des droits de l’homme dénoncée par des organisations israéliennes et internationales, Israël par sa politique irresponsable menace les USA.
Ce faisant Israël fait le jeu de l'Arabie Saoudite… Ennemie jurée de l'Iran. Qui l'eut crû ?
Israël doit vivre en sécurité dans des frontières sûres et reconnues. Oui c'est un postulat de départ intangible.
Les palestiniens doivent avoir leur État.
La France semble s'être rangée du côté d'Israël, une fois de plus, comme je l’écrivais en novembre 201.
Je ne suis pas certaine que nous soyons, ce faisant, du bon côté de l’histoire.
J'ai peur que nos enfants et nos petits-enfants assistent encore longtemps à cette guerre fratricide en terre Sainte où le Dieu des 3 religions monothéistes est sensé demeurer.
Je crois que Dieu est en RTT ou que, comme beaucoup d'entre nous, il a renoncé à tenter de juguler la folie des hommes."
(Merci à Mediapart)
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_____________  14 juillet 1914: cérémonie ordinaire, banale...
                                               ...quinze jours après Sarajevo,  quinze jours avant l'ultimatum austro-hongrois, avant la course au désastre...
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samedi 12 juillet 2014

Au fil du net

* Néandertal, cet inconnu
              « Il y a une décennie, on pensait que les Néandertaliens remontaient à 250 000 ans, dit Jean-Jacques Hublin, professeur à l’Institut Max Planck d’anthropologie évolutionniste de Leipzig (lire son analyse – en anglais – dans Science). De leur côté, les généticiens ont affirmé, en se basant sur l’horloge moléculaire, qu’ils ne pouvaient remonter à plus de 350 000 ans. Mais on trouve des caractères néandertaliens chez des fossiles de 400 000 ans ou plus, comme l’homme de Tautavel ou celui de Swanscombe, en Angleterre. C’est pourquoi j’ai défendu l’idée d’une origine plus ancienne des Néandertaliens.... »


Le changement (de lunettes) c'est maintenant
Ethique du travail en  Chine

*  Le pape François est gonflé.   «Ce la farà?»
         Pas comme l'autre...

* Un cerveau contesté 

* On est les meilleurs!...(enfin, presque)

* De l'importance de la lunettologie en politique
                Des lunettes qui ne sont même pas made in France - 

* Non au Traité transatlantique,  ce traité qui nous attend, catastrophe à venir       
                                                                       Résistance allemande


* La crise est derrière nous... ou devant, c'est selon...

 * Angela sous surveillance
          Il y a du refroidissement dans l'air, avec expulsion à la clé.
  Une bêtise à pleurer...
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-Photos de la semaine
-Revue de presse
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vendredi 11 juillet 2014

Israël : Fuite en avant

Point de non retour?
                             De nouveau, Gaza 2008?
                                                                      D'après Charles Enderlin, médecin et journaliste franco-israëlien, l'extrême droite israëlienne s'inspirant de  Liberman et des ultra-orthodoxes, ayant actuellement le plus d'ascendant sur Netanayou,  cherche à établir un point de non retour dans la processus de colonisation de la Cisjordanie, qui affecte déjà 60% du secteur.
      Les thèses de Jabotinsky fleurissent à nouveau au sein des groupes radicaux sionistes, religieux ou non. Là est la clé des nouvelles tensions actuelles, à la suite d'une succession de  violences, pas seulement symboliques, dont Livni elle-même s'inquiétait.
   Les négociations, c'est fini. C'était prévisible...
Personne de très sérieux n'y a jamais cru.. Elles ont avorté, comme c'était prévisible...Shimon Peres  a montré que Tel-Aviv s'ingéniait le plus souvent à torpiller un accord en vue, comme s'il avait besoin d'ennemi pour justifier sa politique intérieure et son soutien à la colonisation en Cisjordanie, qu'il promet sans cesse d'arrêter, mais qui ne cesse de s'étendre, surtout en période de négociations. C'est ainsi depuis Sharon. L'impunité est toujours la règle. 
         Je veux vous dire ceci très clairement, ne vous en faites pas à propos de la pression américaine sur Israël, nous, les Juifs, contrôlons les États-Unis, et les Américains le savent.”  disait cyniquement Ariel Sharon parlant à Shimon Peres, le 3 octobre 2001, rapporté à la radio Kol Yisrael.
     Au train où vont les choses, il n'y aura pas d'Etat palestinien, avouait Ziyad Clod, ancien négociateur à Annapolis. Quand vous ne négociez pas la paix, quand vous vous montrez sourds à toutes les injonctions de l' ONU, le résultat n'est pas étonnant: vous obtenez la haine.
      « Les négociations auraient dû commencer par une décision de geler la construction des colonies. Mais nous avons pensé que nous ne pouvions l’obtenir à cause de la composition du gouvernement israélien, donc nous avons laissé tomber. » Interrogé par le célèbre journaliste Nahum Barnea, du quotidien israélien Yediot Aharonot, dans le cadre d’une enquête sur l’échec des négociations israélo-palestiniennes, ce responsable américain resté anonyme poursuit : « Nous n’avions pas réalisé que [le premier ministre Benyamin] Netanyahou utilisait les appels d’offres de construction dans les colonies pour assurer la survie de son propre gouvernement. Nous n’avions pas non plus réalisé que la poursuite de ces constructions permettait à des ministres de saboter de manière très efficace le succès des négociations. (...) Ce n’est que maintenant, après l’échec des pourparlers, que nous avons appris que ces constructions [de quatorze mille logements] signifiaient l’expropriation de terres à grande échelle. »
       Les diplomates américains font mine de découvrir la politique du fait accompli menée par Tel-Aviv et les effets destructeurs de la colonisation, alors que Washington détient les clés, économiques notamment, pour résoudre le problème.
       La culture de la peur, depuis longtemps entretenue, dans ce pays en crise, très divisé malgré les apparences, sert les intérêts des ultra sionistes, qui ne veulent plus entendre parler d'un futur Etat palestinien. 
             Il y a en Israël une « individualisation » très forte lorsque des citoyens et des soldats sont enlevés ou tués. Les individus sont mis en exergue, les autorités mettent en avant leur biographie, on fait intervenir la famille, tout cela autour du thème : « Israël n’abandonne jamais un de ses citoyens et se mobilise pour sa sauvegarde ». Parallèlement, on met en avant l’idée que les Palestiniens, eux, n’ont pas ce même respect de la personne. C’est l’occasion de grandes célébrations nationales pour resserrer le lien au sein de la société, pour cultiver le thème de la menace permanente à laquelle devrait faire face l’État d’Israël, et donc de la nécessaire solidarité dont l’État doit bénéficier au sein de la communauté internationale.
     La paradoxe de la situation actuelle est que les autorités sont plutôt dépassées par l’ampleur du phénomène d’identification aux victimes et des appels à la vengeance. Il y a eu le meurtre du jeune Palestinien, la police a été déployée pour tenter de protéger les Palestiniens. Fait rarissime : Nétanyahou a pris la parole pour appeler les Israéliens à la retenue.
    Une situation créée de toutes pièces depuis des décennies, le meurtre de Rabin, cherchant une solution négociée, ayant constitué un tournant symbolique.. 
      Abbas est paralysé. Pour le Hamas, il n'y a pas d'autre option que la fuite en avant. Qu'on le regrette ou le condamne ou non.
  Le problème de l'impossible réconciliation entre le Fatah et le Hamas, dont les velléités de  réconciliation n'ont  été qu'un leurre , n'arrange rien pour l'instant. Mais cette division convient parfaitement  au gouvernement actuel israëlien, qui n'a eu de cesse de l'entretenir. La stratégie d'Israël est de repousser toute solution politique.
        C'est l'impasse d'un Etat devenu ethnocratique
                Une fuite en avant dangereuse?...Il faut peut-être (un peu) relativiser, géostratégiquement parlant. Mais la relative modération du gouvernement israëlien peut ne pas durer.
    Plutôt une nouvelle guerre pour rien, mais non sans victimes civiles, avec de possibles et graves dérapages, car se pose vite le problème: que faire après? 
     "...C’est une logique de rivalité où, du côté palestinien, les éléments les plus radicaux autour du Djihad islamique veulent à tout prix mettre fin au processus de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. Ils sont donc prêts à toutes les provocations pour pousser les Israéliens à surréagir, et ainsi contraindre le Hamas à rejoindre la lutte et entrer dans un schéma d’affrontement. C’est d’ailleurs tout le dilemme du premier ministre Netanyahou : il veut frapper, mais pas trop fort, si je puis dire. Car plus il en rajoute, plus il va remettre dans le jeu le Hamas et tous les groupes palestiniens, alors même que le Hamas est à son niveau historique le plus bas, en termes de soutien populaire et de proximité avec ses alliés à l’intérieur de la bande de Gaza ou à l’international. Or le fait que le Hamas soit au plus bas représente paradoxalement une chance historique pour Israël et son gouvernement de traiter avec le mouvement. C’est sans doute pour cela que le gouvernement israélien n’accepte pas par ailleurs le principe de la réconciliation entre le Hamas et le Fatah..."
    Sur le principe radical qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien, l'avenir s'annonce bien noir. Israël joue contre son camp et compromet son avenir. Beaucoup d'Israëliens, souvent découragés, le savent...La force n'est pas une solution. _Hollande ne fait que conforter  le récit isralien_
     Comme le dit S.Sand Nous avions le devoir de privilégier la diplomatie, de ne pas commettre ce massacre de civils.” 
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- Israël se trompe de guerre à Gaza
- Likoud-Hamas: la guerre des monstres
- Israël does not want Peace
- Israël et le Hamas: ennemis ou partenaires? (*)
- Gaza : une opération bien orchestrée qui en cache une autre ? (**)
- Pourquoi l’histoire se répète
- Le piège de Gaza
Netanyahou à nouveau dans le piège
- Les souffrances de Gaza: Noam Chomsky
- Il n'y a pas de solution militaire 
- Le jeu trouble de l’Egypte
- Les partis pris du traitement médiatique
-Manifestation juive à N.Y.
- Que s'est-il vraiment passé pendant la guerre israëlo-arabe de 1948?
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(*)  "...Pour sortir de la mythologie ordinaire et des catéchismes manichéens..
   Et si les choses étaient un peu moins simplistes ?
L’instrumentalisation de « l’ennemi » est parfois commode.. Une dialectique perverse. C’est du classique.

".......Les opérations « Plomb durci » (2008-2009) et « Piliers de Défense » (novembre 2012) reflétaient déjà une convergence d’intérêts entre Israël et le Hamas.
En 2009, l’agression s’était déroulée dans un contexte d’élections législatives en Israël qui avait généré, de la part du Premier ministre Ehud Olmert, une surenchère à l’endroit du Hamas. Le Mouvement de la Résistance Islamique avait lui aussi eu « besoin » de cette guerre pour discréditer l’Autorité de Ramallah, prête à signer un accord avec Ehud Olmert, prévu lors du sommet d’Annapolis en novembre 2007. L’intensité des frappes avait permis au Hamas de dénoncer la « collusion » du Président Mahmoud Abbas avec l’ « ennemi sioniste ».
L’agression israélienne déclenchée le 14 novembre 2012 avec l’assassinat de l’un des chefs de la branche armée du Hamas, Ahmad al-Jaabari, qui pourtant était celui qui tentait de maintenir l’accalmie entre les deux protagonistes, s’explique également par une coïncidence d’intérêts entre les dirigeants israéliens et les membres de la Résistance Islamique. Cette opération, encore une fois menée dans un contexte d’élections en Israël, avait pour objectif d’affaiblir le Président palestinien, sur le point d’obtenir la reconnaissance par les Nations Unies de l’État de Palestine comme État non-membre, démarche qui embarrassait à la fois les Israéliens et le Hamas, désireux de minimiser le prestige potentiel que Mahmoud Abbas pourrait en tirer. L’autorisation accordée par Israël à Khaled Mechaal de se rendre à Gaza pour y célébrer sa « victoire » est l’illustration flagrante de cette connivence. 
Israël n’a jamais cherché à détruire le Hamas mais lui a bien au contraire octroyé des faveurs limitées, le laissant se réarmer suffisamment pour orchestrer, au moment propice, la montée en puissance d’une frayeur collective. Dès 2008, la trêve conclue entre Israël et le Hamas avait permis aux brigades al-Qassam d’augmenter leur capacité militaire, faisant entrer à Gaza des armes et des roquettes iraniennes Fajr 5 via les tunnels, trafic qui n’a pu échapper à la vigilance des autorités israéliennes.
L’actuelle agression contre la bande de Gaza s’inscrit une nouvelle fois dans un contexte particulier où l’agenda israélien peut paradoxalement rejoindre celui du Hamas. Elle intervient suite à la toute récente réconciliation entre le Fatah et le Hamas et la formation d’un nouveau gouvernement reconnu pour la première fois par les États-Unis et l’Union européenne. L’approbation du nouveau cabinet a provoqué la fureur des Israéliens, qui ont empêché les ministres résidant à Gaza de se rendre à Ramallah pour y prêter serment. L’Etat hébreu avait également refusé le retour des forces de sécurité de l’Autorité de Ramallah à la frontière entre Gaza et l’Égypte en dépit de l’effort du Président égyptien pour obtenir cette concession de la part du Hamas. Après la punition collective infligée aux Palestiniens de Cisjordanie, Israël attaque la bande de Gaza pour enterrer tout espoir de rapprochement entre les deux factions rivales, le Hamas et le Fatah.
Au-delà des discours affichés, il serait pertinent de s’interroger une nouvelle fois sur la bienveillance conjoncturelle accordée au Hamas. Comment expliquer que les brigades al-Qassam aient pu mener, le 8 juillet dernier, une opération contre une base israélienne à Ashkelon à partir de la mer, là où le blocus rend en théorie impossible tout mouvement le long des côtes, comme en témoignent les fréquents tirs de sommation contre les bateaux de pêcheurs qui se risquent à lancer leurs filets quelques mètres trop loin ?
Chef d’orchestre d’une partition bien maitrisée, Israël joue néanmoins un jeu dangereux en poussant de nouveau les Palestiniens à l’affrontement..."
(Leila Seurat dans Mediapart aujourd’hui)
______(**) "... Dans quelques jours devrait être ratifié, à Vienne, l'accord sur le nucléaire iranien qui devrait voir le retour progressif de l’Iran dans le concert des nations.
Cette guerre n'arrive pas par hasard, pas plus que l'offensive massive concomitante du Sénat américain contre toute normalisation avec l'Iran. (1)
A un moment ou à un autre les forces israéliennes trouveront dans Gaza en ruine ou dans le sud du pays une roquette d'origine iranienne… 
Qui pourra dire qu'il s'agit d'une info ou d'une intox après le bel exemple des armes de destructions massives imaginaires en Irak… 
Ce trophée permettra d’impliquer l’Iran et de lui faire porter la responsabilité des troubles dans la région, confondant au passage les effets et les causes… 
Personne ne pourra me faire croire que dans cet Orient compliqué où chacun joue un poker menteur expérimenté, cette guerre à Gaza n’est pas liée aux négociations avec l’Iran qui doivent s'achever le 20 juillet. Netanyahu joue une cartouche de plus.
Le sang ne semble avoir pour lui aucune valeur dans sa stratégie de haine pathologique envers l'Iran.
Il sait que le retour de l'Iran et la normalisation de ses relations avec les USA porteraient un coup fatal à sa politique hégémonique.
Sans l’ennemi désigné, j’allais écrire, sans l'ennemi idéal qu’était l’Iran d'Ahmadinejad, que fera Netanyahu sinon s'attacher à la résolution du conflit avec la Palestine.
A cela il n'est pas prêt..."
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_Relayé par Agoravox

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jeudi 10 juillet 2014

Le Tour: plus que du spectacle

L'avenir est au vélo.   C'est sûr.
                                            Mais le Tour a t-il un avenir?
                                                 (Bonne question! Merci de l'avoir posée. )
             C'est moins sûr...
 Si le football fait partie de l'horizon culturel brésilien, le Tour est devenu une institution hexagonale, avec sa mythologie, analysée pour la première fois par Roland Barthes.
____________________Quand on fait le tour du Tour, toujours aussi populaire, malgré tout et tout ce qu'on sait, bien des questions se posent encore sur cette organisation, qui a plus d'un tour dans son sac, ce business, où la notion même de sport est sujette à caution...
        Tous savent que certains rouleurs nous ont roulés...
Mais le dopage, c'est terminé, ont-ils répété, après avoir viré Virenque.. On a tellement aimé y croire...Certes, les pilules ne font pas tout, mais rien n'est réglé, bien sûr.... L'imagination est sans limites et les labos ont toujours une longueur d'avance sur des contrôles aux normes assez particulières...Pas seulement dans le cyclisme.
_________Les responsabilités sont bien partagées
Mais le dopage élaboré et sophistiqué  est la conséquence d'un système
Depuis les années Tapie-fric, on a " un système à double vitesse où les coureurs sont systématiquement les boucs émissaires et où les dirigeants fédéraux, les organisateurs, les managers d'équipes et les staffs médicaux s'en sortent (presque) les mains propres. Dans son nouvel opus, Fin de cycle. Autopsie d'un système corrompu (éditions de La Martinière), Pierre Ballester revient sur l'échelle des responsabilités et sur les différents acteurs qui ont contribué à pourrir le cyclisme depuis quinze ans..."
     Le shadow sporting a sa logique propre, générant une manne très inégalemnt répartie:
       "... Après une première hausse entre la seconde moitié des années 1970 et la première moitié des années 1980, le gain du vainqueur explose : le vainqueur du Tour, qui en 1980 gagne « seulement » 8 fois plus qu’un coureur moyen, gagne, en 2000, 25 fois plus que lui..."
____________Le spectacle fait oublier l’argent
   "... Sans doute le Tour de France ne serait-il pas une si belle compétition si l’appât du gain n’avait pas conduit des journaux à organiser la course, des entreprises à sponsoriser des équipes, et des coureurs à gagner l’épreuve. L’histoire quantitative du Tour de France permet aussi d’objectiver et de mieux comprendre les évolutions de divers aspects de la course : le règlement de l’épreuve, le nombre de coureurs participants et leurs nationalités, le parcours de la course et sa difficulté, son caractère spectaculaire et stratégique, ainsi que les pratiques de dopage.
L’histoire du Tour offre un aperçu saisissant des évolutions économiques, sociales et culturelles, mais aussi politiques, de la France au XXe et au XXIe siècle..."
             Heureusement, il y a d'autres tours de France...
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mercredi 9 juillet 2014

Sarko, saint et martyr

Sarkofin?
              Il eut son fan club, le clan du Fouquet's et de la Villa Montmorency.
                  Il a aujourd'hui ses détracteurs, même dans son propre camp, divisé mais libéré de son emprise.    Nicolas Sarkozy de retour?  Un suicide politique...
          Sic transit...Le bling bling, c'est fini.
Blanc comme neige...
La sarkolâtrie est mise à mal
        C'est la fin d'un système plus que d'un individu, dont le bilan reste encore à faire, l'inventaire à approfondir.
    On a encore du mal à porter un jugement global sur une aventure politique singulière, qui fit tant de bruits, sans doute une parenthèse dans la succession des présidences sous la Vème République, une dérive, où le goût du pouvoir presque pathologique se mêla à l'affairisme, rendue possible par la rencontre d'une ambition spécifique et d'institutions déséquilibrées, permettant l'exercice d'un exécutif trop peu contrôlé.
     Les affaires le rattrapent, plus précises.
Son calendrier politique est en difficulté.
________Il se présente comme LA victime, justiciable non ordinaire. Classique système de défense.
Il rejoue pathétiquement mais avec aplomb le grand air  du martyr de la justice (*), ce qui fait dire au juriste P.Bilger, qui pour une fois ne tourne pas autour du pot, que le roi Sarkozy est de plus en plus nu.
    On a pu parler de sarkoberlusconisation, pour caractériser un certain style de vie et de pouvoir, une contestation de l'institution judiciaire, dont il s'estime la victime, pour la discréditer publiquement.
     C'est la démocratie qui est mise à mal.
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     (*)"Le numéro est un peu usé, mais l’artiste le connaît sur le bout des doigts. Après l’inoubliable tribune dans Le Figaro pour dénoncer des écoutes téléphoniques selon lui dignes de la « Stasi », Nicolas Sarkozy a encore déroulé ces éléments de langage visant à le faire passer pour un martyr de la justice, mercredi soir, dans une interview enregistrée dans ses bureaux puis diffusée par TF1 et Europe 1, juste après sa mise en examen dans l’affaire Azibert-Herzog. À grand renfort de formules péremptoires, de contre-vérités, de fausses questions et de doubles négations, il a tenté vaille que vaille de convaincre qu’il était la victime d’un hypothétique complot des juges et d’une non moins hypothétique « instrumentalisation politique » de la justice (on peut lire le verbatim intégral de son interview ici). Un entretien aux relents berlusconiens.
        Premier argument de l’ex-chef de l’État : il serait la victime d’un « acharnement » de certains juges. « Profondément choqué » par sa garde à vue, l’ancien ministre de l’intérieur et chantre de la « tolérance zéro » pour les délinquants l’assure : « Il y a eu une volonté de m’humilier en me convoquant sous le statut de la garde à vue qui n’est pas normal. » Choqué de se retrouver « à deux heures du matin » face à « deux dames », les deux juges d’instruction qui l’ont mis en examen pour « corruption active », « trafic d’influence » et « recel de violation du secret professionnel », chefs d’accusation qu’il qualifie sérieusement de « grotesques », Sarkozy demande ceci : « Ne pouvait-on pas me convoquer ? » « Moi qui ai un casier judiciaire vierge, est-il normal d’être traité comme ça ? » Le Code de procédure pénale le permet pourtant, et la chose n’a rien d’anormal, même si elle est rare pour une personnalité politique. Pas à une contradiction près, Nicolas Sarkozy assure pourtant ne demander ni passe-droit, ni privilège…
   Pour preuve de la douleur subie, et du sort injuste qui lui est fait, l’ancien président s’est encore indigné des écoutes téléphoniques dont il a été l’objet dans l’enquête sur le possible financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Un soupçon étayé par plusieurs témoins et sérieusement documenté, mais que Nicolas Sarkozy juge pour sa part « absurde » et insultant. « Est-il normal que je sois écouté dans mes conversations les plus intimes depuis le mois de septembre de l’année dernière ? » s'émeut Nicolas Sarkozy. Ces fameuses écoutes téléphoniques qui l’ont visé, là encore, Nicolas Sarkozy feint d’oublier qu’elles ont été décidées par des juges d’instruction indépendants, Serge Tournaire et René Grouman, et qu’elles sont a priori légales.
Qu'importe. Si autant de juges sont à ses basques, ce n'est pas parce qu'il a pu enfreindre la loi, mais parce qu'on lui en veut personnellement, martèle l'ex-président, qui semble vouloir s'en convaincre lui-même. « Cela fait 35 ans que je fais de la politique. Jamais aucun responsable politique n’a été autant examiné par des magistrats, des policiers. Aujourd’hui, il y a peut-être une vingtaine de magistrats qui s’occupent de moi, des dizaines de policiers, et je suis écouté dans tous mes téléphones depuis plusieurs mois. On ne trouve rien. On ne trouvera rien », lâche-t-il..." ( M.Deléan)
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mardi 8 juillet 2014

Français en souffrance

 Pauvre  Victor Hugo
                                    Aurait-il pu imaginer le traitement qu'on lui fait subir au fond de nos cités, à ce bouffon de ta mère?
                                         Est-ce le crépuscule de la langue au bac français?
      Certes, c'est une fiction (quoique!!...), mais elle est significative. Ce n'est pas encore le naufrage de l'expression écrite, du moins dans certains milieux, mais la dérive est là, assez généralisée. Il y a du souci à se faire sur l'avenir du fançais, qui survit certes, mais comment?
      Sans faire dans la généralisation, le catastrophisme ou la nostalgie, n'assiste-t-on pas au début d'une évolution inquiétante. Certes la littérature est encore bien vivante, mais les lecteurs?...
   Une langue, c'est un héritage, un trésor...qui risque de ne pas survivre à l'uniformité généralisée. Avec la réduction constante des heures consacrées à son enseignement, depuis les années 80 surtout, des critiques s'élèvent: au nom de la spontanéité, de l'ouverture au monde, de la modernité, on a voulu alléger, simplifier, ouvrir, tolérer...
         Le français a vu son enseignement se réduire comme peau de chagrin et s'insérer dans la nébuleuse de la communication. On peut avoir son bac scientifique (avec mention) avec un 5 en français et un 4 en philo...Mais en fac, il faut réparer les dégâts et apprendre au jeune ingénieur à rédiger un rapport correct et compréhensible... 
       Communiquer est devenu la loi et les prophètes, comme dans les écoles de commerce  Mais quoi, comment? Nous voici dans l'ère des communiquants, du performatif, du formalisme, de l'utilitaire.
    Une certaine logique de l'ignorance parfois revendiquée par des bateleurs officiels, une évolution des moeurs axée sur le moindre effort, une capacité d'attention devenue problématique, un consumérisme conquérant  ...ont créé le terreau d'un moindre souci de la langue et de l'effort qu'elle demande nécessairement , de la lecture. Le ludique et le formalisme ont pris le dessus, mais le mal être s'installe. Michea a bien noté que l'acte même d'enseigner est devenu problématique.
     Des linguistes montent au créneau:
                « La perte d’une langue est toujours un malheur » dit A.Rey.
       Claude Hagège, défend la diversité des langues face au poids d'une pensée unique, imposée par les lois du marché : « c’est-à-dire de la pensée qui a pour support l’anglais et qui est une pensée néolibérale, dont nous sommes tous les victimes, à commencer par les pays d’Occident, aussi ceux d’Asie du sud-est, à savoir des pays qui sont entiérement rangés sous la bannière du néolibéralisme. C’est-à-dire du profit à tout crin ; sans aucune considération d’ordre culturel ; sans aucune considération d’ordre humain, social... mais avec seulement un attrait pour le profit immédiat... »
  Il veut bien sûr critiquer la domination du globish, pas de l'anglais, langue belle et difficile, s'insurger contre le  tout-anglais, qui tend à devenir la norme, contre l'anglomanie, qui gagne tous les secteurs et qui étonnent nos cousins du Québec...
   La maîtrise d'une langue ne produit pas seulement un plaisir, c'est aussi un moyen de résistance, comme le suggère A. Huxley:
     Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.
    Lire ou ne pas lire, that is the question...
Revenir au plaisir du texte...c'est bien là l'essentiel.
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-Relayé par Agoravox
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