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jeudi 11 février 2010

La Grèce, l'euro et les spéculateurs

On achève bien un pays

-La Grèce, victime des hedge funds

-Les prédateurs s'en prennent au maillon faible

La Grèce s'en sortira (elle a bien défait les Perses...), mais à quel prix?



-"Si c’est aujourd’hui la Grèce et au-delà les pays faibles de l’eurozone qui tiennent le devant de la scène, leur cas n’est qu’une illustration parmi d’autres des difficultés partagées par l’ensemble des pays dits développés.
Les finances des USA, du Japon, de la Grande Bretagne sont dans une situation à peine moins déplorable et la Grèce ne doit son triste privilège qu’au fait qu’elle est la proie la plus facile dans un troupeau d’éclopés
.
La masse de capitaux flottants censée représenter la richesse du monde cherche avant tout à se protéger en ces temps troublés, mais les réflexes prédateurs sont toujours là. Au moindre signe de faiblesse, excités par l’odeur du sang (c’est le vocabulaire en usage dans les salles de marché), les traders parient à la baisse et amplifient les désordres du monde, en une spirale destructrice. L’Europe n’est pas absoute pour autant, loin s’en faut.
Depuis trop longtemps, elle vit dans un état de somnambulisme, entre incantations incessantes à ses principes fondateurs, sa vocation universaliste, et un déni de réalité. Pourvue des attributs d’une institution politique rassemblant les peuples, elle n’en assume aucune responsabilité sur le plan social ou économique, nos dirigeants ayant choisi en une coupable facilité de s’en remettre à l’intervention de la main invisible.
."(CI)


-"
Les difficultés que connaît la Grèce pour sauver l'Union confirment un constat vertigineux: les marchés financiers, sauvés grâce à l'aide des Etats et banques centrales à partir de l'automne 2008, se sont retournés contre ces mêmes Etats un an plus tard. Lesquels se trouvent très mal armés, aujourd'hui, pour répondre à l'offensive. Les gouvernements paient en fait leur pusillanimité à l'égard d'un monde financier qu'ils n'ont pas osé réformer. Les Etats se sont-ils fait avoir par la crise? Sont-ils en train de tirer les leçons de leur échec, pour en finir avec la spéculation?..." (Mediapart)
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- Pourquoi la Grèce inquiète l'Europe
"
J'exclus totalement une banqueroute de l'État grec". Jean-Claude Juncker ne veut pas y croire. Pourtant, le président de l'Eurogroupe peine à cacher son inquiétude. "La situation budgétaire de la Grèce est très tendue, c'est le moins qu'on puisse dire", a-t-il déclaré jeudi avant de s'engouffrer dans le congrès du Parti populaire européen, à Bonn.
Même inquiétude du côté de la présidence tournante de l'Union européenne. La situation en Grèce est "très grave", a jugé jeudi la ministre des Affaires européennes suédoise Cecilia Malmström.
Des messages d'alerte qui semblent avoir été entendus à Athènes. Jeudi, le chef du gouvernement grec Georges Papandréou a annoncé une table ronde inédite entre tous les chefs de partis. Objectif : envoyer "un puissant message à l'étranger" montrant la volonté de la Grèce de "nettoyer" son économie. La réunion se tiendra la semaine prochaine sous l'égide du chef de l'État, Carolos Papoulias. La veille, le Premier ministre avait même prévenu que "pour la première fois" depuis le retour de la démocratie en 1974 " l'impasse financière du pays menaç[ait] la souveraineté nationale " grecque.
-À l'origine de cette mobilisation sans précédent, la décision de plusieurs agences de notation de sanctionner la Grèce pour l'ampleur de son déficit budgétaire. L'une de ces notes a été placée sous surveillance négative par Standard and Poor's lundi, puis la note de sa dette à long terme dégradée par Fitch mardi. Des ajustements qui ont eu pour conséquence de faire plonger l'euro et d'ébranler les bourses européennes. Tout cela pour des raisons bien précises : en 2009, le déficit grec est prévu à 12,7 % du produit intérieur brut. Tandis que la dette publique est attendue à 113 % du PIB (soit 300 milliards d'euros !) pour la fin de l'année et 120 % en 2010... Une situation pour le moins préoccupante, puisque
c'est l'ensemble de la solidité de l'économie européenne qui est potentiellement menacée par les difficultés de la Grèce. Problème, les règles de l'UE interdisent que l'Union ou qu'un État membre vole directement au secours d'un État de l'Eurozone en difficulté. Alors que cela est possible pour les pays de l'UE non-membres de la zone euro. C'est ainsi que la Hongrie, la Lettonie et la Roumanie ont déjà pu recevoir des aides importantes de l'UE pour faire face à la crise..."

-Les spéculateurs attisent l'affolement des marchés:
"Les "spéculateurs" peuvent-ils faire chuter la Grèce ? L'entraîner vers la faillite, à la façon de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, tombée à l'automne 2008 ? Les inquiétudes des investisseurs, liées aux déficits record de certains pays de la zone euro – la Grèce, mais aussi l'Espagne et le Portugal –, entraînent de fortes secousses sur les marchés européens. Mais les autorités politiques et les régulateurs observent aussi d'importants mouvements spéculatifs, à même de faire vaciller la zone euro.
L'Espagne a dénoncé, lundi 8 février, des "manœuvres troubles" émanant de "ceux qui sont à l'origine de cette crise, les spéculateurs financiers internationaux".
______"DEPUIS LES ANNÉES 1990, RIEN N'A VRAIMENT CHANGÉ"_
Cet avis est partagé par un certain nombre d'experts, qui accusent les fonds spéculatifs – les hedges funds – de profiter de l'effet d'aubaine offert par la crise de la dette grecque pour s'enrichir. Au risque d'aggraver la situation.___"C'est auto-réalisateur : les spéculateurs parient sur la perte de l'autre et le pari même provoque la perte", analyse l'économiste Paul Jorion. "On a le sentiment que depuis les années 1990, rien n'a vraiment changé", renchérit l'économiste Daniel Cohen.En 1992, le milliardaire américano-hongrois George Soros avait mené une intense spéculation sur le marché des changes. Ce patron de hedge fund était parvenu à faire sortir la livre sterling du système monétaire européen. Il avait empoché un peu plus de 1 milliard de dollars, devenant "l'homme qui a fait sauter la Banque d'Angleterre".

Cette fois-ci, les spéculateurs misent sur l'éviction de la Grèce de la zone euro et attaquent la monnaie. Selon le Financial Times du mardi 9 février, les traders ont accumulé plus de 40 000 contrats (7,6 milliards de dollars) pariant sur la chute de l'euro.

Mais leur arme privilégiée reste le marché opaque des CDS, pour "credit default swap", ces contrats d'assurance censés prémunir l'acheteur d'un emprunt d'Etat (ou d'une entreprise) contre le risque de non-remboursement. Plus le risque de défaut est élevé, plus l'assurance coûte cher.___
Certains hedge funds tentent de gagner beaucoup d'argent en pariant sur une explosion du prix des CDS grecs. Autrement dit, ils jouent sur la faillite de la Grèce. Le CDS du pays a bondi de 120 points de base en octobre à 419 mardi. Ce qui signifie que le marché évalue à 29 % la probabilité que la Grèce fasse défaut dans les cinq ans à venir, calcule la banque Natixis.A titre de comparaison, avec des finances publiques pourtant dégradées, le Roumanie affiche un CDS de "seulement" 265. "Tout ceci n'est que de la spéculation, commente René Defossez, stratège chez Natixis. Au regard des fondamentaux économiques, la situation de la Grèce n'est pas pire que celle du Royaume-Uni !"..."

- -Eurozone : anatomie d’un gâchis : Une monnaie unique sans gouvernement ?:
"Les tensions sur les marchés financiers s'accroissent aussi au Portugal et en Espagne, déjà sous pression, comme l'Irlande, depuis 2009. Ces quatre pays, rebaptisés les "PIGS" ("cochons", S pour Spain), devraient rester en récession en 2010 alors que le chômage explose. Une politique de rigueur leur permettra-t-elle de sortir de l'ornière ? Certains experts mettent en garde contre le risque de dépression sévère, comme en Irlande. Pour l'économiste Michel Santi, "les mesures d'austérité en Grèce y provoqueront vraisemblablement une spirale déflationniste".
___Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a d'ailleurs suggéré aux pays de la zone euro, jeudi 4 février, "d'aider d'une façon ou d'une autre" la Grèce. Et il a offert l'assistance du FMI.La crise grecque est ainsi déjà celle de la zone euro, soulignant ses limites institutionnelles et politiques et les failles de ses règles ou de sa politique monétaire.Cette crise comprend aussi des dimensions géopolitiques. De même que l'éclatement de la bulle financière et immobilière a révélé les fragilités de l'Irlande ou de l'Italie, le krach des matières premières a mis fin à l'afflux de capitaux d'origine russe - liés à l'envol antérieur du prix du pétrole - dont disposait la Grèce, au titre de la solidarité "orthodoxe" dans la région, comme Chypre ou la Bulgarie.

La mauvaise gestion grecque est souvent mise en avant comme une bonne raison de la "punir""L'Allemagne était sans doute initialement démangée par l'idée de punir le mauvais élève. Mais elle doit faire attention au risque de contagion. A mesure que la crise grecque se prolonge et s'accentue, d'autres pays se trouvent attaqués à leur tour : le Portugal aujourd'hui, demain l'Espagne et l'Irlande. Après-demain, ce peut même être le tour de l'Italie", prévoit l'économiste Antoine Brunet, président d'AB Marchés. Pour M. Santi, l'Espagne est "le prochain gros domino, car une "configuration astrale" très défavorable s'y met en place, avec un déficit budgétaire de 11,4 % du PIB, un endettement global public et privé de 300 % du PIB - nettement plus grave qu'en Grèce, un chômage également plus important, à 20 % (4,5 millions de chômeurs) et, surtout, un système bancaire excessivement fragilisé !"
___"Les analystes tendent à enfermer la Grèce dans une alternative"
, souligne M. Brunet. Ou bien respecter ses engagements et "faire du thatchérisme""à des taux d'intérêt durablement extrêmes et à une crise financière patente. Mais une troisième option risque en réalité de tenter les autorités grecques : sortir de la zone euro et rétablir une drachme très sous-évaluée contre l'euro et contre les monnaies méditerranéennes. Cela lui redonnerait de la compétitivité - en particulier dans le secteur du tourisme - et stimulerait donc sa croissance, même si la Grèce serait alors obligée de renégocier une dette extérieure qui, exprimée en drachmes, serait encore plus insupportable", analyse M. Brunet. Cette hypothèse est généralement écartée par les experts, qui la jugent impossible. Mais la crise argentine n'avait pas non plus prévenu : le lien fixe entre le peso argentin et le dollar a pourtant été bel et bien abandonné quand l'Argentine a estimé que "c'était encore la moins mauvaise solution pour elle", explique M. Brunet.
__Pour éviter une déflagration majeure et son extension rapide, les Européens pourraient donc avoir à intervenir, sauf à imaginer que le FMI ne sauve seul un Etat membre de l'Union !Ils pourraient par exemple garantir la dette des pays attaqués..." en la contraignant à une rigueur exemplaire. L'argument est savoureux, au moment où tous les grands Etats viennent massivement de voler au secours de leurs banques en difficulté. De surcroît, Athènes avait déjà dû reconnaître, en 2004, avoir embelli ses statistiques de déficit public pour entrer dans l'euro trois ans plus tard, sans que beaucoup de leçons en soient tirées par ses partenaires.
_____Les Européens ne peuvent pas perdre de vue qu'une faillite de la Grèce risquerait de faire vite tache d'huile : en s'exposant à l'explosion sociale. Ou bien échouer, voire renoncer, et prêter le flanc..."


-Euro : la fin des calendes grecques - AgoraVox:
"Avec la Grèce, dans un premier temps, les marchés financiers ont trouvé une nouvelle proie à vampiriser. L’Euro qu’on présentait comme le bouclier de l’UE se révèle le modeste cache-sexe d’une Europe aux pieds d’argile. Une UE qui avait choisi la politique de l’autruche en abandonnant aux marchés le soin de mettre un terme aux dérives financières de certains de ses états membres. Le fond du problème c’est d’avoir remis aux calendes grecques la constitution d’une UE plus intégrée , forte de mécanismes de coordination et de coopération.
____Pour comprendre ce qui se passe, autant faire un petit détour par le blog de Jean Quatremer : Coulisses de Bruxelles. Dans un billet au titre explicite : Les marchés financiers américains attaquent l’euro “, le journaliste de Libération avance une explication. “Selon des informations fiables que j’ai obtenu vendredi, émanant à la fois d’autorités de marché et de banques, une grande banque d’investissement américaine (qui a bénéficié du plan de sauvetage des banques US) et deux très importants hedge funds seraient derrière les attaques contre la Grèce, le Portugal et l’Espagne. Leur but ? Gagner un maximum d’argent en créant une panique qui leur permet d’exiger de la Grèce des taux d’intérêt de plus en plus élevés tout en spéculant sur le marché des CDS, un marché non régulé et totalement opaque, afin là aussi de les vendre plus cher qu’ils ne les ont achetés
“.
Jean Quatremer décortique dans le détail le mécanisme infernal et réclame l’affirmation rapide de la solidarité européenne à l’égard des états-membres en difficulté, rappelant en conclusion que, “les marchés ont une nouvelle fois fait la preuve qu’ils ne comprennent qu’un langage : celui du pouvoir, brutal de préférence“. De fait, la sortie de crise doit être collective, en s’appuyant sur la solidarité des autres.En l’occurrence, les marchés tirent de leur doux sommeil une UE qui pensait naviguer sur un long fleuve tranquille, dompté par la réalisation du barrage nommé Euro. La situation actuelle témoigne des limites d’une diversité de situations et de politiques économiques au sein de l’UE.

Ce qu’Eric Le Boucher résume à sa façon sur le site Slate.fr : Croyez-vous encore en l’Europe ? C’est, au fond, la question que posent les marchés financiers aux gouvernements en créant des turbulences financières dans la zone euro, en Grèce, en Espagne, au Portugal. Ils ont raison, c’est la bonne question. La crise a démontré que l’union monétaire européenne était bancale (une monnaie commune mais toujours pas de politique économique commune)”.___Eric Le Boucher stigmatise l’absence de coordination, pour ne pas dire la cacophonie, des Etats de l’UE face à la crise actuelle : Pour les marchés financiers, cette désunion, cet éparpillement du troupeau européen offrent la possibilité d’attaquer les plus faibles. Comme dans la jungle. Il y a beaucoup d’argent à gagner s’ils réussissent à faire craquer la Grèce, puis le Portugal, puis l’Espagne. Un peu comme ils avaient engrangé des milliards en poussant l’Italie et la Grande-Bretagne hors du Système monétaire européen lors de la crise du « serpent » en 1993. Pourquoi ne pas essayer à nouveau ? Ils n’ont rien à perdre en vérité : ils montent les taux que paie Athènes pour se refinancer et ils se couvrent en cas de défaillance de l’Etat grec. Qui règle la note ? Les citoyens grecs”..."


-
Euro : Implosion ou sursaut ?:
-"En l’absence de politiques économiques coordonnées et du correctif automatique apporté par la variation des cours des devises, rien ne vient résorber les déséquilibres existant entre les pays membres de l’Union monétaire, et la crise actuelle agit comme un révélateur de ses faiblesses structurelles. --- Si la situation décrite par Krugman n’est guère contestable, il convient cependant de la remettre en perspective. Les anglo-saxons éprouvent une forme de lâche soulagement et se sentent moins seuls à la vue de difficultés de l’Europe continentale. Pour autant, si c’est aujourd’hui la Grèce et au-delà les pays faibles de l’eurozone qui tiennent le devant de la scène, leur cas n’est qu’une illustration parmi d’autres des difficultés partagées par l’ensemble des pays dits développés. Les finances des USA, du Japon, de la Grande Bretagne sont dans une situation à peine moins déplorable et la Grèce ne doit son triste privilège qu’au fait qu’elle est la proie la plus facile dans un troupeau d’éclopés.
La masse de capitaux flottants censée représenter la richesse du monde cherche avant tout à se protéger en ces temps troublés, mais les réflexes prédateurs sont toujours là. Au moindre signe de faiblesse, excités par l’odeur du sang (c’est le vocabulaire en usage dans les salles de marché), les traders parient à la baisse et amplifient les désordres du monde, en une spirale destructrice.
L’Europe n’est pas absoute pour autant, loin s’en faut. Depuis trop longtemps, elle vit dans un état de somnambulisme, entre incantations incessantes à ses principes fondateurs, sa vocation universaliste, et un déni de réalité. Pourvue des attributs d’une institution politique rassemblant les peuples, elle n’en assume aucune responsabilité sur le plan social ou économique, nos dirigeants ayant choisi en une coupable facilité de s’en remettre à l’intervention de la main invisible.
L’élargissement à l’Est fut exemplaire à ce titre. Décrété nécessité historique en raison des grands principes, aucun accompagnement budgétaire, aucune planification de convergence, aucune réelle solidarité ne furent mises en œuvre. Ce faisant, ces pays ne pouvaient choisir d’autre voie que celle de l’endettement et du moins disant social et fiscal. Et lorsque le sauvetage est devenu inévitable, l’Europe s’en est remise au FMI. Que cette crise s’aggrave, et l’Europe révèlera sa réalité : celle d’un grand corps malade, trop vite cousu de membres épars, et dépourvu d’un système nerveux à la taille de son organisme.
"(Contre Info)
- Une monnaie unique sans gouvernement ?
-Daniel Cohen et la faillite des Etats ou la faillite des économistes ?
-Crise de l'euro : panique, contradictions et divisions
-L’Europe risque une nouvelle récession
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-Ombres sur l'euro

3 commentaires:

Anonyme a dit…

"la main invisible" les dirigent vers un trou bien visible !!!

Marc a dit…

Je vous conseille l'article des dessous de bruxelles "le second hold-up des marchés financiers" :


http://ellynn.fr/dessousdebruxelles/spip.php?article118

Etienne Celmar a dit…

Merci pour ce lien, Marc
Cordialement