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mercredi 4 août 2010

Repenser l'agriculture

Décroissance ou bien-être et démocratie


______“Les agriculteurs ont perdu leurs repères”



Pour un virage à 180°

La spéculation s'apprête à se tourner massivement vers les produits agricoles, comme il y a deux ans, tirant des profits de la famine mondiale, jouant sur la volatilité des prix.
Les producteurs _pas seulement européens_, comme les consommateurs, craignent le
disparition de certains pans de l'agriculture et une envolée des prix de première nécessité, créant de véritables pénuries, provoquant parfois des émeutes dans certains pays.
Beaucoup de pays à dominante agricole traditionnelle, déjà paupérisés par une politique agricole mondialisée, qui fait le jeu des superpuissances, craignent pour leur autosubsistance.
Que peuvent les velléités de la FAO face à la loi d'airain de l'OMC ?

C'est dans ce contexte que le concept de décroissance reprend de la vigueur, à la faveur de la montée des prix et de la crise qui rabote les revenus les plus bas, dans la perspective d'une rigueur qui ne dit pas son nom.Un concept ambigü, qui ne signifie rien pour ceux qui passent l'essentiel de leur temps à trouver de la nourriture, mais qui peut prendre un sens si on veut signifier par là une réduction à l'essentiel, au raisonnable d'une surconsommation folle, conditionnée par les transformateurs agro-alimentaires, destructrice du milieu et de la santé, qui conditionnent la logique de l'agriculture "industrielle" depuis des décennies, dominée par les exigences de certaines multinationales.
Pour une autre régulation et une
véritable souveraineté alimentaire...

__________"...La faim naît de la pauvreté des gens du Sud.Les agriculteurs du Nord sont, c'est vrai, excédentaires pour les produits de première nécessité (céréales, légumes secs, viande…). Ils pourraient donc nourrir le monde entier : il faut 200 kilos d'équivalent céréales par an pour nourrir un habitant, et la production mondiale totale est déjà de 330 kilos par habitant.Mais voilà, les gens sont pauvres, dans les pays du Sud, mais aussi en France, aux Etats-Unis, en Argentine ou au Brésil. Les 130 kilos d'excédents vont ailleurs, vers des marchés solvables, comme les usines d'aliments pour bétail. Et depuis peu, une part de cette énergie alimentaire va aussi abreuver nos voitures sous la forme de bio-carburants._____C'est donc un déséquilibre chronique… mais il concerne le système économique mondial, et pas seulement l'agriculture.Les pays du Sud sont dans une compétition totalement inégale, une course entre un coureur à pied et un pilote de Formule 1 et où celui qui est subventionné, c'est le pilote !Prenons un paysan de Casamance (Sénégal), qui repique du riz à la main :
Il cultive 0,5 hectare, avec un rendement de 1,1 tonne à l'hectare
  • Il produit 550 kilos de riz par an, quantité utilisée en partie pour les semences
  • La valeur ajoutée de son travail est donc de 0,5 tonne de riz par actif et par an
  • Un agriculteur de Camargue qui plante du riz avec son tracteur :
  • Il cultive 100 hectares, avec un rendement de 5 tonnes à l'hectare
  • Il produit 500 tonnes de riz par an, 400 servent à pauer les semences, le prix du diesel, des engrais…
  • La valeur ajoutée de son travail est donc de 100 tonnes de riz par actif et par an.Vous avez donc un rapport de 1 à 200 entre ces deux agriculteurs.A Dakar, le paysan va essayer de vendre sur le marché le peu de riz qui lui reste pour acheter des produits de première nécessité.Sur ce marché, son riz est en concurrence avec les autres riz (chinois, thaïlandais, vietnamien…) qui, tous, se vendent au même prix. Or, dans le sac de riz de Casamance, il y a 200 fois plus de travail que dans celui de Camargue. Donc, le paysan sénégalais ne pourra produire assez pour acheter ce dont il a besoin.Pire : ceux qui s'endettent, à défaut de pouvoir épargner, sont obligés, au moindre accident climatique, de vendre leur terre et de s'exiler en ville.."
Un nombre croissant de gens souffrent de l'obésité, du diabète, du cholestérol, de cancers dont l'origine pourrait être lié aux excès de ce bonheur consommateur. C'est avéré dans le cas du cancer de la prostate à cause du chlordécone utilisé aux Antilles.__Les gens ne sont plus si heureux à surconsommer un certain nombre de produits. Donc, il ne faut pas exclure de sortir de cette addiction, comme pour la cigarette.
_Pour l'agriculture, il faut un virage à 90 degrés. Les agriculteurs ne sont pas responsables de cette situation, même si certains ont crû que la vocation de la France était de nourrir la planète.__S'il y a une vocation, c'est de faire de bons produits, bons aussi pour la santé, en revenant aux principes fondamentaux de l'agronomie. Dans les urgences françaises, il faut reconstituer l'humus de nos sols, remettre de l'azote dans la terre par les légumineuses et rediversifier nos agricultures.__Quand on discute, les agriculteurs me disent : « On a fait ce qu'on nous demandait, dans un marché où le client est roi. » Je leur réponds : « C'est vrai, mais entre vous et le client, il y a l'agro-industrie et la grande distribution qui formatent le comportement des consommateurs, souvent stupide dans les supermarchés. »Les agriculteurs ont aussi souffert de l'amont : la recherche et les agronomes technocrates. « Améliorer un rendement », ce n'est pas scientifique, c'est un jugement de valeur. Le meilleur et le bien-être, ce n'est pas à l'agronome de le décider..."
(D.Servenay)
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- Le monde paysan : une vision d'avenir
-Les riches savoir-faire des paysans du Sud
-De l'agriculture familiale à l'agrobusiness
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Les agriculteurs ont perdu leurs repères
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-L'Argentine, le soja et Monsanto
__-Famine mondiale : causes, remèdes ?__-Terres à vendre__-PAC en question__-Agrobusiness et subventions_ -Colère paysanne__-Lait à gogo ___-Etre sans terre


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