
________________________Berlin, ville ouverte
Ambitions et incertitudes
CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus]
La première est celle de Stop the War Coalition, cette association britannique qui depuis bientôt dix ans dénonce les guerres occidentales en Afghanistan puis en Irak. L'un de ses animateurs, le journaliste Andrew Murray écrit ceci :« L'opération des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France pour imposer un changement de régime en Libye – puisque c'est bien de cela qu'il s'agit – n'a pas pour objet de sauver des vies et encore moins de soutenir la démocratie dans le monde arabe. Il s'agit de prendre le contrôle – et non de le soutenir – du processus de changement au Proche-Orient, il s'agit de le placer sous une entière domination occidentale » (l'intégralité de son article ). Un affreux gauchiste pacifiste munichois, Andrew Murray ? Alors retournons-nous vers l'Américain Richard Haass, un républicain bon teint et respecté, principal conseiller de Colin Powell lorsque ce dernier était ministre des affaires étrangères de George Bush, et qui préside aujourd'hui le Council on Foreign Relations qui dit:
« Trop et trop tard, écrit-il. Les Etats-Unis s'embarquent dans une guerre choisie pour la troisième fois en moins de dix ans. Et comme l'Irak en 2003 et l'Afghanistan après 2009, c'est un mauvais choix (...) Cette guerre est aussi une diversion stratégique. Les décideurs politiques américains seraient mieux avisés de se concentrer sur ce qui devrait être fait pour soutenir l'économie égyptienne et pour aider à résoudre la situation beaucoup plus importante et dangereuse qui se développe à Bahreïn » (F.Bonnet)
Qu'a dit Gates, qui était personnellement opposé à cette guerre ? Que les Etats-Unis, qui se contentent d'une « place à l'arrière» dans ce conflit, comme l'a dit Obama, sont épuisés par dix années de guerre et ne peuvent plus assurer 75% des dépenses de l'Otan. Que les Européens ne peuvent faire financer leur défense par le contribuable américain. Que la Libye est une illustration supplémentaire de l'incapacité de cette organisation militaire. Exemple: ce fameux « central command » de l'Otan en Italie, à Naples (site internet ici), conçu pour gérer plus de 300 sorties aériennes quotidiennes et qui peine à en organiser 150 ! Exemple : le manque de munitions qui menace déjà la coalition ! Exemple : cet avertissement du premier responsable de la marine britannique (à lire ici), expliquant qu'il n'a pas les moyens de poursuivre les opérations au-delà du mois de septembre. Exemple: le déploiement de seulement 16 hélicoptères d'attaque (4 britanniques et 12 français). Exemple: l'incapacité des Européens à assurer sans les Etats-Unis leurs communications et leurs renseignements.
« On ne sait rien ou très peu du “gouvernement” de Benghazi, sinon qu'il est constitué de gens proches de Kadhafi pendant des décennies. Ce qui se passe en Libye n'est-il pas au fond une guerre civile, qui autorise toutes les simplifications et les amplifications rhétoriques ? Kadhafi devait être écrasé en quelques jours sous la fessée des frappes. Il tient bon pour l'instant, malgré de très durs bombardements, une partie de la population le soutient, lui garde sa confiance. C'est, dira-t-on, le propre des dictatures. Mais il y a sûrement autre chose : la population libyenne ne souffrait pas de la même misère que ses voisins égyptiens et tunisiens, le fantasque dictateur n'était pas toujours aussi fantoche qu'on le prétendait. Même corrompu, il laissait à son peuple quelque profit de la rente pétrolière, l'essence et l'électricité étaient quasiment gratuites. La Libye a quitté la une des journaux, quelquefois n'y figure plus du tout, il est question d'enlisement et de négociations... » (Mediapart)