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lundi 25 février 2013

Prison en débat

 D'un système à l'autre
______________________Aux USA, la privatisation de la gestion de la population carcérale va bon train, dans certains Etats plus que dans d'autres. On comprend pourquoi certaines compagnies privées, comme le groupe GEO, n'aient pas intérêt à la voire diminuer, même si cela conduit aux pires excès, comme l'emprisonnement d'enfants.
"La population carcérale y a augmenté de 700 % entre 1970 et 2005, mais l’augmentation la plus significative concerne les profits liés au secteur des prisons privées : + 1.600 % entre 1990 et 2009. Il n’y avait avant 1980 aucune prison privée à but lucratif, mais de telles sociétés ont usé ces trois dernières décennies de leurs énormes profits pour peser sur la vie politique étasunienne et accélérer la croissance de cette part singulière de marché.
Les déclarations faites par la « Corrections corporation of America (CCA)  », la plus grosse entreprise mondiale du secteur carcéral, montrent l’intérêt de la société pour le maintien par le gouvernement de mesures juridiques draconiennes qui contribuent à un taux d’incarcération massif : « notre croissance dépend de notre capacité à obtenir de nouveaux contrats… Tout changement législatif relatif à la drogue ou à l’immigration clandestine par exemple pourrait faire varier le nombre de personnes arrêtées et condamnées, et donc réduire d’autant le nombre de places occupées dans nos structures pénitentiaires  ».
Les États-Unis sont devenus une  terre de prisons et de répression  
________En France, le débat rebondit et la discussion sur les effets de certaines peines de prison reprend de la vigueur, à l'occasion de la sortie de certaines études discutées, qui tentent de faire un bilan plus ou moins objectif sur ce sujet sensible,où la passion l'emporte souvent sur l'analyse rationnelle.
Si on peut difficilement discuter certains chiffres donnés sur la montée de certains types de délinquance, on peut légitimement remettre en question certains amalgames, certaines conclusions ou certains postulats.
Par exemple, ceux-ci:


  • 1)« Seul l'emprisonnement ( ferait) baisser le crime, avec lequel il est fortement corrélé négativement. » Laurent Obertone cite l'exemple des États-Unis, où la hausse de l'emprisonnement aurait divisé par deux le nombre de crimes en trente ans 
  • (Or) Les États-Unis ont le taux d'incarcération le plus élevé au monde, avec 752 prisonniers pour 100 000 habitants en janvier 2010 (contre 94 pour 100 000 en France). Ériger les États-Unis en exemple, il fallait y penser : selon l'office des Nations unies contre la drogue et le crime, les États-Unis ont un taux d'homicide près de quatre fois plus élevé que la France (4,2 pour 100 000 habitants en 2012 contre 1,1 pour 100 000 habitants en France). ___La prison, dominante en France depuis deux siècles, n'empêche pas la récidive : près de 59 % des détenus sortis de prison en 2002 ont été condamnés à nouveau dans les cinq ans qui ont suivi leur libération, selon les démographes Annie Kensey et Abdelmalik Benaouda, du bureau des études et de la prospective de l'administration pénitentiaire.
    Et il ne s'agit pas, pour l'immense majorité, de dangereux criminels. Comme l'écrit Franck Johannès dans Le Monde, « la foule des récidivistes est d'abord composée de délinquants du quotidien, condamnés pour violences (et d'abord violences conjugales), vols et petits trafics, dégradations, conduites en état d'ivresse ou sans permis ». Le journaliste rappelle que, contrairement aux idées reçues, seuls 3,7 % des hommes condamnés pour homicides volontaire en 2010 avaient déjà tué ou tenté de tuer cinq ans auparavant et que seuls 3,9 % des criminels sexuels étaient des récidivistes.
  • 2)« Les condamnés à de courtes peines récidivent beaucoup plus que les condamnés à de longues peines. Donc il faut remplacer les courtes peines par des longues. »
(Or) Aucune étude n’établit de lien entre la sévérité des peines et la prévention de la récidive. En France, l'allongement des peines de prison, avec la mise en place des peines planchers, a même plutôt eu l'effet inverse. Entre 2006 et 2010, le taux de récidivistes est passé de 3,9 % à 6 % pour les crimes, et de 7 à 11,1 % pour les délits. La principale étude française, réalisée par les démographes Annie Kensey et Abdelmalik Benaouda, plaide a contrario pour les aménagements de peine. Environ 63 % des sortants de prison sans aménagement de peine étaient à nouveau condamnés dans les cinq ans, contre 39 % pour les sortants en libération conditionnelle
  • 3)Pour Laurent Obertone, la prison ne doit pas seulement isoler le coupable, elle doit le « faire payer », « ce n'est pas le Club Med ». « Avant, on trouvait un moyen de lui faire payer, par exemple en l'envoyant taper sur des cailloux en Guyane, écrit-il. Quant à la loi salique, elle faisait payer de son sang celui qui n'avait pas les moyens de rétribuer les victimes. » Le jeune journaliste réclame l'ouverture d'un débat sur la peine de mort.
Là encore, sans qu'aucune corrélation n'ait jamais pu être établie avec une baisse de la criminalité. « Les études menées aux quatre coins du monde démontrent, au contraire, une absence totale de lien entre la criminalité d'une société et le fait qu'elle recoure à la peine capitale », explique le chercheur Laurent Mucchielli, dans La Croix en 2010."
(Mediapart)
____La sécurité est une valeur à défendre contre TOUTES les formes de délinquance, visibles et surtout non visibles, mais souvent aux pires conséquences. Mais l'obsession sécuritaire est un risque majeur, facilement manipulable en période de désarroi social.

 

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