Points de vue
J-10. Suspense...
Comment savoir? Quel camp l'emportera? Leave or Remain ?
Bien malin celui qui peut le dire, car les sondages ne sont pas fiables, l'incertitude est grande dans la masse des votants, très peu éclairés sur le sujet et les contradictions ne manquent pas.
Les travaillistes eux-même sont divisés ou ballotés sur the big Question. Corbyn lui-même a modifié sa position initiale, dans son opposition à la majorité des conservateurs.
L' Europe en déshérence concentre pas mal de ressentiments internes et de nostalgies parfois fantasmées. Même si le pays est resté partiellement en marge tout en imposant sa ligne néolibérale.
Ce n'est pas qu'une tempête dans un verre de whisky.
Ce n'est pas Obama qui fera pencher la balance. Pas plus que la City, qui n'a les faveurs que des milieux d'affaires.
Pas plus que la dramatisation-chantage de Tusk
Les conséquences du basculement possible sont très mal appréciées et l'irrationnel tient une grande place.
Les sondages varient d'un jour à l'autre, d'un groupe social à l'autre et d'une classe d'âge à l'autre, en fonction de la manière de concevoir la mondialisation, à travers le prisme d'un passé le plus souvent idéalisé. Leur fiabilité est mise sen question.
Chez beaucoup plane le souvenir
d'un pays à l'abri des pressions extérieures et des troubles internes.
Certes, on se doute bien que ce n'est pas vrai mais… Pour ceux qui
nourrissent une grande méfiance envers la politique et l'économie
globalisée, il est clair que c'était mieux avant. Les électeurs les plus âgés se rappellent ainsi d'une période de
croissance florissante. Les syndicats étaient puissants et les
dirigeants politiques en mesure de défendre les intérêts de leur pays.
Aujourd'hui, ils voient surtout un monde où dominent des technologies
concurrentes et des flux d'investissement internationaux qui
compromettent la capacité des gouvernements à gérer l'économie. Le personnel soignant, les agents de propreté, les ouvriers du
bâtiment et même les footballeurs sont massivement issus de
l'immigration, remplaçant les Britanniques à ces postes. Tous ces
éléments ont fini par susciter de l'hostilité vis-à-vis de la
mondialisation, et cette hostilité a trouvé en l'Union européenne un
bouc émissaire....
Même si le royaume n'avait qu'un pied dans l'Eurozone, gardant une autonomie relative avec sa monnaie, et imposant ses règles néolibérales, beaucoup de ses lois ont été affectées par Bruxelles
Le Brexit ne viendrait-il pas finalement, par un paradoxe apparent, et par peur d'autres ruptures, à l'obliger à voler au secours de Bruxelles, pour la sauver de ses défaillances, de sa bureaucratie, de ses dogmes. Pour la refonder sur de nouvelles bases: des souverainetés négociées qui pourraient sainement jouer le rôle qui leur revient. L'excès de dramatisation dont nous sommes les témoins n'est-il pas surfait, des solutions de compromis et de rééquilibrage étant déjà peut-être dans les cartons?
Car la législation britannique est d’ores et déjà imprégnée à tous les
niveaux de normes européennes qui ont, silencieusement parfois, mais
résolument toujours, rendu européenne l’identité génétique de la
Grande-Bretagne. L’UE instille aussi dans les États membres des
habitudes et des pratiques de coopération, voire même des manières de
dire le droit qui sont autant de contraintes que les Britanniques ne
vont pas éliminer par un référendum positif. Le coût d’une
« renationalisation juridique » est estimé à plusieurs dizaines d’années
de «re-législation» et à plusieurs millions d’euros...
Le retrait de l’Union obligerait la Grande-Bretagne à établir de
nouvelles relations avec ses anciens partenaires européens. Ces derniers
n’auraient, cependant, aucun intérêt à lui assurer le partenariat
privilégié qu’ils entretiennent avec la Norvège ou la Suisse - ce qui
devrait aboutir à des négociations politiquement périlleuses sur des
sujets vitaux : frontières, droits de douane, importations, sécurité,
partage d’information, poids diplomatique, etc...
Même Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste depuis 2015, et
longtemps opposé à l’adhésion de la Grande-Bretagne, s’est engagé en faveur du maintien dans l’UE,
après avoir loué les progrès accomplis en matières sociale et
environnementale, justement pour se donner les moyens de peser sur ces
sujets centraux.
Le Brexit, après le spectre du Grexit, matérialise finalement bien
plus le refus de tirer les conséquences politiques d'un défaut
d'appartenance à l'Union plutôt que le moyen pour un État de recouvrir
sa souveraineté sur des affaires qui n'ont d'intérieures que le nom,
dans la réalité de la mondialisation contemporaine....
Paradoxe de ce référendum atypique!
M. Thatcher n'a rien empêché, dans ses diatribes antibruxelloises et l'on comprend le désarroi et les crispations de nos voisins dans les jours qui restent.
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- Comme un air de déjà vu
- Pourquoi Jeremy Corbyn défend prudemment le Remain
- Les ouvriers anglais détiennent la clé du vote,
- Le « Brexit » et les présidentielles de 2017
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