Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

lundi 12 mars 2018

Complotisme (suite)

Pas clair
                 Rarement une notion si ambiguë ne fut utilisée aussi souvent que ces derniers temps, dans un contexte le plus souvent embrouillé et polémique.
     Accomodé à toutes les sauces, manié sans précaution ni discernement, ce mot-fétiche se prête à toutes les dérives.
         Il y a même un certain Trump qui accuse de complotistes les critiques à son égard.
     IL faudrait se demander qui en parle et pourquoi.
       Le terrrain est miné. Attention où l'on met les pieds, quel que soit le domaine.
           Par exemple, dans le domaine économique et diplomatique, on apprend que ce que l'on croyait savoir sur la crise grecque est à revoir. Même le FMI s'est bien gardé de dire la vérité.
  Des données ont été largement masquées.
 On se souvient des buts de guerre américains en Irak présentés par le général Collin, porte-parole militaire de G.Bush.
       Ce qu'on appelle les fake-news se retrouve à tous les niveaux, même à celui d'où vient parfois la critique, même là où ne l'attendait pas.
    Ne serait-il pas possible de remettre en question aussi les informations qui viennent du plus haut niveau? (comme la propagande de guerre en 14 ou lors de l'aventure en  Lybie...)
    Même si le mot complot n'a pas bonne presse, se poser la question de la possibilité du complot est pourtant un comportement sain qui devrait être encouragé. Et dont on ne devrait pas avoir honte. Ce questionnement est tout simplement la première étape d’une réflexion qui doit surtout se poursuivre pour aller plus loin dans la compréhension du monde. Car des complots existent et sont à l’oeuvre actuellement -et c’est bien logique : les guerres ne se préparent pas devant tout le monde, car les raisons de ces guerres doivent rester cachées (prendre des ressources pour s’enrichir). Par contre il faut laisser tomber les extra-terrestres, les juifs ou les francs-maçons : finalement le véritable complot n’en est pas un, c’est seulement la continuation d’une lutte des riches contre les pauvres. Plus que visible dès qu’on s’y intéresse un peu. Il n’est pas le fait d’un petit groupe conscient mais le résultat du fonctionnement millénaire d’un système qui s’entretient de lui-même par des forces qui dépassent de beaucoup les volontés individuelles : l’Histoire, dans laquelle le capitalisme tient une place prépondérante.
    Quand Monsanto paye des études disant que ses produits sont bons, et que les députés de tous les pays acceptent sans sourciller ses conclusions, est-ce un complot, de l’incompétence ou un simple mensonge ? Monsanto organise-t-il un complot destiné à empoisonner la population ou essaie-t-il tout simplement de continuer à vendre ses produits qui lui font gagner des milliards ?  Le fait de rédiger les traités en cachette du peuple peut-il se définir comme un complot ou est-ce simplement le fonctionnement logique d’un système qui préfère prendre le risque d’une polémique plutôt que de s’asseoir sur les retombées financières de telle ou telle loi ?   Les exemples sont nombreux, et je doute qu’avec une loi sur les fake news les complotistes cesseront de se poser des questions… mais c’est peut-être tant mieux ..
             La méfiance critique et saine devrait s'imposer en toute occasion lorsque, au nom de la vérité, un magistère quelconque revendique le monopole de la parole conforme.
L'historien digne de ce nom se détourne des explications simples.
   Tout événement a des causes multifactorielles qu'il s'agit de décrypter.
       C'est une tâche complexe et jamais achevée, loin des simplifications médiatiques, de l'histoire revisitée pour des raisons seulement mythiques ou étroitement politiques. 
           Ce qu'on appelle le complotisme, au parfum parfois meyssanien, est habituellement cloué au pilori par les historiens sérieux. Avec raison.
  Il y a rarement des causes simples et d'événements importants déclenchés par les décisions cachées d'un seul ou de plusieurs hommes.
  La simplification monocausale est une tentation. Il est important d'être très prudent sur ce sujet.
            Mais il est des exceptions. Il est dans l'histoire des événements majeurs qui sont la conséquence de décisions élaborées secrètement, par un ou plusieurs individus associés, qu'on le sache après coup ou pas.  Sans tomber dans des approches fumeuses ou mystico-irrationnelles.
         Sur l'assassinat de JK Kenndy, par exemple, nous ne savons encore (presque) rien pour l'instant, des archives n'étant pas accessibles (provisoirement). Mais sur le coup d'Etat au Chili d'Allende, on connaît maintenant quels étaient les organes de décisions. Kissiger lui-même a révélé la conspiration qui a eu lieu à ce sujet à la Maison Blanche. Comme Hilary Clinton a fini par reconnaître le rôle fondamental joué par l'équipe buschienne pour envahir l'Irak à des fins uniquement  économiques (pétrolières) et géostratégiques, quitte à inventer les leurres à usage interne et externe. N'y a-t-il pas eu un calcul mitterandien pour laisser au FN le soin d'affaiblir la droite, pour des raisons électorales? etc...
                           Sur les événements actuels du Moyen-Orient, nous en apprenons tous les jours sur des éléments que nous ne connaissions pas, laissés avec soin dans l'ombre.  Comme sur le rôle plus qu'ambigü joué par la Turquie, le double jeu américain et le soutien de certaines pétromonarchies à Daesh, né du chaos voulu et organisée depuis des décennies, de cette guerre qui a changé le monde, dont nous vivons encore aujourd'hui les tragiques conséquences. Comment expliquer les silences troublants du voisin israëlien?
      Olivier Roy, bon connaisseur du MO, explique comment les Moudjahidins furent utilisés machiavéliquement par la CIA...jusqu'au Kosovo (selon le journaliste d'investigation allemand J.Elsässer)
   Certains anciens diplomates américains de haut-niveau se mettent d'ailleurs à table et font des révélations assez inattendues: "L’ancien directeur de la CIA Robert Gates l’affirme dans ses Mémoires: les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l’intervention soviétique. [A l’époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité ; vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez ? ]Zbigniew Brzezinski ( — Oui. Selon la version officielle de l’histoire, l’aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c’est-à-dire après que l’armée soviétique eut envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979.."
               Il existe des moments dans l'histoire où une certaine analyse d' un complot se justifie  bel et bien, dépassant  largement l' approche historique ordinaire à courte vue.
      La polémique continue...et n'est pas prête de s'éteindre.
           -Pour un contrôle du doute.
_____________________________________.

Aucun commentaire: