Ça se discute.
– « J’ai une règle de vie pour les femmes et pour les hommes comme pour les structures, c’est la bienveillance » E.M.)
_____Qui serait contre la bienveillance dans l'absolu? Il va de soi qu'elle mérite d'être considérée comme un pilier nécessaire au coeur des relations humaines parfois difficiles dans certains cadres institutionnels où des rapports hiérarchiques risquent toujours de créer des tensions ou parfois des abus entre les individus. Elle ne va pas de soi, dans la dureté régnant au coeur d'institutions ou d'organisations où les relations sont souvent loin d'être satisfaisantes, ne serait-ce que pour l'efficacité des performances attendues. Que ce soit au sein de l'entreprise ou surtout de l'institution scolaire. ____ Mais la "bienveillance" est devenue une valeur trop proclamée depuis peu pour ne pas être interrogée. C'est assez clair à l'école, où il est de plus en plus demandé officiellement aux enseignants d'être "cool" laxistes "bienveillants" envers les élèves, surtout ceux qui posent le plus de problèmes, même les plus rebelles ou résistants aux formes essentielles d'apprentissage. "Surtout pas de vagues"...L'injonction est claire. Il est demandé de fermer les yeux ou de surnoter, par crainte de parents consuméristes ou vindicatifs ou de mauvaise réputation de l'établissement, comme le déplorent nombre d'enseignants sur le terrain, comme Patrice Romain, chef d'établissement, ou bien d'autres. ____La "bienveillance" est détournée de son sens initial pour venir justifier un laxisme institutionnel qui s'est installé peu à peu, un abandon progressif par l'Etat de sa mission la plus haute; instruire. Avec la rigueur et les exigences nécessaires. Ce qui n'exclut pas attention et souci de progression. Quand l'école n'instruit plus, ou si peu, elle pratique surtout le "bienveillance", lâchant du lest sur beaucoup de tableaux. Quand derrière une notion en elle-même positive se cache autre chose, il y a du souci à se faire sur le niveau de culture des générations qui viennent et pour la citoyenneté future. Le laxisme ambiant favorise l'épanouissement d'un nouveau cache-misère. Le "care" a ses limites... La notion de bienveillance est une notion souvent équivoque et pout le moins floue, qui peut fonctionner comme un piège.
_____Complètement nunuche"? ..Certains sont plus sévères et critiquent ce "mauvais bon sentiment", ...." une valeur attractive, mais...." Une ....« Formule à la guimauve », « vision bisounours du monde », « dictature des bons sentiments »… Dans le monde magique du bien-être, tout n’est pas rose. Et c’est le cas de la bienveillance. Jugée suspecte, voire hypocrite, taxée d’arrondir les angles au lieu de véritablement prendre soin de l’autre, coupable de vouloir se substituer aux principes politiques de justice, la bienveillance est tombée de son piédestal. En témoigne, par exemple, le livre d’Yves Michaud, Contre la bienveillance (éditions Stock)paru il y a déjà 3 ans… Elle avait pourtant bien commencé, et force est de reconnaître qu’elle ne semble pas complètement oubliée, au vu du nombre de vidéos, d’articles ou de livres sur le sujet. Entre ses détracteurs et ses partisans, aussi bizarre que cela puisse paraître : la bienveillance serait donc devenue un sujet clivant, pas autant que le voile ou l’écologie, bien sûr, mais il faut quand même voir ce que cette pauvre bienveillance se prend… Moi qui voulais la critiquer pour sa « bien-pensance », me voilà prise de court par cette attaque en règle d’un énième bon sentiment. Mais au fond, la question se pose : pourquoi elle, la bienveillance, et pas l’estime de soi, la fragilité ou l’instant présent, tous ces poncifs pseudo-philosophiques pour bien-vivre ? Pourquoi la bienveillance serait-elle pire qu’autre chose ? Y aurait-il une bonne manière de se développer. Emmanuel Macron est l’un des premiers à avoir faire entrer dans l’espace public la bienveillance, et à la populariser comme disposition pas seulement interindividuelle, mais politique. On pourrait penser que critiquer la bienveillance revient à critiquer sa récupération politique, c’est le cas, je l’ai cité tout à l’heure, du philosophe Yves Michaud. L’égalité et la communauté pâtiraient, selon lui, de la promotion politique de la bienveillance. D’où sa critique. Mais qu’en est-il des autres ? Que reproche-t-on à la bienveillance ? J’ai déjà pu citer son côté formel, hypocrite, et pas véritablement empathique ; on pourrait aussi pointer sa marchandisation qui en fait une valeur commerciale, et pas une vertu profonde… Pour ma part, je lui reprocherais de dissimuler, derrière une disposition affective à l’égard d’autrui, une veille, voire une surveillance d’autrui. Vouloir le bien d’autrui, rien ne me semble plus intrusif et contraire au bien d’autrui (car comment croire que l’on veut le bien d’autrui en le faisant en fait à sa place ?). Je crois qu’à la différence, par exemple, de la fragilité, de l’instant présent ou de l’injonction à positiver, la bienveillance ne cache pas sa bonne intention, sa vision optimiste : la bienveillance est bienveillante, elle part d’une bonhomie de l’être humain pour aller vers le bien d’un autre être humain. Et rien d’autre. La bienveillance ne souligne pas une défaillance humaine, comme la vulnérabilité, elle ne révèle pas notre impuissance face au temps, elle ne pointe pas nos tendances pessimistes. Non, la bienveillance s’ancre dans le bien, veut le bien, tente le bien. Trop de bien, trop de bon, trop de bon sentiment. Ce qui est ainsi paradoxal dans cette attaque de la bienveillance, c’est qu’on la rejette pour ce qu’elle évoque, et pas pour ce qu’elle permet ou pas. Elle est le symbole du bon sentiment, gluant, sucré, écœurant. D’où vient donc cette hypocrisie à se jeter sur le soin, le souci de l’autre, l’empathie, l’écoute ou autre, et à rejeter la bienveillance ? Je crois qu’au-delà de désigner un bouc émissaire, il se joue, avec cette critique de la bienveillance, le dégoût du bon, comme je l’ai dit : du sucré, de la guimauve, de l’édulcoré. Bien vivre, prendre soin, pourquoi pas, mais en laissant croire qu’on n’est pas naïf sur la noirceur du monde, sur ses propres failles. Pourquoi ne pas assumer un côté culcul, bien-pensant, rose, bisounours ? Je me pose aussi la question à moi : pourquoi toujours s’en prendre au bien-pensant, au bien, et ne pas revendiquer son amour de la guimauve?..." _____ La bienveillance n'est pas la complaisance par facilité ou par injonction. La nouvelle valeur promue par l'EN n'est pas au dessus de tout soupçon...plus par ce qu'elle masque que par ce qu'elle proclame. Et si on parlait d'exigences?....dans des rapports de confiance qui se construisent et n'endorment pas......__________________
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