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dimanche 8 mars 2009

OTAN : c'est non!


-" On ne comprend rien au président, explique un analyste, si on ne mesure pas sa fascination pour les Etats-Unis. C’est elle qui dicte ses autres prises de position, notamment son engagement en faveur d’Israël. Il est convaincu que c’est parce que nous sommes alliés avec les Etats-Unis que nous pourrons peser sur la politique internationale. "_______

--"Les Etats-Unis ont (ainsi) pu faire de l’organisation politique et militaire de l’Alliance atlantique l’un des instruments privilégiés de leur politique étrangère." (PM de la Gorce)_______________________________

-"La stratégie européenne de recours à la force doit se différencier des concepts américains de destruction et avancer une stratégie de neutralisation..Enfin , l'Europe pourrait disposer de son propre système d'évaluation de crises et non plus dépendre des renseignements américains.." (Pierre Conesa)"
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Le retour dans le commandement de l'Otan est un renoncement | Rue89:

"...Le 4 avril prochain –à moins que le Parlement français ne s’y oppose- Nicolas Sarkozy annoncera donc la réintégration de la France dans l’ensemble des structures de l’Otan lors du Sommet du 60eme anniversaire de la création de l’Alliance qui se déroulera fort symboliquement à Strasbourg et à Kehl.Cette décision est effectivement une petite mesure du point de vue technique. Elle peut être présentée comme marquant l’achèvement logique d’un processus engagé au lendemain de la guerre froide, permettant de signifier symboliquement notre attachement à nos alliés, en particulier américains, pour nous placer en position d’interlocuteur privilégié et nous donner un poids à la hauteur de nos engagements actuels.Le Gouvernement se garde bien pourtant de procéder à un bilan coût-avantage d’un choix qui est en fait aussi lourd que probablement irréversible. Les gains politiques et sécuritaires restent largement à démontrer tandis que le coût symbolique et diplomatique est considérable. Le retour dans l’Otan sera perçu comme la marque d’une banalisation de notre pays dans le camp occidental, d’un affaiblissement de notre autonomie et d’un renoncement à nos ambitions pour l’Europe.
La Présidence française de l’Union européenne (PFUE) avait placé le développement de l’Europe de la défense au premier rang de ses priorités pour montrer que nous ne tournions pas le dos à nos objectifs en ce domaine. Notre nouvelle attitude à l’égard de l’Otan devait même permettre de débloquer certains dossiers. Malheureusement, le bilan de la PFUE est maigre, au plan stratégique ou en matière de capacités, et il ne saurait donc justifier la politique engagée. Seule l’émergence d’un pilier européen dans l’Otan pourrait justifier le retour de la France dans la structure de commandement intégré.
La décision prématurée du Président de la République risque au contraire de signer la mort définitive de ce projet en entérinant une forme de division du travail entre l’Alliance et une Union européenne définitivement incapable de prendre en charge sa propre sécurité.Réintégrer l’Otan sans conditions aujourd’hui, c’est aussi cautionner une structure qui élargit ses missions et son champ d’action largement sous l’influence des décisions américaine, et ne propose aucune vision claire des objectifs politiques que nous devrons pourtant assumer par la suite..."

-Le retour dans l'OTAN : "une décision idéologique atlantiste"
"...Les avantages sont (donc) incertains et problématiques. Les inconvénients politiques sont évidents : envoyer au monde un signal de réalignement de la France, qui sera politiquement interprété comme tel, avec le déclassement et les risques qui en résulteront. On nous dit : c’est symbolique puisque nous sommes déjà presque entièrement intégrés ! Et bien oui, c’est symbolique, symbolique d’une volonté de normalisation qui, une fois la décision mise en œuvre, développerait par un effet d’engrenage, tous ses effets. Il semble bien finalement que décision ne soit fondée sur des considérations idéologiques, atlantistes ou occidentalistes, comme on voudra : mettre fin à une « anomalie » au sein de la famille occidentale. On peut souhaiter autre chose pour la France. Il est encore temps d’en débattre. "

-OTAN Sarkozy France:
"...Il est bien illusoire d'imaginer que les Etats-Unis donneront plus de place aux Européens et aux Français dans la nouvelle Alliance. Jaap De Hoop Scheffer a d'ailleurs bien précisé le 12 février 2009 à Paris que, si la France réintégrait le Commandement militaire intégré de l'Alliance atlantique, ce serait de toutes façons toujours à lui qu'il revenait "de gérer les choses au sein de l'OTAN, comme la position française au sein des structures de commandement, les généraux, etc". Tout au plus les Etats-Unis accorderont-ils quelques commandements militaires sans importance à un ou deux généraux français -- on parle vaguement d'un poste à Norfolk (Virginie, USA) ou à Lisbonne (Portugal) -- sans que cela puisse réellement permettre à la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) de s'affirmer et de de peser significativement sur les décisions de l'OTAN. Dans tous les conflits (Afghanistan, Serbie, Kosovo, etc) où la France s'est retrouvée engagée aux côtés des militaires américains, ce sont systématiquement ces derniers qui décident et contrôlent de façon unilatérale toutes les opérations, en particulier les frappes, reléguant la France et les autres pays alliés au rang de simples exécutants. On ne les imagine guère se plier aux décisions des français dans l'avenir..."

-A quoi sert l’OTAN ?:
"...la « future défense collective de l’Europe » à laquelle s’est rallié le chef de l’Etat français s’organisera uniquement dans le giron de l’Alliance atlantique. Mêlant missions civiles et militaires, elle n’hésitera pas à se déployer très loin de l’ancien « rideau de fer », jusqu’aux confins du Pakistan. A l’intérieur même du parti de M. Sarkozy, deux anciens premiers ministres, MM. Alain Juppé et Dominique de Villepin, se sont inquiétés d’une telle orientation. C’est dire le danger du tournant qu’elle signale..."

-L'OTAN, un instrument de l'hégémonie américaine
-'Alliance atlantique, cadre de l'hégémonie américaine,
-OTAN, Europe : les Etats-Unis intensifient leur diplomatie:
"...Les Américains veulent redynamiser l'Alliance et redéfinir, avec les alliés, ses missions stratégiques face aux nouveaux défis apparus depuis la fin de la guerre froide et les attentats du 11-Septembre. L'élaboration d'un nouveau concept stratégique, qui viendrait remplacer celui de 1999, doit être lancée au sommet de Strasbourg – celui qui donnera lieu au retour de la France dans les structures militaires intégrées...."
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- Le retour dans l'Otan sème le trouble à l'UMP
-Pourquoi il faut s’opposer à une France atlantiste, par Hubert Védrine
-Retour dans l'Otan: Bayrou réclame un référendum
-Retour dans l'OTAN : La machine de guerre est prête !
-Le retour de la France dans l’OTAN : un cas de haute trahison ? | AgoraVox
-La méduse, l'OTAN et l'Afghanistan
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-Vers l'Union atlantique ?
- Diplomatie française : virage ?
-OTAN , suspends ton cours...!
-Alliance Atlantique : nouvelles missions ?

samedi 20 avril 2019

Autant en parler

OTAN:
                Plus que jamais, la question est posée aujourd'hui, surtout dans le nouveau contexte international, après le Kosovo, la Libye...
                                    Comment s'en désengager?
      Point de vue:

« Je ne veux pas d’une Europe qui soit juste une zone de libre-échange attachée à l’OTAN… » (Ségolène Royal). Qu’est-ce que l’OTAN ? L’OTAN est une des expressions de l’atlantisme. Qu’est-ce que l’atlantisme ? L’atlantisme est le courant politique conceptualisé au début de la guerre froide qui prône une alliance militaire centrée sur les États adjacents à l’océan Atlantique Nord et, par extension, entre l’Europe et l’Amérique du Nord (spécialement les États-Unis et le Canada). Cette alliance s’accompagne d’une coopération dans les domaines politiques, économiques et culturels. Ce courant politique donne pour objectifs à cette alliance d’assurer la sécurité des pays membres et de protéger les valeurs qui les unissent : la démocratie, les libertés individuelles, et l’État de droit (rule of law)1. Un retour en arrière s’impose pour mieux appréhender cette problématique de l’OTAN, de l’atlantisme et d’une éventuelle défense européenne, sorte de serpent de mer.
           4 Avril 1949, création de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN ou NATO sous son acronyme en langue anglaise)2. 4 avril 2019, soixante-dix après, qu’est devenue cette institution internationale ? Le résultat est mitigé, en demi-teinte. Le moins que l’on puisse dire est que le cœur n’y est plus tant ses évolutions intervenues depuis la fin de la Guerre froide, soit trente ans après, soulèvent de multiples questions importantes que pose Donald Trump3. Si tôt posées, si tôt évacuées tant elles mettent en cause les dogmes intangibles d’une église dont les fondations se fissurent. Un simple sommet des ministres des Affaires étrangères pour célébrer l’évènement4. Rappelons la genèse de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord en 1949 avant de nous souvenir du tournant de la fin de la Guerre froide en 1989 qui voit la renaissance de l’Alliance atlantique pour conclure sur les interrogations légitimes au sujet de la pertinence et de la pérennité de la structure en 2019 (« toujours vitale » pour certains, « en finir avec l’OTAN » ou « lui accorder sa retraite », pour d’autres) !
Comment définir simplement l’Alliance atlantique créée en 1949 pour protéger les démocraties occidentales européennes et le Canada d’une menace de déstabilisation par l’ours soviétique et ses satellites ? Pour être un outil de sécurité, l’OTAN n’en demeure pas moins un instrument d’asservissement.
Reportons-nous à la situation de l’Europe en 1945 et aux accords de Yalta ! Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale et la défaite de l’Allemagne nazie en mai 1945, la suspicion grandit entre les alliés du temps de la guerre. L’entrisme de Moscou à l’est inquiète à l’ouest. En mars 1946, l’ambassadeur des États-Unis à Moscou, George Kennan incite Washington à contenir (« containment ») l’expansion de la Russie avec vigilance et fermeté. Winston Churchill parle de « rideau de fer descendu à travers le continent de Stettin à Trieste ». Staline l’accuse de « calomnie ». En 1947, « l’année terrible » est marquée par l’entrée dans la « guerre froide » (Walter Lippmann), l’approfondissement des failles idéologiques entre Moscou et Washington. Deux Europe s’affirment sous la tutelle des deux Grands. En 1948, on assiste au « coup de Prague », au blocage des secteurs occidentaux de Berlin. L’antagonisme est-ouest constitue alors l’élément fondamental structurant l’ordre international de l’après-guerre.
A l’ouest, la réaction s’organise. Britanniques et Français concluent un traité d’alliance et d’assistance mutuelle le 4 mars 1947 à Dunkerque. Il s’élargit aux trois pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) qui créent « l’Union occidentale » à Bruxelles le 17 mars 1948. Ce traité comporte un engagement d’assistance automatique en cas d’agression. Mais comment convertir la défense européenne en défense occidentale ? Des négociations se tiennent d’abord entre anglo-saxons, élargies par la suite à plusieurs autres États entre les deux rives de l’Atlantique. Elles débouchent finalement par la signature du traité de l’Atlantique nord le 4 avril 1949 à Washington. Ses parties sont les cinq États du traité de Bruxelles auxquels se joignent le Canada, le Danemark, les États-Unis, l’Islande, l’Italie, la Norvège et le Portugal. Ce sont donc douze États qui forment l’avant-garde de la défense occidentale face à l’URSS5.
À l’est, la riposte s’organise. Le pacte de Varsovie est une ancienne alliance militaire groupant les pays d’Europe de l’Est avec l’URSS dans un vaste ensemble économique, politique et militaire.
Il est conclu le 14 mai 1955 entre la plupart des pays communistes du bloc soviétique par un traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle. Nikita Khrouchtchev, qui en fut l’artisan, l’avait conçu dans le cadre de la guerre froide comme un contrepoids à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) qui avait vu le jour en avril 1949. La principale raison ayant motivé la formation du pacte de Varsovie, selon l’exposé des motifs, fut l’adhésion de la République fédérale d’Allemagne « en voie de remilitarisation » au traité de l’Atlantique nord au moment de la ratification des accords de Paris le 9 mai 1955. Le pacte de Varsovie est dissout en juillet 19916.
Sur le plan de l’étymologie : le terme d’atlantisme est un dérivé d’atlantique, concept contenu dans l’appellation de l’« Organisation du traité de l’Atlantique Nord » (OTAN sous son acronyme français et NATO en anglais). Le mot atlantique est issu du grec atlantikos, Atlantique. Il est un dérivé d’Atlas, du nom d’une chaîne de montagnes situées en Afrique du Nord. L’adjectif "atlantique" qualifie ce qui concerne l’Océan atlantique et les pays riverains.
L’atlantisme désigne une politique extérieure caractérisée par le soutien apporté aux Etats-Unis, notamment dans le cadre de l’OTAN. Conceptualisé au début de la Guerre froide, l’atlantisme prône une étroite coopération entre les Etats-Unis, le Canada et les pays européens dans les domaines politique, militaire, économique et culturel. L’objectif avoué consiste, en principe, à assurer la sécurité des pays membres de l’OTAN (clause de solidarité de l’article 5 qui veut qu’une attaque contre l’un de ses membres est considérée comme une attaque contre tous) et de protéger les valeurs qui les unissent : démocratie, libertés individuelles et Etat de droit.
L’atlantisme désigne aussi l’attitude politique, l’opinion, la doctrine de ceux qui font du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) la base de leur action extérieure et qui, au nom de ces principes, s’alignent de manière plus ou moins systématique, idéologique sur la politique extérieure des Etats-Unis qu’elle soit entièrement justifiée ou totalement infondée, ce qui arrive parfois7.
C’est que l’Amérique, le pays à la destinée manifeste, n’est pas une nation sentimentale. Accorder une assurance tout-risque à ses alliés comporte un prix, un prix fort que ces derniers doivent acquitter sous peine d’excommunication. Sur le plan politique, d’abord, cela signifie un alignement inconditionnel sur toutes les positions diplomatiques américaines, y compris les plus critiquables. On se souvient des foucades du général de Gaulle contre l’impérialisme américain (Cf. le discours de Phnom Penh de 1966 au cours duquel il critique l’intervention américaine au Vietnam) et de sa volonté de ne pas adhérer automatiquement à la politique étrangère de Washington. Sur le plan économique et commercial, ensuite, cela signifie se plier au primat du dollar comme monnaie d’échange et aux règles de droit américain sur le commerce international. Sur le plan militaire, enfin, cela signifie faire sienne, d’endosser la doctrine du Pentagone en matière d’interventions extérieures (Afghanistan, Irak, Syrie…) et surtout acheter exclusivement du matériel américain au nom du sacro-saint principe de l’interopérabilité. L’Amérique, c’est aussi « Buy American First ».
    Quarante ans après sa création, l’OTAN est confrontée à un défi qu’elle n’avait pas envisagé, la disparition de l’ennemi (l’URSS et du Pacte de Varsovie) qui en était sa principale justification et de la menace (nucléaire et conventionnelle) qui pesait sur ses membres.
   Que faire logiquement lorsque l’ennemi (le méchant ours russe) disparait ainsi que l’organisation qui lui servait de bras armé (le Pacte de Varsovie). Telle est la question de nature existentielle qui est posée à l’Amérique et à ses alliés fin 1989 et durant toute l’année 1990 ? Alors que certains prévoyaient sa fin, nous assistons à une sorte de renaissance de l’OTAN.
    Chargée de protéger les pays occidentaux face à la menace du bloc soviétique, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) n’aurait-elle pas dû naturellement disparaître avec la fin de la Guerre froide, l’effondrement de l’URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie (1991) ? Et cela d’autant plus que, dès avant la fin des années 1980, les « ennemis » avaient décidé de se lancer dans une politique de détente entre l’Est et l’Ouest, entre les deux Allemagnes. N’allait-on pas enfin substituer au vieux système d’alliances celui de la sécurité collective, fondement de la Charte de l’ONU ?8 Les prémisses d’un tel système n’existaient-elles pas avec les différents accords conclus durant la Guerre froide : accord d’Helsinki, document sur les mesures de confiance et de sécurité, traité sur les forces classiques en Europe, traité ciel ouvert, accords américano-soviétiques (SALT, START, ABM…) ? Les internationalistes se plaisent alors à le croire.
     La fin de la Guerre froide ne signifie-t-elle pas à terme la solution de tous les conflits, y compris les conflits menés par procuration par les deux Grands ? Ne rend-elle pas l’OTAN obsolète, décalée par rapport au monde de paix et de sécurité qui se dessinait après 1989, « année de toutes les ruptures » ? L’ONU ne va-t-elle pas enfin jouer son rôle de pourvoyeuse de stabilité par la mise en place d’une diplomatie préventive des conflits potentiels ? « L’Agenda pour la paix » adoptée en 1992 à New York par l’institution new yorkaise ne préfigure-t-il pas une sorte de paix universelle et perpétuelle chère à Emmanuel Kant ? Tel est le rêve secret que l’on caresse à Paris. François Mitterrand envisage la mise en place d’une « confédération européenne » excluant les États-Unis et le Canada, laissant aux Européens le monopole de leur avenir (1989) ayant pour conséquence la fin de la « Sainte-Alliance » (Cf. sa diatribe lors du sommet de l’OTAN à Rome, 1991). En vain !
Malheureusement, l’Histoire est tout autre. Au lieu d’une logique d’effacement, l’OTAN va petit à petit renaître de ses cendres, Washington a quelques idées sur la question après avoir été un temps dépassé. Désormais qualifiée d’ «Alliance unique », elle subit une triple transformation sans modification de son traité constitutif : élargissement à ses anciens adversaires sans pour autant en définir les limites géographiques ; modification de sa doctrine d’emploi pour une meilleure prise en compte des nouvelles menaces et mue en bras séculier de l’ONU, de l’OSCE, voire de l’Union européenne qui ne parvient pas toujours à mettre sur pied une défense européenne autonome en dépit de l’absorption de l’UEO (Union de l’Europe occidentale). La fin de la Guerre froide s’accompagne de la multiplication des guerres concrètes, réelles. L’éclatement de l’ex-Yougoslavie lui fournit une première occasion de désigner un nouvel ennemi9.
     La guerre du Kosovo, contre la Serbie de Slobodan Milosevic, est lancée au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Elle crée un précédent sur la possibilité d’attaquer sans aval de l’ONU un pays ne constituant pas une menace pour la sécurité des membres de l’OTAN. A cette époque, Moscou fait part de son opposition à cette manière de procéder avertissant que ce précédent sera utilisé par la Russie le moment venu (ce sera parole tenue). Cette première intervention est suivie d’une seconde, hors du continent européen (qualifiée en son temps de hors-zone), par l’attaque de l’Afghanistan conduite au titre de la « guerre contre le terrorisme » après les attentats du 11 septembre 2001. Ainsi, l’Alliance atlantique place les armées de ses pays membres en ordre de bataille10. Devenue le gendarme du monde, l’OTAN prête main-forte à la coalition internationale chargée de renverser le guide libyen au titre de sa contribution aux « printemps arabes ». Elle guerroie également au Proche et au Moyen-Orient avec les succès que l’on sait…
     Soixante-dix ans après sa création que faire de cet enfant légitime de la (première) Guerre froide alors que le monde a changé, que de nouveaux acteurs ont fait leur apparition sur la scène internationale et que certains évoquent une « Guerre froide, deuxième version »12, à quoi sert l’OTAN ? Œuvre-t-elle pour le renforcement de la paix et de la sécurité internationales et donc pour le bien des peuples ou pour les seuls intérêts bien compris des États-Unis et de son puissant lobby militaro-industriel ?
      L’OTAN (faux-nez de Washington) s’intronise gendarme du monde à la maladie duquel elle contribue grandement. Elle pousse à l’effacement de l’Europe, à l’alignement de la France. Tel est le bref bilan que l’on peut dresser d’une organisation alors qu’un nouveau siècle commence.
     « Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d’ennemi ! » prédit Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev en 1989. C’est panique à bord à l’OTAN au début des années 1990. Il faut se trouver un nouvel ennemi13 pour justifier de son existence. C’est d’abord l’ex-Yougoslavie, ensuite le terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001 et, par un bégaiement de l’histoire, de nouveau la Russie depuis les crises géorgienne (2008) et ukrainienne (2014). A Washington, on méprise de plus en plus les Nations unies et le multilatéralisme qu’elles représentent. On préfère déporter les problèmes de New York vers Evere, les alliés y étant réduits au rôle de faire-valoir des États-Unis. Tout ce beau monde est mû par une double force : une inertie phénoménale qui pousse au statu quo et un panurgisme qui pousse à la servitude volontaire. « On vous demande la quadrature du cercle : trouver une solution militaire à une crise politique »14. Il y a un déficit de lucidité sur les risques inhérents aux solutions préconisées par Washington et entérinées par ses alliés en dépit des déconvenues régulières. Le discours politique devient synonyme de mensonge.
     Le sommet des chefs d’État et de gouvernement de Varsovie (8- 9 juillet 2016) est marqué par des décisions qui ne sont ni rassurantes, ni de nature à créer de la confiance et de la sécurité entre l’Occident et la Russie15 : exercice de 2000 soldats en Pologne pour tester les nouvelles capacités de réaction de l’OTAN dans un pays voisin de la Russie dans le cadre d’une opération militaire d’entraînement comme il n’en avait pas été élaboré depuis 1989 et la fin du système communiste ; déploiement de quatre bataillons d’ici 2017 en Pologne et dans les pays baltes16 ; activation d’un nouveau site de défense antimissile en Roumanie qui devrait être suivi par un autre en Pologne (« initiative de réassurance européenne » lancée en juin 2014 par Barack Obama) ; protocole d’accession d’un 29ème État membre, le Monténégro qui aura le statut d’observateur (réunion des ministres des Affaires étrangères des 19 et 20 mai 2016) : étude des candidatures de la Bosnie, de la Géorgie17 et de la Macédoine ; dissuasion ; adaptation aux nouvelles menaces…
     Malgré la reprise annoncée des activités du conseil OTAN/Russie ou COR (13 juillet 2016), ce sommet est frappé au sceau de la « menace russe » et sur la nécessaire « fermeté » de l’Alliance (Barack Obama). Pour se démarquer, François Hollande déclare au quotidien Le Monde que la Russie n’est « ni un adversaire, ni une menace ». Comprenne qui pourra ! Aujourd’hui, certains insistent sur la « nécessité de relancer le conseil OTAN/Russie »18
     Force est de constater qu’à Washington, on ne sait pas reconnaître ses échecs. « Les États-Unis sont en partie responsables de la multiplication de leurs propres ennemis »19. Aujourd’hui, rien ne menace son pouvoir, sinon son propre hubris. Or, les Vingt-Huit (les Vingt-Sept bientôt ?) sont incapables de mettre sur pied une politique de sécurité et de défense, faute de s’entendre sur une vision commune alors même que la défense de l’Europe, c’est l’affaire des Européens. Ces derniers sont « drogués à l’hégémonie américaine, préféreraient une grande Suisse à une Europe puissance »20. Notre réintégration de la structure militaire intégrée n’a en rien changé les choses. Pourquoi dupliquer les missions de l’OTAN à l’Union européenne, nous rétorquent nos partenaires ? La PESD n’est qu’une coquille vide qui satisfait la grande majorité d’entre eux. La défense de l’Europe se pense, se fait à Evere et non au Berlaymont, plus encore après le « Brexit » et en dépit de la déclaration commune OTAN/UE adoptée à Varsovie. De l’UEO qui devait préfigurer une défense européenne robuste, il ne reste qu’un vague souvenir. Les traités de Maastricht et de Lisbonne se bornent à la réaffirmation de principes sans la moindre consistance. En masquant des intentions différentes, ils font au moins autant partie du problème que de sa solution.
       L’explosion de sa première bombe nucléaire (1960), la fin de la guerre d’Algérie (1962), le remboursement de ses dernières créances conduisent le général de Gaulle à s’émanciper de la tutelle pesante des États-Unis en quittant la structure militaire intégrée de l’OTAN en 1966. Cette distance vis-à-vis de Washington vaut à la France un capital de sympathie inestimable dans le Tiers-Monde. Ceci va évoluer : « Si tu y pensais un peu plus souvent, tu ne ferais pas tout le temps des propositions idiotes »21. Jacques Chirac amorce un mouvement de rapprochement avec l’Alliance : réintégration du comité militaire, tentative de retour dans certains commandements du flanc sud sans passer la ligne rouge. Nicolas Sarkozy s’enorgueillit de retrouver la « famille occidentale » en rejoignant en 2009 la structure militaire intégrée quittée en 1966 pour démontrer son indépendance face à Washington22. Indépendance par rapport à « l’hybris, la folie des grandeurs, une ignorance condescendante du monde extérieur : ‘The West and the Rest’, dit-on outre-Atlantique »23. Le rapport Védrine ne remet pas en cause ce retour qui s’accompagne de l’émergence d’un courant néo-conservateur au Quai d’Orsay diffusant au sein des plus hauts cercles de l’État24. Manifestement, le plus jeune président de la Cinquième République, Emmanuel Macron s’agite beaucoup (il brandit les mots de défense européenne, d’armée européenne…) mais ne parvient pas pour l’instant à emporter les suffrages de ses partenaires européens, qui ne pensent que NATO pour leur sécurité. Son opération de charme auprès de Donald Trump tourne court25. L’Allemagne ne succombe pas aux sirènes jupitériennes.
    Quel constat peut-on dresser en 2019 sur l’OTAN, sur son fonctionnement, sa pertinence ? Si l’OTAN n’est pas aussi solide que ses thuriféraires le prétendent, c’est bien parce qu’elle est bâtie sur de nombreux malentendus, sous-entendus que le temps et Donald Trump mettent à nus.
  « Historiquement, on n’a jamais vu une alliance survivre longtemps à la disparition des causes qui l’ont créée »26. Au stade où nous sommes parvenus, le temps n’est plus à la diplomatie déclaratoire aussi inutile qu’inefficace. Tel un médecin, le diplomate se doit d’abord de porter le diagnostic pertinent sur le malade NATO (le temps du constat objectif) avant de lancer le temps du remède approprié (le temps de la réflexion sans tabou)27.
      Un sérieux doute sur son efficacité. Tous les théâtres d’opération extérieurs de l’OTAN présentent la même caractéristique : une bataille gagnée, une guerre perdue. Aucun n’échappe à la règle : Afghanistan (presque vingt ans après les avoir chassé d’Afghanistan dans la foulée des attentats du 11 septembre 2011, Donald Trump négocie dans le dos des alliés le retour des Talibans) ; Irak (le pays n’a toujours pas retrouvé la paix après la ballade de la coalition en 2003 effectuée sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU et cela en dépit de la victoire annoncée sur l’EIIL le 22 mars 2019 par Donald Trump) ; Libye (presqu’une décennie après l’intervention prétendument humanitaire de l’Alliance atlantique, le pays et la zone sahelo-sahérienne ne sont toujours pas remis de ce tsunami atlantiste et de la folie de Nicolas Sarkozy particulièrement bien inspiré par le philosophe-diplomate BHL) ; Syrie ( en voulant chasser Bachar Al-Assad, la coalition l’a conforté comme elle a contribué à un renforcement de la présence russe et iranienne dans le pays et chez ses voisins ici aussi en dépit de la défaite de Daesh sur le terrain28)… Veut-on/peut-on tirer les leçons qui s’imposent de cette chronique de défaites annoncées ? Veut-on se souvenir que toutes les alliances sont mortelles ? Nous n’en avons pas l’impression.
      Un sérieux doute sur sa pérennité. Depuis, l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump29, les alliés de Washington semblent avoir découvert, qu’un jour ou l’autre, les États-Unis pourraient, au mieux, revoir la nature de leur engagement à leur égard (en particulier l’automaticité de la mise en œuvre de la clause de solidarité prévue à l’article 5 du traité de Washington), au pire décréter que soixante-dix ans, ça suffit et qu’ils ont mieux à faire qu’à assurer la sécurité en Europe surtout lorsque cette dernière ne prend pas suffisamment sa part du fardeau financier. En un mot, l’assurance tout-risque a un coût. Au cours des dernières semaines, la ministre des Armées, Florence Parly a mis les pieds dans le plat lors d’une visite au Grand Frère. Elle déclare le 18 mars 2019 lors d’une visite à Washington que l’Europe s’inquiétait de la pérennité de l’engagement des Etats-Unis dans l’OTAN et a implicitement critiqué l’attitude de Donald Trump vis-à-vis de l’Alliance atlantique. « Ce qui préoccupe les Européens est de savoir si l’engagement des Etats-Unis est pérenne », souligne Florence Parly, avant de rencontrer le même jour son homologue américain, le secrétaire d’Etat à la Défense Patrick Shanahan. Nous avions soulevé la question incongrue à l’été 201830. D’autres, plus experts, se la posent sans ambages aujourd’hui alors que règne dans notre pays un silence assourdissant sur le sujet. Il y a urgence à ouvrir ce débat interdit à l’occasion des élections européennes du 26 mai prochain.31.
      Le dispositif militaire en Irak et en Syrie est évoqué lors de cet entretien. Donald Trump réclame régulièrement, depuis son accession au pouvoir en janvier 2017, davantage d’efforts financiers de la part des autres pays membres de l’Alliance et promeut sans relâche les armes et équipements militaires américains. Il exige que les pays membres consacrent 2% de leur produit intérieur brut à leurs dépenses militaires, faute de quoi il menace de retirer les Etats-Unis de l’OTAN. « L’alliance ne devrait pas être soumise à des conditions, sinon ce n’est pas une alliance », a estimé lundi Florence Parly. « La clause de solidarité de l’OTAN est baptisée Article 5 et non article F-35 », a-t-elle ironisé, par allusion à l’avion de combat américain fabriqué par Lockheed-Martin. Les Etats-Unis ne devraient pas considérer comme un geste hostile, ni comme un prétexte pour se désengager, la volonté des Européens d’être plus autonomes sur le plan militaire, estime Florence Parly. En novembre dernier, Donald Trump avait jugé « très insultant » que son homologue français Emmanuel Macron ait proposé la création d’une armée européenne pour que l’Union puisse se protéger de potentiels adversaires32. Au pays de la statue de la Liberté, on n’apprécie pas trop que le dogme de la prééminence américaine sur le plan militaire soit remis en cause par les officiants européens. Le message est particulièrement clair et particulièrement bien ciselé en théorie. Mais, une fois encore, la question est de savoir si tout ceci n’est que bonne parole ou si cela peut déboucher sur une réflexion, et qui sait le moment venu, sur des décisions fortes ? Alors que le 45ème président américain contraint les Européens à s’interroger sur l’essence même de leur projet, ces derniers vont-ils, une bonne fois pour toutes, s’interroger sur l’avenir de la relation transatlantique ainsi que, question connexe, sur l’avenir de la défense européenne ? Quelques mots s’imposent sur la farce de Washington.
         L’avenir de la relation transatlantique. Une fois de plus, les Européens devraient accepter de débattre de questions qui les embarrassent, et cela, le plus rapidement possible pour éviter de se trouver, un jour prochain, devant la politique du fait accompli, grand classique de Washington à l’égard de ses alliés, de ses vassaux. Dans quels buts, l’OTAN créée pour faire face à la menace des États communistes, URSS en tête, n’a pas été dissoute à la disparition de leur pacte de Varsovie ? Quels sont les intérêts de toutes natures qui poussent les États-Unis à remettre sur la table la question du partage de la charge financière de l’Alliance ? Rappelons que dans le cadre de la présentation du rapport annuel sur les dépenses de Défense des membres de l’Alliance, « l’Allemagne a été appelée par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg à respecter son engagement d’augmenter ses dépenses de Défense », rapporte l’AFP. Alors que ces dépenses à 1,23 % du PIB sont « demeurées inchangées en 2018 », certains qualifient Berlin de « mauvais élève de l’OTAN ». Jens Stoltenberg affirme que « les risques que fait courir Huawei à la sécurité des futurs réseaux de communications mobiles de cinquième génération doivent être pris au sérieux ». En effet, « les Alliés, américains et européens s’inquiètent des négociations avec le groupe chinois pour le déploiement de la 5G, notamment en Allemagne ». On constate que, derrière des intérêts sécuritaires, se dissimulent souvent des intérêts encore plus importants, de nature commerciale, à savoir la compétition entre Pékin et Washington. Pourquoi, les Européens sont-ils dans l’incapacité structurelle d’organiser leur défense de manière indépendante alors que « l’Alliance atlantique court aujourd’hui un risque mortel » ?33 Les Européens veulent-ils ou se poser les questions existentielles sur l’avenir de la relation transatlantique ?34 En dernière analyse, revient de manière récurrente une question lancinante : ce qui est bon pour l’OTAN est-il bon pour l’Europe ?35
        L’avenir de la défense européenne36. Manifestement, les Européens restent encore, pour une durée indéterminée, sous tutelle de l’Oncle Sam et cela d’autant plus qu’ils sont divisés sur la meilleure façon de garantir la sécurité du continent. Les ministres de la Défense se réunissent régulièrement et collectivement à Evere pour pratiquer la liturgie otanienne et vont individuellement faire leurs dévotions au Pentagone (comme vient de le faire la ministre des Armées, Florence Parly). Cela ne changera pas encore de sitôt malgré les grandes annonces successives de l’Union européenne empêtrée dans les méandres d’un « Brexit » fluctuant37 : coopération structurée permanente (CSP), Fonds européen de défense, Initiative européenne d’intervention… Au mieux, le « soft », c’est pour l’Europe, le « hard », c’est pour les Américains. Car, au-delà de la conception théorique de la défense, un problème plus technique mais plus politique se pose à travers le concept d’interopérabilité. Pour être plus efficaces, parlons la même langue (l’anglais), achetons les mêmes matériels et les mêmes munitions (américaines), adoptons les mêmes manières de conduire la guerre (à l’américaine38) avec les succès que l’on sait… Le Pentagone n’a aucune raison de voir les choses évoluer dans le sens d’une plus grande intégration militaire européenne au risque de perdre tous ses avantages industriels et ils sont nombreux. La volonté européenne – si tant est qu’elle existe – se heurte à la réalité d’une Alliance dominatrice qui étend sa toile jusqu’aux confins russes. Au mieux, les États-Unis consentiraient à la mise en place d’une annexe européenne de l’OTAN (le fameux pilier européen qui n’a jamais existé) baptisée « défense européenne » pour tromper le gogo et augmenter la note payée par l’Union européenne (revendication chère à Donald Trump)39. On comprend mieux pourquoi l’idée d’une « armée européenne » chère à Emmanuel Macron relève à ce stade de la chimère ou de l’utopie pure. L’idéal serait de dissoudre l’OTAN pour sauver l’Europe40. Et surtout de savoir ce que nous attendons véritablement d’une Europe de la défense41.
       La farce de Washington. Le sommet de l’OTAN de Washington au niveau des ministres des Affaires étrangères (3-4 avril 2019) est un pur exercice de diplomatie déclaratoire sans lendemain. Le discours du secrétaire général de l’Alliance atlantique, le norvégien Jens Stoltenberg devant le Congrès frise le ridicule. Il met en garde contre la menace que fait peser sur l’Alliance une « Russie plus affirmée » sur la scène internationale ». Toujours la même rhétorique consistant à désigner un ennemi pour resserrer les rangs de la mauvaise troupe. Et d’ajouter : « L’OTAN n’a aucune intention de déployer des missiles nucléaires terrestres en Europe. Mais elle prendra toujours les mesures nécessaires pour fournir une dissuasion crédible et efficace ». Un exercice d’autosatisfaction ne peut pas faire de mal. Et notre servile courtisan de se présenter l’OTAN comme « l’alliance la plus efficace de l’Histoire ». Rien de moins… « L’OTAN a été bénéfique pour l’Europe, mais aussi pour les Etats-Unis », a-t-il insisté. Le dirigeant norvégien s’était entretenu le 2 avril 2019 avec le président américain, qui lui a dit que ses coups de pression sur les Alliés, à commencer par l’Allemagne, les avaient conduits à augmenter leur contribution financière. « Depuis mon arrivée à la présidence, cela a décollé en flèche », lui a-t-il notamment déclaré. « Nous avons récupéré 140 milliards de dollars en investissement supplémentaire, et il semble que nous aurons au moins 100 milliards de dollars de dépenses en plus par les pays (…) d’ici 2020 ». Réclamé de longue date par Washington, ce rééquilibrage de l’effort de défense entre alliés de l’OTAN a pris une nouvelle dimension depuis son arrivée à la Maison blanche. Pour sa part, Mike Pence, le vice-président américain, a une nouvelle fois ciblé l’Allemagne, critiquant la décision de Berlin de soutenir la construction du gazoduc Nord Stream 2. « Nous ne pouvons garantir la défense de l’Ouest si nos alliés se rendent dépendants de la Russie », a-t-il déclaré42. Russie accusée de s’ingérer dans les processus électoraux en Occident43. C’est pourquoi l’OTAN est contrainte, à son corps défendant, de durcir sa posture vis-à-vis de la Russie44. La Russie, toujours l’ennemi russe. Encore, une carabistouille atlantiste. Quant au secrétaire d’État, Mike Pompeo, il appelle ses alliés de l’OTAN à s’adapter aux nouvelles formes de menaces à travers le monde, pour faire face notamment aux ambitions de la Russie, à la concurrence stratégique de la Chine, à la menace iranienne et aux migrations incontrôlées. Certains en appellent l’Allemagne à plus contribuer au budget de l’Alliance et à trop faire preuve d’attentisme sur les sujets stratégiques45. D’autres stigmatisent l’attitude de la Turquie qui s’apprête à acquérir des missiles de fabrication russe46. En un mot, tout va très bien madame la marquise du côté d’Evere « for ever ».
     Même si ce n’est pas la fin du monde, nous approchons de la fin d’un monde. À l’instar d’autres institutions internationales qu’elles soient universelles ou régionales, l’OTAN ou organisation sur l’insécurité et la coercition, sorte de nouveau gendarme du monde libre, commence à vaciller sur ses fondements sous les coups de boutoir répétés du 45ème président des États-Unis. On s’y querelle sur des chiffres en lieu et place de s’interroger sur sa pertinence réelle en ce début de XXIe siècle. La machine otanienne tourne à vide. Plus elle s’élargit en nombre, plus elle se dégonfle en substance ! Mais, les atlantistes et autres néo-conservateurs continuent de la vénérer tel le Saint Chrême. Quoi de mieux que de la célébrer à échéances régulières pour faire oublier aux croyants dubitatifs la remise en cause des évangiles américaines repris par les idiots utiles européens ! L’absence de grand-messe au niveau des chefs d’État et de gouvernement pour les cérémonies du 70ème anniversaire de sa création (Washington, 3-4 avril 2019) traduit à l’évidence un malaise certain sur le devenir de cette organisation, héritage de la Guerre froide.
    Manifestement, les Européens sont indécrottables lorsqu’il s’agit de l’OTAN47. Ils pratiquent à la perfection la politique de l’autruche. La perle revient à Florence Parly, précitée qui déclare, sans trembler et avec la plus grande piété, lors de son dernier voyage de dévotion à Washington : « Une Europe forte n’est pas synonyme d’un lien transatlantique distendu ». Bravo, Miss OTAN ! Toute brillante énarque que vous êtes, vous n’avez toujours pas compris la différence entre être allié et être aligné. Vous seriez bien inspirée de relire quelques excellents discours du général de Gaulle et l’éternel Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie en lieu et place des notes que vous préparent vos brillants conseillers néo-cons. Quant à notre stratège de « Breton madré » du Quai des Brumes présent à cette grand-messe atlantiste, on peine à comprendre sa pensée tant elle brille par le flou, par le brouillard marin. (Guillaume Berlat)

mercredi 2 avril 2008

Aventure afghane ?

Au service d'un atlantisme renforcé et des intérêts géostratégiques américains ?

-Déploration afghane( Arnaud De Borchgrave):

« Peu m’importe si cela prend encore 10 ou 20 ans, mais nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer en Afghanistan. » Ainsi s’exprime Frank Carlucci, ancien Secrétaire à la Défense des USA et conseiller pour la sécurité nationale au Council on Foreign Relations. Selon Carlucci, un échec briserait l’Alliance Atlantique et ouvrirait la scène mondiale aux deux prochains poids lourds que sont La Chine et la Russie.

La plupart des pays européens membres de l’OTAN, tout en déclarant leur solidarité avec les États-Unis et l’Alliance en Afghanistan, et en admettant qu’il s’agit d’une question vitale pour l’OTAN, ne sont pas pour autant disposés à rester plus de deux ans, et au maximum trois..."

-Afghanistan | Dossier d'actualité
-Afghanistan.Monde Diplo (dossiers)
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-L’intervention en Afghanistan est proche d’échouer selon les USA
-Emmanuel Todd : «Si la France devient le caniche des USA, elle disparaîtra»
-Pascal Boniface : Un engrenage potentiellement dangereux en Afghanistan
-Afghanistan: un bourbier, oui, mais de luxe!
-Dedefensa.org :Afghanistan et OTAN:
"..On a déjà vu les inquiétudes concernant l’OTAN jetée dans le chaudron afghan, inquiétudes pour l’OTAN et inquiétudes à l’intérieur de l’OTAN. Tout le monde sait qu’on demande d’urgence des renforts. D’autre part, nul n’ignore pas que la question se pose également, avec réponse en général sur le bout des lèvres, de savoir si ce n’est pas l’OTAN elle-même, et certaines de ses meilleures troupes qui sont en bonne partie responsables du chaudron afghan. Certains, parmi les militaires les plus chevronnés, protestent avec violence contre les tactiques employées en Afghanistan, qui aliènent aux Occidentaux des segments de plus en plus importants de la population.Les talibans marquent ainsi des points. Les talibans ? Il n’est plus assuré qu’on doive peindre la situation en un affrontement entre les Occidentaux et les talibans. «En fait, il se pourrait bien qu’on soit en train de voir naître une résistance générale, où les talibans auraient leur rôle, mais qui ne serait plus essentiel et qui pourrait l’être de moins en moins. Les méthodes occidentales suscitent cette résistance, et cela pourrait bien être en train de changer la substance du conflit.»...

Comme d’habitude dans chaque opération qu’engage l’OTAN depuis la fin de la Guerre froide, la “crédibilité” de l’OTAN est en jeu. Les USA, qui traitent l’OTAN comme un simple outil de leur politique, ne veulent rien d’autre qu’un complet alignement sur cette absurde politique uniquement appuyée sur la force militaire. En même temps, on sait que les USA ne disposent plus de la force militaire nécessaire, pas plus que l’OTAN elle-même qui court désespérément après ses 2000 soldats supplémentaires. La guerre en Afghanistan, mission qui doit “justifier” la nouvelle stratégie de l’OTAN, c’est-à-dire la raison d’être de l’OTAN elle-même, se referme comme un piège sur l’OTAN. Elle est un triste pion de plus dans l’immense désordre que la politique américaniste impose au monde."

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La situation actuelle en Afghanistan
"Où en est l‘Afghanistan aujourd’hui ? Depuis l’occupation étrangère, la production de pavot a atteint des records en 2007 et 47 civils en moyenne meurent pour chaque militaire tombé. Les complexes souterrains afghans de Tora Bora, décrits dans les journaux comme des installations dignes d’un James Bond, n’étaient finalement que de simples grottes vides. Mais tout cela est resté dans l’imaginaire collectif comme suffisant pour justifier une invasion et des bombardements souvent meurtriers pour une population sous le feu de la guerre depuis des décennies.
L’arrestation de ben Laden fut un véritable échec. On se souviendra aussi de la fuite du mollah Omar en moto. Ben Laden n’a jamais été capturé alors que des militaires français affirment l’avoir eu dans leur viseur. Bref, l’invasion punitive de l’Afghanistan, déclarée le 7 octobre 2001 sous le nom pompeux de "Liberté immuable", a surtout servi à justifier l’occupation d’un pays stratégiquement important pour l’acheminement des ressources pétrolières de la mer Caspienne. Ainsi Amid Karzaï, ancien conseiller du groupe pétrolier américain Unocal, fut bombardé président par le biais de négociations financières et de fausses élections « démocratiques » …(Reopen)

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-La représentation nationale et l’état-major doivent exiger de Sarkozy que soit mis un terme à notre participation à une guerre coloniale
>>>>>Le pavot, ciment ou solvant de l'Afghanistan ?
-Au coeur du royaume de l'opium
-L'Encyclopédie de L'Agora: Afghanistan
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-Qui sont vraiment les combattants « talibans » ?
-Les États-Unis se préparaient à attaquer l'Afghanistan bien avant le 11 septembre
-L'histoire secrète des négociations entre Washington et les talibans
- Emmanuel Todd : En Afghanistan, la France va être du côté du mal

lundi 6 avril 2009

OTAN : les raisons du refus


Avec Obama, rien ne semble changer sur le fond...
Un acte de décès de la défense européenne

"La France reprend toute sa place dans l'Alliance", a lancé le président français Nicolas Sarkozy devant ses 27 collègues pour marquer le retour de Paris dans le commandement intégré de l'Alliance atlantique. "Nous sommes de la famille, nous sommes des alliés, nous sommes des amis", a fait valoir M. Sarkozy

-"Famille", "amis"...la sémantique familiale, l'affectif viennent opportunément escamoter l'analyse politique-
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-Cinq très mauvaises raisons de réintégrer l’Otan | Mediapart:

"Deux anciens premiers ministres de gauche (Laurent Fabius, Lionel Jospin) ; deux anciens premiers ministres de droite (Alain Juppé et Dominique de Villepin) ; un pilier de la politique étrangère française, de gauche et fort apprécié par la droite, Hubert Védrine ; deux candidats à la dernière élection présidentielle (Ségolène Royal et François Bayrou) ; la quasi-totalité des parlementaires de gauche ; plusieurs dizaines de l'UMP... Tous sont contre.Cet inventaire suffit à dire l'importance de ce qui se joue avec le choix solitaire effectué par Nicolas Sarkozy de rejoindre pleinement les structures du commandement intégré de l'Alliance atlantique. Choix solitaire (à l'image d'ailleurs de celui effectué par de Gaulle en 1966), puisque le Parlement n'est pas appelé à voter, que le Livre de la défense de 2008 ne l'évoque pas, que cette décision ne figure pas au programme présidentiel du candidat Sarkozy et que la loi de programmation militaire 2009-2013 n'en dit pas un mot...
1. Aucun « avantage » militaire.
-Les partisans du choix présidentiel hésitent. « Une vaine et fausse querelle », alors que cela ne change rien, dit par exemple le directeur de la revue Commentaire, Jean-Claude Casanova. Il relaie ainsi tous ceux pour qui cette décision ne vient que clore un long processus entamé depuis 1983 et la crise des euromissiles et qui aurait vu la France réintégrer l'Otan mais sans le dire ! A l'inverse, Nicolas Sarkozy soutient que cela renforcera notre défense : « La France sera plus forte, plus influente. »...
2. Un coup de poignard à la défense européenne.
-L'Otan pour mieux relancer et développer l'Europe de la défense ! C'est le principal argument utilisé par Nicolas Sarkozy, martelé sur tous les tons par ses ministres. Parce que nos alliés européens nous soupçonnent de vouloir torpiller l'Otan par l'émergence d'une défense européenne, ils traîneraient les pieds. Les Britanniques les premiers, les Italiens mais aussi tous les pays d'Europe centrale qui ne rompront jamais avec l'Alliance atlantique.Un argument qui est « un leurre », estime Hubert Védrine. « C'est l'inverse qui risque de se produire », dit Dominique de Villepin de cette thèse présidentielle. La pleine réintégration de la France devrait en effet convaincre les pays européens de réinvestir dans une Alliance aujourd'hui en panne et de ne construire qu'à la marge des moyens de défense européens destinés à venir en soutien. La faiblesse des budgets européens interdit de mener de front deux chantiers aussi vastes...
3. Une Alliance atlantique largement obsolète.
-A quoi sert l'Otan ? Plus grand monde ne le sait. Sauf à geler des positions stratégiques en Europe, entretenir une bureaucratie de 15.000 personnes, occuper une bonne partie des pensées du Pentagone, l'Otan est depuis vingt ans en plein brouillard. Organisation de guerre froide, l'effondrement de l'URSS l'a laissée sur le bord de la route. C'est en partie pour cette raison qu'en 1995, Jacques Chirac avait envisagé de réintégrer l'Otan moyennant une redéfinition du rôle de l'Alliance et un autre partage des responsabilités. Les Etats-Unis avaient refusé ce « partage ». Un nouveau « concept stratégique » fut élaboré en 1999, qu'on est bien en peine de résumer tant il est flou.L'Otan, depuis, avance à hue et à dia. Organisation européenne, la voici engagée en Afghanistan. Conçue pour des combats classiques bloc contre bloc, la voici s'essayant à lutter contre le terrorisme, les pirates de Somalie voire le narco-trafic ou à mener des opérations de police (au Kosovo). L'Otan n'est même plus l'exclusif bras armé du « grand club occidental » puisque Donald Rumsfeld et George Bush ont eux-mêmes théorisé le principe de coalitions variables selon les conflits (comme pour l'Irak, par exemple)....
4. Une exclusivité américaine.
-Autre illustration de cette détermination américaine à ne rien céder de ses intérêts en Europe : l'affaire du bouclier antimissile américain en Europe et l'adhésion à l'Otan de l'Ukraine et la Géorgie. Sur ces deux dossiers, l'administration Bush a poussé les feux, passant au-dessus de l'Europe et des pays membres de l'Alliance. Le « bouclier » fut négocié directement avec la République tchèque et la Pologne, sans que l'Otan soit saisie. Et si la France et l'Allemagne se sont opposées, l'an dernier, à l'adhésion des deux anciennes républiques soviétiques, l'administration Bush comptait bien continuer à favoriser cette entrée.La donne a changé avec Barack Obama. Mais l'« unilatéralisme » demeure....
5. La « famille occidentale ».
-Alors, il faut en venir au fond, aux vraies motivations idéologiques qui ont porté le choix présidentiel. Et tout a été dit, la semaine dernière, lors du discours présidentiel à l'école militaire. « Je n'ai pas peur de dire que nos alliés et nos amis, c'est d'abord la famille occidentale. Je ne crois pas que le rôle d'une grande puissance responsable comme la France soit d'être à mi-chemin entre tout le monde, parce que cela veut dire une France nulle part (...) La condition de son indépendance, c'est d'abord de savoir où est sa famille et que sa famille ne doute pas de vous », a expliqué le Président.Nous voilà donc enrôlés dans l'armée de l'Occident, ce club de puissances confronté à ce que Nicolas Sarkozy considère comme notre « premier défi : comment prévenir une confrontation entre l'Islam et l'Occident » (discours d'août 2007).Là est le danger principal, dans cette vision d'un monde en proie au « choc des civilisations » où un Occident assiégé n'aurait d'autre choix que de se faire gendarme de la planète, jusqu'à conduire quelque expédition néocoloniale en Afghanistan. Est-ce une vision si éloignée que celle développée par George Bush avec son projet de « Grand-Moyen-Orient » qui devait voir l'instauration à coups de fusil de la démocratie du Maroc au Pakistan ?..."

-L'Alliance atlantique, cadre de l'hégémonie américaine
-OTAN : Un engagement dangereux
- François Bayrou votera contre cette décision "très lourde de conséquences"
-L'OTAN après la Guerre froide : L'élargissement des missions
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- OTAN : c'est non

lundi 9 mars 2015

OTAN le savoir...

  L'Otan et le chaos du monde
                                   Cette organisation n'avait un sens que dans le contexte de la Guerre froide, comme répondant au Pacte de Varsovie.
      Nous en savons si peu de choses...
Depuis 2001, on peut s'interroger sur ses finalités véritables
  L'Alliance aujourd'hui n’a plus grand-chose à voir avec celle de la guerre froide... Soyons clair : il ne saurait être question de jouer au « gendarme du monde ». L'Alliance n’en a ni les moyens, ni la volonté politique. » (Jaap de Hoop Scheffer, 2006)
Cela est pour les déclarations officielles.
     Dans les faits, l'alliance est devenue bras armé des Etats-Unis, parfois contesté à certains moments (mais sans plus) par certains de ses membres.
 Surtout depuis l'affaire du Kosovo, puis de l'Afghanistan, de l'Irak, de la Lybie, on s'interroge sur sa véritable fonction.
    N'est-il pas souvent devenu un accélérateur puissant de la dislocation geopolitique mondiale?
Officiellement,  : "L'objectif fondamental de l'OTAN est la sauvegarde de la liberté et de la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires. L'OTAN a pour but de promouvoir les valeurs démocratiques et d'encourager la consultation et la coopération sur les questions de défense et de sécurité afin d'instaurer la confiance et, à long terme, de prévenir les conflits."
    Mais, mais... le Général de Gaule y avait vu assez tôt un danger, qui risquait d'entraîner le France dans des aventures militaires où les intérêts US prédominaient. 
       La France considère que les changements accomplis ou en voie de l'être, depuis 1949, en Europe, en Asie et ailleurs, ainsi que l'évolution de sa propre situation et de ses propres forces, ne justifient plus, pour ce qui la concerne, les dispositions d'ordre militaire prises après la conclusion de l'alliance soit en commun sous la forme de conventions multilatérales, soit par accords particuliers entre le gouvernement français et le gouvernement américain.  C'est pourquoi la France se propose de recouvrer sur son territoire l'entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamé par la présence permanente d'éléments militaires alliés ou par l'utilisation habituelle qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements « intégrés » et de ne plus mettre de forces à la disposition de l'OTAN.
   Pour Paul Marie de la Gorce, L'OTAN, représentait clairement un instrument de l'hégémonie américaine: 
         Zbigniew Brzezinski dans Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde, avouait clairement les objectifs généralement occultés.
    On a vu, notamment en Afghanistan, comment les USA ont instrumentalisé une force qu'il supervisait totalement.
    N.Sarkozy, critiqué par Bayrou, réintègre la France dans le giron de l'OTAN dans des circonstances bien particulières.
     Gorbartechv, qui n'est pas poutinien, critique sévérement l'intrusion de l'Otan dans l'affaire ukrainienne, redoutant l'encerclement 
    Beaucoup dénoncent le rôle trouble de l'Otan en Ukraine, malgré des tendances contradictoires en son sein, les risques d'un Otan extra-large, sans bases juridiques claires.
   Aujourd'hui, pour l'Ukraine, dont la situation est loin d'être claire et où les responsabilités semblent bien partagées, elles divisent, même en Allemagne.
     Klaus Hornung  en témoigne.
        A quand une défense intégrée et indépendante en Europe, dans l'esprit de Mitterand, mais sur de nouvelles bases?:  "La France aurait intérêt à placer ses alliés au pied du mur en proposant une véritable européanisation de l'alliance atlantique, en concurrence avec l'actuel projet de simple replâtrage de l'OTAN sous leadership stratégique américain. Le plan mis en avant poserait clairement les conditions dans lesquelles nous serions prêts à participer pleinement à une OTAN repensée : retour à l'esprit du traité de 1949, prééminence des organes de décision politiques sur la structure militaire, européanisation de tous les commandements, y compris le poste suprême, adoption d'une stratégie nucléaire clairement dissuasive rejetant tout concept de bataille, même conventionnelle, enfin coopération et interopérabilité des forces plutôt que leur fusion. »
   Mais encore faudrait-il qu'il y ait un minimum de cohérence et un accord général pour s'émanciper politiquement et stratégiquement des USA et de leurs intérêts à court terme.
   L'échec de la CED, comme la solution de l'UEO, révèle l'incapacité des États d'Europe occidentale de concevoir un système de défense indépendamment des États-Unis. R.Marjolin, qui fut l'un des principaux collaborateurs de Jean Monnet, le confessera dans ses mémoires : « L'incapacité de l'Europe à s'unir résulte d'une décision prise implicitement par les Européens après la fin de la seconde guerre mondiale, celle de s'en remettre aux Américains pour leur défense »
     A leurs risques et périls....
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jeudi 4 octobre 2018

Autant en parler

OTAN: comment s'en débarrasser?
                                                      Pour redonner à l'ONU tout le sens qu'elle pourrait, qu'elle devrait avoir.
     Vaste problème...
   Les virulentes attaques de Trump à l'égard de L' OTAN  semble signer la fin d'une époque dans les institutions internationales, vivant encore sous le signe d'une guerre froide, qui a vu naître, sous l'égide des USA, face au Pacte de Varsovie, cette alliance militaire incluant maints pays de que l'on appelait encore l'Occident.
    Sous la houlette hégémonique de l' oncle Sam, ce club politico-militaire reflétait plus ses intérêts qu'une quelconque institution de défense multilatérale et le remodelage des forces géopolitiques l'a rendu plus que caduque.
     On peut saluer la volonté du locataire de la Maison Blanche de vouloir mettre fin à un système qui, au nom de la solidarité et de la protection, a entraîné bien des dérives. Mais cette remise en cause est à courte vue, purement dictée par les intérêts à court terme de l'America first.

     Cette contestation est mise en cause par les ardents défenseurs d'un multilatéralisme qui veut rester dans les clous atlantistes, sans tenir compte des mutations géopolitiques en cours  et des dérives et "aventures" lointaines et proches, comme la campagne en Afghanistan, qui se révèle être un tragique fiasco.
     ...le soutien de l’OTAN aux interventions imprudentes des États-Unis à l’étranger devrait être considéré comme une erreur à effacer, et non comme une caractéristique dont il faut se vanter. Et ce, sans même tenir compte des conséquences désastreuses des offensives malhonnêtes de l’OTAN contre la Libye, qui ont laissé ce pays en faillite, poussé les djihadistes en Syriedéclenché le terrorisme en Europe occidentale et provoqué une vague de réfugiés qui a mis en danger l’avenir de l’Union européenne.
        Face à ce débat américano-américain, l'Europe reste sans voix et sans pouvoirs, approuvant tacitement ou verbalement, comme A. Merkel. Une révérence à courte vue.
       Le "machin" (pour reprendre une formule gaullienne) est dépassé, que ce soit l'Otan ou sa matrice onusienne. De nouveaux rapports sont à tisser, comme le rappelait Jupiter:
   « Nous vivons aujourd’hui dans une crise profonde de l’ordre international libéral westphalien que nous avons connu. D’abord, car il a échoué pour partie à se réguler lui-même. Ses dérives économiques, financières, environnementales et climatiques n’ont pas trouvé de réponse encore à la hauteur à ce jour. Ensuite, parce que notre capacité collective à apporter une réponse aux crises est encore trop souvent entravée par les divisions du Conseil de sécurité… Née d’une espérance, l’ONU, peut devenir, comme la Société des Nations qui l’a précédée, le symbole d’une impuissance. Et nul n’est besoin de chercher les responsables de ce délitement, ils sont ici, dans cette assemblée. Ils prennent la parole aujourd’hui. Les responsables, ce sont les dirigeants que nous sommes… ».
     Une impuissance souvent reconnue, mais pas souvent publiquement.
        Il n'y a pas d'arbitre neutre au sommet des institutions mondiales, créé dans les urgences d'après-guerres. pour servir de pare-feux, dans le sillage des vainqueurs.
  Dans les faits, l'alliance est devenue le bras armé des Etats-Unis, parfois contesté à certains moments (mais sans plus) par certains de ses membres.
     Le Général de Gaule y avait vu assez tôt un danger, qui risquait d'entraîner le France dans des aventures militaires où les intérêts US prédominaient. 
       La France considère que les changements accomplis ou en voie de l'être, depuis 1949, en Europe, en Asie et ailleurs, ainsi que l'évolution de sa propre situation et de ses propres forces, ne justifient plus, pour ce qui la concerne, les dispositions d'ordre militaire prises après la conclusion de l'alliance soit en commun sous la forme de conventions multilatérales, soit par accords particuliers entre le gouvernement français et le gouvernement américain.  C'est pourquoi la France se propose de recouvrer sur son territoire l'entier exercice de sa souveraineté, actuellement entamé par la présence permanente d'éléments militaires alliés ou par l'utilisation habituelle qui est faite de son ciel, de cesser sa participation aux commandements « intégrés » et de ne plus mettre de forces à la disposition de l'OTAN.
   Pour Paul Marie de la Gorce, L'OTAN, représentait clairement un instrument de l'hégémonie américaine:  
         Zbigniew Brzezinski dans Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde, avouait clairement les objectifs généralement occultés.
    On a vu, notamment en Afghanistan, comment les USA ont instrumentalisé une force qu'il supervisait totalement.
    N.Sarkozy, critiqué par Bayrou, a réintègré la France dans le giron de l'OTAN dans des circonstances bien particulières.
     Gorbartechv, qui n'est pas poutinien, critique sévérement l'intrusion de l'Otan dans l'affaire ukrainienne, redoutant l'encerclement 
    Beaucoup dénoncent le rôle trouble de l'Otan en Ukraine, malgré des tendances contradictoires en son sein, les risques d'un Otan extra-large, sans bases juridiques claires.

     Les remous créés par les imprécations trumpiennes pourront-ils déboucher sur une nouvelle donne? On peut toujours l'espérer...
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