Ça va jazzer

https://www.jazzradio.fr/

mardi 9 mars 2021

Pataquès et amalgames

Le grand embrouillamini  (notes brèves)

                            Comment un esprit assez peu informé peut-il s'y retrouver dans les polémiques, parfois passionnelles, qui agitent certains esprits dans différents contextes, autant journalistiques qu'universitaires? Faute de problèmes bien posés, d'analyses bien conduites, à la lumière de connaissances historiques solides. Ainsi sur la question de l'islam (ou plutôt des pratiques de l'islam) et la question de la laïcité, sur laquelle on finit pas s'égarer trop souvent.               ___  Le débat engagé tous azimuts sur l'islamisme est mal envisagé la plupart du temps. Une notion qui déjà problème la plupart du temps, polysémique à souhait, équivoque et polémique souvent. De même que la la notion d'islamophobie, concept qu'il faudrait abandonner, source de joutes verbales inadéquates, surtout dans le contexte français, de par son passé colonial et des attentats dont elle est l'objet périodiquement... C'est la grande confusion, entretenue par la peur et l'agitation de groupuscules qui ont intérêt à égarer les esprits, à entretenir les haines.  Non l'islam, quoi qu'on en pense, comme  toute religion en général, ne se confond pas avec certains groupes qui se réclament de lui, visant l'hégémonie et confondant le constitution avec les principes supposés d'Allah. Contre d'autres groupes, en désaccord avec cette visée ou les soufistes plus ouverts.                                                                                      __  C'est comme une certaine conception polémique de la laïcité. Les mots ont un sens et peuvent être parfois trompeurs. On joue trop souvent sur le flou et les glissements de sens sont courants. Il n'y a pas de laïcité "ouverte" ou sectaire. Ramenée à son sens et à ses fondements, elle s'impose comme une nécessité sociale, imposée par l'exigence de la tolérance et la protection.  La laïcité, bien comprise, qui n'a rien d'offensif,mais peut être critique, n'est pas autre chose qu' une condition indispensable pour les libertés de conscience. Elle n'interdit rien en matière de croyance religieuse, elle en permet même l'exercice. A condition que l'ordre public ne soit pas menacé, que les croyances restent du domaine de la vie intérieure, de la sphère privée.   La religion ne doit pas empiéter l'ordre civil et politique.                                                      ___ La notion d'islamophobie est une notion chargée d'histoire et d'ambiguités, qu'on ne devrait pas employer. C'est certaines formes d'islam que l'on peut légitimement  redouter, dans leurs idées et leurs pratiques. Notamment, celles issues du wahabisme.

              ________Le terme d'islamo-gauchisme, revendiqué dans certaines polémiques, est on ne peut plus équivoque.  Même en plus haut lieu où l'on s'empètre.  Un concept flou.  Comme P. Blanchard le fait justement remarquer L'islam en lui même ne peut être l'objet de critique, même si les croyances de bases peuvent être légitimement et individuellement contestées, comme pour toute religion, mais certaines de ses formes intolérantes et agressives ne peuvent être admises, surtout quand elles veulent coloniser la vie civile, faire de l'entrisme, sans violence apparente, comme le montre JP Obin au niveau de l'EN, démasquant des minorités agissantes, comme celles tournant autour des Frères musulmans ou celles qui revendiquent un pouvoir religieux à la place d'un régime civil. Certaines tendances de gauche ne vont pas jusqu'à défendre ou justifier l'extrémisme, mais ne pas mettre tout le monde dans le même panier.     Mais plus globalement, l’idée d’un "islamo-fascisme", depuis le buschisme,  est critiquée par la plupart des spécialistes pour son ignorance des réalités du monde musulman comme de celles du fascisme.   "...On trouvera notamment une critique plus élaborée dans le Monde diplomatique sous la plume de Stefan Durand. Jean-Yves Camus nous dit ainsi qu’il s’agit d’un "concept [inopérant] pour essayistes, journalistes et paresseux de toutes sortes". Aucune définition du fascisme élaborée par des historiens et des politistes compétents ne recouperait, selon lui, celle de l’islamisme : "Il n'existe notamment aucune volonté, chez les islamistes, de créer un "homme nouveau". Bien au contraire, l'islamisme est une idéologie de l'invariance, de l'a-historicité, du retour à l'âge des origines de l'islam." Il rajoute : "Le problème majeur est que l'esprit occidental, et singulièrement européen, est obnubilé par le fascisme, d'ailleurs confondu avec le national-socialisme. Tout, à notre époque, est fascisme dès lors qu'il n'est pas libéral. C'est une erreur gigantesque car ce qui compte est de définir l'islamisme comme un totalitarisme."   ;...En définitive, force est de constater que ces trois termes déposent un voile opaque sur les enjeux réels auxquels sont désormais confrontés tant les laïques, les révolutionnaires, que les simples citoyens peu au fait de ces arguties intellectuello-militantes. Armes de destruction rhétorique massive, le peu de réflexions profondes qu’ils pourraient susciter se voit aussitôt noyées dans les interminables conflits identitaires dont ils révèlent la prégnance. Certes, il est intéressant de faire des analogies entre totalitarisme fasciste et totalitarisme islamiste, il est pertinent d’observer – et dénoncer le cas échéant – la tolérance d’une certaine gauche envers le cléricalisme islamique, et il est nécessaire de dénoncer le racisme anti-musulman là où il se trouve. Mais ces concepts le permettent-ils efficacement ? Nous sommes en droit d’en douter.  A contrario, ils permettent de réactiver ponctuellement l’opposition gauche-droite sur des bases sociétales, et de jouer l’inlassable lutte centriste contre "les extrêmes". Dans un contexte de déliquescence de l’espace public et de crispation identitaire, le débat politique se résume bien souvent à une confrontation entre "islamophobes" et "islamo-gauchistes", accusés de soutenir les "islamo-fascistes". De surcroît, ils obèrent la réalisation du fait que tout l’horizon politique traditionnel partage une responsabilité dans la légitimation de l’islam politique : le centre gauche, par exemple, n’a cessé, partout en Europe, de flatter le communautarisme et les identités religieuses afin de glaner les voix de populations précarisées, assignées à leur identité présupposée (La tentation obscurantiste, Caroline Fourest). La droite n’a pas été en reste non plus : sa recherche effrénée du profit l’a poussé à conclure de nombreux accords avec certaines théocraties comme l’Arabie Saoudite, laissant de riches pétro-monarques investir dans des pans entiers de la société française tout en soutenant des États ayant financé le terrorisme international. Rappelons aussi que, probablement par conservatisme et par électoralisme, Sarkozy, dès 2004, avait plaidé pour l’encadrement religieux dans les banlieues et les quartiers populaires au nom d’une conception "positive" de la laïcité, et c’est en tant que ministre de l’Intérieur qu’il introduisait les Frères musulmans au sein du CFCM, à travers la participation de l’UOIF..."   ___Le séparatisme, terme mal choisi, n' qu'un valeur polémique, dans le contexte préélectoral d'aujourd'hui.   _________________________

Aucun commentaire: