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dimanche 30 novembre 2008

Le Président et ses chaînes


Une brève histoire de la télévision fait apparaître qu'elle a toujours présenté des enjeux politiques
Quel pouvoir représente-t-elle pour qu'elle soit à ce point objet de la sollicitude du chef d'Etat ?
Quelle sens a la réforme en cours?
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"Le projet de loi sur l’audiovisuel, dont l’examen a débuté mardi 25 novembre à l’Assemblée nationale, ne se contente pas de faire de France Télévisions une entreprise unique débarrassée de ses contraintes publicitaires après 20 heures. Il est aussi largement inspiré par la défense des intérêts de TF1, dont les recettes s’érodent. Histoire d’une grande réforme qui aurait pu garantir l’avenir du service public télévisé, si elle n’était prisonnière d’arrière-pensées politiques et de liens opaques avec le lobby des grandes chaînes privées, singulièrement bien représenté à l’Assemblée nationale dans les rangs de la majorité. "MD)

"...Comme annoncé par Nicolas Sarkozy, qui tient à cet apanage présidentiel, la restructuration à l’œuvre s’accompagne en effet d’une reconquista politique («redonne à l’État actionnaire la responsabilité légitime de nomination du président de France Télévisions»), favorisée par la loi constitutionnelle n° 2008-724 du 23 juillet 2008 de modernisation des institutions de la Ve République. Celle-ci précise en effet dans son article 5 : «Le président de la République ne peut procéder à une nomination lorsque l’addition des votes négatifs dans chaque commission présente au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés au sein des deux commissions.» En clair, la volonté présidentielle ne peut être contrée par un simple vote à la majorité qualifiée, ce qui constitue donc un verrouillage de l’expression démocratique.Le pouvoir politique imposera son candidat grâce au sas du conseil d’administration de France Télévisions (article 4), ce qui en fera de facto un «représentant de l’État». La présidence de France Télévisions n’est aucunement réservée à un fonctionnaire estampillé: tout journaliste suffisamment en cour, tout représentant du monde de l’entreprise habilité par l’Elysée, garde ses chances dans un processus de désignation parfaitement contrôlé.À l’instar de la fable de La Fontaine, La chauve-souris et les deux belettes, ce projet de loi permet donc au pouvoir politique d’exercer ses prérogatives (je suis oiseau : voyez mes ailes), tout en prétendant fonder un «secteur public de l’audiovisuel soumis, comme le secteur privé, à une obligation de résultat» (je suis souris : vivent les rats!)...." (A.Perraud-Mediapart)

TF1 veut imposer ses choix aux chaînes publiques | AgoraVox:

"...Le lobbying de TF1, ça marche ! La chaîne a réussi à trouver une poignée de députés UMP (Yannick Paternotte, Philippe Boënnec, Jean-Philippe Maurer, Philippe Morenvillier, Bertrand Pancher) pour déposer un amendement dictant à France Télévisions sa programmation du prime time. L’amendement dit ceci : "Les créneaux libérés par les messages publicitaires sur les chaînes publiques seront dédiés à la diffusion de spots ayant pour thèmes : l’éducation sanitaire et sociale, le développement durable, l’instruction civique et citoyenne et l’Union européenne." En d’autres termes, il est impératif que les programmes de France 2 soient le moins possible divertissants, qu’ils soient même rebutants, afin que cela ne fasse pas d’ombre à l’audience de TF1. Les thèmes imposés (social, Europe, instruction civique) ne captent pas l’intérêt des foules et cela TF1 le sait bien.
L’exposé des motifs du projet d’amendement se fait précis et comminatoire : ces spots doivent être diffusés à des "heures de forte audience (tel que le créneau précédent le programme de première partie de soirée – entre 20h30 et 21 h)". Autrement dit, là aussi pour traduire sans langue de bois, il faut que le créneau de forte audience profite prioritairement à TF1.
La réforme de l’audiovisuel public "mériterait une motion de censure", a estimé François Bayrou, passé maître dans l’art de débusquer les manoeuvres sournoises des puissances d’argent en direction des médias. "On revient plus de 30 ans en arrière. C’est un manquement si grave que l’Assemblée nationale devrait déposer une motion de censure", a-t-il déclaré. Il a appelé les députés à déposer une motion qu’il soutiendra. Mais l’opposition socialiste n’est-elle pas occupée à régler des querelles autrement plus urgentes ? Et à propos d’urgence, comment interpréter la volonté du président Sarkozy de faire voter en grande priorité une réforme de la télé alors que le monde est en crise et que la France souffre d’une grave...(non) récession ? S’il n’y a pas récession, au moins y a-t-il régression et Bayrou qualifie le projet de "régression qui doit être insupportable à tous ceux qui veulent que la France soit une démocratie respectueuse des principes permettant au peuple d’être librement informé, et donc plus responsable".
Le texte est tellement réactionnaire qu’il revient sur un acquis remontant à Mitterrand, et même au-delà : à Giscard ! Puisque ce dernier avait rompu avec le système ORTF. Mais Sarkozy veut restaurer la nomination et la révocation des présidents de l’audiovisuel public par l’Exécutif (= Lui !).
Alors, puisque cela nous fait remonter le temps, souvenez-vous de ces mots d’un générique de vieille série télévisée :
"Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur ! N’essayez pas de régler l’image ! Nous contrôlerons tout ce que vous allez voir et entendre."

-Un projet de loi sur l'audiovisuel inspiré par TF1:
"... On se souvient que Nicolas Sarkozy a eu plusieurs fois maille à partir avec France 3, lui reprochant tantôt l’attitude des personnels [4], tantôt l’honnêteté d’un reportage . Il y a aussi la mise au pas attendue du service public à travers la nomination d’un patron sous contrôle. Pourtant, c’est sans doute moins la maison de verre en instance de se vider qu’il faut regarder que la tour d’en face sur le point de se remplir. Car la loi sur l’audiovisuel n’est pas qu’une législation sur la télévision publique. Elle impacte aussi directement TF1, dont elle va grandement contribuer à sauver les recettes publicitaires en 2009 grâce à une suite de mesures transposant une directive européenne (Service de médias audiovisuels). Un nouveau comptage plus favorable du temps de publicité, qui fait notamment passer de 144 à 216 minutes le volume publicitaire autorisé sur 24 heures, a pour conséquence de gonfler de moitié les capacités d’accueil en publicité de TF1 (comme de M6). Pour parvenir à cette fin, une deuxième coupure de publicité est du reste prévue dans les films, les séries ou les téléfilms. TF1, détenu par l’actionnaire ami Bouygues, tout comme M6, présidé par Nicolas de Tavernost que Nicolas Sarkozy a fréquenté au sein du Club Neuilly Communication, vont donc recevoir la plus grosse part du gâteau public..."

-TF1 ou la parabole de Frankenstein
-Retour sur investissement pour le groupe Bouygues

-La télévision publique libérée de ses chaînes:
"... La position du chef de l’Etat a semé la confusion auprès des défenseurs du service public, qui désespéraient de voir la gauche s’emparer d’une réforme jusqu’alors si taboue que l’ancien premier ministre Michel Rocard a attendu près de vingt ans avant de révéler qu’il l’avait proposée sans succès à François Mitterrand . Dans l’esprit de M. Sarkozy, chef d’un clan médiatique auquel il doit une bonne part de son élection, une telle mesure est pourtant non seulement habile mais logique.
Elle lui permet d’abord de payer de retour la première chaîne privée du pays, TF1, dont l’actionnaire Martin Bouygues festoyait avec lui au Fouquet’s le soir de sa victoire, au moment précis où le champagne coulait à flots dans les locaux du journal télévisé de la chaîne . L’idée de financer la future télévision publique par une taxe sur les chaînes privées et une ponction « infinitésimale » d’environ 1 % sur le chiffre d’affaires des opérateurs de télécommunications (dont Bouygues Telecom) n’est rien en regard des 300 millions d’euros de recettes supplémentaires qu’est susceptible d’apporter un report de la publicité de France 2 ou de France 3 vers TF1, dont l’action a baissé de plus de 30 % en 2007. Dès la seconde quinzaine de janvier, le gouvernement s’attachait d’ailleurs à élargir l’assiette de prélèvement en y incluant non seulement les fournisseurs d’accès à Internet – c’était prévu –, mais aussi les produits d’électronique grand public et les catalogues publicitaires.M. Laurent Solly, ancien directeur adjoint de la campagne du candidat Sarkozy, qui a rejoint l’état-major de la chaîne, peut se montrer satisfait. Tout comme MM. Bolloré et Arnaud Lagardère, autres amis du président, qui ne peuvent voir dans ce remodelage qu’un effet d’aubaine pour leurs chaînes numériques gratuites (Direct 8 d’un côté, Virgin 17 et Gulli de l’autre). Quant à M. Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6, l’autre grand gagnant de ce transfert publicitaire, il connaît M. Sarkozy depuis plus de vingt ans en tant qu’ancien membre de son club Neuilly Communication..."
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-Télé : vous avez dit information ?

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