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lundi 6 juillet 2009

Wall Mart: un géant

Au service des plus pauvres pour des salaires les plus bas...

Un symptôme americain

Vers une walmartisation de l'économie?

Wal Mart : le nouvel ordre social dicté par les prix bas

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-"En 1992, le président des Etats-Unis eut cette formule : « Le succès de Wal-Mart est le succès de l’Amérique. »

-Fortune : «En 1979, Wal-Mart faisait un chiffre d'affaires d'à peine un milliard de dollars. En 1993, il faisait cela en une semaine. L'an dernier, il pouvait y arriver en un jour.»

-M. Scott(PDG de WM) : « Wal-Mart est trop important pour les familles qui essaient de boucler leur budget, pour les fournisseurs qui emploient des millions de salariés, pour nos associés que nous aimons et apprécions tant. »
Les « associés », ce sont, on le sait, les employés de l’entreprise . Pour décrire les sentiments qu’ils lui inspirent, le PDG emploie ainsi le verbe « aimer »... en 2005, le salaire de M. Scott s’éleva à 27 207 799 dollars ; la rémunération moyenne d’un des vendeurs, à 13 861 dollars. Un rapport salarial s’étirant de 1 à 2 000, voilà au moins une première définition, inattendue, de l’amour entre « associés »
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La plus grosse entreprise du monde : Wal-Mart:
"...Au départ, une petite boutique dans un des Etats (l’Arkansas) les plus pauvres du pays. A l’arrivée, un chiffre d’affaires tournant autour de 310 milliards de dollars en 2005, une famille dont quatre des fils comptent au nombre des dix personnes les plus riches de la planète, une chaîne d’hypermarchés devenue à la fois la plus grosse entreprise du monde – elle a dépassé ExxonMobil en 2003 – et le premier employeur privé. Les seules ventes de Wal-Mart représentent 1 CD acheté aux Etats-Unis sur 5, 1 tube de dentifrice sur 4, 1 couche-culotte sur 3. Et, de façon plus significative, 2,5 % de l’ensemble du produit national brut (PNB) américain (1) ! Plus riche et plus influente que cent cinquante pays, l’entreprise doit aux règles qu’ils ont mises en place le pouvoir qu’elle exerce aujourd’hui._A ce niveau de puissance, inutile en effet de s’étonner que la plupart des transformations (économiques, sociales, politiques) de la planète aient trouvé leur pendant – parfois aussi leur origine, leur courroie de transmission, leur accélérateur – à Bentonville, dans l’Arkansas, siège de la firme. Combat contre les syndicats, délocalisations, recours à une main-d’œuvre surexploitée que la déréglementation du travail et les accords de libre-échange rendent chaque année plus prolifique : c’est le modèle Wal-Mart. Pression sur les fournisseurs pour les contraindre à serrer leurs prix en comprimant leurs salaires (ou à s’implanter à l’étranger) ; flou des missions pour favoriser l’enchaînement des tâches et pourchasser ainsi le moindre temps mort, la moindre pause : c’est le modèle Wal-Mart. Construction de bâtiments hideux (les « boîtes à chaussures ») achalandés par l’armada des 7 100 camions géants de l’entreprise, roulant et polluant 24 heures sur 24 afin de bourrer à l’heure dite les coffres des millions de voitures alignées dans les parkings immenses de presque chacune de ces 5 000 grandes surfaces que la multinationale exploite : c’est le modèle Wal-Mart.-Et puis, quand les syndicats contre-attaquent, quand les écologistes se réveillent, quand les clients enfin mesurent ce que « les prix les plus bas » leur dérobent, quand des artistes oublient un instant de se vendre pour relayer le mouvement populaire, quand des citoyens font barrage à l’installation de nouveaux cubes de béton sur leurs territoires (lire « Résistances populaires»), c’est encore Wal-Mart, qui, cette fois, recrute d’anciens « communicants » de la Maison Blanche, démocrates ou républicains, et leur enjoint de blanchir l’image de l’entreprise, de saturer les médias . Ils diront : désormais, Wal-Mart est « éthique » ; elle ne cherche qu’à créer des emplois – certes médiocrement payés, mais mieux vaut peu que rien, et les clients aiment tant les prix bas… Ils ajouteront que la quête obstinée de rendement a permis d’améliorer la productivité nationale. Et que dorénavant l’entreprise défendra l’environnement comme elle a secouru les victimes de l’ouragan Katrina. Exploitation, communication : un modèle, encore… Au fond, comment s’en étonner vraiment ? On ne devient pas la plus grosse entreprise du monde par hasard, uniquement parce que, quarante ans plus tôt, le fondateur Sam Walton (décédé en avril 1992, quelques jours après avoir reçu des mains de l’ancien président George Herbert Bush une des plus hautes distinctions américaines) a eu l’illumination de vendre des pastèques sur le trottoir du magasin et d’offrir en même temps aux enfants de ses clients des promenades à dos d’âne sur le parking ...

L’entreprise fondée par Sam Walton se prévaut d’un atout maître : les 100 millions d’Américains qui iraient désormais chercher les « everyday low prices » (« les prix chaque jour plus bas ») qu’elle leur propose.Plus bas, ils le sont. En moyenne de 14 % (5). Mais à quel prix ? c’est toute la question. La réponse diffère selon qu’on se soucie de l’individu-client à l’affût des meilleures affaires, ou plutôt des salariés des fournisseurs d’une entreprise assez puissante pour imposer à chacun de tenir – et de réduire – ses coûts. Pour que le client de Wal-Mart soit comblé, le travailleur doit souffrir… Pour que les prix de Wal-Mart et de ses sous-traitants soient toujours les plus bas, il faut aussi que les conditions sociales se dégradent alentour. Et mieux vaut par conséquent que les syndicats n’existent pas. Ou que les produits viennent de Chine (lire « Petites mains du Sud pour firme du Nord»)._La schizophrénie du client qui économise avec un tel acharnement qu’il contribue chemin faisant à appauvrir le producteur qu’il est aussi peut paraître théorique et lointaine. Compte tenu de la puissance que Wal-Mart exerce (8,5 % des ventes de détail des Etats-Unis, hors automobile), la contradiction devient vite réelle et immédiate. Ainsi, la firme de Bentonville se targue des « 2 329 dollars par an » qu’elle « permet d’économiser aux familles qui travaillent » ; elle affirme avoir accru en 2004 le pouvoir d’achat de chaque Américain de 401 dollars en moyenne et, la même année, permis la création, directe ou indirecte, de 210 000 emplois (c’est l’idée que l’argent économisé par ses clients a été affecté à d’autres consommations et a donc dopé l’activité ailleurs)._Les adversaires de la multinationale ont en tête des indicateurs moins affriolants. Les prix bas ne tombent pas du ciel ; ils s’expliquent pour partie par la baisse, de 2,5 % à 4,8 %, du revenu moyen des salariés dans chacun des comtés des Etats-Unis où la multinationale s’est installée. La firme déprime les rémunérations là où elle se déploie. Elle crée les conditions des « everyday low prices ». Au passage, elle multiplie le nombre des clients qui n’auront bientôt d’autre recours que de devoir économiser dans ses rayons.Car, entre le pot de fer de la distribution et les pots de terre de la sous-traitance, des employés de la multinationale, des grandes surfaces rivales, le « jeu du marché » opère un triple effet de déflation salariale. D’abord, à cause de la domination d’une entreprise peu prodigue envers ses « associés » (le terme d’usage). Ensuite, à cause de la destruction de la plupart de ses concurrents ou de l’obligation qui leur est faite pour survivre de s’aligner sur son moins-disant social. Enfin, et surtout, à cause des oukases que Wal-Mart exerce sur ses fournisseurs, Etats compris, dont elle détermine souvent de fait les prix (en 2002, elle achetait par exemple 14 % des 1,9 milliard de dollars de produits textiles exportés aux Etats-Unis par le Bangladesh).Au fil de ses pérégrinations, la firme de Bentonville n’a jamais renoncé à deux de ses caractéristiques d’origine : le paternalisme et l’aversion pour les syndicats..."
-Wal-Mart à l’assaut du monde
-Petites mains du Sud pour firme du Nord
-Des « dirigeants à notre service

-Wal-Mart, un symptôme américain:
"La "walmartisation" de l’économie est un symptôme qui en dit long sur l’évolution de la société américaine. A force d’importer de Chine des montagnes de tee-shirts et de fours à micro-ondes, d’asphyxier le petit commerce et de tirer les coûts vers le bas, la modeste entreprise fondée en 1962 à Rogers (Arkansas) par Sam Walton n’a-t-elle pas déréglé l’american way of life ? Autrement dit, ce qui est bon pour Wal-Mart est-il bon pour l’Amérique ?"Mister Sam", comme ses collaborateurs l’appelaient jusqu’à sa disparition en 1992, était un génie, aux méthodes innovantes et implacables : une logistique réglée comme une horloge suisse ; un suivi à la minute près des achats effectués dans les Wal-Mart Supercenters ; un réassort immédiat ; et une idée fixe : "Every day low prices" (des prix bas tous les jours).Ces Wal-Mart Supercenters en forme de boîte à chaussures, ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre, font aujourd’hui partie du paysage américain. Le groupe emploie 1,8 million de salariés dans le monde, dont 1,3 million aux Etats-Unis, qu’il appelle ses "associés". Son chiffre d’affaires, tous pays confondus, est de 312,4 milliards de dollars (246,375 milliards d’euros), soit le PIB de la Norvège.L’entreprise, qui a son siège à Bentonville (Arkansas), a beau dégager 11,2 milliards de bénéfices annuels, ses employés gagnent en moyenne 20 000 dollars par an (1 310 euros mensuels). A peine de quoi faire vivre une famille de quatre personnes. Le revenu de nombre d’entre eux est plus faible encore. 30 % des effectifs de Wal-Mart sont des emplois à temps partiel pour un objectif à terme, non avoué officiellement, de 40 %, cela sous la pression des marchés financiers qui ont constaté que l’action Wal-Mart avait perdu 10 % de sa valeur en trois ans.Le turnover est rapide chez Wal-Mart, érigé en mode de gestion par un groupe qui part du constat que le coût d’un "associé" ayant sept ans d’ancienneté est "presque 55 % supérieur" à celui d’un salarié entré l’année précédente. "Alors même, affirme la direction, que leur productivité est la même."Mal payés, sujets à de fréquents changements d’horaires, la moitié seulement des salariés de Wal-Mart bénéficient d’une couverture santé maison. Les autres sont censés être couverts par l’assurance-maladie de leur conjoint, s’ils en ont, ou par le système public Medicaid, réservé aux nécessiteux, ce qui revient, pour Wal-Mart, à laisser cette couverture à la charge de la collectivité.Le social n’est pas le fort de Wal-Mart. On ne compte plus les procédures judiciaires engagées aux Etats-Unis contre le groupe pour avoir obligé ses "associés" à faire des heures supplémentaires non payées, pour avoir employé des immigrés en situation irrégulière et pour discrimination sexuelle. Qui est embauché chez Wal-Mart est aussitôt informé qu’aucune activité syndicale n’y est tolérée. Cité par le Los Angeles Times, l’un des porte-parole de la firme le reconnaît implicitement : "Notre philosophie est que seul un associé malheureux est susceptible de se syndiquer. C’est la raison pour laquelle Wal-Mart fait tout ce qu’il peut pour s’assurer que ses associés bénéficient de tout ce dont ils ont besoin."Cette vision des relations sociales hérisse nombre de démocrates. Avec d’autres, l’ancien candidat à la Maison Blanche, John Kerry, a pris la défense des salariés de Wal-Mart lors de la campagne pour le renouvellement partiel du Congrès. Il se demande pourquoi une entreprise comptant parmi ses actionnaires cinq des plus grosses fortunes des Etats-Unis (les héritiers de Sam Walton) est incapable d’assurer une couverture santé digne de ce nom à ses salariés. Quant à Hillary Clinton, qui a longtemps siégé au conseil d’administration de Wal-Mart, à l’époque où elle était la first lady de l’Arkansas, elle a refusé le chèque de 5 000 dollars que la firme de Bentonville lui avait proposé pour financer sa réélection au Sénat.

Pour contrer ces critiques, Wal-Mart avait engagé comme lobbyiste Andrew Young, une figure de l’establishment noir américain, ancien ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU. Mais celui-ci a dû démissionner cet été de ses fonctions pour avoir déclaré à un journal que "les boutiquiers juifs, arabes et coréens arnaquaient depuis des années les Américains des centres-villes en leur vendant du pain rassis, de la viande infecte et des légumes défraîchis".Habitué aux critiques, Wal-Mart joue la carte du consommateur qui trouve un réel avantage à remplir chaque semaine son chariot dans un Supercenter aux prix cassés. H. Lee Scott Jr., son PDG depuis 2000, le constate avec satisfaction : deux fois plus d’Américains font leurs courses dans un magasin Wal-Mart qu’il y a eu d’électeurs à la dernière présidentielle. Un plébiscite de tous les jours.Auteur dans les années 1980 du fameux slogan "Buy American", la firme doit aujourd’hui sa fortune au "made in China". Chaque année, elle importe de là-bas pour 18 milliards de dollars de produits manufacturés. Ce chiffre atteint les 20 ou même les 30 milliards si l’on prend en compte ce qu’elle achète à ses fournisseurs américains qui, eux aussi, font fabriquer en Chine, des perceuses Black & Decker aux poupées Barbie. Lorsqu’on sait que le déficit américain à l’égard de Pékin est de 154 milliards de dollars, cela signifie que Wal-Mart y contribue pour près de 20 %.Ce dumping de Wal-Mart n’a pas que des inconvénients. Une étude du cabinet d’études indépendant Global Insight montre que sur la période 1995-2004, le groupe a freiné les salaires de 2,2 % aux Etats-Unis et les prix de 3,1 %.Mais cette contribution à la lutte contre l’inflation a un coût humain. Wal-Mart pèse si lourd qu’il contraint nombre d’entreprises américaines à s’aligner sur ses pratiques sociales et commerciales, sous peine de n’être plus compétitives. En un mot, les gens de Bentonville tirent vers le bas la qualité de vie des Américains. Comme salariés, ceux-ci maudissent le modèle Wal-Mart. Comme consommateurs, ils le bénissent."(B.le Gendre)

-_La plus grosse entreprise mondiale s'appelle Wal-Mart
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Des patriotes américains contre Wal-Mart
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-Wal-Mart ou la flexibilité extrême
-May Day pour Wal-Mart... le cousin américain de Carrefour | Rue89
-Malgré la crise financière et les procès et enquêtes contre elle, l'entreprise Wal-Mart cartonne en bourse.
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-Supermarchés : effets pervers

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