-Une page se tourne au Royaume-Uni
-Un dépassement du thatchérisme et du blairisme?
-Vers un nouveau conservatisme...
_________-La fin des années Blair-Brown
Crise de confiance envers le système
-Elections britanniques, la fin d’un « modèle »
"Il y a trois ans, l’hebdomadaire libéral The Economist s’enthousiasmait – en « une » ! – de ce que, pour la Grande-Bretagne, « les choses [n’aient] jamais été aussi faciles ». Il estime aujourd’hui que « l’ancien modèle a échoué de manière spectaculaire ».
Eric Le Boucher invitait hier les lecteurs du Monde à « porter un regard plus intéressé outre-Manche ». Il explique désormais à ceux d’Enjeux, le magazine mensuel des Echos, que « la crise qui marque l’échec de l’ultralibéralisme signe aussi, en parallèle, la fin [du] modèle britannique . » A l’image de Goldman Sachs, même les banques – pourtant aux premières loges pour bénéficier de la financiarisation de l’économie britannique au cours des vingt dernières années –, concèdent aujourd’hui que « la Grande-Bretagne doit purement et simplement inverser la politique conduite depuis dix ans...
Tirant un premier bilan de la situation économique internationale, The Economist a récemment constaté : « La Grande-Bretagne a été plus durement frappée que les Etats-Unis ou la zone euro . » Et pour cause. Entre 1990 et 2007, la part du produit intérieur brut (PIB) britannique issu de la finance est passée de 22 % à 32 % (contre une augmentation moyenne de 24 % à 28 %, sur la même période, pour les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE]).
Dans un tel contexte, la crise des subprime ne pouvait passer inaperçue : entre le début de l’année 2008 et l’automne 2009, le PIB allait plonger de 6,2 %, précipitant l’économie britannique dans une récession qui allait durer dix-huit mois de plus que dans les autres pays du G7.
______Alors que les services financiers et l’immobilier représentent désormais un cinquième des emplois du pays, l’emploi lui aussi était appelé à dévisser. En 2009, l’économie britannique comptait mille quatre cents chômeurs de plus… chaque jour.
Le déficit budgétaire, qui s’affiche aujourd’hui, à près de 13 % du PIB, ne sera pas facile à résorber. En effet, la dette publique atteint, elle, 60% du PIB et celle des ménages 170 % de leurs revenus en 2008 (contre 127 % aux Etats-Unis). Voici donc le principal moteur de l’économie britannique, la consommation (environ 60 % du PIB), en panne pour un moment. Le second étant la finance…
Place, désormais, au Royaume-Uni « modèle d’austérité »...
Au-delà de la poursuite de la financiarisation de l’économie du pays, le bilan travailliste c’est aussi la création de 4 300 nouveaux types de crimes et délit depuis 1997 ; 86 637 personnes qui servent des peines de prison à perpétuité (le chiffre le plus important de tous les pays siégeant au Conseil européen) ; l’enfermement de 600 enfants de 12 à 14 ans ; la transformation de l’école, la réduction de moitié du nombre de lits d’hôpitaux depuis 1997) ; l’instillation d’outils de gestion d’entreprise dans les services publics et l’accroissement des inégalités. Quel « nouveau départ » espérer des responsables d’un tel bilan ?...
______A l’issue du dernier des débats télévisés qui ont opposé les trois candidats au poste de Premier ministre – lequel portait sur les questions économiques et sociales –, on peine un peu à voir ce qui distingue les libéraux démocrates des autres candidats.Dans ce domaine, le périmètre idéologique dessiné par l’opposition entre conservateurs et travaillistes se réduisait déjà bien souvent à un mouchoir de poche. M. Nick Clegg, le candidat « lib dem », a réussi à venir se positionner… juste au milieu . "(Renaud Lambert)
-La tourmente financière vue d’un paradis fiscal
-Promesse tenue au Royaume-Uni
-Les disqualifiés
-L’éternelle quête du modèle étranger
-La fin des années Blair-Brown:
"Après s’être présenté comme le pivot d’un nouveau « consensus progressiste », le New Labour a perdu le monopole du « changement » sur lequel il fondait sa rhétorique. La crise a d’abord mis au jour les faiblesses du modèle de croissance qu’il a hérité des années Thatcher, fortement marqué par l’importance du secteur financier et le déclin industriel. La gestion de la tourmente financière par Gordon Brown, qui avait fièrement annoncé la fin des cycles de « boom and bust », n’a semble-t-il pas suffi à convaincre les électeurs de la légitimité du New Labour à présider aux destinées de la Grande-Bretagne de l’après-crise. Les réflexions actuelles des travaillistes tentent d’en tirer les leçons en dessinant les contours d’un État stratège et plus actif.
___À la veille d’une période d’austérité budgétaire, la question de l’État et de la sphère publique est bien au cœur du débat électoral. La crise de confiance envers le système politique se nourrit de l’usure de ses piliers traditionnels – des affiliations partisanes traditionnelles affaiblies, un parlement qui reflète peu la diversité des opinions, un personnel politique discrédité par la guerre d’Irak et les scandales – mais aussi d’un mode de gouvernement décrit comme autoritaire, bureaucratique et centralisateur par les deux partis d’opposition. Les Conservateurs, qui font campagne sur le thème d’une « société brisée » à reconstruire, tout comme les Libéraux démocrates, qui entendent faire davantage confiance à l’individu et à la société civile, affirment à la fois vouloir revitaliser une vie démocratique épuisée et, ce qui peut sembler paradoxal aujourd’hui, rompre avec un certain étatisme
.___Ainsi, alors que les élections du 6 mai pourraient conduire à une transformation profonde de leur système politique, les Britanniques ont aujourd’hui le choix entre trois partis politiques qui, malgré leurs différences, sont tous, d’une certaine façon, les héritiers du New Labour. Tous prétendent occuper le centre de l’échiquier politique en incarnant une forme de « troisième voie ». Tous sont imprégnés, dans leurs discours et leurs programmes, par la synthèse idéologique longtemps personnifiée par Tony Blair, mélange d’acceptation sans réserve du marché et d’une volonté de préserver l’équité en « équipant » les individus afin qu’ils puissent réaliser leurs aspirations personnelles, grâce notamment à la préservation – mais aussi à la transformation profonde – des grands services publics..."
-Florence Faucher-King, « La crise de la représentation en Grande-Bretagne », 4 mai 2010.
- Tim Leunig, « Le déclin de l’industrie et ses conséquences régionales en Grande-Bretagne », 4 mai 2010.
- Emilie L’Hôte, « Du progrès perpétuel à la société brisée. La rhétorique du changement de Tony Blair à David Cameron », 30 avril 2010.
- Alexis Garatti, « Le globalisme économique du Royaume-Uni », 29 avril 2010.
- Patrick Diamond, Roger Liddle, « Pourquoi le New Labour a besoin d’idées neuves », 27 avril 2010.
- Antoine Colombani, « Le nouveau conservatisme britannique », 10 juillet 2009.
- Olaf Cramme, « Le New Labour dispose-t-il déjà d’un nouveau programme ? », 12 novembre 2007.
- Thomas Mélonio, « Dans la tête d’un spin docteur », 5 novembre 2007.
- Jacques de Maillard, « Peut-on réformer la police ? », 12 octobre 2009.
-Conservateurs britanniques: y a-t-il une vie après Thatcher?
-Elections législatives au Royaume-Uni: programmes
-La presse britannique tourne le dos à Gordon Brown à la veille des législatives du 6 mai
-Election britannique : l'envers du débat télévisé
-Systeme electoral à bout de souffle
_______-L'Angleterre depuis la Réforme
___-Politique du Royaume-Uni
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- Blair or not ?
-Pour un bilan du blairisme
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