
-Vers une Europe encore plus asservie ?
P.Mendés-France: " L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique au sens le plus large du mot nationale et internationale. "

-"Il était naïf de croire que grâce à un simple coup de peinture, l’UE deviendrait un poids lourd politique mondial. Pendant des années, nombreux ont été ceux qui ont cru a une « Europe-puissance » autonome sur la scène internationale. L’entrée des nouveaux membres depuis les années 90 a fait basculer les rapports de force internes et tué définitivement les velléités de ceux qui rêvaient d’une Europe politiquement forte. C’est donc le schéma anglo-saxon qui s’est imposé, une Europe de plus en plus réduite à une zone de libre-échange très intégrée dans un ensemble politico-économique transatlantique au sein duquel ce qui faisait la force et l’originalité du « modèle européen », cède chaque jour un peu plus de terrain devant l’avancée des conceptions les plus ultralibérales." (P.Charasse)
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Points de vue:
-Entretien avec Pierre Charasse sur la crise européenne:
__________________________"...Il faut resituer cette crise dans le cours des événements de ces 20 dernières années et dans une perspective géopolitique à moyen et long terme. La crise grecque et ses derniers développements ont confirmé, si c’était nécessaire, que l’Europe politique n’existe plus. L’Europe a projeté l’image de sa désunion et a révélé sa faiblesse au reste du monde. La monnaie européenne aurait dû être l’expression la plus forte d’une union politique achevée. Phénomène incroyable, on a instauré l’Euro sans créer un gouvernement économique. Entre les présidents de la BCE, de l’Eurogroupe, de la Commission, du Conseil, la présidence semestrielle (Espagne) et les “poids lourds Européens” Sarkozy, Merkel, c’est une belle cacophonie !
Il est ahurissant que les gouvernements de la zone euro se soient interdits de contrôler leur monnaie ! Aucun pays au monde, même le plus libéral, n’applique avec autant de zèle le dogme ultra-libéral du “laisser-faire”. La BCE ne répond à personne, les gouvernements sont impuissants, mais apparemment satisfaits de l’être, car aucun ne propose de remettre la BCE et l’euro sous contrôle ! La nature ayant horreur du vide, à partir du moment où l’on demande au FMI de participer au plan d’aide à la Grèce, on place l’Europe sous la coupe des Etats-Unis, puisque aucune décision du FMI ne peut se prendre sans l’accord des américains. La réforme des droits de vote au FMI annoncée au G20 va réduire le poids des européens, mais les Etats-Unis conservent intacte leur minorité de blocage (16% des votes).
Donc, la concertation entre les présidents Obama, Sarkozy, et la  chancelière Angela Merkel s’inscrit tout à fait dans le cadre d’un  transfert du pouvoir de décision aux Etats-Unis puisque les Européens ne  peuvent plus rien faire sans l’accord de Washington. C’est pourquoi le  Président Obama se sent tout à fait autorisé à prescrire aux pays en  crise les conditionnalités de l’aide : réduire les dépenses publiques,  diminuer les retraites, les salaires des fonctionnaires etc. Lui, au  moins exerce sans états d’âme le pouvoir que lui donne l’architecture  financière mondiale. Et nos gouvernements se disent soulagés que les  Etats-Unis, enfin, les « prennent en charge » ! C’est sans doute ce  qu’ils entendent par « gouvernance mondiale »...
D’autre part, ils pensent que « soudés » aux Etats-Unis ils seront plus forts pour faire face à la montée en puissance des pays émergents non-européens ou aux éventuelles « menaces » réelles ou supposées contre l’ordre occidental du monde. Dans ces conditions, on ne peut même pas définir l’UE comme une organisation régionale. C’est un espace politique, économique, financier et militaire européen subsidiaire du territoire nord-américain. Paradoxalement, avec la crise de l’euro cet ensemble transatlantique achève de se structurer au moment où les Etats-Unis s’enfoncent dans une crise profonde et où leur leadership mondial est contesté. Avec le traité de Lisbonne on a confié à l’OTAN la défense de l’Europe, maintenant c’est la monnaie qui passe sous contrôle américain : défense et monnaie sont les deux attributs fondamentaux de l’indépendance auxquels l’Europe a renoncé.
La politique américano-britannique a finalement atteint son objectif de torpiller le projet d’une Europe politiquement et économiquement forte et indépendante...
Avec une Europe contrôlée par les Etats-Unis il  me paraît logique que l’Euro tende progressivement vers la parité avec  le dollar, c’est à dire que l’on s’achemine vers une dollarisation de la  zone euro. Dans la logique économique et financière dominante, ceci  conviendrait à la fois à l’Europe car elle retrouverait la compétitivité  qu’elle a perdue avec un euro fort et aux Etats-Unis qui  parachèveraient ainsi leur main mise sur l’Europe. __Le poids de l’Europe  dans le commerce mondial diminue rapidement, et face à l’irruption de  nouveaux acteurs commerciaux comme la Chine, l’euro ne pourra pas  conserver sa place de grande monnaie d’échange à côté du dollar. Il faut  aussi se souvenir qu’avec l’élargissement à l’Est de l’UE dans les  années 90, les nouveaux venus se sont ouvertement prononcés pour la  dollarisation de l’Europe. Leur aspiration profonde est d’appartenir à  la zone dollar, ce qui « verrouillerait » le dispositif de sécurité au  sens large que leur donne leur appartenance à l’OTAN : ils souhaitent un  double parapluie américain, la défense et la monnaie. Pour eux l’euro  c’est bien, mais le dollar c’est mieux ! Et peu importe si l’économie  américaine est en ruine. Ce sont des restes des traumatismes de la  guerre froide et de leur perception de la « menace » que constitue  toujours pour eux la Russie.
Le plan de « sauvetage » euro-américain fera d’une pierre deux  coups :
 Pourtant il  n’y avait aucune fatalité dans cette évolution de l’Europe, elle a été  délibérément décidée. Au risque de paraître nostalgique et ringard, je  pense que l’Europe aurait dû et pouvait suivre un autre chemin que celui  de sa dissolution/désintégration dans le bloc occidental. Mais y a-t-il  aujourd’hui une majorité d’européens pour partager cette aspiration ?  Les élections qui ont lieu dans les différents pays n’indiquent pas que  les européens demandent un changement de cap. Malgré les mouvements  sociaux qui commencent à se manifester, les gouvernements n’auront pas  d’autre choix que de se plier aux injonctions du FMI et du marché. Les  « socialistes » au pouvoir ou dans l’opposition acceptent comme  inévitable le traitement de choc imposé par leur ami Dominique  Strauss-Khan...
-La vision Européenne de Pierre Charasse
_______-Geopolintel
- PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN, par Pervenche Berès
- Pourquoi il faut sortir de l'U.E
- L’architecture du bloc euro-atlantique
-Régulation financière: Etats-Unis 1-Europe 0
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- Vers deux euros ?
-Une France américanisée ?
-Nouvel ordre politique mondial ?
- Vers l'Union atlantique ?
-Vers une Europe asservie ?
 
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