L'éducation coûte trop cher ?
_____________________Essayez l'ignorance !... (Lincoln)
__Tout se passe comme si on voulait la mort lente de l'Education Nationale.
Elle n'est plus dans les faits une priorité.
On assiste à une dérive, une sorte de démolition, derrière les mots qui prétendent le contraire. Un affaiblissement en tous cas, souhaité par certaines élites économiques dominantes, pour qui les valeurs républicaines de "l'instruction publique" n'ont plus d'intérêt. On rejette l'idéal de Condorcet et de J.Ferry comme de vieilles lunes. Comme si le savoir et l'autonomie du jugement dérangeaient, empêchaient de produire et de consommer en rond...Un processus qui remonte aux années 80.
"Des fondations privées voient le jour. A l'université de Clermont-Ferrand, le président, Philippe Dulbecco, a fait entrer des managers d'entreprises comme Michelin ou Limagrain au conseil d'administration. « Cela évite de passer une demi-heure sur le prix de la machine à café », rit-il. En janvier, sa fac s'est alliée au chinois Tellhow pour créer un campus à Nanchang. « Nous visons 10 000 étudiants à terme. C'est notre assurance-vie. »
A Bordeaux, la fondation est présidée par Jean-René Fourtou, le président du conseil de surveillance de Vivendi, qui y a injecté 250 000 euros à titre personnel. SFR et Sanofi-Synthélabo y ont aussi investi 500 000 euros. Stéphane Roussel, le DRH de Vivendi, a son idée pour mener jusqu'au bout cette mue : « Il faudrait que le ministre de l'Enseignement supérieur et celui de l'Emploi soient le même. »(KM)
__La dégradation des conditions d'enseignement, le délitement de l'institution, le manque de moyens, sous prétexte de plus grande efficacité et de "modernisation", le manque de formation des nouveaux maîtres, les rafales d'annonces, aussi irréalistes qu'éphémères, donnent l'impression que l'on veut détourner l'attention des conditions réelles de fonctionnement et des projets sous-jacents.
On charge, moyennant primes, recteurs et chefs d'établissement, de gérer au mieux la pénurie et même de recruter le personnel de remplacement.
"Tout fonctionne comme si une infime minorité de privilégiés avait délibérément organisé un système déliquescent dont seuls leurs héritiers tireraient profit - enfants de cadres ou enfants d’enseignants, rejetons de démagogues et de pédagogues qui se gardent bien d’inscrire leur progéniture à « l’école publique » qu’ils recommandent aux autres, et adeptes du chèque-éducation, pour lesquels chaque aberration du système est un pas de plus vers l’apocalypse qui justifiera leurs ambitions - et leurs appétits... " (Brighelli)
Des profs démissionnent face au délitement de l'école
Les inspecteurs expriment leur malaise
Les horaires de français, bases de tout apprentissage,ont été drastiquement réduits
« L'école exclut de plus en plus tôt et de plus en plus fort » , constate Christian Clinet, directeur du lycée Edgar Poe, à Paris
_On assiste à un glissement vers diverses formes de privatisation. Une mutation à bas bruit
Une destruction méthodique :"... L'application depuis 2007 d'un mécanisme automatique de suppression de postes impose le dogme du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux comme le stipule la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques). Elle a conduit à la destruction des dispositifs de soutien qui avaient fait leur preuve tels les Rased, à des remplacements de plus en plus périlleux dans de nombreuses classes, à l'augmentation du nombre moyen d'élèves par classe à l'école primaire comme en collège et à la réduction de la scolarisation à partir de deux ans. Ceci n'empêche pas le ministre L. Chatel d'envisager sans sourire lors de sa déclaration du 23 janvier 2011, l'expérimentation de l'enseignement de l'anglais à partir de trois ans... Rappelons que 11 200 postes furent supprimés en 2008, 13 500 en 2009, 16 000 en 2010 et 16 000 suppressions sont de nouveau prévues au budget 2011. La découverte de nouveaux « gisements d'emplois » permettrait soit disant cette « rationalisation » sans heurts.
Pour palier aux inquiétudes que suscite la réduction des moyens, une agitation permanente laisse croire que l'on va mieux s'occuper des élèves en difficulté et qu'une meilleure organisation du temps de travail permettra de s'adapter aux besoins des enfants. Le passage à la semaine de quatre jours par X. Darcos en a constitué un bon exemple. Le récent rapport parlementaire remis le 9 décembre 2010 par la députée UMP M. Tabarot a malheureusement pointé toutes les fragilités du nouveau système et préconisé un retour à une semaine de quatre jours et demi. Il apparaît qu'avec 6 heures de cours par jour et 144 jours de classe, les élèves français ont les horaires quotidiens les plus lourds d'Europe.
La mesure la plus emblématique reste celle de la mastérisation de la formation des enseignants. Comme l'indique le ministère sur son site : « La mastérisation permettra l'élévation du niveau de recrutement et une amélioration de la qualité de la formation. Cette réforme instaurera le recrutement des enseignants des écoles, collèges et lycées au niveau master 2 (à bac +5) ». Personne ne pourrait s'inscrire contre une amélioration de la qualité de la formation des enseignants. Derrière cet argument de poids apparaissent néanmoins toutes les difficultés de la mise en œuvre. Oublions le fait que cette réforme lancée par la déclaration de N. Sarkozy le 2 juin 2008 fût initiée sans la moindre concertation préalable. Oublions l'obsession du ministère qui visait d'abord à supprimer les IUFM et à réduire la charge financière liée au paiement des fonctionnaires stagiaires.."
Le décervelage va bon train...
On fait main basse sur l'école publique
"L'argent s'est engouffré dans les failles de l'école publique. Il y a bien sûr l'enseignement privé, qui refuse chaque année plus de 30 000 demandes faute de pouvoir ouvrir des classes supplémentaires. Mais aussi le soutien scolaire, les coachs, les prépas privées à Sciences-Po, médecine, pharmacie et maintenant pour les concours d'officier de police, de professeur des écoles ou de kiné.
C'est le revers de la médaille. En l'espace de trente ans, la proportion de bacheliers a été multipliée par trois en France, pour atteindre 65 % d'une classe d'âge. Mais l'enseignement supérieur ne s'est pas adapté. Un tiers des BTS, formation courte très demandée, est assuré par des écoles privées. Même désastre dans le secondaire.
Officiellement, l'égalité des chances prévaut. En fait, jamais le système scolaire n'a été aussi inéquitable. La génération post-68 découvre qu'il n'y a jamais eu aussi peu d'enfants d'ouvriers et d'employés dans les grandes écoles. HEC, l'ENA, Polytechnique sont des machines à cloner les élites. Et l'inégalité ne cesse de progresser. En 2008, 78 % des élèves provenant de catégories sociales aisées ont obtenu un baccalauréat L, ES ou S, contre seulement 18 % des élèves d'origine sociale défavorisée. Cette année encore, 130 000 jeunes quitteront l'école sans formation ni diplôme. Une catastrophe nationale."
...Un cas particulier et une modalité de ce qu'on appelle pudiquement "la faisabilité politique de l'ajustement"
"Cette politique est tout simplement celle de la réduction des coûts et des déficits, et de la libéralisation maximale de tout secteur susceptible de marchandisation. Ces mesures sont en général impopulaires. Le problème est donc de les mettre en oeuvre sans faire trop de dégâts. Par dégâts, il faut entendre principalement le «foin» que font les gens qui en sont les victimes. L'article se penche sur les manières douces de faire passer ces mesures (c'est ça la faisabilité), et à cet effet il distingue entre «stabilisation» et «ajustement»: «En effet, le programme de stabilisation a un caractère d'urgence et comporte nécessairement beaucoup de mesures impopulaires puisque l'on réduit brutalement les revenus et les consommations des ménages en diminuant les salaires des fonctionnaires, les subventions ou l'emploi dans le bâtiment. En revanche, les mesures d'ajustement structurel peuvent être étalées sur de nombreuses années et chaque mesure fait en même temps des gagnants et des perdants, de telle sorte que le gouvernement peut s'appuyer facilement sur une coalition des bénéficiaires pour défendre sa politique.» (Sic) L'ajustement dont il est question n'a donc rien à voir avec celui auquel on pouvait penser au prime abord. Et c'est même pire que prévu : "L'ajustement ne se contente pas d'ajouter des mesures de relance ou de compensation économique donnant un volet positif à une politique brutale de réduction des coûts; il peut présenter, habilement manié, deux vertus politiques importantes : être indolore et permettre de diviser ses victimes en les touchant inégalement. Tout l'art est de savoir s'en servir."
_Cette destruction du Service Public d’Éducation par sa baisse de qualité est programmé depuis 1996 dans un rapport de l’OCDE intitulé « La faisabilité politique de l’ajustement ».
Iront-ils jusqu'au bout de sa logique?
__L'école française est-elle en train de changer de modèle?
-La France a le taux d'encadrement scolaire le plus faible de l'OCDE
___L'employabilité ne doit pas être le seul but de l'Education____________________
_Quels buts à la révision générale des politiques publiques ?________________
(Dessin: Pancho)
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