Règle sage ou perverse?
_Dans l'absolu, cette règle, qui vient d'Allemagne depuis 1949, mais qui n'a jamais été vraiment respectée, apparaît comme un principe de bon sens, quand on se situe dans le cadre restreint de la bonne gestion familiale: ne pas s'endetter, ou ne le faire qu'avec précaution, avec les garanties nécessaires de remboursement à terme, même si la gestion d'un Etat est d'une autre nature que la gestion domestique.
_Mais il est des cas où l'endettement s'impose, la conjoncture économique l'exigeant: gros investissements qui sont les conditions d'une richesse future, reconstruction après circonstances exceptionnelles (catastrophes, guerres,etc...).
Comme dit Peachy Carnehan, " Sur recommandations de ses « élites » néolibérales l’Etat de Californie s’était amusé il y a quelques années à inscrire dans sa constitution des règles comptables et fiscales interdisant, notamment, la levée de nouveaux impôts. Le résultat ne s’est pas fait attendre au déclenchement de « la crise » ; la Californie, incapable de dégager des moyens du fait de sa constitution, est aujourd’hui en faillite. --Une constitution n’est pas un fourre-tout façonnable au grès des humeurs des élus du moment, elle édicte des principes fondamentaux à caractère immuable. Une mesure budgétaire, comme celle voulue par Sarkozy, relève de la gestion politique courante. Une mesure budgétaire est par nature ponctuelle et doit évoluer intelligemment en fonction du contexte économique qui lui est variable. La graver dans le marbre, sans aucune possibilité de l’amender ou de la supprimer, revient à enchaîner l’Etat, à affaiblir encore un peu plus la démocratie. En cas de crise grave, de cataclysme, de catastrophe naturelle, de guerre, de pandémie, la contrainte d’un l’équilibre budgétaire constitutionnel, quasi soviétique, empêcherait l’Etat de dégager des moyens financiers pour parer aux imprévus. Cette mesure est suicidaire à long terme et ne sert qu’à masquer dans l’instant la gestion catastrophique de Sarkozy et à justifier la politique de démantèlement de la nation voulue par les néolibéraux de l’UMP..."
__Trés discutée, cette norme paraît d'une application impossible et se révélerait comme un corset insupportable dans certaines circonstances, dans une politique de type keynésien, par exemple. Un concept mort-né sans doute, qui pose plus de problèmes qu'il ne prétend en résoudre
Elle est surtout aujourd'hui dictée par la trop grande dépendance des Etats aux marchés et à leur dictature financière spéculative. "Une règle d’or permettrait de garantir aux investisseurs que prêter aux Etats européens n’est pas risqué, puisque cet endettement est maîtrisé. Or, en pleine crise de la dette, toute garantie sur la fiabilité des finances publiques est la bienvenue. Et rassurer les investisseurs permettrait également de faire baisser les taux d’intérêts des obligations. Une vraie bouffée d’air pour des pays comme l’Italie ou l’Espagne."
_Cette règle d'or risque de déboucher sur des finances de plomb ."D’une apparente neutralité, la règle d’or, compte tenu des rapports de force ne peut qu’aboutir à l’austérité pour les classes moyennes et inférieures. Il y a deux leviers pour équilibrer les comptes. Augmenter les recettes et baisser les dépenses. La tendance lourde depuis de nombreuses décennies consiste à présumer que les dépenses de l’État s’apparentent à une gabegie", par exemple au niveau social, éducatif,sanitaire...
__Un piège, donc, qui pourrait, appliqué, des conséquences négatives lourdes et durables
Un gadget inutile et dangereux, selon l'économiste Jacques Sapir, une une négation du choix politique, compromettant une nécessaire et profonde réforme fiscale.
« La règle de mort » de l’équilibre budgétaire constitutionnel ne sera pas respectée en augmentant les recettes de l’Etat mais en réduisant ce qu’ils ont le culot d’appeler « nos dépenses » : sécurité sociale, retraites, santé, sécurité, congés payés, écoles, etc. « La règle de mort » est une machine infernale qui va mécaniquement saborder les acquis du Conseil National de la Résistance. Ce qui a été conquis en 1945 quand la France et l’Europe étaient en ruines, les néolibéraux veulent le liquider alors que des milliers de milliards coulent à flots dans leurs poches"...(P.Carnehan.)
Une expression de plus de l'impasse des économies européennes...
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-La dette est un prétexte: "...La contraction des dépenses publiques garantit le désastre du fait de la réduction de la demande. C’est la panne assurée : la croissance française s’est déjà arrêtée au deuxième trimestre en raison du blocage de la consommation et de la chute des exportations. L’austérité aggravera la récession et augmentera au final la dette. C'est le paradoxe du moment : l'austérité réclamée à tort et à cris par les marchés est la plus mauvaise solution contre la dette. Et d’ailleurs les « marchés » sanctionnent les pays qui appliquent les mesures d’austérité pourtant prévues pour les rassurer. C’est très exactement ce qui est arrivé au Portugal ! Voyez aussi ce qui s’est passé en Grèce où la dette est passée de 125 à 160% du PIB au fil des sept plans d'austérité successifs ! En effet, l'austérité entraîne le recul de l'activité et la hausse du chômage et de la pauvreté. Les finances publiques en sont rapidement affectées par des moindres recettes et une hausse des dépenses sociales. Résultat, dans la quasi totalité des cas, l'austérité creuse les déficits. L’austérité c’est donc la ruine assurée.
Pour justifier l'austérité, on nous répète que la dette française est insoutenable. C'est faux ! Tout part d’un chiffre lui aussi présenté comme une vérité révélée, une loi de la nature. Il s’agit d’un ratio entre le montant de la dette et celui de la richesse produite telle qu’elle est mesurée par le très discutable « PIB ».
Il faut tordre le coup à cet indicateur qui sert à affoler les esprits et à aveugler le débat public. Ce ratio est nettement supérieur dans plusieurs pays à celui de la France et pas de peu. Ainsi le Japon a-t-il une dette publique égale à 200% de sa production annuelle. Personne ne lui cherche noise. Il est à un niveau plafond pour les Etats-Unis et pour l’Islande (plus de 100% du PIB). Les Etats unis n’en font qu’à leur tête et les Islandais ont décidé de ne pas payer ! En fait tout dépend en réalité de qui détient la dette et du rapport de force du pays endetté avec ceux qui lui prêtent. Au Japon ce sont les Japonais qui prêtent à leur Etat. Ils ne lui font donc pas de chantage. Aux Etats unis, l’oncle Sam, ses six cent mille hommes de troupe et ses 50 % de dépenses militaires mondiales ont créé une garantie politique liée à leur puissance ! En Islande c’est la révolution citoyenne ! La dette et ses taux sont un rapport de force, un fait social et politique. Et seulement, après cela, un problème comptable.
Enfin cet indicateur, celui qui établit le ratio entre la dette publique totale et le PIB annuel est radicalement discutable. Pas cohérent. Il compare un stock de dettes qui courent sur plusieurs années avec un flux annuel de richesses produites (le PIB). C’est comme si on mesurait votre solvabilité personnelle en rapportant le total de vos dettes (voiture, appartement etc.) à vos revenus d’une seule année. Absurde..." ( (J.L. Mélenchon)
-_La spéculation n’est plus tolérable: " Une déconnexion s’est faite entre une logique financière mondialisée et la logique étatique des systèmes économiques. Les Etats dépendent de leurs recettes : de la collecte des impôts. Or, la plupart des entreprises ou des individus qui ponctionnent la richesse créée parviennent à passer à travers les mailles du filet, par les paradis fiscaux ou par l’optimisation fiscale."
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-_____Et la balance commerciale?
-__Le bien mauvais débat sur la dette publique
-Il serait pour qui, l'or de "la règle d'or" ?
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