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mardi 13 novembre 2012

Königin Angela ohne Krone

Naufrage européen de l'austérité...__
__________________________entend-on de plus en plus souvent en Allemagne.

__Il ne convient pas de crier  Haro sur l'Allemagne, car elle n'est pas aussi monolithique qu'on le croit et  sait qu'elle n'est plus à l'abri de la crise, même si les conservateurs semblent faire preuve de rigidité et parfois d'arrogance, se sentant sans doute vulnérables.
Non, elle bouge...
__Qu'Angela et les intérêts qu'elle représente subissent des critiques d'autres pays d'Europe, qu'elle soit mal reçue au Portugal ou en Grèce, qu'on s'inquiète en France de certaines de ses vélléités, voilà qui est compréhensible, mais qu'elle soit mise en question par les siens, est plus étonnant ou moins connu.
Le vieux Helmut Schmidt ne s'est pas privé de critiquer l'entêtement de la chancelière et son manque de vision, comme certains économistes européens et américains. Même son mentor ne la comprend plus...
 Le député écologiste Jürgen Trittin ne mâche pas ses mots : « Nous sommes dans une situation dramatique et madame Merkel, assise sur sa chaise,  se demande quand elle va sortir du placard ses chaussures du jogging ». Dans la même veine, le chef des députés du  SPD  Frank-Walter Steinmeier s’est exclamé: « la maison brule et madame Merkel a peur de se bruler les doigts ».
______Ulrich Beck critique son habileté machiavélique
"...En politique intérieure, la chancelière rassure les Allemands, qui ont peur pour leurs retraites, leur petit pavillon et leur miracle économique, et elle défend avec une rigueur toute protestante la politique du non - bien dosé -, tout en se profilant comme la maîtresse d'école seule capable de donner des leçons à l'Europe. En même temps, elle conçoit, dans les affaires extérieures, sa "responsabilité européenne", en intégrant les pays européens dans une politique du moindre mal. Son offre qui a aussi valeur d'appât se résume en cette formule : mieux vaut que l'euro soit allemand plutôt qu'il n'y ait pas d'euro du tout.
En ce sens, Mme Merkel continue à se révéler une très bonne élève de Machiavel. "Vaut-il mieux être aimé que craint ?" demande celui-ci dans Le Prince. "La réponse est qu'il faudrait l'un et l'autre, mais comme il est difficile d'accorder les deux, il est bien plus sûr d'être craint qu'aimé, si l'on devait se passer de l'un d'eux." La chancelière allemande recourt à ce principe de façon sélective : elle veut être crainte à l'étranger et aimée dans son pays - peut-être justement parce qu'elle a enseigné la crainte aux autres pays. Néolibéralisme brutal à l'extérieur, consensus teinté de social-démocratie à l'intérieur : telle est la formule qui a permis à Merkiavel de consolider sa position de force et celle de l'Europe allemande."
____________________En fait, le tissu social allemand se déchire. La misère de ses retraités, la condition d'une partie du salariat font problème et beaucoup commencent à prendre conscience des faiblesses souvent masquées du pays.
►____Ce que disait récemment Mélenchon à ce sujet ne manque pas de pertinence:
"...Il suffit de faire le bilan social de la situation allemande pour comprendre qu'une politique de gauche n'a rien à voir avec ce qui a été entrepris là-bas quand bien même c’est le chancelier « social-démocrate » Gerhard Schröder qui l’a mise en place. En Allemagne, la situation des travailleurs et des chômeurs est pire qu'en France. Les réformes des sociaux-libéraux, poursuivies par les libéraux de Merkel ont précarisé l'ensemble des classes populaires. C'est ce que dit le Bureau international du travail. Dans ce rapport, le Bureau international du travail explique clairement les données du problème posé : « Le gouvernement Schröder a engagé une série de réformes du marché du travail à compter de 2003. [...] Cependant, la plupart des réformes ont principalement entraîné une déflation salariale dans les secteurs des services, où de nouveaux emplois, pour la plupart à bas salaires, sont apparus.  Ces politiques de déflation salariale ont non seulement eu des conséquences sur la consommation des ménages, qui est restée à la traîne par rapport aux autres pays de la zone euro [...] mais elles ont aussi provoqué une accentuation des inégalités de revenu, à un rythme jamais vu. Au niveau européen, les autres pays membres estiment de plus en plus que seules des politiques de déflation salariale encore plus strictes résoudront leur problème de compétitivité, ce qui est d’autant plus décourageant qu’on voit mal dans quelle mesure ces politiques de déflation salariale en Allemagne ont contribué à une hausse de l’emploi, qui était à peine plus élevé en 2006 qu’en 1991 ».
____Tel est, au-delà des mots d’allégresse et des recommandations des médiacrates, la réalité du modèle proposé en exemple et le bilan social de l’Allemagne. Pourquoi n’est-il jamais évoqué ? Si le témoignage du BIT peut être déclaré suspect dans la mesure où son nom pourrait suggérer une tendresse excessive pour les salariés, voyons chez les libéraux eux-mêmes. Il s’agit de la fondation IFRAP. Très libérale. Que dit-elle ? « En mars 2012, près de 7,29 millions de personnes bénéficiaient d’un contrat à salaire modéré (« mini-job »). Parmi eux, seuls 4,76 millions n’avaient pas d’autre salaire que ce mini-job. Près d’un million de jeunes vivent avec ce revenu, qui est généralement majoré de l’allocation « Hartz IV » de 375 euros. En Allemagne, la libéralisation du marché du travail s’est faite au détriment du bas salaire individuel et des parents isolés. En effet, les statistiques de l’Union européenne sur le revenu et le niveau de vie (EU-SILC) le montrent très clairement : le risque de pauvreté des travailleurs seuls allemands est de 14% et de près de 30% pour des parents isolés. Il l’est de 40% si on y inclut les chômeurs. Ces chiffres sont nettement inférieurs en France. » Je précise que sur les 5 millions de mini-jobbers, 3,5 millions sont des femmes. Evidemment.
Au-delà du coût social, cette politique est un désastre économique. Le Bureau international du travail insiste aussi sur le fait que les "réformes" allemandes ne peuvent pas être généralisées à toute l'Europe. Il explique que l'Allemagne est même en grande partie responsable de la crise actuelle dans la zone euro ! « Comme les coûts unitaires de main-d’oeuvre en Allemagne ont baissé par rapport à ceux des concurrents durant la décennie écoulée, il en est résulté des pressions sur la croissance dans ces économies, avec des conséquences néfastes pour la viabilité des finances publiques. Et, surtout, les pays en crise ne pouvaient pas recourir aux exportations pour pallier l’insuffisance de la demande intérieure car leur secteur manufacturier ne pouvait pas bénéficier de la hausse de la demande globale en Allemagne ».
La « stratégie allemande » arrive à sa limite. Ces dernières années, l'Allemagne s'est comportée comme le passager clandestin de l'Union européenne. Elle profitait de la demande de ses voisins pour exporter. Et pour leur faire la leçon. Mais pendant ce temps la contraction des salaires allemands empêchaient les autres pays de faire de même. La farce s’épuise. L’Allemagne s'est prise à son propre piège. A force de vouloir imposer l'austérité salariale et budgétaire à toute l'Europe, elle a scié la branche sur laquelle elle est assise. L'austérité généralisée plonge l'Europe dans la récession. L'austérité française, italienne, grecque, espagnole ou portugaise prive les entreprises allemandes de clients. Et comme les salaires allemands sont trop bas pour compenser, l'Allemagne s'enfonce à son tour dans le marasme économique. Le mois dernier, le chômage a progressé en Allemagne pour le septième mois consécutifs. La hausse du nombre de chômeurs a même été deux fois plus forte que ce qu'attendaient les principaux économistes. Quelqu’un a prévenu Ayrault ? Et Hollande ?
Le mirage du modèle allemand commence à se disperser. Même dans le sacro-saint registre financier où parait-il rien n’est plus sûr et fiable que le coupon allemand ! Mais oui : ces derniers mois, l'Allemagne a aussi rencontré des difficultés sur les marchés financiers. Le 5 septembre dernier, l'Etat allemand a cherché à placer 5 milliards d'euros de titres de dette. A longue échéance : septembre 2022. Il n'a pas trouvé preneur pour la totalité. Il n'a reçu des offres qu'à hauteur de 3,93 milliards d'euros. Ainsi donc à horizon de dix ans, l'Allemagne inquiète les financiers ! C'est normal, elle vieillit et repose sur un modèle archaïque. Quelqu’un prévient Hollande et Ayrault que la ligne Maginot et la ligne Siegfried sont dépassées ?"
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-Entêtement 
- Le problème Merkel
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-Paru dans Agoravox 

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