Lettre à
Ne dira-t-on plus: tel père, telle fille?
La question se pose. A quel jeu joue le père fondateur?
Dans la tribu, cela tourne au vinaigre.
Pour celui qui a porté sa fille aux fonts baptismaux est-ce vraiment le divorce?
Certains y voient une tempête dans un verre d'eau, une pure joute verbale sans lendemain, voire un tour de passe-passe.
D'autres, une vraie rupture ou une stratégie de mégretisation.
Une statégie, qui finalement profiterait au FN?
La sagesse populaire le dit depuis longtemps: chassez le naturel...
Freud l'a bien montré: difficile de tuer le père
Veut-elle tourner la page, solder l'héritage?
On croirait voir revenir le retour du (non)refoulé
_________Marine avait fait son grand écart, pour des raisons jugées électorales.
Les dernières élections ont quasi officialisé son mouvement. Provisoirement du moins, même s'il faut relativiser les scores du FN, ce que beaucoup de medias n'ont pas fait.
Un succès qui doit surtout beaucoup à "...l’état de délabrement idéologique des partis « traditionnels » pèsent dans la balance : ils semblent incapables d’apporter la moindre réponse crédible au chômage, à la crise économique autant qu’aux incertitudes géopolitiques diverses, paraissent courir derrière un monde qu’ils ne comprennent pas, et ont fini par accepter de se placer sur le terrain du Front National pour bien des sujets, par opportunisme ou par intoxication médiatique, je ne sais pas — l’un et l’autre sans doute..."
Comme le remarque Stiegler, le FN prospère dans le peur sociale, le discrédit de l'UE, le désert des idées politiques.
Le projet économique du FN, empruntant à la gauche, voire à l'extrême gauche, par opportunisme, mérite d'être passé au crible. Des économistes, annexés par le parti, protestent contre l'usage dévoyé qu'on fait de leur pensée.
Comme le remarque Mediapart, "... Le Front national n’a rien oublié de son histoire et de ses racines. Il est bel et bien le parti de l’extrême droite française, qui va chercher dans l’entre-deux-guerres, le pétainisme et l’antigaullisme une partie de ses inspirations. On pouvait penser cette filiation oubliée pour construire, sous l’influence de plusieurs mouvements de ce type en Europe, un populisme radical. Ce n’est pas le cas.
Le «nouveau FN» continue ainsi à copier-coller de nombreuses propositions du FN de Jean-Marie Le Pen. Si la fille a laissé entendre qu'elle était plus «moderne» que son père, car elle est «une femme de son temps», les fondamentaux demeurent : «préférence nationale» (rebaptisée «priorité nationale»), stigmatisation des étrangers et obsession de l’immigration, rétablissement de la peine de mort par référendum, lutte contre l'avortement, opposition à la légalisation de l'euthanasie, politique familiale nataliste, retour à l'école d'avant 1968, mariage et adoption réservés aux couples hétérosexuels, etc. (lire notre fiche «Un "nouveau FN" bien proche de l'ancien»).
Le deuxième enseignement est plus surprenant. Il tient à la faiblesse de l’expertise, de la précision et de la cohérence de cet ensemble programmatique. L’analyse de l’état de la société française relève d’un salmigondis de revues de presse, empruntant, dans le plus grand désordre, statistiques ou travaux de recherche. Des affirmations contenues dans un chapitre sont contredites dans un autre. Des chiffrages trouvés ici ne sont plus les mêmes là. Des mesures sont clairement hors du cadre idéologique…
Ce manque de cohérence et de fiabilité vient souligner ce qu’est encore aujourd’hui le Front national : le parti des Le Pen, entreprise dynastique, où le travail théorique, la construction d’un corpus idéologique et l’affichage d’une véritable volonté de gouverner ne sont qu’accessoires. Le Front national demeure ce parti tribunitien construit sur les charismes du père puis de la fille. A contrario, imaginerait-on le FN aussi puissant si Bruno Gollnisch en était aujourd’hui le président ? En un quart de siècle de présence massive dans le champ politique, cette formation n’est donc pas parvenue à dépasser le stade des slogans et imprécations. C’est une raison d’espérer.
Le troisième enseignement peut être également une bonne nouvelle. L’immense majorité du programme du Front national est simplement inapplicable sauf à faire de ce pays une table rase. L’essentiel de son programme économique est une vue de l’esprit. L’ensemble des chiffrages est totalement fantaisiste. Le 12 janvier d’ailleurs, la présidente du FN avait convoqué la presse pour une mise en scène de graphiques, tableaux et chiffres. Un mois plus tard, cet exercice de chiffrage était mis à bas par le numéro 2 du FN, Louis Aliot. Invité de «Radio France Politique» le 5 février (voir cette vidéo à 14'15), il expliquait : «Bah... c'est financé, il suffira de mettre le budget en ordre de marche, de récupérer la compétitivité, la croissance, de faire des économies, c'est de la macro-économie....»
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- Les medias et le Front National
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