Il arrive fréquemment que, par contraste avec la situation économique française jugée critique, certains déclinistes, revendiquant le titre d'éminents économistes, officiant sur les ondes ou ailleurs, nous indiquent doctement et régulièrement quels pays voisins méritent d'être pris comme exemples pour leurs efforts, leurs réformes et leurs performances.
______L'Espagne, qui, bien que revenant de loin, serait, nous dit-on, sur la voie du redressement.
L’Allemagne tient le continent européen |
Non, l'Espagne n'est pas sur la voie du redressement, même si certains secteurs, dopés par la baisse des salaires et un tourisme exceptionnel semblent reprendre vie. Le chômage y reste massif et toute une jeunesse bien formée s'exile toujours. Globalement, l'Espagne ne va pas mieux.
Ne parlons pas du Portugal qui sombre, que le tourisme ne sortira pas de sa détresse.
_________ L'Italie, elle, rechute. Sous la houlette de son nouveau et dynamique leader, elle ne va guère mieux.
"...Le vrai problème financier est lié à l’encours de la dette, accumulé à la suite d’une longue série de déficits. Il est frappant d’ailleurs de constater qu’au cours de la récente période d’austérité, le ratio de la dette sur PIB a augmenté. Il est aujourd’hui de plus de 130 % du PIB.
Si l’économie stagne et que les prix chutent, alors le PIB nominal va diminuer lui aussi et mécaniquement, cela va provoquer une très nette dégradation du ratio de dette/PIB même si le budget est en équilibre (c’est d’ailleurs exactement ce phénomène qui explique que l’endettement de la Grèce continue à augmenter alors que ce pays a bénéficié de plusieurs énormes plans d’aide).
L’Italie est très proche de la situation que les économistes appellent « le piège de la dette », c’est-à-dire lorsque le ratio de la dette augmente de façon exponentielle.
La seule issue possible est soit par l’inflation, soit par le défaut..."
_____La Suède, n'est plus ce qu'elle était. Souvent présentée comme un modèle par notre Président, elle est à bout de souffle, connaissant d'importants problèmes, suite à des privatisations menées tambour battant.
Les inégalités y sont croissantes.
Elève impuissant |
Un modèle que fait problème, commençant d'ailleurs à se remettre en question. A ne pas suivre, comme dit Christian Chavagneux et d'autres, du moins sur tout.
En Allemagne un enfant sur 5, donc 20% des enfants, vit dans la pauvreté !
Est-ce vraiment un modèle à suivre ?
La dite réussite économique allemande n’a-telle-pas été construite en faisant des « économies » dans l’éducation, l'investissement public, comme dans la réduction des prestation sociales ... Le modèle Hartz IV est loin de faire l’unanimité. Ce modèle Hartz IV reste un modèle répressif qui fait le bonheur du « MEDEF » allemand: faire travailler des gens pour 1 Euro / heure !
L’Allemagne, serait-elle même l’homme malade de l’Europe? malgré sa suprématie économique de fait, nécessitant une sortie négociée du carcan de l'euro ("Aujourd’hui, l’Allemagne refuse toute inflexion dans le sens d’une politique européenne de l’investissement et de la relance de la demande globale dont elle devrait prendre une part substantielle à sa charge. Or, si nous suivions le chemin voulu par l’Allemagne, si nous l’accompagnions dans sa fuite en avant ordo-libérale, le seul résultat en serait l’entrée combinée en récession et en déflation de l’Europe, nonobstant les efforts tentés par Mario Draghi, le seul dirigeant européen à sembler avoir un minimum de lucidité dans les temps présents...)
Comme le dit Bernard Maris « ...Sortir de l’euro permettrait de retarder la conquête de notre marché du travail par la Chine.
Existe-t-il un autre modèle que le modèle Valls – Fillon – Juppé – Sarkozy ? Oui, il y en a un, et un seul. C’est le modèle macroéconomique fondé sur une sortie totale ou partielle de la zone euro. Autrement dit, et je pèse mes mots, si on ne sort pas partiellement ou totalement de la zone euro, la seule politique macroéconomique possible est celle de Valls-et-les-autres.
– Si l’on garde l’euro, le seul moyen de ne pas crever face à la politique menée par l’Allemagne est de mener une politique de contre-offensive en vendant nos produits faits par nos petites mains, travaillant plus dur et plus longtemps pour des salaires plus faibles. A cette seule condition, on peut espérer tenir sur le radeau. Combien de temps ? Un demi-siècle environ. Après, toute la technologie sera passée aux Indiens et aux Chinois, qui deviendront nos employeurs.
– Une sortie totale ou partielle de la zone euro permettrait à l’économie française de se redresser plus rapidement, avec un coût inférieur en termes de pouvoir d’achat et de souffrance sociale. On gagnerait 25 ans environ par rapport au plan Juppé-Valls. Une génération de gagnée. Une cohésion sociale plus forte, pour envisager l’avenir (les conditions de travail offertes par nos futurs employeurs, les Chinois et les Indiens ; les conditions de rivalité de nos anciens amis – les Espagnols, les Allemands, etc, à qui nous aurions damé le pion).
Je ne vais pas exposer à nouveau les conditions d’une sortie intelligente et raisonnée de l’euro, négociée avec nos partenaires de la zone.
On aura beau dire que, français ou étranger, un patron est d’abord un patron, et que son capital comme son âme, par définition, sont mondialistes ou apatrides ou internationaux, un gouvernement français dominé par des patrons étrangers serait totalement soumis, muselé, sans aucun pouvoir.
Un gouvernement français dominé par des patrons français aurait plus d’autonomie parce qu’il pourrait négocier ses prébendes, fiefs, affermages contre quelques avantages sociaux relevant du modèle dit « français ». Or, pour pouvoir négocier ces fiefs, affermages (ainsi les concessions des autoroutes honteusement refilées par Villepin), il faut au moins être propriétaire du bien public fondamental qu’est l’argent.
Donc il faut sortir partiellement ou totalement de l’euro. Pourquoi l’euro ? Pour l’Europe fédérale. Qui veut de l’Europe fédérale ? Hollande et Bayrou. C’est peu. L’Allemagne ne veut pas d’Europe fédérale, ni l’Espagne, ni l’Italie, ni personne. Peut-être la Belgique et le Luxembourg, mais certainement pas le Royaume-Uni, la Pologne ou l’Irlande. Ou l’Italie. Ciao l’euro, et vraiment pas de regret ! (Charlie Hebdo, mercredi 24 septembre 2014, page 6)
________________Arrêtons donc de chercher des modèles à l'extérieur. Il est urgent de repenser et de rebâtir une Europe qui ne soit pas celle qui rende possible de tels contre-modèles.
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2 commentaires:
Comme disait Balavoine "faut pas croire ce que disent les journeaux". Je vis en espagne depuis 20 ans. L'Espagne va mal très mal. Au point que des fois je veux retourner en France pour mes enfants qui terminent leur bac. Pas d'avenir pour eux a moins de s'exiler (En France sur la terre de papa?) Une génération entière, la mieux formée de l'histoire de l'Espagne s'en va ailleurs. L'état espagnole forme des cerveaux pour que l'Allemagne en profite. Un drame national qui ne semble pas émouvoir Mr Rajoy pour qui cela est une chancepour le pays, car ces jeunes reviendront avec une expérience unique. Mais reviendront-ils?.
La crise est une manne pour le patronnat: on vire des millions de travailleurs. On fait une réforme du code du travail, et on commence à réembaucher (mais alors tout doux pour l'instant) les memes personnes pour la moitié du salaire d'avant et des conditions de travail qui ont empiré. Et le tour est joué!
Non, l'Espagne ne sort pas de la crise, elle y est meme pour longtemps...
Salut Alfred
Merci pour l'info!
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