Pourquoi l'OTAN?
La question ne peut pas ne pas se poser quand on repense à son acte de naissance, à ses missions premières d'après-guerre, à ses interventions diverses depuis une vingtaine d'années.
Aujourd'hui, l'organisation apparait pour le moins comme un pur anachronisme et ses objectifs initiaux ont changé complètement.
Les critiques n'ont pas manqué à son égard notamment lors de ses interventions au Kosovo, en Lybie (1), en Afghanistan et ailleurs...(2)
Aujourd'hui, pour l'Ukraine, dont la situation est loin d'être claire et où les responsabilités semblent bien partagées, elles divisent, même en Allemagne.
Klaus Hornung en témoigne
Il fut un temps où le Général de Gaulle décida de quitter cette organisation pour retrouver l'exercice de la souveraineté du pays. Pour Paul Marie de la Gorce, L'OTAN, représentait clairement un instrument de l'hégémonie américaine:
Après la fin de l'Union Soviétique et du Pacte de Varsovie,"...l’Alliance
atlantique et son organisation militaire continuèrent à fonctionner
sans changement. La fin de la guerre froide aurait pu remettre en cause,
sinon l’existence de l’alliance, du moins son fonctionnement, puisque
sa raison d’être, toujours invoquée par les gouvernements occidentaux,
était de faire face à une menace - réelle ou supposée - venant du camp
de l’Est. Or ce camp n’existait plus. Pourtant, aucun des gouvernements
européens n’a paru vouloir, à cette occasion, reprendre plus de liberté
d’action. Tous, au contraire, se sont déclarés en faveur du maintien de
l’OTAN, et même du renforcement de ses structures politiques et
militaires. Les Etats-Unis, de leur côté, tout en retirant une part
substantielle de leurs forces déployées jusque-là en Europe, ont tenu à
maintenir une organisation qui assure leur prépondérance politique et
stratégique sur le théâtre européen. Ils ont renforcé l’intégration des
forces qui en dépendent, et ont obtenu qu’elles puissent intervenir hors
de l’aire géographique constituée par le traité de l’Atlantique
nord...."
Au coeur de la nouvelle stratégie militaire des Etats-Unis, l'Otan devait jouer un rôle de supervision, de contrôle, de meneur de jeu:
On prête à Lord Ismay, premier secrétaire général de l’OTAN, la
citation suivante concernant le rôle de l’Organisation du traité de
l’Atlantique Nord : « Garder les Américains à l’intérieur, les Russes à l’extérieur et les Allemands en-bas. »
Cette phrase illustre la fonction duale de l’alliance militaire. Si
celle-ci se présentait uniquement, durant la Guerre froide, comme un
moyen d’assurer la sécurité de l’Europe occidentale contre la menace
soviétique, cette organisation fut également la structure au travers de
laquelle Washington put peser politiquement en Europe sur ses vassaux
européens. Cette ingérence politique états-unienne s’embarrassa rarement
de scrupules et passa même parfois par des méthodes douteuses. (Notamment en Italie: voir le rapport Andreotti)
Le 1er juillet 1991, l’auto-dissolution du Pacte de Varsovie, pendant
de l’OTAN dans le Bloc de l’Est, mettait fin à la raison d’être
officielle du traité de l’Atlantique Nord. Pourtant, aujourd’hui, l’OTAN
existe toujours et est même dans une phase d’extension. Comprenant 12
membres lors de sa création le 4 avril 1949 et 16 membres lors de la dissolution du pacte de Varsovie, l’alliance atlantique en compte désormais 26..."
Zbigniew Brzezinski dans Le grand échiquier : L’Amérique et le reste du monde, avouait clairement les objectifs généralement occultés:
«A court terme, il y va de l’intérêt des Etats-Unis de consolider et de
préserver le pluralisme géopolitique qui prévaut sur la carte d’Eurasie.
Par le biais de manœuvres politiques et de manipulations, on pourra
ainsi prévenir l’émergence d’une coalition hostile qui pourrait chercher
à contester la suprématie des Etats-Unis, ce qui n’empêcherait
toutefois pas un Etat donné d’imaginer de le faire lui-même. (p. 253s.)
[…] L’élargissement de l’Europe et de l’OTAN serviront les objectifs
aussi bien à court terme qu’à plus long terme de la politique
américaine. Une Europe plus vaste permettrait d’accroître la portée de
l’influence américaine – et, avec l’admission de nouveaux membres venus
d’Europe centrale, multiplierait le nombre d’Etats pro-américains au
sein des conseils européens – sans pour autant créer simultanément une
Europe assez intégrée politiquement pour pouvoir concurrencer les
Etats-Unis dans les régions importantes pour eux, comme le Moyen-Orient.
Il est également essentiel pour l’assimilation progressive de la Russie
dans un système de coopération mondiale que l’Europe soit bien définie
sur le plan politique.» (p. 255)
Il serait temps que l'Europe, en état de minorité, s'émancipe et trouve la voie d'une véritable politique étrangère autonome et d'une force commune, en sortant de l' OTAN.
Mais ce serait aller à l'encontre de ce pour quoi elle a été créée.
Non seulement l'Otan, qui a ses maillons faibles, ne fonctionne pas, mais il va toujours dans le même sens...
La renaissance de l’ONU est la seule solution au chaos du monde.
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