Quand le petit livre jaune rivalise avec le petit livre rouge.
Notre bon Docteur Cattaz, évoquant une thérapie de choc, ne manque pas d'audace sociale.
Il est vrai que, quand le malade tarde à guérir, il ne faut pas lésiner sur les moyens, même les plus douloureux. Il faut trancher dans le vif.
Sur sa table d'opération, dans sa boîte à outils, il dispose de quantité de trucs et de machins pour créer un million d'emplois. Oui, un million!
Une de ses dispositions est, dans le cadre d'une nouvelle fluidité du travail, la généralisation du travail du dimanche, qui, entre parenthèses, concerne déjà des millions de Français.
Mein Gott! Que vont dire les ayatollahs épiscopaux?
Mais il va plus loin: il prône un élagage à la tronçonneuse du code du travail, le bénévolat dans les entreprises, une flexibilité accrue (pour la précarité, c'est déjà bien avancé), une (grosse!) modération salariale ...à croire qu'il a dû faire un stage chez Goldman Sachs.
Un révolutionnaire utopiste, on vous dit! Dopé par les louanges hollandaises.
Certes, il n'est pas un saint, et, bien qu'émargeant à un smig par jour, il a toutes les qualités d'un sauveur et d'un visionnaire: Le modèle social français a vécu, annonce-t-il, tel un nouveau rédempteur, invitant chacun à voir les bons côtés de la vie. Faites pénitence, mes frères! Le royaume
Mais comment le faire si on nous supprime le dimanche pour nos dévotions?
________Parlons du dimanche. Quelle idée de conserver cette vieillerie, digne du MA?
J'ai lu récemment un certain Contrarien un peu bougon qui défendait encore ce vieux principe.
Ce Contrarien, finalement contre tout, contre le progrès, me contrarie beaucoup, par sa défense nostalgique d'un passé révolu. Il n'a manifestement pas lu le petit livre jaune.
Je vous rapporte ses propos passéistes, dessin à l'appui:
Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !
Vous savez très bien qu’en fonction de la façon dont on pose une question, il est assez facile d’orienter la réponse. Par exemple, si je vous demande si vous seriez prêt à travailler le dimanche si c’est la seule possibilité pour vous de trouver un boulot… alors 90 % des sondés risquent fort de dire « oui » car nous avons tous besoin (et pas forcément envie) de travailler.
Le débat sur le
travail dominical en France est une escroquerie intellectuelle et une
crétinerie économique qui confine évidemment à la fausse
promesse.
Pourquoi vous reparler aujourd’hui du travail le dimanche ? Tout
simplement parce que vous allez le constater très rapidement, ce
sujet va refaire surface avec une belle offensive du Medef sur ce
thème et une « réforme » phare pour le nouveau ministre de
l’Économie Macron ainsi que la volonté de donner des gages de
réformes dites « structurelles » à nos gentils amis du FMI et de
la Commission européenne qui ne sont pas là pour veiller à
l’intérêt des peuples mais à la rentabilité des grandes
multinationales.
Le totalitarisme
marchand
Nous vivons dans une période de totalitarisme marchand. Sans
l’idéologie « communiste » (qui fut un échec, telle n’est pas
la question) pour servir de doctrine alternative et donc de
contre-pouvoir, le capitalisme ne pouvait que renouer avec ses
mauvaises habitudes qui avaient d’ailleurs mené à la crise de
1929. Toujours plus de dettes, toujours plus de finance, de
spéculation et d’accumulation des richesses dans des mains à
chaque fois de moins en moins nombreuses. Ce totalitarisme marchand,
qui est en pleine expansion sous vos yeux, vise à détruire tous les
acquis sociaux (sous prétexte de compétitivité). Mais il veut
également aller bien au-delà en faisant également baisser les
salaires, en privatisant l’ensemble des secteurs économiques, rien
ne doit pouvoir échapper aux marchés. Marx parlait à très juste
titre du « salaire de subsistance » qui est le montant minimum
permettant aux gens de tout juste survivre. Les capitalistes n’ont
pas besoin de nous verser plus qu’un salaire de subsistance et
lorsque vous regardez ce qui se passe en Grèce, en Espagne, en
Italie, bientôt en France, alors nous devons tous comprendre que
l’idéologie du travail le dimanche n’est rien qu’une petite
bataille dans une immense guerre faite aux intérêts des peuples.
Nous avons été prospères parce qu’il y avait un partage des
richesses. Nous serons prochainement tous pauvres car ceux qui
encaissent la richesse (pas forcément ceux qui la créent) ne
souhaitent plus les partager équitablement puisque plus rien ne les
y contraint.
Le travail
dominical est déjà une réalité pour des millions de Français !
Revenons, après cette digression au sujet du totalitarisme
marchand, sur le travail dominical qui est une réalité pour des
millions de Français qui pratiquent un métier où il y a ce que
l’on appelle « la continuité de la vie sociale ».Hôpitaux,
trains, polices, services de secours, restauration, hôtel, autant de
secteurs qui fonctionnent 24h/24h, 365 jours par an… y compris avec
des fonctionnaires ! Le travail le dimanche est donc une réalité
profondément ancrée dans notre vie et nous en avons besoin. Pour
autant, le travail le dimanche doit-il être étendu ?
La réponse est
humainement non, et nous verrons qu’économiquement cela ne change
pas grand-chose, pour ne pas dire rien du tout.
Humainement, cela veut dire que si l’on travaille le dimanche,
alors il faut aussi prévoir des modes de garde pour les enfants le
dimanche, ouvrir les crèches et les centres de loisir, il faut
accepter la disparition du lien social unissant les familles et la
possibilité d’un temps partagé pour se retrouver ensemble. Ce
temps, qui pour certains peut être religieux et qui pour l’immense
majorité sera consacré à emmener les enfants jouer au foot ou à
la piscine, ou simplement faire du vélo. Travailler plus, pourquoi
pas mais franchement… pour quoi faire ? Gagner plus ? Je suis navré
de devoir l’écrire mais gagner plus n’est pas une fin en soi,
l’accumulation d’argent lorsque cela devient compulsif révèle
plus un problème de stabilité psychologique et une faille de
personnalité qu’une valeur morale supérieure. Alors pour quoi
faire, tout en sachant que l’écrasante majorité, les 99 % que
nous sommes, ne sera jamais millionnaire et encore moins
milliardaire.Travailler pour vivre certes, mais pas forcément vivre pour travailler.
Enfin, et c’est essentiel, le travail le dimanche n’a rien à voir avec la compétitivité de notre pays pour la simple et bonne raison qu’il concerne avant tout les commerces et les magasins qui vendent leurs produits ici, dans notre pays. Ce débat n’a rien à voir avec les délocalisations ou l’industrialisation de la France.Ouvrir ou pas le Bricomachin de la zone de Tintouin-les-oies ne changera rien à la compétitive globale de notre pays.
Internet versus magasin
Le véritable enjeu pour les commerces en réalité c’est la lutte contre les ventes en ligne. Ce qui est bien en ouvrant le dimanche, c’est que les magasins vont tabler et viser les achats d’impulsion, l’achat immédiat, celui qui ne peut pas attendre, que ce soit un pot de peinture, l’encaissement d’un chèque dans votre agence bancaire qui finira par être ouverte le dimanche, jusqu’à l’achat de votre dernière tablette Apple que vous voulez là, maintenant, tout de suite. Pourtant, là encore, il est indispensable de rappeler la dimension humaine de l’homme. L’homme ne doit pas être réduit à sa dimension de consommateur. L’homme n’est pas qu’un consommateur. De la même façon nous ne devons pas accepter que la perception de notre liberté ne soit réduite qu’à la liberté de consommer. La consommation c’est la négation de l’homme et de sa dimension humaine, de sa capacité d’intelligence et de création. L’homme est capable de gratuité, de courage et d’abnégation. Il est capable de générosité et de dons. Ce sont ces valeurs-là que nous devons encourager, pas celles qui se développent actuellement et qui ne peuvent qu’aboutir à notre asservissement le plus complet. Il faut donc maintenir un temps de consommation réduite où les individus doivent pouvoir faire autre chose que de se rassembler une fois de plus dans ces temples modernes et sans âme que sont les super et les hyper-bidules, immenses hangars de zones périphériques aussi laides que déprimantes.
Ouverture dominicale : premier bilan mitigé chez Bricorama
Et justement, toute cette histoire du travail dominical apparaît bien de plus en plus comme une escroquerie à la croissance économique. Cela va créer de l’emploi, on ne peut pas se passer d’emploi actuellement, et donc cette remarque justifierait tout, même l’injustifiable. C’est en tout cas ce que montre cet article de France Info où globalement, malgré le travail et l’ouverture le dimanche, le chiffre d’affaires de Bricorama prend une claque… Le bilan est mauvais. Et l’exemple de Bricorama, fer de lance pour le travail dominical, montre bien qu’il n’y a aucun lien systématique. À ce rythme, Bricomachin finira par faire faillite et à licencier tout le monde, y compris ceux qui bossent le dimanche. Économiquement, ceux qui ont 100 euros de pouvoir d’achat disponible dépenseront 100 euros. Peu importe qu’il le fasse en 1 fois 100 euros le dimanche à 15h ou en 5 fois 20 euros du lundi au vendredi dans les heures d’ouverture traditionnelles de 9h00 à 19h00. Ils dépenseront 100. Assureront 100 euros de CA et pas un de plus. Lorsque tout le monde sera ouvert le dimanche, ce sera, pour toutes les entreprises, un jeu à somme nul (ce qui n’est pas le cas si je suis le seul ouvert le dimanche). Macro-économiquement, le travail dominical ne peut être que marginal. En terme de création d’emplois, on déplacera juste les effectifs. Presque personne les lundi, mardi, mercredi et jeudi et tout le monde sur le VSD (vendredi, samedi, dimanche)… Voilà la réalité évidente, mais nous aurons déstructuré un peu plus la société et fait un pas de plus vers encore davantage d’avilissement à la consommation.Le bonheur ne réside pas et ne peut pas résider dans la consommation. L’homme est un « animal » social et il a besoin de l’autre.
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Mais, finalement, j'ai comme un doute: si le Contrarien n'avait pas entièrement tort?
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- Relayé par Agoravox
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- Relayé par Agoravox
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