Irriguer le désert...
Ambigü, Mario Draghi.
A première vue, il semble annoncer un virage dans la politique de la BCE, au point de déplaire à Mme Merkel, ce que n'a jamais fait son prédécesseur Trichet
On dirait qu'il met les pieds dans le plat
S'agit-il d'un début d' ouverture de M Draghi, qui, dans les circonstances actuelles, a (aussi) fait le constat alarmant
d'une dangereuse baisse des perspectives d'inflation et de la relative
impuissance de la Banque centrale européenne à combattre l'atonie des
prix. Mario Draghi a beau avoir ouvert à fond le robinet du crédit
bancaire, le flot de liquidités n'irrigue pas l'économie, notamment
faute de demande de la part des ménages et des entreprises....
Cela ne sert à rien d'irriguer le désert
Ou , comme dit Bernard Maris: On ne donne pas à boire à un âne qui n'a pas soif...
Ou, comme dit un certain Contrarien: L'investissement ne se décrète pas...
Conscient tout de même des limites des seules aides financières, sans aller plus loin dans l'analyse, il exhorte l'Europe à accroître l'investissement, "face à une configuration - croissance faible, inflation
faible, dette et chômage élevés - qui ne peut être résolue que par une
action concertée sur la demande et sur l'offre", a-t-il affirmé lors
d'un forum financier à Milan. Il a ainsi renvoyé dos à dos les partisans
de la rigueur à tout prix (l'Allemagne et ses alliés) et les tenants de
la relance (France, Italie..)
La BCE, qui a encore réduit ses
taux d'intérêt jeudi dernier et lancé un programme de rachat d'actifs
privés, ne peut agir seule pour stimuler la croissance, a insisté le
dirigeant, en précisant que "cela nécessite que tous les acteurs, au
niveau national et européen, jouent leur rôle".
Bien sûr rien n'est dit sur les fondamentaux du libéralisme ravageur qui sert toujours de dogme de référence dans la sphère financière. La rigueur doit se poursuivre selon l'ancien de chez Goldman Sachs. Si Mario Draghi indique qu’« Il faut des politiques budgétaires »,
il ajoute immédiatement qu’« il faut des réformes structurelles avant
tout ». Le terme « réformes structurelles » signifie, dans la novlangue
des économistes, réduction de salaires, privatisations et remise en
cause de la protection sociale et des droits des salarié-es. Il
préconise donc un approfondissement des réformes néolibérales au niveau
national… en semblant ignorer que « ces réformes structurelles » sont
précisément une des causes de la situation actuelle.
Mais son discours ne passe pas dans la droite libérale allemande, rebelle par principe à toute inflation, d'autant que Mario souhaiterait la fin d'une politique monétaire commune.
Les mesures annoncées par Mario Draghi indiquent que la BCE a bien pris conscience que
la zone euro est confrontée à un risque sérieux de déflation. Les
mesures prises pour y faire face seront-elles efficaces ? On peut
sérieusement en douter.
S'agit-il des dernières cartouches?
Les ménages ne risquent-ils pas de devenir les contributeurs en dernière instance?
La croissance de liquidité en Europe n'est pas faite pour la sauver de la déflation rampante
"L’énorme croissance des liquidités qu’a connue l’Europe depuis
2007-2008 a servi à maintenir intacte la puissance des grandes banques
privées sans pour autant sortir les économies concernées de la crise.
Grâce à l’intervention de la BCE et d’autres banques centrales (et bien
sûr, aux décisions des gouvernements), les grandes banques privées
poursuivent leurs activités massivement spéculatives et souvent
frauduleuses, voire criminelles. Elles sont soutenues par un mécanisme
de transfusion permanente de ressources (crédits publics illimités à
taux d’intérêts quasi nuls ou clairement négatifs). Certaines d’entre
elles, et non des moindres, sont simplement maintenues en vie sous
respiration artificielle (aux crédits publics illimités s’ajoutent une
injection de capitaux publics afin de les recapitaliser et des garanties publiques concernant leurs dettes). Le
métier de la banque est trop sérieux pour être laissé dans les mains du
secteur privé. Il est nécessaire de socialiser le secteur bancaire (ce qui implique son expropriation) et de le placer sous contrôle citoyen
(des salariés des banques, des clients, des associations et des
représentants des acteurs publics locaux), car il doit être soumis aux
règles d’un service public et les revenus que son activité génère doivent être utilisés pour le bien commun.
La politique appliquée jusqu’ici par la BCE, les autres banques
centrales et les gouvernements a entraîné une très forte augmentation de
la dette publique...
Selon Keynes, pour sortir du piège de la liquidité, il faut que les
gouvernements augmentent les dépenses publiques afin de relancer la
demande et, du coup, l’économie : dépenses d’investissement (on pourrait
évidemment investir massivement dans la transition écologique, les
énergies renouvelables, les grands travaux publics utiles, les bâtiments
scolaires et collectifs), dépenses pour engager du personnel dans les
services publics et pour mieux les rémunérer, dépenses sociales (santé,
éducation, services sociaux), dépenses pour augmenter les montants des
retraites et de différentes allocations sociales… Mais de cela,
les banquiers centraux et les gouvernements ne veulent pas en entendre
parler parce qu’ils veulent aller plus loin dans les attaques contre les
conquêtes sociales...."
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