Le 6 août 1945, à 8h15 heure
locale, un bombardier B-29 américain baptisé « Enola Gay » larguait sur Hiroshima la bombe atomique « Little Boy »...
Le Japon commémore la tragédie inédite, bientôt suivie d'une autre. Recueillement et interrogations.
La question se pose toujours à de nombreux Japonais et à d'autres, historiens compris: POURQUOI?
Un drame évitable, décidé par Truman en dernière instance, malgré les craintes de Niels Bohr et de certains scientifiques du projet Manhattan, les réticences de certains conseillers et chefs militaires, faisant valoir des arguments contre cette première dans l'histoire humaine.
Par exemple, "le
secrétaire d'Etat James Byrnes - qui, au Sénat, avait été le mentor de
Truman avant que ce dernier n'accède à la présidence après la mort de
Roosevelt le 12 avril 1945 - ne le cachait d'ailleurs pas. Leo Szilard,
qui l'avait rencontré le 28 mai
rapporte ainsi que "Byrnes ne prétendait pas qu'il était nécessaire
d'utiliser la bombe contre les villes japonaises pour gagner la guerre.
Son idée était que la possession et l'usage de la bombe rendraient la
Russie plus contrôlable". Le mot-clé n'est ni "compromis" ni
"négociation" mais "contrôlable". Ce que Truman confirma lui-même :
"Byrnes m'avait déjà dit [en avril 1945] qu'à son avis la bombe nous
permettrait de dicter nos conditions à la fin de la guerre."
La
[destruction] d'Hiroshima et de Nagasaki servit donc de prélude et de
prétexte à un déploiement mondial de la puissance économique et
diplomatique américaine. Après l'explosion, couronnée de succès, de la première bombe atomique, le 16 juillet 1945, dans les sables
du désert du Nouveau-Mexique, Truman avait décidé d'exclure l'URSS de
tout rôle significatif dans l'occupation et le contrôle du Japon. Le
même personnage, alors sénateur, répondant à Roosevelt qui plaidait pour
un prêt-bail à une URSS en proie aux pires difficultés, s'était
exclamé : "Si nous voyons que l'Allemagne est en train de gagner la
guerre, il faudrait que nous aidions la Russie, et si la Russie est sur
le point de l'emporter, il faudrait que nous aidions l'Allemagne, pour
qu'ils s'entretuent le plus possible." L'arme [de destruction] massive ne fit pas l'unanimité au sein du petit noyau des décideurs..."
__Plus tard "Dans ses mémoires, l'amiral Leahy, chef d'état-major particulier des présidents Roosevelt puis Truman, expliquait :
"Les
Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre. (...)
L'utilisation à Hiroshima et à Nagasaki de cette arme barbare ne nous a
pas aidés à remporter la guerre. (...) En étant le premier pays à
utiliser la bombe atomique, nous avons adopté (...) la règle éthique
des barbares."
Quant au général Eisenhower, qui dénonça plus tard les dangers du complexe militaro-industriel, il écrivait lui aussi dans ses Mémoires : "À
ce moment précis [août 1945], le Japon cherchait le moyen de
capituler en sauvant un peu la face. (...) Il n'était pas nécessaire
de frapper avec cette chose horrible."
_ 6 août 1945 - Une bombe atomique sur Hiroshima.
"...
L'opinion publique ne prit guère la mesure des événements qui
venaient de se produire ces 6 et 9 août 1945. Ainsi le quotidien
français Le Monde titra-t-il le 8 août 1945, comme s'il s'agissait d'un
exploit scientifique quelconque : « Une révolution scientifique. Les
Américains lancent leur première bombe atomique sur le Japon ».
Parmi les rares esprits lucides figure le jeune romancier et philosophe Albert Camus, qui écrit dans Combat, le même jour, un article non signé : « Le
monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun
sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux
et les agences d'information viennent de déclencher au sujet de la bombe
atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d'une foule de
commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance
moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un
ballon de football. Des journaux américains, anglais et français se
répandent en dissertations élégantes sur l'avenir, le passé, les
inventeurs, le coût, la vocation pacifique et les effets guerriers, les
conséquences politiques et même le caractère indépendant de la bombe
atomique. Il est permis de penser qu'il y a quelque indécence à célébrer
une découverte qui se met d'abord au service de la plus formidable rage
de destruction dont l'homme ait fait preuve depuis des siècles ».
Document d'Arte
Le premier témoignage de John Hersey. - Le constat. - Nous avons vu trois avions...
Débat toujours en cours sur les véritables raisons de la destruction d'Hiroshima.
Une autre interprétation...et ici, et là.
Diplomatie et ambigüité
De Hiroshima à Fukushima.
____________
- Le jugement de l'histoire:...La décision de détruire Hiroshima et Nagasaki fut une décision politique
et non militaire. Les objectifs ne furent pas militaires, les effets ne
furent pas militaires. Les attaques furent menées contre la volonté de
tous les grands chefs militaires. L’Amiral William Leahy, chef
d’État-major interarmées à l’époque, écrit dans ses mémoires que « l’utilisation
de cette arme barbare à Hiroshima et Nagasaki n’était d’aucune aide
matérielle dans notre guerre contre le Japon. Les Japonais étaient déjà
vaincus et prêts à se rendre … » Le général Eisenhower, le général
MacArthur, et même le général Hap Arnold, commandant de la Force
aérienne, se sont opposés à l’usage de cette arme. Le Japon était déjà
dévasté par des bombes incendiaires, faisait face à une famine
généralisée à cause du blocus naval des États-Unis, se retrouvait
démoralisé par la reddition de son allié allemand, et craignait une
attaque russe imminente. En réalité, la guerre était terminée. Tous les
hauts dirigeants américains savaient que le Japon était vaincu et
cherchait à se rendre...________________________________
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