...Vers le renforcement de son pouvoir personnel et un avenir de plus en plus incertain.
Après le troublant coup d'Etat manqué, la répression continue.
La presse, logiquement, en est une des premières victimes.
Erdogan est en route vers une concentration de pouvoirs encore plus larges.
Vers une nouvelle forme de sultanat:
....Le projet de réforme constitutionnelle qui doit être soumis à référendum à la mi-avril prévoit le basculement de l’exécutif entre les mains du président sans contre-pouvoir.
Les électeurs turcs se rendront aux urnes, le 16 avril, poudécider si oui ou non ils acceptent le renforcement des prérogatives du président Recep Tayyip Erdogan, neuf mois après la tentative de putsch qui a failli le renverser dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016. Vendredi 10 février, le chef de l’Etat a signé la loi modifiant la Constitution, ce qui ouvre la voie à l’organisation d’un référendum pour une « hyperprésidence », une concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme, à un niveau jamais vu en Turquie ....
Au-delà du costume d’« hyperprésident » que M. Erdogan est pressé d’endosser, un nouveau roman national est en train d’émerger. « On va reconstruire l’Etat à partir de zéro », avait-il prévenu quelques jours après le putsch manqué du 15 juillet 2016. La rupture n’est pas nouvelle. Depuis leur arrivée au pouvoir en 2002, les islamo-conservateurs n’ont qu’une idée en tête : « fermer la parenthèse du kémalisme ». Pour eux, le projet modernisateur de Mustafa Kemal, dit Atatürk, la figure tutélaire du pays, a manqué son but. La laïcité tout comme l’arrimage à l’Occident sont des orientations dépassées...
C'est le soutien confirmé à l'islamisme à la turque et la fin définitive du kémalisme
On assiste au passage de ce qu'on a appelé une démocrature à une nouvelle forme de dictature...
Le silence de l'Europe est assez assourdissant face au caratère louvoyant de la politique d'Ankara.
Avec l'Allemagne, l'ambiguïté est de rigueur.
Le rapprochement tardif avec Moscou sur la question syrienne est parfaitement intéressée et instable.
Outre les problèmes énergétiques, la question kurde reste plus que jamais dans les préoccupations du régime, dont la paradoxale popularité ne se dément pas.
La Turquie est partie pour des aventures périlleuses, comme beaucoup de voix d'opposants, souvent partis du pays, le disent à forte voix, comme Asli Erdogan.
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_ Le retour de l'ordre islamique
_ Islamisation de la modernité:
"...C'est à partir de cette perspective qu'apparaît une autre constante d'Erdogan, en l'espèce, sa capacité à rebondir et son habilité, sinon son flair politique. Celui-ci lui a manqué au moment des printemps arabes, lorsqu'il a été littéralement intoxiqué par les fausses informations ou les approximations fournies par les opposants, islamistes ou pas (relayées avec complaisances par les médias, occidentaux notamment), aux régimes autoritaires et "laïcs" en place en Tunisie, Egypte, Lybie, et surtout en Syrie.
Mais sa résilience personnelle est apparue au grand jour lorsqu'après un revers aux législatives du printemps 2015, il a réussi à rebondir, opportunément, lors d'une "session de rattrapage" quelques mois plus tard, servi par un mystérieux attentat en octobre de la même année qui loin de le desservir lui a permis de rallier une partie de la population inquiète d'un saut dans l'inconnu et à nouveau séduite par la rhétorique de l'homme fort, seul capable de stabiliser le pays.
De même que sa capacité à terrasser ses opposants issus de la puissance confrérie guleniste (autrefois alliée) et les derniers kemalistes de l'armée et au sein de l'appareil judiciaire, s'est concrétisée à la faveur du coup d'Etat manqué de juillet 2016 (ce que l'on a aussi appelé le "coup dans le coup"). Cependant, cette possible renaissance d'une AKP enfin sortie d'une zone intense de turbulence reste sous la menace d'une "épée de Damoclès" avec la question kurde, qui menace l'unité nationale, et qu'Erdogan aurait à dessein réactivée dans une fuite en avant nationaliste, afin de rassembler de la façon la plus large autour de lui et aussi pour faire taire les critiques visant sa politique étrangère ou les performances économiques, moins brillantes que par le passé.
Cette épineuse question, d'une forme de soutien à ce que certains n'hésitent plus à qualifier de stratégie d'entrisme frero-musulman, ou de diplomatie "géo-culturelle" en France, et ailleurs en Europe, explique, en grande partie, la perception biaisée voire irrité qui caractérise, désormais, la relation entre la Turquie et l'UE, notamment quant au cahier des charges qu'elle entend imposer, non sans résistance, à Ankara.
Il est aussi une autre question complexe, tout aussi polémique, quant à la réelle capacité, voire la volonté d'Ankara d'aider l'UE dans sa nouvelle politique migratoire, à l'aune des six milliards d'euros que les Européens ont promis de mettre à disposition d'Ankara pour éviter que les migrants ne se rendent en Europe.
Autant d'incertitudes qui doivent amener les occidentaux à juger, à l'avenir, le pays moins quant à ses comportements passés voire son discours souvent maximaliste, mais sur ses actes et sa capacité à sortir d'une certaine ambiguïté, en particulier en politique étrangère. Ainsi, et alors qu'il n'existe pas de consensus sur le fait de savoir si la Turquie est aujourd'hui ou pas une "République islamique" ou est en passe de le devenir, une question majeure reste de savoir si Erdogan cherche véritablement à moderniser l'islam comme il le prétend parfois ou est-ce qu'il ne vise pas plutôt islamiser la modernité, y compris par le biais de relais pro-turcs en Europe ?..
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_ Le retour de l'ordre islamique
_ Islamisation de la modernité:
"...C'est à partir de cette perspective qu'apparaît une autre constante d'Erdogan, en l'espèce, sa capacité à rebondir et son habilité, sinon son flair politique. Celui-ci lui a manqué au moment des printemps arabes, lorsqu'il a été littéralement intoxiqué par les fausses informations ou les approximations fournies par les opposants, islamistes ou pas (relayées avec complaisances par les médias, occidentaux notamment), aux régimes autoritaires et "laïcs" en place en Tunisie, Egypte, Lybie, et surtout en Syrie.
Mais sa résilience personnelle est apparue au grand jour lorsqu'après un revers aux législatives du printemps 2015, il a réussi à rebondir, opportunément, lors d'une "session de rattrapage" quelques mois plus tard, servi par un mystérieux attentat en octobre de la même année qui loin de le desservir lui a permis de rallier une partie de la population inquiète d'un saut dans l'inconnu et à nouveau séduite par la rhétorique de l'homme fort, seul capable de stabiliser le pays.
De même que sa capacité à terrasser ses opposants issus de la puissance confrérie guleniste (autrefois alliée) et les derniers kemalistes de l'armée et au sein de l'appareil judiciaire, s'est concrétisée à la faveur du coup d'Etat manqué de juillet 2016 (ce que l'on a aussi appelé le "coup dans le coup"). Cependant, cette possible renaissance d'une AKP enfin sortie d'une zone intense de turbulence reste sous la menace d'une "épée de Damoclès" avec la question kurde, qui menace l'unité nationale, et qu'Erdogan aurait à dessein réactivée dans une fuite en avant nationaliste, afin de rassembler de la façon la plus large autour de lui et aussi pour faire taire les critiques visant sa politique étrangère ou les performances économiques, moins brillantes que par le passé.
Cette épineuse question, d'une forme de soutien à ce que certains n'hésitent plus à qualifier de stratégie d'entrisme frero-musulman, ou de diplomatie "géo-culturelle" en France, et ailleurs en Europe, explique, en grande partie, la perception biaisée voire irrité qui caractérise, désormais, la relation entre la Turquie et l'UE, notamment quant au cahier des charges qu'elle entend imposer, non sans résistance, à Ankara.
Il est aussi une autre question complexe, tout aussi polémique, quant à la réelle capacité, voire la volonté d'Ankara d'aider l'UE dans sa nouvelle politique migratoire, à l'aune des six milliards d'euros que les Européens ont promis de mettre à disposition d'Ankara pour éviter que les migrants ne se rendent en Europe.
Autant d'incertitudes qui doivent amener les occidentaux à juger, à l'avenir, le pays moins quant à ses comportements passés voire son discours souvent maximaliste, mais sur ses actes et sa capacité à sortir d'une certaine ambiguïté, en particulier en politique étrangère. Ainsi, et alors qu'il n'existe pas de consensus sur le fait de savoir si la Turquie est aujourd'hui ou pas une "République islamique" ou est en passe de le devenir, une question majeure reste de savoir si Erdogan cherche véritablement à moderniser l'islam comme il le prétend parfois ou est-ce qu'il ne vise pas plutôt islamiser la modernité, y compris par le biais de relais pro-turcs en Europe ?..
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