L'événement qui ébranla le monde, selon John Reed, et dont tous les mécanismes et les conséquences sont encore loin d'avoir été analysés et appréciés par les historiens à leur exacte mesure, loin des clichés, des réductions et des jugements de valeur, n'a pas fini de nous interroger.
Par delà les mythes et les reconstructions opportunistes.
Malgré le temps, la matière reste complexe et encore en fusion, objets de maintes débats idéologiques qu'on ne peut qualifier d'historique.
[Expositions- Oeuvres] |
Les événements centenaires, de 1917 jusqu'à la mort de Lénine surtout, avant le tournant stalinien qui aurait pu être évité, selon le testament du défunt, demandent encore bien des explorations, malgré toutes les recherches déjà menées, pour ne parler que celles de Marc Ferro en France.
On ne peut parler de l'événement à l'aune des prolongements staliniens discutables, de leurs acteurs principaux. et sans doute évitables. Toute révolution n'est pas nécessairement vouée à manger ses enfants.
Les conditions étaient réunies, surtout depuis le début du siècle, pour qu'un explosion sociale se produise: l'extrême misère paysanne, la montée d'un monde ouvrier prolétarisé et, plus tard, la succession des échecs militaires contre l'Allemagne, dus largement à l'incompétence d'un régime anachronique, qui créa objectivement les conditions du retour au pays de Lénine, vite confronté à une situation dramatique et à des choix douloureux, en plein chaos, puis vite jeté en pleine guerre civile extrêmement coûteuse en vie humaine et confronté très vite à une conspiration des grandes puissances européennes, qui ne voulaient pas perdre un allié contre l'Allemagne et qui convoitaient les immenses richesses d'un pays où l'on avait déjà beaucoup investi, pas seulement en emprunts russes.
Vus d'Europe, au coeur d'une guerre qui s'éternisait et en pleine propagande, les événements n'étaient pas perçus pour ce qu'ils étaient, comme c'est toujours le cas en plein séisme événementiel.
Ce qu'on a appelé la grande conspiration contre la Russie fut plus importante et plus longue que ce qu'on en a dit et ne fut pas pour rien dans le durcissement et la centralisation du régime en place. La gestion des urgences firent le lit des dérives futures. La NEP fut un coup de frein mais pas décisif.
Selon Wiki, « les forces armées de quatorze États envahirent la Russie soviétique sans déclaration de guerre », avec en tête « la Grande-Bretagne, la France, le Japon, l’Allemagne, l’Italie, les États-Unis », tuèrent plus de Russes que la guerre même, 7 millions d’« hommes, femmes et enfants », et causèrent des « pertes matérielles estimées par le gouvernement soviétique à 60 milliards de dollars », montant très supérieur aux « dettes tsaristes aux Alliés » et qui ne donna lieu à « aucune réparation » des envahisseurs, selon « le bilan » de Michael Sayers et Albert Kahn (The Great Conspiracy : The Secret War Against Soviet Russia,
L'armée française s'impliqua dans le conflit pour des raisons loin d'être désintéressées. Le dépeçage de l'ancien empire était à l'ordre du jour: l'abondant pétrole du Caucase, les riches terres de l'Ukraine ...suscitaient bien des envies et les préoccupations géopolitiques anglaises trouvèrent un terrain de jeu favorable. Sans parler du Japon.
Des personnages troubles comme Sidney Reilly jouèrent les hommes de l'ombre.
Très vite se posa la question des nationalisations, pour assurer la maîtrise des capitaux et des outils de productions et la dé-féodalisation des campagnes arriérées.
Le tournant décisif de 1917, après l'ébranlement de 1905, nous a transmis une mémoire toujours embarrassante...et compliquée. Au coeur de la tempête, beaucoup de relations et même d'amitiés brisées.
Normale ou monstrueuse, la révolution russe? Très ambiguë et d'une rare complexité dans ses premières années, en tous cas. L'histoire aurait pu suivre un autre cours, mais on ne peut faire abstraction de l'héritage et des nécessités du moment.. Le stalinisme n'était pas inscrit dans ses gènes, même si l'économie de guerre, avec toutes ses contraintes et ses conséquences, était difficilement évitable.
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"À partir de l'été 1918, Anglais, Allemands, Français, Américains, Grecs, Polonais, Roumains et Japonais interviennent. Avant l'armistice de Rethondes, l'Ukraine reste occupée par les troupes allemandes, qui renversent le gouvernement et privent la Russie d'approvisionnement en blé. Les troupes autrichiennes occupent Odessa, les Japonais débarquent à Vladivostok, les Turcs pénètrent dans le Caucase.
Anglais et Français arment le général tsariste Denikine, les Allemands la division cosaque de Krasnov. Clemenceau conçoit même une intervention française de grande envergure en Ukraine en utilisant des troupes prises sur l'armée d'Orient, mais l'action tourne court à cause du manque de moyen engagés et de l'hostilité de la population locale (mars-avril 1919). Le général blanc Lavr Kornilov (mort en 1918) écrit : « Même s'il faut brûler la moitié de la Russie et verser le sang de trois quarts de la population, nous le ferons si c'est nécessaire pour sauver la Russie ». L'écrivain blanc Andreïev écrit : « Là où on fusille les gens comme des chiens, règnent la paix, la prospérité et un sens très fin de la légalité ». Les pogroms antisémites que perpètrent ou laissent perpétrer les généraux blancs font plusieurs centaines de milliers de victimes et constituent les pires massacres anti-juifs jamais perpétrés avant la Shoah.
Les Britanniques emploient des armes chimiques développés pendant la guerre contre l'Allemagne et l'empire Ottoman, 50 000 « M Devices », des bombes contenant de l'adamsite, sont envoyées en Russie. L'aviation britannique les utilise le 27 août 1919 sur le village de Iemtsa dans la région de Arkhangelsk. L'effet de surprise et les morts spectaculaires (vomissements de sang) font fuir l'ennemi. Il y a d'autres bombardements de villages sous contrôle bolchevique. Les bombardements visent d'autres localités sous contrôle rouge tels que Tchounova, Vikhtova, Pocha, Tchorga, Tavoïgor et Zapolki....."
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- Point de vue
- 6 novembre 1917 - La Révolution d'Octobre - Herodote.net
- 1917-2017 : cent ans après la Révolution d'Octobre
- En 1917, la bourgeoisie russe est faible et incapable de s’affirmer
- « Les bolcheviks n’avaient nullement le modèle soviétique en tête »
- Le cas étonnant de Marcel Body (voir document)
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