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vendredi 27 novembre 2020

Moi je...

Tout à l'ego 
                  L'individualisme possesif semble bien être une composante montante, galopante même, prenant de plus en plus de place aux dépends des valeurs de solidarité, qui s'étiolent ou disparaissent.      Le repli sur ses intérêts propres et à courte vue semble bien devenir la nouvelle norme de nos contemporains. Un repli qui s'inscrit dans le contexte d'une hyperconsommation conquérante, qui centre le sujet sur ses propres désirs, aux dépens de ses devoirs d'être social. "Faire société" devient de plus étranger à nombre de nos contemporains.

      La tendance à la  consécration du sujet commence avec le courant néolibéral et l'affaissement des solidarité sociales. Pour Mme Thatcher, la société "n'existe pas", seuls prévalent les individus avec leurs objectifs propres et concurrentiels. Tendances qui se sont incarnées dans le tissu social et économique: viser d'abord son propre bonheur devient un objectif implicite de plus en plus généralisé.   La solidarité est devenue une valeur en baisse. L'égoïsme devient l'horizon indépassable, la publicité flatte nos tendances les plus autocentrées et notre narcissisme le plus exclusif...L'individualisme prend le pas sur les valeurs de partage, atomisant les individus. 
     Tout commence largement avec l'enfance, où les contraintes les plus justifiées sont de moins en moins imposées et supportées, où le moindre désir est parfois anticipé pour éviter aux chers petits la moindre frustration, ce qui crée des désirs impérieux et exclusifs et finalement des adultes égocentrés à qui tout est dû. Phénomène qui  n'est pas nouveau mais qui s'amplifie et se renforce, les sirènes de l'hyperconsommation étant au chevet des moindres désirs des petits, facilement malléables. 
Deliaison, effritement de l'attention à l'autre, l'enfant devient une proie:
"...Au-delà des « parts de marché » qu’ils représentent à court terme, les enfants sont pour les firmes de futurs clients à fidéliser à tout prix « Vos parts de marché grandissent avec lui », claironnent à l’adresse des annonceurs les spécialistes du « baby marketing », photo de bébé à l’appui, émaillée de la légende : « Votre meilleur vendeur . » Mais surtout, la dimension de ce conditionnement pavlovien dépasse largement les stratégies commerciales prises isolément. La visée profonde du « système-pub » est d’inculquer aux futurs citoyens l’idéologie de la consommation, cette autre face indispensable de la « marchandisation du monde ».-Conduites de consommation, styles de vie, modes de pensée : c’est un modèle uniforme d’individus illusoirement libres que façonnent chez les petits et grands enfants ces publicités qui rythment l’espace médiatique. Dressage du sujet-consommateur, focalisé sur le mythe du produit salvateur, qui doit doper son existence de jouissance et de puissance. Schéma d’absorption des choses de la vie et du monde, qu’il faut « croquer à pleines dents », à commencer par les fleurons de l’industrie audiovisuelle (films, feuilletons, émissions « grand public », albums, stars à la mode, etc.). Légitimation d’une violence des pulsions, nommées « envies », et bientôt érigées en « droits de consommer » que de jeunes tyrans imposeront à leurs proches (l’Association des instituts de rééducation dénonce déjà « les publicités dans lesquelles les enfants sont mis en position de toute-puissance à l’égard de leurs parents »
Impératif d’une permanente exhibition de soi, l’« identité » ne consistant plus qu’en des signes extérieurs – publicitaires, sportifs ou religieux – par lesquels chacun croit distinguer son « moi je » des autres. Modèle enfin d’un devenir sans cesse en mutation, impossible à maîtriser au sein d’un « monde qui bouge », qui oblige à « changer pour changer » au gré des modes et des événements médiatiques, et engendre une soumission chronique au groupe (jeune ou moins jeune), supposé lui-même toujours en mouvement..."
         De l'enfant-roi à l'enfant tyran, il n'y a qu'un pas. Piégé par ses pulsions impulsées très tôt par le mimétisme ambiant, l'enfant aura des difficultés à accéder aux prises de consciences citoyennes et solidaires, à perdre même la notion de ce que peut être un "contrat social", où la réciprocité est le principe, l'échange, la règle et la bienveillance, le moteur.

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