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mercredi 29 juin 2022

Certains jettent l'éponge

       Et pourtant ils aiment leur métier.

                                   Ce n'est pas encore une hémorragie, comme à l'hôpital. Mais beaucoup sont épuisés ou sont démoralisés après les réformes qui se succèdent sans fin depuis des années sans grande cohérence.. Les job dating pratiqués à la hâte ne changeront rien à l'affaire....Un faisceau de causes ont produit une situation souvent critique. Mais ce n'est pas d'aujourd'hui...A-t-on voulu, conformément aux recommandations déjà anciennes de l'OCDE, laisser filer le système pour mieux le privatiser? C'est dans l'air....Le projet du FN ne manque pas d'inquiéter et penche nettement vers une conception libérale et régressive du système. 


                                                                                                                                                       S'il n'était question que d'orthographe, même minimale parfois, le problème ne serait pas si alarmant pour un nombre toujours plus grand d'élèves, mais , plus inquiétant, c'est le niveau de raisonnement qui pèche et la culture générale qui fait défaut dans ce qu'elle a de plus basique parfois. Et il ne s'agit pas que des fameuses perles traditionnelles? Les causes sont multiples et déjà anciennes, culturelles comme institutionnelles. Le travail régulier et approfondi, comme le plaisir d'apprendre sont des valeurs en baisse. La langue française est parfois devenue comme une langue étrangère...Le constat, souvent fait, pas toujours pour de bonnes raisons, s'impose maintenant, même pour des professeurs d'université, qui s'arrachent les cheveux. Pour ce qui est de la politique générale de l'institution qui tend vers la privatisation et qui n'est plus une priorité nationale, l'OCDE, fidèle au modèle libéral, continue à inspirer à des degrés divers les orientations scolaires au niveau pas seulement français:                                                                                                                                                                     ...Les conceptions de l’OCDE dans le domaine de l’éducation vont dans le sens d’une forte libéralisation du système éducatif. Dans Repenser l’enseignement. Des scénarios pour agir (dernier volume de la série « l’école de demain »), l’OCDE donne la parole à Jay Ogilvy, « grand pionnier de la réflexion prospective au sein des entreprises ». Celui-ci préconise une « décentralisation » et « une autonomie accrue des établissements scolaires, avec une influence plus forte des parties prenantes »1. Il fait l’éloge du projet anglais FutureSight, qui a consisté à renforcer le pouvoir des chefs d’établissement2. Il « préconise l’application des principes du marché contre l’excès de bureaucratie, qui risque d’étouffer l’innovation dans l’enseignement »    _________Cet expert promeut l’idée d’un enseignement adapté à chaque élève. Il affirme : « À l’avenir nous disposerons d’outils d’apprentissage qui nous permettront de faire chez chaque élève un diagnostic personnalisé qui nous donnera la possibilité de mettre à sa disposition, à chaque heure de la journée, des outils d’enseignement et des préparations de leçons les mieux adaptés à ses besoins et à ses aptitudes »4. Il faut selon lui « traiter chaque école et chaque élève différemment et singulièrement en fonction de leurs besoins propres », et « individualiser [l’] enseignement. » « Pour atteindre l’équité devant l’éducation à l’ère de l’information, nous devons rompre avec le vieux modèle de production de masse d’élèves bien socialisés et identiques de l’ère industrielle. Nous devons recueillir des informations sur chaque circonscription, chaque école, chaque élève, et les utiliser pour moduler les quantités de “nutriments” – qu’il s’agisse de dollars, d’enseignants, de manuels ou d’ordinateurs – en fonction des besoins de chaque école et de chaque élève »5. Ces idées sont entièrement au diapason de celles de notre gouvernement de droite, qui veut en finir avec le collège unique, créer des collèges de haut niveau dans les centres-villes et des collèges où l’enseignement se réduirait au minimum, au « socle commun », dans les banlieues défavorisées. Les 7 piliers du socle commun de connaissances sont d’ailleurs inspirés par l’OCDE. Ce que prône l’OCDE, c’est de renoncer à l’objectif ambitieux d’une école, d’un collège et d’un lycée pour tous, et trier dès le plus jeune âge les élèves en fonction de leurs résultats ; ce qui revient en fait à les trier en fonction de leur niveau social, donc à accentuer les inégalités. Ces préconisations vont à l’encontre du caractère démocratique et universel du système éducatif.                                                    Dans ce long rapport pétri de langue de bois, l’OCDE préconise aussi que l’enseignement public soit désormais « concerné par les mécanismes du marché ». L’organisation déplore que « les conseils d’établissement et l’administration centrale de la circonscription fonctionnent comme des monopoles d’État. Parents et élèves n’ont pas le choix du fournisseur, comme ce serait le cas sur un marché libre ». Elle fait valoir que « dans la plupart des entreprises, un directeur peut opérer des changements pour répondre aux différents besoins d’une clientèle diverse », et conclut : « Nous devons commencer par dégripper ce mécanisme ». Elle propose en outre de « donner aux élèves et aux parents la possibilité de choisir l’école et les enseignants qui correspondent le mieux à leurs besoins. Le financement ira dans le sens du choix des élèves » ; ainsi « les forces du marché récompenseront les résultats »6. L’assouplissement de la carte scolaire, l’autonomie des établissements, l’idée de payer les enseignants « au mérite », le recrutement massif d’enseignants contractuels tandis que les places aux concours sont drastiquement réduites et que des milliers de postes d’enseignants titulaires sont supprimés chaque année, toutes ces initiatives du gouvernement trouvent leur source dans les préconisations de l’OCDE qui est aujourd’hui véritablement le fer de lance de la libéralisation des systèmes éducatifs. Il est temps de démystifier l’OCDE, de se démarquer de cette influence ultra-libérale, et d’entreprendre une politique éducative ambitieuse et démocratique, visant à la réussite de tous les élèves..."

____Et voilà pourquoi votre fille est malade...         "Sous Blanquer, l'école privée a prospéré comme jamais...stimulée par les défaillances du public...."..._« La différence fondamentale, c’est que le privé n’a pas d’obligation d’accueil, contrairement au service public », s’insurge Yannick Trigance, ancien directeur d’école en Seine-Saint-Denis, ancien inspecteur, chargé des questions d’éducation au Parti socialiste.     Tirer le bilan de ces ballons d’essai, aller au bout de la réforme de l’éducation prioritaire « par contrat » et non plus « par territoire », reviendra au nouveau ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye. Lui qui s’est défini comme un « pur produit de la méritocratie » lors de sa prise de fonction, tout en mettant ses enfants à la très select (et privée) École alsacienne, n’a pas encore réussi à convaincre qu’il pourrait changer radicalement de direction.    « Évidemment, les deux parcours n’ont rien à voir, mais Pap Ndiaye apparaît comme un homme de la sélection et du mérite, qui croit dans l’idée qu’il faut amener les meilleurs au plus haut. Et puis quelles marges de manœuvre aurait-il au sein de ce gouvernement dominé par la droite ? », s’interroge Marine Roussillon, maîtresse de conférences en littérature, spécialiste des politiques éducatives pour le Parti communiste (PCF).         Selon le service statistiques du ministère, la baisse démographique qui fait chuter la fréquentation des établissements scolaires publics de premier degré (1,2 % d’élèves en moins) épargne le secteur privé, qui lui voit ses effectifs se stabiliser, notamment grâce à la loi sur l’instruction obligatoire dès 3 ans.     Mais les mécanismes de financement (fixés dans la loi Debré) et les usages ont pour le moment empêché la bascule du système, fixant à environ 20 % le nombre total d’élèves pouvant être scolarisés en dehors de l’éducation nationale pour les collèges et lycées. C’est donc moins un transfert d’un secteur à l’autre que l’on observe, qu’un système de vases non communicants, le privé captant les meilleurs élèves, et le public perdant en mixité sociale.     « Il y a deux types de ségrégation scolaire, rappelle Pierre Merle. À l’intérieur du secteur public, entre ceux de l'éducation prioritaire et les collèges du centre ville, et entre le public et le privé avec des établissements privés qui ont un recrutement sélectionné et une localisation surtout dans les capitales régionales, spécifiquement dans les quartiers privilégiés de ces mêmes capitales régionales. »                    L’état de délabrement assez avancé de l’école publique, mis au jour à la lumière de la crise sanitaire, encore plus criant cette année en raison du grand nombre de professeur·es non remplacé·es, favorise ces deux mécanismes. Pour beaucoup de familles, l’école ou le collège de quartier deviennent repoussoirs. Mais le choix d’un établissement privé, que l’on va chercher parfois à des kilomètres de son domicile, reste le fait des catégories les plus aisées de la population.  « Après le premier confinement notamment, on a vu le privé très à l’offensive, assurant que chez eux, “tous les cours avaient été assurés”, et on a même vu, à l’occasion de Parcoursup, des lycées privés qui pouvaient “certifier” que tous les cours avaient eu lieu en présentiel, se souvient Marine Roussillon (PCF). Dans un univers scolaire de plus en plus concurrentiel, toute dégradation du public pousse vers le privé... »___________________________

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