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vendredi 30 juin 2023

Systèmes de santé: la déroute?

Vers une logique néo-libérale

                                            C'est visible en France, surtout depuis quelques années. Les effets sont tangibles et les causes régulièrement dénoncées. De la part des premiers concernés, ceux qui sont en première ligne, les soignants eux-mêmes. Il y a un manque criant de médecins dans des régions trop peu "attractives", les urgences sont débordées ou fermées, le personnel hospitalier est insuffisant ou "polyvalent" par nécessité. la fermeture des lits continue.... Ne parlons pas du secteur psychiatrique, en déshérence, etc.... Mais ce phénomène n'affecte pas que la France. Nous vivons les conséquences de choix faits depuis plusieurs années, malgré quelques ajustements de passage. C'est la même logique qui prévaut. Le système s'est néolibéralisé: le souci de rendement à court terme est venu prendre peu à peu la place du soin, qui exige temps et moyens. Non pas que les économies ne soient pas comme en tout secteur nécessaires, à l'heure où les dépenses explosent, c'est le modèle nouveau qui est en cause, souvent décrié, reconnu comme tel (tardivement et verbalement) par certains hommes politiques, surtout pendant la période du covid, qui semble déjà oublié. Il y a urgence à renverser la tendance, à remettre en question le type de management, dont on voit aujourd'hui les effets. 


                                                                                                                             ________"...En France, Nicolas Da Silva montre parfaitement comment, au cours de l’histoire des réformes successives du système de santé, on a de plus en plus laissé le service privé et la pratique privée de la médecine se développer, y compris au sein des hôpitaux publics. Alors que les soins concernent d’abord les malades, ceux-ci ont été mis à l’écart des prises de décisions qui affectent directement leur vie.    Au Mali et au Sénégal, les thèses de Lara Gautier et de Jean-Hugues Caffin ont explicité comment les organisations internationales cherchent à imposer la mise en œuvre de réformes néolibérales des systèmes de santé nationaux, à commencer par l’indexation du financement sur la performance.    L’objectif, le plus souvent, est d’inciter à l’utilisation d’instruments politiques issus de la « nouvelle gestion publique » (New Public Management, NPM) où l’État est censé réduire ses actions au profit d’acteurs privés, soi-disant plus efficaces.  Dans le domaine des réformes hospitalières, cela se traduit par une demande de plus d’autonomie pour les établissements, d’approches contractuelles où les hôpitaux ont des objectifs à atteindre pour obtenir des financements, de séparation des fonctions entre l’acheteur et le fournisseur de soins, de paiement direct de la part des patients ou d’incitations liées à l’atteinte d’objectifs de performance.   Dans les années 1990, des études conduites au Ghana, au Zimbabwe, au Sri Lanka, en Inde et en Thaïlande avaient déjà mis en évidence les effets catastrophiques de ces approches sur le fonctionnement des hôpitaux et l’accès aux soins. En France, les réformes de l’hôpital public ont été qualifiées par des spécialistes de casse du siècle.....Dans la revue du MAUSS, Batifollier montre aussi combien en France, comme en Afrique d’ailleurs, la marchandisation des soins s’est développée au détriment de la solidarité, de l’accès aux soins et des relations de soins...
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