Il y a niches et niches
Ce n'est pas rien...
Qui sont les vrais assistés?
___________________________________________CARNET DE BORD D'UN PASSEUR FATIGUE MAIS EVEILLE...QUI NE VEUT PAS MOURIR (TROP) IDIOT. _____________________________________________________ " Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile." [Thucydide]--------------------- " Le goût de la vérité n'empêche pas de prendre parti " [A.Camus] Pâques 2025: Un million de visites...Merci à vous fidèles lecteurs ou consultants d'un jour!
Il y a niches et niches
Ce n'est pas rien...
Qui sont les vrais assistés?
___________________________________________Cela paraîtrait d'une grande logique Pour ne justice élémentaire. Malgré des réticences attendues. Une mesure qui n' rien de "bolchevique" On comprend les cris d'orfraie de certains...Ccomme pout la taxe Zucman à un autre niveau. " Un étonnant vent de révolte contre les multinationales a soufflé sur l’Assemblée nationale dans la soirée du mardi 28 octobre. Malgré l’opposition résolue du gouvernement, les députés qui examinent le projet de budget pour 2026 ont adopté coup sur coup deux mesures marquantes visant à taxer les bénéfices des grandes entreprises étrangères d’une part, l’activité des géants du numérique de l’autre. Ensemble, elles pourraient rapporter plusieurs dizaines de milliards d’euros à l’Etat, selon leurs initiateurs..." Mais le Sénat risque fort de passer outre. On est encore loin du compte. C'est au niveau mondial que le problème se pose . Au-delà des mythes. 
ne organisation conçue à l'échelle mondiale ». Cathal J. Nolan, professeur d'histoire à l'université de Boston, insiste sur les « capitaux, biens et technologies extrêmement flexibles » de ces entreprises qui « pensent globalement », qui n'ont « pas de loyauté spécifique » et qui prennent leurs « décisions selon des questions d'économie d'échelle, de politique fiscale et de rapatriement des profits ».__Le Cetim insiste sur une certaine centralisation, en définissant une multinationale comme une « entité légale de droit privé, agissant dans plusieurs États, mais avec un seul centre ou un centre principal dé décision ». Dans le même sens, René Sandretto la définit comme une « firme généralement de grande taille, dont l'organisation et la gestion sont le plus souvent centralisées, développant leur activité productive grâce à des filiales implantées dans plusieurs pays ».Le pire...est d'avoir peur de la peur... Comme disait Roosevelt
__ Blanchir
__ Le piège
__ Privilèges
__ Résistant
__ Un modèle?
__ Inacceptable
__ Le surveillant
__ Drahi trahi?
__ Un an après...
__ A droite, toutes!
__ Grande tricherie >>
__ Casse-tête serbe
__Procédure banale
__Histoire instrumentalisée
__ Milliardaires en croisade
__ Millionnaire au grand coeur
__ USA: big tech et politique
____________ Vers uns paradoxale restautation. Le retour de Edmond Dantès? ______
Un modèle de dématérialisation galopante, mais pas des conditions de travail
Quoique en dise le Top Employer Insitute , qui ne tarit pas d'éloge à l'égard de l'aventure internationale de Jeff Bezos et des conditions de travail idylliques qui y règneraient, la réalité est toute autre quand on écoute d'autre échos que la langue de bois officielle. Un simple recherche suffit pour entendre d'autres sons de cloche. Certes, rien à dire sur l'extrême rationalisation des tâches au sein du groupe, mais beaucoup sur les conditions de travail générées par l'organisation des tâches et de leur répercussions physiques et psychologiques, à Denver comme à en Europe. A l'échelle mondiale. Le récent film sur le sujet, On Falling, en est un récent témoignage. Un calvaire parfois; c'est Challenges qui le dit...
____ Chine: en tête dans la guerre commerciale mondiale? C'est du moins ce qui apparaît pour l'instant, malgré ses faiblesses, les incertitudes, dans sa rivalité avec les USA. De spectaculaires avancées dans le nucléaire
____ Une nouvelle forme de sous-traitance déshumanisée au Japon. Des formes variées, bien illustrées par Ken Loach
____ Poutine: une nouvelle arme de destruction massive. Comme son homologue américain
_____ Quand Demolition Man démolit vraiment, dans ses rêves de grandeur.
____ Malaise dans la jeune génération Que fait-on?
____ Des voitures propres? Grâce aux minerais africains? VW en tête...Des minerais convoités.
____ Japon: dangereuses nostalgies Un passé qui ne passe pas. Aucun remords officiel.
_____ Transgressions sarkoziennes
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Quand certains lauréats interrogent sur la scientificité de l'institution
La vénérable institution suédoise n'est pas à l'abri de toutes critiques dans certains de ses choix. Cela dépend des domaines . Si les prix attribué à Marie Curie ou à Albert Camus ont été et restent largement applaudis, il est des domaines où certaines attributions relèvent de choix partisans ou idéologiques, qui ne font pas l'unanimité, même au sein d'éminents spécialistes. Il n'est pas interdit de s'interroger sur certains ses choix portant sur des domaines discutés ou sur lesquels s'exercent de nombreux doutes. Par exemple les récent prix récemment attribués à des économistes vivants, dont les orientations sont contestés par nombre de leur pairs. C'est le cas de Philippe Aghion, dont les travaux ne sont pas particulièrement originaux, après ceux de Schumpeter. L'économie n'est une science exacte et il n'est pas déplacé de contester certains de ses choix. Un prix "Nobel" qui tormpe son monde, de même qu'il n'y a jamais eu de prix Nobel de mathématiques. "...Certains considèrent que, par un pervers retour des choses, le prix de la Banque centrale de Suède en vient à dévaloriser les vrais prix Nobel..." On devrait dire: lauréat de la Banque de Suède, dont l'objectivité peut être légitimement mise en question. On sait pourtant que l'économie n'est pas une science dure et la crise a bien montré à quel point beaucoup se sont trompés. Elle peut même être une imposture, en fonction de certains choix préalables non interrogés..Son enseignement devrait être revu et il est des présupposés à revoir, un formalisme mathématique qui interdit tout débat de fond...La plupart n'ont rien vu venir, comme certains l'ont reconnu. Il arrive même qu'on puisse dire tout et le contraire de tout. Cela relativise un peu... " Alors qu'il n'y a pas de prix Nobel en math. mais une médaille distinctive seulement. Pourquoi? On s'interroge... Pour ce qui concerne l'économie, son caractère de scientificité souvent attribué interroge.... Si la rigueur de sa démarche n'est pas en cause le plus souvent, ses présupposés sont rarement élucidés... Parfois des économistes s'égarent. Un économiste pas comme les autres...
Il savait que l'économie n'était pas une science exacte et qu'elle ne pouvait se réduire à des données surtout mathématiques, au ras des marchés et des fluctuations bancaires, à des anticipations risquées sur l'avenir. Modeste, mais méthodique, il formulait hypothèses et probabilités, à ses risques et périls, ce qui lui suffisait le plus souvent. Pour lui, l'économie n'est pas une "science dure", ce qui n'exclut pas sa nécessité et la rigueur de la pensée, où les mathématiques ont leur part comme outils. La crise de 2008 a montré les limites, les erreurs et l'aveuglement de l'analyse de certains économistes à l'esprit étroit ou trop dépendants des intérêts dominants. A part quelques uns, personne n'a rien vu venir... D. Cohen pointe le risque de déshumanisation dans l'espace économique . Après le choc néolibéral des années 80, faut-il redouter le "capitalisme numérique", comme il le souligne dans Homo Numericus?
Le propre des sciences de la nature est son pouvoir prédictif, sur la base d'observations méthodiquement menées, à partir d'hypothèses toujours à confirmer. La "science" économique, si elle a sa nécessité et sa rigueur propres, ne peut prétendre au même statut. Même quand elle use du calcul (statistique, le plus souvent), elle ne peut être qualifiée de "scientifique" au sens strict, même si elle s'en donne l'apparence. Sur les bases de données présentes à un moment donné, elle ne peut anticiper l'avenir. Tout juste peut-elle énoncer des tendances possibles. Les crises, par exemple, prennent le plus souvent, les économistes de court, comme celle de 2008, que seuls deux ou trois économistes ont vu venir... "...Depuis la pandémie de Covid-19, la boule de cristal des prévisionnistes s’est opacifiée jusqu’à la caricature. Trimestre après trimestre, les anticipations sont systématiquement démenties. Après avoir noirci le tableau post-confinement, ils ont clairement sous-estimé le risque inflationniste. Quant à cette récession qui devait frapper en 2023 une Europe fragilisée par la guerre à ses portes, elle n’aura été qu’un mirage. Comme avait un jour ironisé l’économiste américain Ezra Solomon, « la seule fonction des prévisions économiques est de donner à l’astrologie une apparence respectable ».... Faut-il dire: L'économie est une science trop sérieuse pour être laissée aux économistes?...Ou: l'économie est une science trop imparfaite, voire une connaissance trop problématique, pour que nous lui fassions pleine confiance?..
Cela dépend de son objet, de ses hypothèses, de ses parti-pris, de ses présupposés et de ses ambitions, secrètes ou masquées.
L'hétérodoxie perd du terrain au profit de la doxa officielle, qu cède au dogmatisme, au conformisme ou à la pusillanimité.__ Contrastes
__ Dangers
__ Dépressions __ Le piège >>__ Groupuscules
__ Posts formatés
__ Voitures propres?__ Marchés truqués
__ IA comme alliée?
__ Théorie du complot
__ Austérité italienne
__ Sanctions durables?
__ Biocarburant et niches fiscales
__ Inégalités et corruption
_______________ Un débat escamoté ___________
A la croisée des chemins?
Question délicate entre toutes. A l'heure des nouvelles donnes internationales, de la question ukrainienne qui divise, de la montée d'un poutinisme décomplexé et d'un trumpisme agressif , des nouvelles donnes américaines et des soucis d' Ursula. L'Europe est à l'arrêt. Une navigation à vue? Entre les euro-béats et les euro-critiques, prêts à dénoncer les faiblesses, les fragilités et les contradictions d'un projet...qui reste à concrétiser et à réparer. Beaucoup se demandent si l'on peut encore sauver le projet européen toujours en construction, nain politique soumis aux vents contradictoires, sans colonne vertébrale.. Une Europe à la traine, encore partiellement un mythe, un nain politique.
Lorsde son premier mandat, Ursula von der Leyen disait vouloir inaugurer une « Commission géopolitique ». Derrière cette formule choc, qui masquait bien des impensés, s’exprimait déjà la volonté de faire exister l’Union européenne (UE) sur la scène mondiale – et, en creux, la crainte qu’elle n’en soit effacée au profit de puissances impérialistes à taille continentale, redéfinissant les règles du jeu établies au sortir de la Seconde Guerre mondiale.L Lors de son premier mandat, Ursula von der Leyen disait vouloir inaugurer une « Commission géopolitique ». Derrière cette formule choc, qui masquait bien des impensés, s’exprimait déjà la volonté de faire exister l’Union européenne (UE) sur la scène mondiale – et, en creux, la crainte qu’elle n’en soit effacée au profit de puissances impérialistes à taille continentale, redéfinissant les règles du jeu établies au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis, Donald Trump a fait son retour à la Maison-Blanche, sur une ligne toujours plus unilatérale et brutale à l’égard de ses alliés, pour mieux affronter son rival chinois. Et la Russie, après avoir envahi l’Ukraine à grande échelle, s’est mise à enchaîner les provocations jusque dans le ciel des États membres.
En septembre, devant le Parlement réuni à Strasbourg, la présidente de la Commission a ainsi ouvert son second mandat en affirmant solennellement que « l’Europe défendra[it] chaque centimètre carré de son territoire ». Jeudi 23 octobre, réuni·es en sommet à Bruxelles, les chef·fes d’État et de gouvernement de l’UE sont justement censé·es discuter des objectifs communs en la matière, à atteindre à l’horizon 2030. Il reste que la mue des Vingt-Sept en une véritable puissance autonome, capable de résister à des acteurs menaçants, voire de les contraindre au moyen de la force, s’avère lente et difficile. Les déclarations et les intentions « disruptives », comme ont pu en faire Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz, à propos de capacités de défense propres et d’une dissuasion nucléaire élargie, ne donnent pas encore lieu à des réalisations tangibles, ou alors de manière très parcellaire.
C’est ce qu’illustre un récent rapport de l’Institut Bruegel, consacré aux commandes militaires réalisées depuis les pays européens vers les États-Unis. En croissance depuis 2017, elles ont atteint un nouveau record en 2024. Si les auteurs reconnaissent une absence d’alternative à court terme, faute de capacités de production domestiques suffisantes, ils alertent sur une dépendance accentuée aux équipements états-uniens dans des domaines critiques, et sur les « effets de verrouillage » de telles commandes : en concourant au développement des firmes américaines, elles ne favorisent pas le développement de capacités sur le sol européen. Certes, un accord vient d’être trouvé entre le Parlement et les États membres de l’Union pour mettre en place un programme, baptisé « Edip » (European Defence Industry Programme), censé encourager des achats conjoints de matériel à des industriels européens de l’armement. Le poids budgétaire du dispositif fait toutefois pâle figure au regard des envolées des dépenses militaires. Par ailleurs, des aménagements prévus viennent rogner le caractère révolutionnaire de la « préférence européenne » au cœur de ce programme. Edip est ainsi un pas pour surmonter la fragmentation d’États jaloux de leur compétences en matière de défense, mais un petit pas.
____ Il faut dire que l’UE vient de loin. Historiquement, l’intégration s’est d’abord faite par l’économie et par le droit. Ce que les figures fondatrices ont d’ailleurs théorisé. Associant les tragédies du XXe siècle qui ont déclassé le Vieux Continent à des dérives protectionnistes et nationalistes, elles ont promu le libre-échange, un marché commun puis unique, et enfin une monnaie unique, censés aboutir à une union « toujours plus étroite », prospère et pacifiée.
Les efforts pour développer une approche commune en matière de politique étrangère puis de politique de défense ont bien existé. Mais ils n’ont commencé à se déployer qu’à partir des années 1990-2000, dans une construction communautaire déjà vieille de trois décennies, et n’ont donné que des résultats modestes. « La diplomatie fait partie des domaines où le processus d’intégration européenne est le moins avancé », constatait Florent Pouponneau dans un traité de référence sur les Études européennes (Larcier, 2017), et la même chose valait pour les affaires militaires.
Jusqu’à récemment, ces efforts n’avaient pas remis en cause les analyses présentant l’UE comme une puissance « civile » ou « normative ». Les deux concepts, respectivement développés par le fonctionnaire François Duchêne et le chercheur Ian Manners, ont fait couler beaucoup d’encre dans la littérature spécialisée. Mais pour l’essentiel, ils traduisent tous deux l’idée que l’attractivité et l’influence de l’UE passaient par son marché et sa promotion de normes universelles, élaborées de manière multilatérale. Certes, un accord vient d’être trouvé entre le Parlement et les États membres de l’Union pour mettre en place un programme, baptisé « Edip » (European Defence Industry Programme), censé encourager des achats conjoints de matériel à des industriels européens de l’armement. Le poids budgétaire du dispositif fait toutefois pâle figure au regard des envolées des dépenses militaires. Par ailleurs, des aménagements prévus viennent rogner le caractère révolutionnaire de la « préférence européenne » au cœur de ce programme. Edip est ainsi un pas pour surmonter la fragmentation d’États jaloux de leur compétences en matière de défense, mais un petit pas.
Il faut dire que l’UE vient de loin. Historiquement, l’intégration s’est d’abord faite par l’économie et par le droit. Ce que les figures fondatrices ont d’ailleurs théorisé. Associant les tragédies du XXe siècle qui ont déclassé le Vieux Continent à des dérives protectionnistes et nationalistes, elles ont promu le libre-échange, un marché commun puis unique, et enfin une monnaie unique, censés aboutir à une union « toujours plus étroite », prospère et pacifiée.
Les efforts pour développer une approche commune en matière de politique étrangère puis de politique de défense ont bien existé. Mais ils n’ont commencé à se déployer qu’à partir des années 1990-2000, dans une construction communautaire déjà vieille de trois décennies, et n’ont donné que des résultats modestes. « La diplomatie fait partie des domaines où le processus d’intégration européenne est le moins avancé », constatait Florent Pouponneau dans un traité de référence sur les Études européennes (Larcier, 2017), et la même chose valait pour les affaires militaires.
Jusqu’à récemment, ces efforts n’avaient pas remis en cause les analyses présentant l’UE comme une puissance « civile » ou « normative ». Les deux concepts, respectivement développés par le fonctionnaire François Duchêne et le chercheur Ian Manners, ont fait couler beaucoup d’encre dans la littérature spécialisée. Mais pour l’essentiel, ils traduisent tous deux l’idée que l’attractivité et l’influence de l’UE passaient par son marché et sa promotion de normes universelles, élaborées de manière multilatérale. Les élargissements successifs de l’Union, ainsi que des soulèvements populaires comme la révolution de Maïdan en 2014 en Ukraine, contre le découplage d’avec l’Europe centrale et occidentale, ont attesté cette attractivité. L’UE s’est par ailleurs engagée dans un soutien de principe aux juridictions internationales et dans des négociations internationales visant à la justice climatique et à la protection des droits de la personne – non sans contradictions ni hypocrisie, particulièrement visibles en matière migratoire dans son voisinage.
Même quand ils fonctionnaient, cependant, ces éléments ne suffisaient pas à faire de l’UE un véritable acteur stratégique de la scène internationale. « L’idée de puissance normative a du sens, mais elle ne peut pas être un substitut à une capacité de coercition, contrairement à ce qu’ont cru certains analystes et responsables politiques. La vraie puissance, quand il s’agit d’influencer les autres ou de s’en protéger, est à la fois militaire et normative », estime le politiste Olivier Schmitt, professeur à l’Académie de défense du Danemark.
Se vivre comme une simple puissance normative était en fait une forme de luxe, permis par la délégation de la sécurité de l’Europe aux États-Unis, et par la convergence temporaire des intérêts des plus grandes puissances à jouer le jeu de la mondialisation. Or, la disparition de ces conditions de possibilité a soudainement rendu visibles les vulnérabilités de l’UE et l’impréparation de ses dirigeant·es, qui rivalisent désormais de discours de prise de conscience.
Pour le dire avec les mots du politiste Alexandre Escudier, chercheur à Sciences Po, il n’est plus envisageable de « contourner le noyau dur du politique ». « J’ai toujours trouvé que cette idée de “norme sans la force” était un storytelling compensatoire de ce qui n’existait pas à l’échelle de l’UE : une autorité politique s’imposant aux entités nationales et disposant d’une souveraineté matérielle. Soit on a une capacité collective d’agentivité externe autonome, soit on ne l’a pas. Et si on ne l’a pas, on est forcés de s’aligner sur d’autres, peu importe que l’on proteste ou pas. » « La puissance normative n’est au fond qu’une version light de la puissance, dans le sens où elle repose sur la bonne volonté des partenaires », abonde l’historien Laurent Warlouzet, professeur à Sorbonne Université et auteur d’Europe contre Europe (CNRS éditions, 2022). Or, non seulement des autocrates comme Vladimir Poutine défient sur le sol européen les règles fondamentales de l’ordre international, mais la nouvelle administration de la Maison-Blanche est engagée dans un combat idéologique antagonique avec le projet européen – et assumé comme tel. L’UE, déjà sortie fragilisée de l’ère néolibérale sur le plan économique, se retrouve donc sommée d’assumer elle-même sa sécurité, et ceci dans un contexte particulièrement chaotique. « L’environnement dans lequel la puissance normative s’épanouissait, poursuit Laurent Warlouzet, était celui d’un monde régi par les règles, et des règles propres à chaque domaine. Désormais, les règles sont moins respectées et tous les domaines interagissent. » La manière dont Trump mélange les sujets commerciaux, numériques et militaires dans ses « deals » illustre bien ce constat, de même que la façon dont Vladimir Poutine a profité de ses ventes de gaz et de pétrole aux pays européens pour financer une machine de guerre qu’il lançait à leurs portes. Un ensemble aussi composite que l’UE, avec ses mécanismes de décision lents et polycentriques, et sa distribution de compétences à différents niveaux (la concurrence et le commerce pour la Commission, la diplomatie et la défense pour les États membres), se retrouve clairement à la peine dans un monde devenu plus imprévisible, peuplé de puissances impérialistes désinhibées et réactives. Si le confort d’une « puissance normative » apparaît durablement perdu, l’exigeante condition de « puissance stratégique » semble encore lointaine.
Est-elle seulement atteignable ? L’émergence d’un acteur unitaire à l’échelle continentale, à l’instar des États-Unis, de la Chine et de la Russie, paraît bien improbable. « Les États-Unis d’Europe, c’est hors de portée », tranche Laurent Warlouzet. « Je ne vois pas les États prêts aux abandons de souveraineté que ça supposerait, le rejoint Olivier Schmitt. Et pourtant, je pense que le modèle d’État-nation inventé au XIXe siècle n’est aujourd’hui plus pertinent à l’échelle du système international, et que nous aurions besoin d’un saut d’intégration pour avoir tous les leviers de la puissance à la bonne échelle. » On peut y voir une certaine ironie de l’histoire. La diversité du continent européen, qui n’a jamais été durablement impérialisé, a contribué à une dynamique d’innovation et d’expansion qui lui a fait exercer sa domination sur des pans entiers de la planète. Moralement abîmé par ce passé douloureux, ce continent voit aujourd’hui sa diversité le freiner dans son adaptation à la nouvelle donne internationale. Non seulement les intérêts et les identités sont hétérogènes du détroit de Gibraltar à la mer Baltique, mais les droites radicales sont des chevaux de Troie puissants au service du trumpisme et du poutinisme. « J’envisage trois scénarios-types, confie Alexandre Escudier. Soit l’UE devient un État fédéral à la suite d’un choc énorme, mais cela reste difficile à imaginer. Soit une succession d’agressions externes et de poussées nationalistes amènent les membres à reprendre leurs billes et détricoter les bouts de fédéralisme qui existent déjà, ce qui serait tout de même très coûteux. Ou alors, on continue encore longtemps avec une structure inadéquate mais qui parvient tout de même à fonctionner, et s’étoffe au fil des crises, quoique de manière toujours insatisfaisante. » Dans ce scénario gris, plusieurs périmètres d’action pourraient se superposer, entre l’UE, ses États membres et d’autres qui n’y appartiennent pas ou plus mais restent incontournables, comme le Royaume-Uni pour les questions militaires.
« L’Europe est un patchwork et c’est une bonne chose », affirme même Steven Everts, directeur de l’Institut de l’Union européenne pour les études de sécurité. « La vérité, écrit-il en prenant des exemples de plusieurs initiatives pour protéger le ciel européen d’agressions russes, c’est que la défense européenne n’est pas construite par une décision majeure ou une institution englobante. Elle advient à travers des coalitions plus modestes, changeantes, qui vont de l’avant de manière pragmatique. » « Comme on a mis la politique commerciale en commun depuis 1958 et que tous les domaines sont reliés, le cadre communautaire existant reste irremplaçable, pense pour sa part Laurent Warlouzet. Mais cela n’empêche pas d’être créatifs : en profitant de cadres plus larges, comme le grand forum qu’est la Communauté politique européenne (CPE) ; en inventant des cadres plus restreints entre puissances militaires qui comptent ; et éventuellement en négociant des avancées fédérales sous les auspices de la Commission. » Encore faut-il que les courants conservateurs et libéraux européens comprennent qu’une stratégie de défense du continent ne peut pas se faire sans politiques de solidarité et de sobriété, ni sans planification concrète d’un relâchement de la relation transatlantique. Les grandes opérations de détricotage des acquis de la mandature précédente, tout comme les marques de soumission à Donald Trump, dont bien des exécutifs nationaux sont coresponsables avec Ursula von der Leyen, apparaissent à cet égard assez désastreuses. Aux gauches, en face, de proposer une approche plus intégrée du traitement des vulnérabilités contemporaines, qu’elles soient sociales, écologiques ou sécuritaires." [ Merci à Fabien Escalona] _____________________