Le MILLION de visites est atteint. Merci de vos visites et de votre indulgence. En route pour la suite...si Dieu me prête vie!

mardi 20 octobre 2020

Au nom de la "tolérance"

 Et de la perversion des valeurs.

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_________ "...Il y a ce moment que craignent tous les enseignants dès lors qu’ils s’aventurent en-dehors de leur maigre zone de confort, à l’occasion d’un repas de famille, d’un verre avec des inconnus : ce moment que votre métier, que bien souvent vous faites par passion, parce que vous avez une vocation, en est réduit à de vagues préjugés : pour les uns, vous êtes au mieux un fainéant, au pire un lâche, et il s’agit de vous situer sur le dégradé de la planque. D’autres vous disent, croyant vous faire plaisir, qu’ils ne pourraient pas faire votre travail quand ils apprennent que vous enseignez en banlieue, puis déroulent un chapelet de préjugés sur vos élèves, ou alors remettent en question le bien-fondé de vos séquences si patiemment préparées, pensant secrètement mais sans vous le dire que vous êtes un idiot. À ce moment, vous savez que la soirée est gâchée. Tout en vous mordant les joues, vous apprenez à ne plus réagir que lorsqu’on attaque vos élèves : pour vous-même, c’est peine perdue ; parfois obtient-on, à la rigueur, un petit : « toi, c’est différent », semblant de compromis qui permet de clore un débat qui n’a pas vraiment eu lieu. Le mépris, c’est l’ordinaire des enseignants. Et puis, le mépris, c’est visqueux, c’est contagieux. À la fin, tout le monde se sent en droit de vous faire la leçon.
À la vérité, je crois que si les enseignants ont cette habitude de se marier entre eux, c’est parce qu’on ne vous comprendra jamais plus exactement dès lors que vous avez commencé à faire cours. Ce qu’il se passe dans une salle de classe est si complexe, subtil, que tous ceux qui en parlent à votre place vous agacent. Devenir enseignant, c’est devenir incompris dans un monde qui croit savoir mieux que vous ce qui fait votre quotidien, et ce que vous devriez dire, faire, enseigner. Les uns vous reprochent vos vacances, d’autres votre lâcheté supposée, et d’autres encore la teneur de vos cours. Que s’imaginent-ils ? Qu’on entre dans la fonction publique comme dans un grand lit douillet et qu’il n’y a plus qu’à y faire ce qu’on veut ? Le plus souvent, c’est simplement agaçant ; parfois, quand d’aucuns se sentent en droit de s’offusquer, c’est une porte ouverte au pire. C’est aussi le début d’une tragédie.
J’ai lu depuis hier bien des horreurs à propos de l’assassinat atroce de Samuel Paty. J’ai lu par endroits d’odieux commentaires qui osaient lui reprocher d’avoir montré des caricatures de Mahomet en classe. Des larmes de rage me sont à nouveau montées aux yeux, venant ajouter plus d’horreur encore à l’horreur. L’accuser de cela, c’est ça le lit douillet ; il consiste à dire : le problème est réglé, puisqu’il venait de lui. Ces reproches sont des coups portés à sa mémoire, et à l’honneur aussi de ceux-là même qui les portent. Ils éclaboussent de honte ceux qui les tiennent.
Ils sont évidemment nombreux, les enseignants – et j’en suis – à aborder des sujets de société en classe. À l’occasion d’une remarque qui fuse, et qui nous pousse à interrompre le cours, parce qu’il faut faire un peu de ménage, parce qu’il y a des choses qui moisissent sous les crânes, des intolérances de tous bords qu’il faut pêcher dans les têtes pour les jeter au centre de la salle, et les voir se débattre et s’asphyxier, comme des poissons sur le pont d’un chalutier. Après un drame, aussi, quand les enseignants, parfois endeuillés eux-mêmes, doivent gérer une émotion qui les dépasse, mais qu’il n’y a qu’eux à la barre. Alors, pour un instant, ils deviennent des « héros », et on les pare d’attributs dont ils ne veulent pourtant pas, ils veulent surtout des classes moins chargées, et dont on parait aussi les soignants il y a quelques mois – ça ne coûte rien, des mots. Le mêmes qui n’avaient que du mépris pour le corps enseignant se rangent avec eux, et déguerpiront dès que l’actualité sera différente pour se ranger ailleurs, comme des pénibles lors des alarmes incendie.
Il faut parfois du courage, croyez-moi, pour tenir face à une classe qui déborde de questions, dont certaines sont de nature à vous heurter ; non pas que les élèves veuillent vous bousculer pour voir comment vous allez tomber, mais ils veulent parfois simplement éprouver un discours qu’ils avaient, le confronter au vôtre, celui de l’institution. Lorsqu’ils font ça, je me dis qu’on avance tous ; je préfère entendre des horreurs pour pouvoir ensuite en discuter qu’abandonner mes élèves à des discours d’intolérance. Il faut parler, de tout, d’absolument tout, dès lors que le besoin s’en fait sentir. Évidemment qu’il faut parler de la liberté d’expression. Évidemment qu’il ne faut pas avoir peur d’aborder un sujet, quel qu’il soit. Ou l’on crée des générations qui pensent que la Terre est plate, que l’évolution n’est pas scientifique, que tout brûle sauf le Coran, que quelque part on organise un « grand remplacement », que le génocide arménien n’a pas existé, et même que les sirènes, elles, existent. Figurez-vous que nos élèves ne sont pas les imbéciles qu’on croit parfois, qu’ils sont capables de débattre et de discuter, de se remettre en question, de réfléchir. S’interdire des sujets, c’est insulter leur intelligence, et oser les heurter, c’est une manière de respect.
La laïcité – mot que l’on trempe dans toutes les sauces – ne signifie pas, comme j’ai pu le lire, que la religion n’a pas sa place à l’école : elle l’a, au sein des programmes. Le monde contemporain ne serait pas ce qu’il est sans l’apport des monothéismes. On ne peut le comprendre sans comprendre les religions du Livre. Il faut toujours questionner la religion, et ça n’est pas un manque de respect que de le faire, ça n’est pas non plus une agression. Notre travail, c’est de donner aux élèves des rames pour avancer dans le monde que d’autres ont préparé – ou détruit, question de point de vue – pour eux, de les pousser à la réflexion. Je dis souvent à mes élèves qu’une idée, si forte soit-elle, si convaincu soit-on qu’elle est inattaquable, ne vaut rien tant qu’on n’a pas eu à la défendre par des arguments ; qu’il faut toujours chercher à l’attaquer par soi-même pour voir si elle tient debout, si elle a des failles, et qu’on en sort toujours gagnant, soit qu’on saura mieux défendre ce qu’on avait pensé sans savoir pourquoi, soit qu’on aura laissé tomber une pensée qui ne valait rien, ou qui ne nous allait pas. Un vrai débat ne fait que des gagnants, et tout ce qui est gagné autrement que par des arguments est en fait perdu.
L’esprit critique, c’est un cadeau que l’on fait à nos élèves. C’est un beau cadeau, peut-être la plus jolie chose qu’on puisse leur donner, parce qu’une fois qu’on l’a, on ne le perd pas de sitôt.
Il faut tenir bon et continuer de questionner le monde par tous les moyens ; il ne le faut pas par posture, pour faire les gros bras, mais il le faut parce qu’ils le méritent. Parce que nos élèves ne sont pas les hordes sauvages que nous décrivent les éditorialistes mais des êtres pensants, curieux, subtils, ambitieux aussi. Il faut toujours tout questionner. Samuel Paty avait indiscutablement raison de le faire.
Un homme hier parce qu’il croyait en l’intelligence et en l’esprit critique, a été décapité, en quittant son collège, par un lâche qui n’avait en manière d’argument qu’une lame. Comment en est-on arrivé là ? Je ne suis qu’enseignant, je n’en sais rien, je ne sais parler que de ce que je connais, pour le reste, je n’ai que des larmes. Je garde pour ailleurs ma colère et ma rage et mes cris étouffés. Pour demain, aussi, pour la place de la République qui peut-être en a assez de nos cris, et qui se demande pourquoi ils ne cessent pas, pourquoi on n’a pas réussi à faire en sorte qu’on puisse ne plus crier, ne plus pleurer. Je me le demande aussi, et la question me tourne dans la tête. Mais je ne suis qu’un enseignant, et nos épaules à tous sont lourdes ces temps-ci.
Aujourd’hui, je pense à mes élèves, et je regrette d’être en vacances ; j’aurais voulu être là pour eux lundi, pour faire ce qu’il faut faire de toutes les choses traumatisantes : en parler. Défaire les nœuds de la pensée, les aider à y voir plus clair, leur dire que les méchants, c’est pas eux. Ils vivront peut-être certains discours comme des attaques dans les jours à venir, parce qu’il est si facile d’écrire « musulman » sur une boîte et de mettre tout le monde dedans. Je pense aussi à cette petite fille, j’espère que ça ne vous choquera pas, dont on a jeté l’identité sur internet, et à la culpabilité qui va l’étreindre. Je pense aux élèves à qui les charognards de l’information ont tendu des micros pour abreuver leurs journaux. Je pense plus particulièrement aux élèves de Samuel Paty, je pense à eux maintenant et à eux plus tard, j’espère qu’ils seront entourés dans les jours à venir.
Et je pense avant tout à Samuel Paty et à tous ceux qui l’aimaient.
M. Paty, je ne vous connaissais pas, mais je vous pleure aujourd’hui. J’aurais voulu que tout le monde puisse recevoir l’esprit critique que vous vouliez offrir à vos élèves.
Moi, aujourd’hui, je n’ai que des larmes à vous offrir, à offrir à votre mémoire et à ceux qui vous connaissaient, et la promesse de ne pas vous oublier...." (Alexis Potschke)
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lundi 19 octobre 2020

Pas de vague!

Laxisme coupable

                Ainsi donc, le radicalisme islamiste meurtrier a frappé. Une fois encore. Au coeur même de l'instance la plus fondamentale de la transmission des valeurs républicaines. Une instance mise à mal depuis des années par trop de laxisme, d'indifférence, d'abandon parfois, dans le système à deux vitesses depuis longtemps installé.                              ___C'est d'un acte politique dont il est question dans cette horrible agression. Oui, on peut mourir d'enseigner.  A force de mettre la poussière sous le tapis, parfois avec la pire désinvolture, pour masquer le manque de moyens, on finit par produire le pire.     L'indifférence d'une hiérarchie aveugle, à mille lieux du terrain ou s'épuisent les soutiers su savoir, continue à produire ses effets délétères. Il y a ceux qui en parlent et ceux qui s'épuisent en silence, fatigués  moralement ou vraiment en danger. Victimes de formes bien installées de salafisme ayant parfois pignon sur rue dans certains quartiers.                __ Samuel Paty est un cas parmi d'autres, dont le tragique destin pourrait se reproduire.  Mais l'intimidation jusqu'à la terreur doit être contrée au plus vite par des mesures appropriées, sans cesse différées. C'est un système qu'il faut revoir. D'urgence!               La laïcité est la valeur essentielle.

"    ....Si l’école est laïque, ce n’est pas seulement comme institution et parce qu’elle est un organe du dispositif républicain, c’est aussi parce qu’elle tire (ou devrait tirer) son autorité de la constitution des savoirs, laquelle échappe à toute transcendance, à toute imposition d’une parole ou d’un livre unique, et ne peut se construire qu’avec des esprits en dialogue. Voilà ce que tout professeur est chargé de travailler et de défendre, non pas dans la célébration d’un « vivre-ensemble » incantatoire et abstrait, mais avec et par le segment du savoir qu’il maîtrise et qu’on n’ose plus appeler « discipline ».   Installer chaque esprit dans ce dialogue fructueux et inquiet qui a pour condition première le dépaysement, la distance avec soi-même, voilà ce que faisait Samuel Paty, professeur. Il aurait dû pouvoir le faire normalement, en expliquant, en illustrant1, en argumentant dans une ambiance de sérénité assurée par l’institution : en somme en professant, protégé des pressions et mettant de ce fait ses élèves, avec lui, à l’abri du tourbillon social. Mais, comme des milliers de professeurs aujourd’hui et depuis bien des années, il le faisait malgré, contre les assauts qui renvoient sans cesse l’école à son extérieur, il le faisait en dépit des pressions qui, au prétexte de mettre les élèves (et les parents) au centre du dispositif scolaire, l’assujettissent à la férocité et à la fluctuation des demandes sociales. Ce qui devrait être un travail serein et somme toute ordinaire est devenu un acte d’héroïsme.                                                Samuel Paty a été assassiné et décapité pour avoir exercé sa fonction, parce qu’il enseignait : c’est en sa personne le professeur qui a été massacré. Par cette atrocité, sommation est faite à tous les professeurs d’enseigner et de vivre sous le régime de la crainte. Des groupes qui encouragent ces manœuvres d’intimidation à sévir au sein même de l’école s’engouffrent dans la brèche ouverte il y a maintenant trente ans, laquelle s’acharne à assujettir l’école aux injonctions sociales. On ne voit que trop à quelles extrémités celles-ci peuvent se porter. Non l’école n’est pas faite pour « la société » telle qu’elle est. Sa visée est autre : permettre à chacun, en s’appropriant les savoirs formés par l’humaine encyclopédie, de construire sa liberté, dont dépend celle de la cité. Il faut cesser de convoquer les professeurs à leur propre abaissement. Réinstaurer l’école dans sa mission de transmission des savoirs et protéger ceux qui la mettent en œuvre, voilà ce qu’on attend d’une politique républicaine. Sans cet élargissement qui appelle une politique scolaire exigeante et durable, l’hommage national qui doit être rendu à la personne martyrisée de Samuel Paty restera ponctuel.     Il est faux de dire que l’auteur de cet assassinat était un « solitaire », comme s’il fallait éviter de dire qu’il s’agit d’un acte de guerre. Un homme isolé n’est pas nécessairement un « solitaire ». En l’occurrence il se nourrit au fast food bien garni des exhortations, imprécations, intimidations et autres menaces qui, diffusées sur internet et dans certaines mosquées, partout étalées2, relayées, font de chaque assassin se réclamant de la cause islamiste un vengeur héroïque. Il y a bien longtemps que cette guerre a commencé. Elle a posé un jalon dès 1989, en s’attaquant déjà à la laïcité de l’école républicaine3. Elle a ensuite dépassé la période des tests politico-juridiques, puis celle des commandos organisés terrorisant la société civile à coups meurtriers de Kalashnikov pour atteindre aujourd’hui un niveau d’extension tel qu’aucune parcelle de la société ne peut assurer qu’elle est à l’abri de sa présence et de sa menace4. Pratiquant avec virtuosité le retournement victimaire et la culpabilisation à l’ « islamophobie », convertissant l’accusation impertinente de « blasphème » en pleurnicherie des « sensibilités offensées », tissant ses liens avec le « décolonialisme » et le néo-racisme, la forme idéologique de cette guerre gangrène l’université et se diffuse dans la société civile5.            En étendant les poches d’aisance où il il se meut « comme un poisson dans l’eau », le terrorisme islamiste contamine le corps social et menace de le submerger. Un ordre moral féroce s’installe par accoutumance, à tel point qu’il devient « normal » et « compréhensible » pour un homme de songer à en assassiner un autre pour avoir osé une opinion contraire à une parole prétendue absolue, qu’il devient « normal » et « compréhensible » pour un groupe d’appeler à la vengeance. La banalisation des marqueurs religieux s’étend et prétend non pas seulement à la liberté pour elle-même, mais au silence de toute critique et de toute désapprobation la concernant. Et il se trouve de bonnes âmes pour comprendre, excuser et encourager cette abstention. L’appel au « respect de l’autre » est-il à ce point nourri de haine de soi qu’il doive prendre la forme d’une autocensure s’interdisant toute critique publique ? Est-il à ce point méprisant et paternaliste à l’égard de ceux qu’il prétend prendre sous son aile qu’il se croie obligé de leur épargner cette critique ? Est-il à ce point retors qu’il faille en son nom faire fonctionner la liberté d’expression à sens unique ?... _________________

dimanche 18 octobre 2020

Petite revue de presse

__ Barre s' était barré en Suisse

__ Contreparties

__ Question de respect

__ Une école polluée 

__ Amateurisme

__  Etat pompier

__Le triomphe de Jacinda   ________________

samedi 17 octobre 2020

Comment s'en débarrasser?

 Un problème mal ou non anticipé

              Les centrales nucléaires se sont développées sans que l'on s'interroge beaucoup sur la question de l'"après". Que faire à un moment donné de la masse sans cesse croissante des déchets, souvent hautement radioactifs et pour longtemps. Comment stocker tous les produits des démantèlements successifs des centrales dont beaucoup restent toxiques de très nombreuses années?   On nous avait dit que les coûts avaient été provisionnés, que des lieux hautement sécurisés devaient être aménagés. Cela c'était avant...    Mais aujourd'hui le problème nous revient en pleine figure et de manière urgente. C'est l'Autorité de sureté qui met aujourd'hui l'accent sur un impératif et une urgence qui avaient déjà été plusieurs fois signalés. Dans les années qui viennent le problème va devenir critique.    

                    Le Japon, confronté à l'urgence, envisage de déverser dans le Pacifique une masse d'eau radioactive dont Tepco ne sait plus que faire, quelques années après l'accident de Fukshima. La faune et la flore marine apprécieront...Les hommes sont les victimes de leur imprévoyance et de leur démesure.   Ces produits seront hautement dangereux pour longtemps. Même sous terre, comme à Bure, qui peut garantir le devenir de ce qui sera entreposé, à l'échelle de milliers d'années?      ____Cela restera un problème pour longtemps. Et même très, très longtemps. La gestion, l'entreposage et l'enfouissement des déchets nucléaires, de plus en plus considérables, posent des problèmes qui deviennent de jour en jour plus aigus. Quel avenir pour les générations qui nous suivent?

  Et il n'y a pas qu'en France que le problème se pose, que ce soit à La Hague, sur le futur site de Bure ou ailleurs.
    L'Allemagne aussi, bien qu'en rupture avec le nucléaire civil, essaie de bricoler des solutions à très long terme. Aux USA, on joue avec le feu.
   Pour quand un vrai débat sur le sujet? 
               L'UE réglemente les bananes, mais pas le nucléaire. Chaque pays fait à peu près ce qu'il veut en ce domaine, dans la plus grande l'opacité.
   On sait que le Japon d'après Fukushima est confronté à des problèmes d'une grande urgence et d'une grande ampleur, en prenant d'énormes risques, notamment avec les terres irradiées et le problème de l'eau contaminée, selon une ancienne pratique banalisée, mais interdite. Tepco bricole dans l'urgence.
   Certes, nous ne sommes pas (ou pas encore) dans cette situation d'urgence  mais la saturation est là et le problème des piscines de confinement reste entier. Il y a touts sortes de résidus radioactifs
   Le problème du stockage des matières les plus toxiques ne cesse de se poser.
     Le dossier est toujours "radioactif", comme celui de l'état de certains sites.
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vendredi 16 octobre 2020

Corona-incertitudes

 Ebranlement

                                    Celle que nous avions presque fini par oublier, par naïveté ou par insouciance, nous revient à la figure et peut-être pour plus longtemps qu'on ne le croit,    Devant des services de santé impréparés et encore désarmés, le virus poursuit son oeuvre, n'ayant pour seul objectif que de se reproduire autant qu'il le peut, sans état d'âme.      Le désarroi commence à s'installer, ainsi que des tensions sociales fortes, comme on aurait pu le prévoir, face à des mesures dont la cohérence reste à prouver.         __Aucune  pandémie n'échappe à cette loi de désorganisation et de remises en question profondes, qui redistribuent brutalement les cartes, le cours de l'histoire se trouvant soudain dévié, parfois pour une longue période.      __Comme le montrent les anciennes épidémies de peste, que nous avons oubliées, qui ont questionné plusieurs fois nos sociétés fragiles et désemparées, comme la récente grippe espagnole.      La question se repose sourdement, mais de manière lancinante: et après ..?      Dans les projets confus d'aujourd'hui, se mêlent espoirs er craintes. Comme le fait apparaître le point de vue souvent:

            "...Les épidémies se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Mais les après-épidémies ne furent jamais vraiment des temps heureux et harmonieux. La peur et la méfiance engendrées par les fléaux, les effondrements démographiques et la profonde désorganisation économique, sociale et politique dessinent des horizons peu enthousiasmants. Et pourtant, dans ces bruits et ces fureurs, émergent souvent les prémices de mondes nouveaux…  « Le monde d’après » a donné lieu à de nombreux débats où chacun a, semble-t-il, plus cherché à projeter ses espoirs qu’à suivre le précepte spinoziste : « Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre. » Au risque de doucher bien des enthousiasmes, petit tour d’horizon des « après-épidémies », d’hier et d’avant-hier.                                                                   Il n’est pas impossible que notre conquête de la planète soit en partie liée aux premières épidémies. En effet, certains spécialistes n’excluent pas que le paludisme ait participé à notre plus importante sortie d’Afrique. C’était il y a longtemps, longtemps, c’était il y a plus de 50 000 ans. Certes, avec peu de morts, tant nous étions si peu nombreux et si isolés les uns des autres. Certes, il s’agissait d’une parasitose et non d’un virus. Certes, ce n’est qu’une hypothèse. Mais elle illustre bien combien, depuis toujours, la lutte contre les maladies et les épidémies sont un des (nombreux) moteurs de l’histoire.         ____La plus ancienne épidémie avérée date de 1326 avant notre ère et, depuis l’Égypte, elle s’est propagée au Moyen-Orient. C’est l’époque du Nouvel Empire, l’apogée de la civilisation de l’Égypte antique, comme en témoignent encore les temples de Louqsor et d’Abou-Simbel. C’est une période de développement des échanges avec l’Asie Mineure et la Crète, ce qui expliquerait la propagation de l’épidémie. Difficile de se faire une idée des conséquences de cette épidémie. L’époque est troublée par l’offensive des pharaons pour limiter le pouvoir des grands prêtres, mais rien ne permet d’attester un quelconque effondrement démographique.   Au Ve siècle avant notre ère, Athènes fut frappée en plein « âge d’or », durant le « grand siècle de Périclès ». Ce dernier en fut d’ailleurs la plus célèbre victime. Comme les suivantes, cette épidémie accélérera les tendances déjà à l’œuvre. Quelques décennies plus tôt, Athènes, auréolé de sa victoire contre les Perses, inquiète les autres cités grecques. Une coalition dirigée par Sparte viendra stopper net la puissance d’une Athènes affaiblie par la mort d’un bon tiers de sa population et d’une part importante de ses dirigeants.                                                                ______   L’Empire romain connut deux vagues d’épidémies. Dans son ouvrage de référence, Comment l’Empire romain s’est effondré l’historien Kyle Harper s’attarde longuement sur le rôle que jouèrent dans son destin les épidémies.     La première, au IIe siècle de notre ère, la peste antonine (du nom de la dynastie régnante, mais il s’agissait en fait de la variole) se propagea en grande partie par les armées, qui se trouvèrent ainsi décimées. Ce fut une des conséquences les plus immédiatement dramatiques pour la cohésion impériale. De multiples indices laissent entrevoir une grave crise économique et monétaire. Le prix de la terre s’est effondré, faute de demande, la monnaie a perdu une grande partie de sa valeur alors même que les mines qui en produisaient la matière première semblent avoir été désertées. Et nombre d’historiens ont souligné la disparition brutale des documents officiels, signe d’un affaiblissement des structures étatiques dans tout l’Empire. Désormais, conclut Kyle Harper, « l’Empire romain était un survivant ».   Quelques siècles plus tard, la peste de Justinien (du nom de l’empereur byzantin au VIe siècle) a probablement accéléré le déclin de l’Empire. Les témoignages de l’époque sont édifiants : l’ordre public, la vie économique et sociale, le ravitaillement, tout s’est effondré. Les spécialistes ont certes répertorié plus de 200 causes possibles à la chute de l’Empire romain, mais tous reconnaissent le poids des épidémies qui se répandirent de l’Égypte à la Bretagne. Kyle Harper montre bien les liens entre l’effondrement démographique et la faillite de l’Empire. Enfin, la question fiscale occupait déjà un rôle central : en refusant toute exonération fiscale pour limiter les dégâts, en alourdissant même la charge, l’Empereur étouffa toute « reprise » possible…Deux autres éléments sont troublants d’actualité : les historiens insistent de plus en plus sur la double peine de l’épidémie et des changements climatiques à l’œuvre à l’époque : pas un réchauffement mais un dramatique refroidissement : « le petit âge glaciaire de l’Antiquité tardive ». Et l’historien Bryan Ward-Perkins insiste sur la fragilité engendrée dès l’époque par la disparition des productions locales et la perte des savoir-faire consécutives à un modèle naissant de spécialisation par aire géographique. « La sophistication de la période romaine, en diffusant à grande échelle des biens de consommation d’excellente qualité, avait détruit les savoir-faire et les réseaux locaux des temps préromains. […] Il fallut des siècles pour que les habitants de l’ancien Empire recouvrent la situation préromaine. »    L’histoire s’intéresse spontanément à ce qui s’est passé, mais il arrive que ce qui n’a pas eu lieu soit tout aussi révélateur !                                                                                     On parle beaucoup aujourd’hui des épidémies comme résultat de notre agression des milieux naturels. Pourtant, durant deux siècles, la France en particulier, mais aussi toute l’Europe, a passé son temps à détruire des forêts, à créer de très grandes clairières pour s’y installer, à assécher des marais et autres zones humides, sans déclencher la moindre épidémie. Bien sûr, la population était assez clairsemée et les communications étaient somme toute assez limitées, mais les colporteurs et les prêtres sillonnaient les « pays »,emportant les « miasmes » de la ville aux villages et les maladies d’origine animale des villages à la ville. Les adeptes de Gaïa, la déesse Terre, nous expliqueront peut-être que celle-ci, d’une grande patience envers les agressions humaines, a mis longtemps avant de décider de se « venger »…                     La Grande Peste (ou Peste noire) du XIVe siècle, la plus célèbre, a aussi été la plus étudiée. Encore faut-il se souvenir que si la « première vague », celle de 1348 et des années suivantes, fut la plus meurtrière, l’épidémie s’installa pour plusieurs siècles, disparaissant et réapparaissant tout aussi soudainement de région en région. Au XVIIe siècle, elle tuera encore quelque 3 millions de Français. Plutôt que d’« après-épidémie », il s’est plutôt agi de « vivre avec l’épidémie »         Les plus importantes conséquences furent une nouvelle fois démographiques : les historiens voient le plus souvent les épidémies comme un facteur beaucoup plus essentiel dans la stagnation démographique que les structures familiales ou l’âge des mariages. Cet effondrement de la population aura de profondes conséquences économiques, sociales et politiques. Le manque de main-d’œuvre, entraînant la fin du servage, viendra achever un système féodal déjà bien mal en point. Campagnes désertées, champs laissés à l’abandon, le monde rural, c’est-à-dire celui de l’immense majorité de la population, s’en trouva totalement bouleversé. L’effondrement de la population ayant considérablement fait baisser les besoins en céréales, les survivants durent se diversifier, en particulier dans l’élevage et la production de laine, laquelle entraîna un essor important du tissage, secteur essentiel de l’industrialisation naissante. Désormais indépendant, le paysan commencera à trouver dans l’artisanat rural de précieux compléments de revenus. Premiers balbutiements d’un capitalisme de production.   Le délabrement urbain sera tout aussi sévère. Exemple parmi tant d’autres, le témoignage de Boccace, l’auteur du Décaméron, sur la peste à Florence : il nous décrit une disparition complète de toute autorité, une ville livrée aux pillards et où les habitants s’organisent comme ils le peuvent pour gérer les cadavres qui envahissent les rues.   De plus, même si les épidémies firent plus de ravages dans le petit peuple que chez les puissants, ces derniers furent loin d’être épargnés. Un seul roi en fut victime, celui de Castille, mais bien des familles royales furent décimées. Une épidémie de variole emporta par exemple plusieurs des héritiers successifs de Louis XIV. Dans de nombreuses cités-États, beaucoup de notables disparurent soit dans la fuite, soit dans la mort, et cela favorisa le renouvellement des élites.     Enfin, il semble bien que les mesures mises en place pour tenter d’endiguer les fléaux aient joué un rôle non négligeable dans l’immixtion des États dans la vie quotidienne et privé des populations. Dès le XIVe siècle, l’Italie est à la pointe des innovations sanitaires, tandis que les pays du nord de l’Europe accusaient un retard certain. L’année même de l’arrivée de la Peste noire, trois fonctionnaires sont chargés de la surveillance sanitaire de la ville de Venise. Quelques années plus tôt, la cité avait déjà ouvert un premier lazaret (établissement pour les mises en quarantaine). Très vite, de nombreuses villes et États se dotent d’un « secrétariat à la Santé » et de vastes hôpitaux qui pouvaient, comme à Milan, accueillir jusqu’à 16 000 malades. En France, il faudra attendre le XVIIIe siècle pour commencer à envisager l’établissement d’un véritable bilan sanitaire du pays, sous l’impulsion d’un certain Pierre Chirac, médecin de Louis XV.   Les philosophes Michel Foucault et Gilles Deleuze dénonceront cette montée du « contrôle social » cette « biopolitique » entre autres en réponse aux épidémies. Mais leur « dévoilement » aura aussi son angle mort : l’efficacité de cette politique, qui explique en grande partie le déclin de ces fléaux endémiques, comme le montrent amplement les travaux de Jean-Noël Biraben, médecin, spécialiste de l’histoire des épidémies. Avant même le triomphe de l’hygiénisme au XIXe siècle, la lutte contre les épidémies tiendra une place essentielle dans l’émergence d’une politique sanitaire. Il y a tout lieu de s’en féliciter.                                           Il y a un siècle, la grippe dite « espagnole », prolongeant la grande boucherie de la Première Guerre mondiale, aura aussi « un effet structurant sur l’histoire de la santé » débouchant sur la découverte de nouveaux vaccins, rappelle Freddy Vinet, géographe spécialisé en épidémiologie.    Le commerce étant très actif tant en Méditerranée que vers l’Asie et l’Afrique noire, les pays du Sud, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, auront été frappés beaucoup plus sévèrement que ceux du Nord. Ils ont connu un tel effondrement démographique, une telle désorganisation économique, sociale et politique, qu’il est probable que les épidémies aient participé au déclin de l’Europe du Sud au profil de l’Europe du Nord et à l’affaiblissement du monde arabo-musulman.                                                                                          Cependant, les historiens insistent sur les conséquences culturelles, sur les mentalités, et donc sur les comportements engendrés par cette « grande peur » avec laquelle il fallut apprendre à vivre. L’épidémie, explique l’historien Laurent-Henri Vignaud, « met en danger le lien social, déclenche une forme larvée de guerre civile où chacun se méfie de son voisin ». La recherche d’un bouc émissaire, les massacres antisémites et le repli sur une macabre religiosité ont profondément marqué ces siècles.       ______  Les épidémies auraient-elles pu participer à la montée des aspirations démocratiques ? L’historien Pierre Miquel semble le penser : « La peste niveleuse accoutume les hommes à l’idée qu’aucun pouvoir ne peut leur être imposé », affirme-t-il dans son ouvrage consacré aux grandes épidémies (Mille Ans de malheur. Les grandes épidémies du millénaire Lafon, 1999). Et de citer « la première émeute ouvrière du monde occidental », celle des célèbres ciompi ces cardeurs et tisserands de Florence en juillet 1378. La piste mériterait d’être explorée…  Dans leur étude sur la Peste noire, deux historiens britanniques tentent de résumer les conséquences des grandes épidémies dans les mentalités occidentales. Elles ont selon eux « construit une opposition binaire pollution/pureté » et nous ont légué « l’angoisse de la maladie, la peur de la pollution, de l’étranger, de la diversité, la méfiance envers les médecins, les scientifiques et les politiques ».    Et ce legs n’est probablement pas l’apanage de l’Occident…   ______  Enfin, une des constantes dramatiques des après-épidémies semble bien être l’amnésie collective. Or, comme nous le rappelait Freddy Vinet il y a à peine deux ans, « rien n’est jamais acquis en matière de lutte anti-infectieuse. La culture épidémiologique demeure essentielle face à l’émergence inévitable de nouveaux pathogènes »...._________

jeudi 15 octobre 2020

Avenir de nos forêts

 La forêt, une marchandise comme une autre?

              La France peut se vanter de posséder un domaine forestier parmi les plus importants et les plus variés d'Europe, dont la gestion ne peut être laissée au hasard, aux bons vouloirs des autorités locales et surtout des particuliers, voire des lobbies commerciaux, mais elle suppose surveillance, contrôle, gestion dans le temps avec une vision d'avenir, pour une pérennité garantie dans la diversité des adaptations au cours du temps. 

         Les arbres se développent  au-delà de nos courtes vies, de nos projections limitées et on en connaît mieux l'importance d'un point de vue écologique. Ils ne sont donc pas seulement des éléments "bons à abattre" pour le chauffage ou les scieries, ils nécessitent surveillance, soins, intelligence et souci d'avenir. Les ventes de bois sont nécessaires, de manière raisonnable, souvent dans l'intérêt même de la forêt elle-même.                                                                                                                                      ______ Mais, depuis un certain nombre d'années, le monde des forestiers vit assez mal les différentes réformes qui affectent leur activité et qui se profilent à l'horizon. Certaines les touchent particulièrement, dans la tendance constatée un peu partout, sous la pression libérale, notamment celle consistant à privatiser leur fonction et à réduire drastiquement leur nombre, dans la perspective d'une gestion à court terme et au nom de la rentabilité, qui ne serait pas au rendez-vous.              ___Un grand nombre de forestiers sont en plein désarroi et le font savoir, malgré leur petit  nombre. Les nouvelles tendances gestionnaires, comme la spécificité de leur statut particulier, les mènent à se manifester, à sortir de leur silence traditionnel. Ils dénoncent purement et simplement un démentèlement de l'ONF ainsi que certaines dérives mercantiles, qui ne sont pas propres à leur secteur d'activité.   IL s'agit de la forêt publique, qu'ils estiment en danger, toutes associations réunies. Ils remettent en question une tendance lourde ou insidieuse:               ___ "....En proposant de généraliser les possibilités de recrutement d’agents contractuels de droit privé, cet article acte une dérive qui s’est installée depuis plusieurs années au sein de l’Office : le remplacement de fonctionnaires assermentés par des salariés de droit privé. Depuis trois ans, les concours de recrutement de techniciens forestiers fonctionnaires sont bloqués et les postes de gardes forestiers sont affectés massivement à des contractuels. La conséquence de cette politique est un affaiblissement de la protection des forêts. Au quotidien, les agents forestiers sont soumis à de nombreuses pressions pour couper davantage de bois, fermer les yeux sur des dégâts causés par l’exploitation forestière, sur des dérives liées à la pratique de la chasse ou encore sur des décharges sauvages en forêt. Le fait d’être assermenté leur permet de résister à ces pressions et donc de protéger au mieux la forêt et l’intérêt général. Pourtant, le projet du gouvernement est de confier à des salariés de droit privé l’ensemble des missions actuellement exercées par des fonctionnaires, ce qui inclut, par exemple, la recherche et la constatation des infractions pénales en matière forestière. Une incongruité relevée par le Conseil d’État et corrigée par le Sénat qui a amendé le texte pour préciser que seuls les agents assermentés sont habilités à rechercher et à constater ce type d’infractions. Les amendements apportés par le Sénat ne règlent qu’en apparence le problème car, depuis 30 ans, le nombre de gardes forestiers assermentés est passé de 9000 à 3000 sur l’ensemble des forêts publiques soit 10% du territoire. L’application en l’état de l’article 33 de la loi ASAP permettrait d’en réduire encore fortement le nombre au détriment de la protection des écosystèmes forestiers. Travaillant le plus souvent seuls et avec des surfaces de forêts à gérer toujours plus grandes, les agents assermentés ne sont déjà plus en capacité de remplir les missions de protection qui leur sont confiées par la loi. Alors que les réformes de l’ONF se succèdent depuis 15 ans, ils dénoncent une perte de sens de leur métier. Les liens de confiance qui s’étaient tissés entre l’ONF, les élus et les citoyens s’étiolent peu à peu. Tout ceci a des conséquences dramatiques : depuis 2005, on recense plus de 50 suicides à l’ONF, un taux plus fort qu’à France Télécom (devenu Orange) rapporté à l’effectif...."__

            Les risques de surexploitation ne sont pas un fantasme. Les dégradations sont là, les pressions sont fortes. Le climat est délétère. Nos forêts nous survivront certes, mais dans quel état? Même  si, comme on le dit, la nature reprend ses droits. Les confrontations sont vives entre les purs "marchands" et les partisans d'une saine gestion à long terme d'un patrimoine inestimable...pas seulement financièrement.   Il reste encore trouver un équilibre entre un colbertisme revu et adapté et le nouvel esprit gestionnaire...._______

mercredi 14 octobre 2020

Collapsologie et éco-anxiété

 

Eco-pessimisme? Un peu, mais pas trop...

              [Quelques notes à titre de petite piqûre de rappel.]
                                               Entre paralysie et action malgré tout.
         On le dit et onle répète: les choses sont graves et il faut faire vite. Des hypothèses, on est passé aux quasi-certitudes. Trop d'indices convergent maintenant, même si tout ne fait pas système, même si une vision synoptique nous échappe vu la complexité et la diversité des facteurs en cause.
   Ce n'est pas la planète qu'il faut "sauver", mais les possibilités de vie humaine  future, au vu des mutations climatiques en cours.
  Mais comment gérer l'urgence étant donné le poids des habitudes et la puissance des intérêts en jeu, qui ne comprennent guère le long terme. ni même le moyen terme, qui instrumentalise l' ignorance et le scepticisme?

 C'est comme vouloir arrêter ou faire virer sur mer un super tanker sur une courte distance.

 Si la situation est si critique, si l'irréversible nous guette, que faire?
 Certains réfutent la notion  de collapsologie, qui, comme les termes au suffixe"logie", semble s'apparenter à une science. Ce qui n'est pas le cas, même si différentes sciences ont leur mot à dire sur cette dénomination vague et anxiogène, si un faisceau d'indices convergents ne permet plus le douter.
  L'urgence climatique n'est plus un mythe dénoncé naguère par Claude Allègre et quelques climato-sceptiques qu'on entend de moins en moins, elle est une exigence reposant sur des faits de mieux en mieux cernés, même si beaucoup de causes nous échappent.
  La question est de savoir si l'on n'en fait pas parfois un peu trop et trop mal, au risque de créer un effet de sidération paralysante, compromettant toute réflexion de fond, toute action et réaction. Comme les survivalistes et les autres, plus lucides..
  L'attentisme joue en notre défaveur et l'action individuelle paraît dérisoire. La panique crée la sidération forcément passive et outrancière, défavorisant toute réaction d'ampleur. Les COP se suivent et se ressemblent trop.
 Le climat a toujours été un agent historique majeur. Il l'est devenu avec plus d'évidence. Nous sommes, à n'en pas douter, dans une phase de mutations rapides et les incantations ne suffisent pas.
  Les économistes sont partagés pour l'instant. Les scientifiques ne parlent pas toujours unanimement. La jeunesse est plus sensibles et mobilisée.

   Mais la "fin du monde", vieille antienne, n'est pas un thème mobilisateur. La collapsologie est à la mode, mais source de fantasmes ambigüs. La peur peut être paralysante.

  Les fictions d'apocalypse ne font pas avancer la réflexion. C'est la croissance capitaliste  qui est en question et sa logique financière. Dans ce domaine, c'est souvent le double langage ou le déni.
   Une autre pensée politique est nécessaire. Les enjeux mobilisent trop peu.
  Le pire n'est jamais sûr, mais il faut changer de braquet.
    Hans Jonas nous avait naguère déjà préparé à la considération des risques majeur et, pour nous préparer, à donner un nouveau sens au monde qui s'annonce.

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mardi 13 octobre 2020

Vers un capitalisme numérique?

Un virage de fond

                   Le capitalisme est en train de changer de forme, en gardant ses structures, ses objectifs de fond.  Ce phénomène n'est pas nouveau, mais il a tendance à s'accélérer, sous l'effet de la crise actuelle.      Rien de fondamental ne viendra en modifier la logique, mais les modes de production et les rapports de production vont inévitablement continuer à se redéfinir en profondeur.  De nouvelles organisations du travail se préparent, qui vont approfondir et maximiser des tendances actuelles et les dépasser dans bien des domaines. Jusqu'aux projets les plus avant-gardistes , voire les plus inquiétants... 

                  "....   Il semble qu’une stratégie du choc cohérente est en train d’émerger de la pandémie. Appelons-la le Screen New Deal. Bien plus high-tech que tout ce que nous avons vu lors des catastrophes précédentes, elle se dessine à toute vitesse, alors même que les corps continuent de s’entasser, et fait des semaines d’isolement physique que nous avons vécues non pas une douloureuse nécessité destinée à sauver des vies, mais un laboratoire à ciel ouvert, avant-goût d’un avenir sans contact, permanent et hautement profitable.   Anuja Sonalker, PDG de Steer Tech, une entreprise du Maryland qui vend des technologies de stationnement autonome, a récemment résumé le nouveau discours dominant, actualisé à la suite du virus : « On assiste à un net engouement pour les technologies sans contact et sans humain », a-t-elle déclaré. « Les humains constituent des risques biologiques, les machines non. ».....                              _____C'est le projet de l'intégration numérique du maximum de secteurs de la société qui refait surface. La 5G va servir de moteur nouveau à cette accélération apparemment sans limites. Toutes les sphères de la vie seraient peu à peu concernées dans cette fuite en avant sans perspective aucune sinon la croissance pour la croissance, la concurrence exacerbée avec la puissance chinoise et le et la profit rapide et maximal.            Avec la perspectives de nouvelles "libertés", qui sont déjà en projet ou parfois en application et qui posent des questions de fond sur le mode de fonctionnement de nos sociétés: : "...La négociation de faibles contraintes juridiques et fiscales par les grandes entreprises du numérique (fiscalité, droit du travail, contentieux etc.), les nouvelles formes d’organisation du travail que recouvre la « capitalisme de plateformes », associant des formes d’hypersalariat et un processus de précarisation/destruction d’emplois, les entraves éventuelles à l’émergence de modèles alternatifs de propriété, d’échange, de production et de redistribution (communs, coopérativisme, makers, cryptomonnaies, etc.) ou bien leur réintégration dans le fonctionnement général du capitalisme numérique, le renversement de la norme de la vie privée à travers la question de la collecte des données et du traitement de l’information..."                               Comme le signale Cedric Durant, c'est vers une forme de néo-féodalisme que nous risquons de basculer.      "....Les sources de cette régression sont à rechercher dans l’idéologie qui s’est imposée dans les années 1990-2000 et qui, au nom de l’espoir technologique, a permis de renforcer et d’accélérer le mouvement néolibéral à l’œuvre depuis déjà deux décennies. Le « consensus de la Silicon Valley » a alors rajeuni le « consensus de Washington » des années 1980 en promettant de renforcer l’efficience du capitalisme. C’est le discours de la « start-up nation » porté au pouvoir en 2017 par Emmanuel Macron et qui constitue toujours son cadre de pensée : la France a pris du retard parce qu’elle n’a pas su monter dans le train de l’innovation à cause de ses pesanteurs.  Car le consensus de la Silicon Valley formule les mêmes exigences que celui de Washington : la mise au service du capital de l’État ; les « réformes structurelles » de flexibilisation du travail et des marchés, et de financiarisation. Mais le tout est enrobé dans un discours reprenant les thèmes utopiques des années 1970, qui vise à redonner confiance dans la force du capitalisme. D’où l’insistance sur la « destruction créatrice » perçue comme le moyen de cette régénérescence...." _______________________