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mercredi 25 juillet 2007

Media control (publié sur AGORAVOX)


Les media américains sous contrôle


Une récente étude très critique, Media Control (ed. Les Arènes), présentée par la journaliste Kristina Borjesson, ayant travaillé pour CBS et CNN, fait un bilan courageux et sans complaisance de l’état dans lequel se trouvent la plupart des grands media américains, du fait des pressions exercées par l’administration néo-conservatrice de la Maison Blanche depuis quelques années.

L’intérêt, c’est que c’est un livre à plusieurs voix, où s’expriment huit journalistes réputés politiquement modérés, très connus, travaillant par exemple au New-York Times ou au Washington Post, et même John Mc Arthur, dirigeant le Harper’s Magazine.


Jusqu’ici s’étaient surtout exprimés sur ce sujet des "francs-tireurs" comme Noam Chomsky ou Susan Sontag , assez marginalisés, tout comme le site "MoveOn", rassemblant des citoyens critiques de tous bords, mais sans grande cohérence ni projet.


Dans ce livre, la convergence et la cohérence des critiques sont impressionnantes et rares...On savait les Américains plutôt mal informés, leur média plutôt médiocres, mais ce que nous disent ces auteurs dépassent parfois l’entendement. Kristina Borgesson dénonce le provincialisme effrayant de la grande masse de ses compatriotes, déclarant : "La plupart ne savent tout simplement pas ce qui se passe en dehors des Etats-Unis. Pire, ils ne savent pas ce que leur gouvernement entreprend à l’extérieur du territoire" (déclaration à Télérama, le 5/7/2006).


Les auteurs relèvent que le problème ne date pas d’aujourd’hui et que l’on aurait tort d’idéaliser le passé, mais ils estiment qu’un grand virage a été pris au milieu des années 70, après l’affaire du Watergate, où beaucoup d’organes de presse ont commencé à perdre la modeste liberté de ton qui existait dans les année 60, même s’il n’y a jamais eu de véritable culture d’opposition aux USA. En 1979 (prise d’otages à Téhéran), l’autocontrôle s’est accentué et depuis le 11/9, il s’est durci sous la pression des grands patrons de presse, aux intérêts liés au groupe au pouvoir à la Maison Blanche. "Personne n’a pris le risque de passer pour un mauvais patriote. D’autant plus que tout le pays était derrière Bush" dit K.B.


Le livre fourmille d’exemples de "libertés" prises avec la vérité, même au NY Times dans l’affaire du programme inconstitutionnel des écoutes téléphoniques en 2005 dont le journal avait connaissance dés 2004 sans en avoir fait part dans ses colonnes. Ne parlons pas des débuts de l’affaire irakienne, où personne ne s’est vraiment donné la peine de faire des investigations...à part quelqu’un comme J. McArthur, mais dans les pires conditions, certains articles jugés sensibles étant systématiquement "enterrés" au milieu du journal.


Ce que dénoncent les auteurs, par delà les exemples et les constats, c’est tout un système, dont la logique est ancienne, mais qui fonctionne maintenant très efficacement et en toute impunité, la vie politique étant en état de coma avancé : le Congrès est soumis, La Court Suprême est aux ordres, et le Département de la Justice est tenu par Bush.."Jamais, dit McArthur, un gouvernement n’a atteint une telle maîtrise de la propagande.." au point que : "un large pourcentage d’Américains restent convaincus que S.Hussein est lié aux attentats du 11 septembre" .


Les journalistes en vue appartiennent à l’establishment et flirtent en permanence avec les hommes au pouvoir, l’ascenseur étant renvoyé, bien sûr (invitation à dîner en compagnie des conseillers de la Maison Blanche, rétributions financières, invitation sur les plateaux-télé, conférences (à 20.000$), bref des incitations permanentes à la soumission et au conformisme. De plus, les grands patrons de presse cherchent avant tout à protéger leurs actionnaires, comme Murdoch, par exemple.


Même si nous n’atteignons pas (encore ?) chez nous ce degré de médiocrité et de conformisme politiquement utile au pouvoir, qui sait « l’instrumentaliser » à sa guise (jusqu’au quand ?) , ce livre est d’une lecture nécessaire pour notre propre gouverne et représente une forme de résistance réconfortante.

Sera-t-elle efficace... ?


ZEN


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