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vendredi 28 mars 2008

Police: faire du chiffre ?


Sarkomètre en action...


Police - Éditions Michalon: des chiffres et des doutes.

"A son arrivée place Beauvau, en juillet 2002, l’actuel président de la République avait eu ces mots : «Les responsables de la police et de la gendarmerie devront travailler en fonction d'objectifs précis et seront évalués en permanence. De leurs résultats dépendra leur carrière.» Depuis, chaque année, la publication des chiffres de la délinquance est devenue un rituel, un moment fort du pays. Les bilans, à peine discutés, semblent aller de soi. Leur logique même, leur fabrication, sont finalement assez peu discutées. Le rouleau compresseur de l’évidence et des 20h triomphe..

...Au grand patron de la police nationale et aux différents préfets à qui elle s’adresse, la ministre de l’Intérieur fait dans le genre coaching : «Votre action devra se traduire en 2008, demande-t-elle, par une nouvelle baisse d’au moins 100.000 faits de la délinquance générale, soit 3%. La délinquance de proximité devra diminuer d’au moins 80.000 faits, soit 5%.» Il est question de «gain d’efficacité incontestable», de «gisements importants d’amélioration de notre performance globale», de «tendance générale», de «synergie», d’«améliorer le management» ou «la qualité du service public».

Le marché de-la-délinquance-qui-baisse, en quelque sorte, est découpé en quatre secteurs, appelés ici «priorités» : «mieux lutter contre les violences aux personnes», «renforcer les actions menées contre le terrorisme» (qui doit être combattu «avec acharnement»), «renforcer la lutte contre les violences urbaines» et celle «contre la criminalité organisée».

Pour ce faire, l’entreprise Police a tout prévu. Ainsi, la maison mère de la place Beauvau ne se contente pas de prédire avec dix mois d’avance la future baisse de la délinquance ; elle décortique même comment cette dernière va s’effectuer. Nom de code de l’opération : «faire des forces de sécurité intérieure un modèle de modernisation de l’Etat ». «Je veux parvenir, exige Michèle Alliot-Marie, à une police technique et scientifique de masse, au service des victimes de la délinquance quotidienne.» (Mediapart)

le «sarkomètre» est arrivé

«Vous devrez fixer chaque année des objectifs quantifiés d'amélioration de votre efficacité, en termes de réduction de la criminalité, d'augmentation du taux d'élucidation, de répartition de vos moyens d'action, de formation» déclarait le ministre devant les hiérarques policiers, le 26 juin 2002. Avant d'ajouter : «Des indicateurs mesureront les moyens employés et les résultats obtenus». Primes financières collectives et moyens supplémentaires (effectifs, véhicules, budgets) suivront.

Arrivera même l'heure du «sarkomètre» ! A l'automne 2002, le ministre lança des réunions périodiques des préfets et des chefs policiers (police et gendarmerie) des cinq départements qui affichaient les plus mauvaises statistiques de la délinquance... Honte à eux! Une note interne de la gendarmerie indiquait encore, le 2 août 2006 : «L'action des militaires qui s'inscrivent résolument dans cette culture de performance doit être reconnue et récompensée. Ainsi la prime au mérite peut être utilement adossée, par exemple, aux résultats obtenus en matière de rétention administrative du permis de conduire ou d'immobilisation du véhicule, qui sanctionnent des infractions très graves». (Mediapart)

-Statistiques de la délinquance(Objet application/pdf)
-Indices d'erreurs des statistiques policières.pdf (Objet application/pdf)
-Sécurité : Les statistiques en question
-Comment la police jongle avec les chiffres
-Le miroir des inquiétudes contemporaines


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