_____Main basse sur la terre
Acheter des terres. Se faire du blé hors frontière.
Un phénomène qui prend de l'ampleur et s'accélère, à l'échelle mondiale, surtout depuis la crise alimentaire de 2008 .
La crise alimentaire et la crise financière se sont réunies pour provoquer un nouvel « accaparement des terres » à travers le monde, et surtout dans les pays les plus pauvres. D’une part, certains gouvernements, qui ne peuvent nourrir leur population que grâce à l’importation de nourriture, cherchent de vastes territoires agricoles à l’étranger pour assurer leur propre production alimentaire. D’autre part, des sociétés agro-alimentaires et des investisseurs privés, en recherche de profits rapides dans le contexte de crise actuelle, veulent investir dans des terres agricoles à l’étranger car c’est là une source de revenus importants et rapides. Aussi, c‘est une véritable course à la terre qui s’engage entre nombre de pays qui dépendent des importations alimentaires et ont des liquidités à placer. Ils n’achètent pas seulement des récoltes, mais des régions entières, dans des pays qui peinent déjà à alimenter leur propre population."
____Cela concerne des pays riches sans agriculture significative, comme certains pays du Golfe soucieux de placer d'immenses rentes et de préparer l'après-pétrole...
"La stratégie saoudienne visant à délocaliser la production alimentaire sera au cœur des discussions quand plusieurs chefs d’État et des délégations de hauts responsables des pays africains arriveront à Riyad pour une conférence de l'investissement le 4 décembre 2010. Dans certains de ces pays, des investisseurs saoudiens acquièrent déjà des terres agricoles et commencent à mettre oeuvre la politique du Royaume. Les terres rizicoles d’Afrique de l’Ouest sont l’une de leurs cibles principales. De nouvelles informations obtenues par GRAIN révèlent que les hommes d’affaires les plus puissants du Royaume sont en train de négocier des transactions, au Sénégal, au Mali et dans d’autres pays ; ces transactions leur assureraient le contrôle de plusieurs centaines de milliers d’hectares des terres à riz les plus fertiles de la région et la production serait exportée en Arabie Saoudite. Ces transactions ne peuvent que saper dangereusement la sécurité alimentaire de millions de paysans et d’éleveurs et détruire leurs moyens de subsistance. Tout ceci se concocte à huis clos avec les gouvernements africains, sans que les populations concernées ou le grand public soient mis au courant..." ...
__...Ou bien des pays à la croissance démographique importante, soucieux d'assurer leur avenir alimentaire, confrontés parfois à l'érosion des sols, comme la Chine. Ce peut être enfin des multinationales de l'agrobusiness ou, pire, des groupes financiers prédateurs, qui veulent mettre la main sur des régions entières, avec l'appui de groupes bancaires puissants, pour garantir, en investisseurs terriens, un rendement facile et rapide de fonds de pensions, hedge funds, etc...Un placement comme un autre...
_ Une main basse sur des terres, dans une vision court-termiste et spéculative, sans souci de souveraineté alimentaire des pays visés, souvent en situation de faiblesse dans des négociations asymétriques dites "gagnant-gagnant", qui sont souvent des jeux de dupes.. .De nouvelles formes de colonialisme, d'agrodépendance, qui ne vont pas dans le sens de l'intérêt des peuples. Même le Canada aux grands espaces est concerné, comme une partie de l'Amérique latine.
__L'Afrique, sous-peuplée et inégalement développée, est la plus visée, de l'Ethiopie au Mali et au Sénégal, avec la bénédiction de la Banque Mondiale. Une Afrique à vendre?__
"...Des grands noms de la finance internationale participent à ce bal des prédateurs mais, plus scandaleux encore bien que malheureusement attendu, Grain (ong) note que le groupe de la Banque mondiale et la BERD (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) sont parmi les ordonnateurs du spectacles et pressent les gouvernements d’adapter en conséquence leurs régimes fonciers."
_"Chez les financiers, le dernier chic aujourd’hui est de mettre la main sur des régions agricoles entières. Banques, fonds de pension et autres hedge funds ont rejoint le club des investisseurs terriens off-shore. Une communauté jusque-là réservée aux multinationales agroalimentaires et à certains Etats peu scrupuleux." -(Y. Groult)
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__"_Dans sa préface au rapport de l’Oakland Institute, Howard G. Buffet, homme d’affaires, philanthrope, avertit que si « l'Afrique a besoin d'investissements dans l'agriculture », elle n’a pas besoin, par contre, « de politiques qui permettent aux investisseurs étrangers de cultiver et d’exporter la nourriture vers leurs propres peuples au détriment de la population locale ».
« Je vais être encore plus audacieux », écrit le préfacier, par ailleurs fils du milliardaire Warren Buffet : « de telles politiques vont nuire à l’Afrique, en aggravant les conflits liés à l'eau, à la terre » avant de rappeler que « l'Afrique n'est pas une marchandise avec une étiquette ‘ouverte à tous’ ».
Ce n’est pas la première fois que la SFI est accusée de collusion avec les intérêts privés, dans des secteurs où elle sert aussi de « conseiller » aux Etats, en Afrique principalement."
__Cette course à la terre commence à sérieusement inquièter l'ONU (enfin!), dans un de ses rapports de 2009
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Nourrir la planète ou gonfler les profits ?
Agrobusiness
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